Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.
je vous remercie
bourguiba abderrazak
I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.
On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.
Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...
ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée
the death of an African giant
Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?
Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre
J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne
Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .
je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.
soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui
La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).
Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.
Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).
Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes
Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.
Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.
Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.
Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles
Vive la Tunisie sans hypocrites
bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie
Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.
Merci...
Lilia Weslaty
Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)
j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui
rapport du CRLDHT, avril 2002.
C. R. L. D. H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
21 ter rue Voltaire 75011 Paris- France
E-Mail : crldht@a...
tél : 0321964099 Fax : 0321964307
membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
Avril 2002
"Nous étions devenus des prisonniers, comme mon mari, à ceci près que
l’enceinte de notre prison était plus vaste que la sienne"
Sabiha Tayyachi
Menzel Bourguiba, le 28 octobre 2000, lettre ouverte adressée aux
organisations de lutte contre la torture, au CNLT et à Amnesty International.
"Aux fins de la présente convention, le terme torture désigne tout acte par
lequel une douleur ou des souffrances aigus, physiques ou mentales, sont
intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir
d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la
punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée
d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider
ou de faire pression sur une tierce personne (...) "
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants.
SOMMAIRE
I- Introduction
1. La résolution de nombreux cas :
a. L’échec de certaines méthodes.
b. La lutte des intéressés.
c. Les campagnes internationales.
d. Les réactions des institutions concernées.
2. La permanence de la répression des familles.
3. L’innovation en matière de répression.
II- Les arrestations.
III- L’interdit professionnel.
IV- Le harcèlement policier.
V- La privation de papiers d’identité.
VI- L’incitation au divorce.
VII- La diffamation.
VIII- La privation de passeport.
1. Les enfants.
2. L’épouse et les enfants.
3. Les mères.
4. Les pères.
5. Les frères.
6. Les sœurs.
IX. L’interdiction de quitter le pays
X. L’interdiction de porter assistance.
Conclusions et recommandations
Témoignages :
§ Hayet Béjaoui.
§ Mabrouka Tayyachi.
§ Sabiha Tayyachi.
§ Mounira Dridi.
§ Ahlem Belhaj.
§ Nadia Hammami.
§ Zoulikha Mahjoubi.
Bibliographie.
I- Introduction :
Pour la troisième année consécutive le CRLDHT publie le présent rapport
"Les familles, victimes et otages", afin de faire le point sur la politique
de châtiment collectif qui caractérise la politique répressive de la
dictature policière mise en place en Tunisie depuis 14 ans.
Ce rapport ne concerne donc pas la répression des militants, opposants,
détenus ou non, auxquels d’autres écrits sont consacrés, mais les milliers
d’anonymes qui ont le tort aux yeux du régime d’être les pères, mères,
frères, sœurs, mais aussi, beau-frères, fiancés, et par extension futur
beau-frère ou belle sœur, enfants, cousins, voire même voisins, ou amis des
parents directs et qui vont payer le prix de l’engagement d’un proche. Ces
méthodes de harcèlement n’épargnent personne, hommes, femmes, enfants,
personnes d’âge mur, handicapés. La nationalité est indifférente :
tunisienne, libyenne, algérienne, française etc...
Nous avions, dans nos précédents rapports, décrit les nombreuses techniques
de harcèlement confinant à la torture dans bien des cas, auxquelles sont
soumises ces personnes et nous en avions fourni des exemples actualisés
chaque année.
La résolution de la majorité des cas recensés dans les précédents rapports
nous a incités à revenir sur les raisons qui ont poussé les autorités
tunisiennes à alléger le dispositif de harcèlement de centaines de
familles. Ce rapport, comme les précédents, ne prétend pas à
l’exhaustivité, et au-delà de l’actualisation des cas mentionnés
antérieurement, ce rapport fournira des exemples de harcèlement récent mais
aussi de nouvelles techniques de répression des proches des opposants.
Ce rapport ne décrit que la politique de représailles collectives appliquée
à l’endroit des familles d’opposants. Nous ne saurions oublier, même s’ils
ne sont pas évoqués ici, les membres des familles de détenus de droit
commun, qui subissent le même sort. L’année 2001, année record en matière
de décès de détenus de droit commun, aura révélé à quelles pressions et
menaces se heurtent à leur tour les familles qui auraient voulu faire la
lumière et établir la vérité sur le décès de leur proche.
1. La résolution de nombreux cas :
En effet, si le début de la décennie a été marqué par une répression tous
azimuts, les années 97-1998-1999 et 2000 ont vu l’allègement du
harcèlement. Des centaines de passeports ont été restitués, en 96-97 à des
épouses et des enfants, en 1999 et 2000 à de vieux parents, des descentes
de police accompagnées des brutalités ont cessé, des lignes téléphoniques
ont été rétablies, des courriers parviennent sans être interceptés, des
proches ont pu retrouver un emploi ou reprendre des études, des mariages
ont eu lieu... et des enterrements. On verra, en fonction des dates
mentionnées dans les listes en exergue, que ce retour à une certaine
normalité aura eu lieu après des années d’oppression, et que les familles
ne sont pas pour autant débarrassées totalement du sentiment d’insécurité.
La majorité des familles citées dans le rapport précédent ont trouvé une
solution à leur situation par la fuite et l’exil à l’étranger. C’est dire
que le problème de fond n’est pas résolu. Il s’agit pour l’essentiel de
femmes et d’enfants dont le mari et père avait déjà pris la fuite, une
"solution" que ne peuvent envisager les familles de détenus. Et elles ne
pourront oublier ni les décès, ni les maladies, ni les troubles mentaux, ni
les accidents, ni les situations de misère, ni la dislocation souvent
irrémédiable que cette traque a engendré. C’est pour cette raison que nous
avons tenu à publier pour la troisième fois les cas de certaines familles.
De nombreux facteurs ont poussé le pouvoir à revenir quelque peu sur ses
méthodes initiales :
a- L’échec de certaines méthodes :
S’il est une méthode de harcèlement qui a été un fiasco, c’est bien
l’incitation au divorce sous la terreur, qui bien que pratiquée
massivement, n’a pas donné les résultats escomptés. Elle est pratiquée sous
forme de chantage : divorce sinon torture, divorce ou emploi, divorce ou
passeport pour un enfant... ou sous forme de corruption : divorce contre
entretien par la police. L’écrasante majorité des femmes a choisi sa vie
conjugale. Par contre l’incitation à rompre des fiançailles par tout un jeu
de pressions est, quant à elle, toujours d’actualité et semble arriver à
ses fins.
b. La lutte des intéressés
La résistance, silencieuse et patiente, est confirmée dans la plupart des
cas. Elle a été accompagnée de nombreuses démarches pour obtenir un
passeport, pour trouver un emploi de substitution, ou un accès aux soins.
Les administrations (pénitentiaire ou autre) ont reçu de nombreuses
plaintes de familles souhaitant exercer leurs droits. La plupart sont
restées lettre morte.
En octobre 1997, une douzaine d’exilés, Ali Khelifi, Noureddine Ben Saïd,
Salem Dbira, Bechir Ben El Hadj, Mouldi Gharbi, Hichem Bchir, Boubaker
Ziraoui, Mohammed Salah Nahdi, Hedi El Jounaïdi, Moncef Zid et Ahmed Amri
entament, à la faveur de la visite du président Ben Ali en France, une
grève de la faim à Aubervilliers pour exiger que leurs épouses et leurs
enfants, dont ils sont séparés depuis le début de la décennie, obtiennent
un passeport. Les passeports sont distribués aussitôt et la France délivre
immédiatement les visas d’entrée aux familles des réfugiés ayant le droit
au regroupement familial. La grève de la faim prend fin avec la visite de
M. Ben Ali en France.
A la fin des années 90, se constitue en France un Comité des Tunisiens sans
Passeport, qui organise plusieurs mobilisations devant les Consulats de
Tunisie, notamment à Paris ou à Nice.
En mai 2000, Noureddine Aouididi, le frère d’une ex-détenue, elle-même
"punie" pour l’engagement de son fiancé, entame à Londres une grève de la
faim dans la foulée de celle de Tawfik Ben Brik : "je demande de cesser le
harcèlement contre ma famille et de délivrer des passeports à tous ses
membres". Quelques mois plus tard, la jeune femme voit lever la mesure de
contrôle administratif qui la frappait et peut quitter la Tunisie dotée
d’un passeport.
Le 25 mai 2000, Latifa Kouki, de Djebel Jelloud, épouse d’un détenu, entame
une grève de la faim en solidarité avec son mari.
Le 29 juin 2000, Nadia Hammami, la fille d’un opposant détenu, Hamma
Hammami, entame une grève de la faim "pour notre droit à une enfance
paisible et tranquille’. Najoua Rezgui, épouse d’un opposant recherché,
Abdejabbar Madouri, se joint au mouvement.
Le 10 juillet 2000, un groupe d’épouses de détenus d’opinion manifestent
avec leurs enfants devant le siège de l’UNICEF à Tunis. Parmi elles : Ahlam
Testouri, Majda Moaddeb et Rachida Mejri. La police, à l’appel de l’UNICEF
semble-t-il, disperse la manifestation.
En octobre 2000, dix-huit familles de détenus veulent assister au congrès
de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme. Elles témoignent
de l’injustice faite aux prisonniers, mais aussi de leur quotidien depuis
10 années. Un groupe de femmes est aussitôt arrêté et interrogé au poste de
Carthage.
Le 7 juin 2001, l’épouse et les trois enfants Sarra (14 ans), Salsabil
(15ans) et Mouhed (18 ans) d’un ex-détenu, Mohammed Hedi Bejaoui, privé de
tous ses droits, notamment aux soins et à la libre circulation, déclenchent
une grève de la faim à leur domicile près de Tunis.
Le 9 mai 2001, Zoulikha Mahjoubi, dont le mari, Mouldi Gharbi est exilé en
France depuis 1993, et qui l’a rejoint avec ses cinq enfants en 1997, à la
faveur de la grève de la faim de ce dernier (cf. infra), dépose une plainte
contre son tortionnaire, Khaled Ben Saïd, policier qui l’a torturée en 1996
à Jendouba. Le Parquet de Paris transmet le dossier au Parquet de
Strasbourg, ville où l’ex-tortionnaire est vice-consul de Tunisie. Convoqué
par la police ce dernier prend la fuite et exerce actuellement à nouveau
dans la police tunisienne. (Le témoignage de Zoulikha Mahjoubi est publié
en annexe du présent rapport).
c. Les campagnes internationales
Publications, dossiers, articles se sont multipliés au niveau international
à partir de la seconde moitié de la décennie écoulée. Les comités mis en
place pour arracher la libération de prisonniers ont concerné aussi des
femmes emprisonnées pour avoir voulu fuir l’enceinte de la "grande prison"
et rejoindre leurs proches en exil (Souad Charbati). Des campagnes
internationales ont abouti à des libérations de ces proches (Rachida Ben
Salem, Radhia Aouididi, Souad Charbati, Abderraouf Chammari) ou à la
cessation du harcèlement de personnes âgées (Khedija Ounis, Zohra Ben Saada)
d. Les réactions des institutions concernées.
Cette politique et les réactions des associations provoquent le désaveu des
institutions : Le Comité contre la Torture des Nations Unies a délibéré le
18 novembre 1998 à Genève du deuxième rapport périodique remis par les
autorités tunisiennes pour finalement le désavouer : huit paragraphes sur
onze étaient consacrés aux sujets de préoccupations des experts, dont une
partie non négligeable concernait le sort réservé aux femmes (Conclusions
et recommandations du comité contre la torture des Nations Unies,
CAT-C-TUN,19 novembre 1998), sort évoqué par les rapports des ONG présentes
(FIDH, AI, OMCT).
En 1999, la rapporteuse spéciale des Nations Unies chargée de la violence
contre les femmes, Radikha Coomararaswamy, évoque avec force détails les
traitements inhumains, la torture et les divorces forcés infligés aux
femmes tunisiennes (Moniteur des Droits de l’Homme, n°45-46, Service
International des Droits de l’Homme, Genève, 1999)
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, rattachée au
Premier Ministre en France s’émeut dès 1996 : "Les familles des prisonniers
d’opinion sont victimes d’un harcèlement incessant (...)"(Avis sur la
situation des droits de l’Homme en Tunisie, adopté le 14 novembre 1996)
Le département d’Etat américain stigmatise à son tour ces pratiques et cite
plusieurs cas. ’Department of State, Tunisia Country Report on Human Rights
Practices for 1998, f. Arbitrary Interference With Privacy, Family, Home or
Correspondance)
2. La permanence de la répression des familles :
Pour autant des centaines d’autres familles continuent de vivre le chantage
du pouvoir. nous citerons à titre d’exemple le cas emblématique de la
famille Gacha, de Melloulech (Mahdia), qui entame sa dixième année de
réclusion à domicile et paie l’engagement d’un proche actuellement en exil.
§ En 1990, Khemaïs Gacha est recherché, les descentes de police se
multiplient au domicile de sa famille. Il purgera une peine de prison, puis
sera astreint au contrôle administratif qu’il fuit en quittant le pays dès
1992. Il fera l’objet d’une seconde condamnation par contumace. Sa famille
sera condamnée à sa place :
o Ammar, son frère, père d’une famille nombreuse, étranglé économiquement,
privé de passeport, subit coups et insultes en juin 98.
o Jomaa, un autre frère, père d’une famille nombreuse, ne peut plus
subvenir à ses besoins à cause des pressions policières.
o Sa soeur voit ses fiançailles rompues par son fiancé en 1994 du fait des
pressions exercées sur ce dernier, une autre soeur est astreinte par la
même méthode au célibat forcé.
o Tous les neveux, y compris ceux nés après son départ, sont questionnés
sur leur oncle.
o L’enterrement de son père est le prétexte d’une nouvelle descente et
d’une présence policière au cimetière.
o Hedi Gacha, un cousin, voit son couple explose sous les pressions de la
police. Le divorce a été prononcé. Mohammed Gacha, un frère de Khemaïs
Gacha, émigré depuis la fin des années 80 à Brescia en Italie, se voit
refuser par les autorités consulaires tunisiennes en 2000 le renouvellement
de son passeport est conseillé instamment de retourner en Tunisie. Il ne
peut de ce fait renouveler ses papiers de séjour en Italie et il se trouve
à la merci d’une expulsion....
§ Le harcèlement de la famille Bouali, évoqué dans les deux précédents
rapports, continue de plus belle : Sadok Bouali, homme d’âge mûr, handicapé
moteur, père de deux ex-détenus, a été convoqué dans les locaux de la
police de El Ouardia et de Tunis (Direction de la Sûreté de l’Etat) à trois
reprises en octobre et décembre 2001 pour répondre à des questions
concernant son fils Ridha, absent du domicile et recherché. Hazem Bouali,
son fils, a quant à lui, été arrêté et détenu deux jours au centre de
Bouchoucha ( banlieue de Tunis). Il a été questionné sur son frère Ridha et
il a été menacé de perdre son emploi s’il ne parlait pas.
3. L’innovation en matière de répression.
Si le régime s’est targué d’avoir octroyé des passeports, ou accordé des
libérations à des proches, les laissant même quitter le pays pour certains
d’entre eux, il a, en revanche, repris de l’autre main ce qu’il venait de
lâcher.
· L’année 2000 a en effet été celle de l’atteinte à la liberté de
circulation pour les proches des exilés ou des détenus. Plusieurs femmes
tunisiennes résidant en Europe se sont ainsi vues séquestrées en Tunisie
avec leurs enfants au moment de repartir au terme de leurs vacances.
Dalila Babba, mariée à un exilé tunisien vivant en France, mère de trois
enfants, se rend le 26 février 2000 en Tunisie avec ses jeunes enfants.
Elle est interpellée et fouillée à son arrivée. Elle subit un second
interrogatoire, puis elle apprend qu’elle ne peut quitter le territoire
tunisien. Elle passe outre et parvient à revenir en France. Le 2 avril 2000
elle se rend à nouveau en Tunisie aux obsèques de sa mère, accompagné de
Takwa, son bébé. Le 12 avril elle est empêchée de revenir en France et elle
est convoquée au ministère de l’Intérieur. Elle a pu quitter la Tunisie le
26 avril au terme d’une campagne en France. ( Se reporter à l’article :
Tunisienne et peur de l’être, Frédérique Verhaeghe, dans le quotidien Le
Dauphiné).
§ Dalenda Khachlouf, épouse d’ un réfugié tunisien en Suède (de nationalité
suédoise), et ses trois enfants, Yassine (8ans), Oussama (6ns) et Abir (1
an) ont été empêchés de quitter la Tunisie le 21 juillet 2000. Elle a pu
regagner la Suède au terme d’une campagne et d’une intervention de la
représentation diplomatique suédoise en Tunisie.
§ Lamia El Amri, épouse d’un réfugié tunisien en Suède, empêchée de quitter
la Tunisie. Elle a pu regagner son pays au terme d’une campagne et d’une
intervention diplomatique
§ Une jeune femme de nationalité française et algérienne, vivant en France,
fiancée à un réfugié tunisien, a voulu rendre visite à sa future
belle-famille en Tunisie, pays où elle n’était jamais allée. Le 11 juillet
2000, à son arrivée à l’aéroport de Tunis Carthage, Salima Cherigui a été
refoulée sans explication et remise dans le premier avion en partance pour
Paris.
§ Enfin, au chapitre des complicités franco-tunisiennes, il faut mentionner
Hedi et Fatma Dhaouadi, âgés de 77 et 70 ans, de Bizerte, parents d’une
exilée, Aïcha Dhaouadi, auxquels le Consulat de France refuse obstinément
de délivrer un visa de tourisme, malgré relances et interventions. Ce refus
coïncide curieusement et malheureusement avec l’acharnement des autorités
tunisiennes contre une famille déjà éprouvée.
II- Les arrestations
§ Fatma Guitouni, de Nabeul, belle-mère d’un opposant recherché, Mohammed
Khamis, arrêtée et torturée, puis écrouée en 1991.
§ Jamila Saadani, épouse d’un opposant recherché, Walid Bennani, arrêtée,
humiliée sexuellement, menacée de viol, devant son propre frère, filmée par
vidéo, en 19 91
§ Sassi Ennaes, émigré en France, arrêté lors d’un retour en Tunisie en
décembre 1992, torturé, interrogé sur son frère Fathi, en fuite, privé de
son passeport, libéré sans charges, ne pourra jamais retourner en France
jusqu’à son décès, accidentel, quelques années plus tard
§ Widad Lagha, épouse de Ali Larayedh, détenu, arrêtée en juin 1991,
violentée sexuellement dans les locaux de la Sûreté d’Etat et filmée par
une vidéo, pour faire pression sur son époux.
§ Samira Ben Salah, arrêtée en mai 1993 ; elle a fait trois ans de prison
jusqu’en 1996 ; affaire en divorce et ses quatre filles (Ibtihel, Sarra,
Jihed, et Sana qui en 1993 avaient 10, 9, 6 et 2 ans) n’ont pu rejoindre
leur père réfugié en Allemagne. Aujourd’hui le regroupement a eu lieu.
§ Zoulikha Mahjoubi, arrêtée en octobre 1996 et torturée, privée de papiers
d’identité, donc de passeport jusqu’en 1997. Ses cinq enfants Abdeljabar
(15 ans), Sarra (14), Mootez (10) Abdessabour (8) et Chifaa (7ans) ont été
privés de passeport jusqu’en 1997.
§ Hayet Boujaroub, et son enfant, épouse de Hassine Boujaroub, réfugié en
Allemagne, arrêtée alors qu’elle tentait de fuir.
§ Abderraouf Chammari, frère d’un opposant exilé, Khemaïs Chammari, arrêté
le 5 juillet 1999, et condamné à un an de prison ferme le 30 juillet,
libéré le 31 août suite à une campagne d’opinion
§ Tahar Ghanmi, de Menzel Bourguiba (Nord), époux de la belle-sœur d’un
détenu, Hachemi Mekki, arrêté et condamné à une année d’emprisonnement,
puis renvoyé de son emploi et, depuis, interdit de tout travail.
§ Souad Charbati, épouse de Abdelaziz Bousnina, réfugié en Suisse, arrêtée
en 1995 à la frontière libyenne, incarcérée jusqu’en juin 1999. Ses enfants
: Hamza (13 ans), Imen (12 ans), Kaouthar (10 ans), Sabrine (7 ans) ont été
privés de passeport jusqu’en 1999, puis ont rejoint leur père en Suisse en
novembre 99 au terme d’une séparation de huit ans. (voir plus haut).
Libérée en 1999 suite à une campagne d’opinion, elle est placée sous
contrôle administratif. Elle prend la fuite et parvient en Suisse en août
2000.
§ Rachida Ben Salem, épouse de Sghaïr M’Barek, réfugié en Hollande, et
soeur de Kamel Matmati, disparu depuis son arrestation en 1991, arrêtée en
1997, à proximité de la frontière libyenne, elle a été condamnée à 2 ans et
3 mois d’emprisonnement, puis libérée en juin 1999, et placée sous contrôle
administratif. Elle rejoint les siens en Hollande en 2000.
§ Radhia Aouididi, dont le fiancé, Ahmed Amri, est réfugié en France
Arrêtée en 1997, alors qu’elle tentait de quitter le territoire tunisien,
elle est écrouée et détenue jusqu’en juin 1999. Elle ne pourra rejoindre
son fiancé qu’en 2000.
· Mohammed Aoudidi, dont le futur beau-frère est réfugié en France, arrêté
en octobre 1998 jusqu’en février 1999.
Mohammed Abdelmoumen Amri, dont le frère est réfugié en France, arrêté en
octobre 1998 et détenu jusqu’en février 1999.
§ Kheirredine Jarrar, demandeur d’asile en France depuis 1992, arrêté en
avril 1995 à Malte, alors qu’il tentait de regrouper sa famille. Il a .été
renvoyé en Tunisie où il a été incarcéré et condamné à 10 ans
d’emprisonnement.
§ Mohammed Ali Bedoui, frère de l’opposant Moncef Marzouki, arrêté et
emprisonné une première fois en 1994, a été condamné à nouveau à six mois
d’emprisonnement ferme en janvier 1998, puis à six mois d’emprisonnement
fermes le 11 mars 1999
§ Jamel Barakat, frère de Fayçal Barakat, mort sous la torture en 1991,
arrêté une première fois et emprisonné pendant six mois en 1991, une
seconde fois le 1er décembre 1998 et écroué. Il a été passé à tabac devant
son domicile de Menzel Bouzelfa par des inconnus le 24 juillet 1999 puis
arrêté à l’hôpital, inculpé et condamné à une peine d’un mois
d’emprisonnement.
§ Hassen Trabelsi, de Menzel Bourguiba, voisin de Sabiha Tayyachi, (épouse
du détenu Hachemi Mekki), arrêté, torturé et emprisonné en 1996 pour avoir
aidé cette dernière à monter un atelier de couture.
III- L’Interdit professionnel
§ Boutheïna Tabib, épouse de Chawki Tabib, non recrutée comme responsable
de jardins d’enfants.
§ Aoutef Ben Saad, veuve de Sohnoun Johri, mort en détention, dont le
contrat en tant que médecin a été résilié en 1999.
§ Abbes Chourou, frère de Sadok Chourou, incarcéré, empêché de travailler.
§ Sabiha Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse d’un détenu, Hachemi Mekki,
harcelée entre 1991 et 1995, arrêtée et torturée en 1992, arrêtée en 1995,
torturée à plusieurs reprises après 1995, condamné à deux ans et demi
d’emprisonnement avec sursis en 1996 pour avoir ouvert un atelier de
couture destiné à la survie de sa famille.
§ Khaled Mekki, de Menzel Bourguiba, frère d’un détenu, Hachemi Mekki,
renvoyé de son travail et privé de tout autre emploi.
§ Talel et Houssam Moadda, fils de Mohammed Moadda, opposant condamné à
plusieurs reprises, empêchés d’occuper un emploi depuis 1995.
IV- LE Harcèlement policier
Par ce terme, il faut entendre une série de mesures d’intimidation, qui
peuvent aller de la simple filature à la torture, perpétrée sur la voie
publique, au domicile des familles ou au poste de police, assorties,
d’insultes, de menaces, d’appels téléphoniques anonymes, de "convocations"
au poste de police, de descentes de police avec perquisition, sans mandat,
de vol de document et d’argent, d’installation de la police au domicile de
femmes isolées, d’interception du courrier, d’écoutes téléphoniques,
d’agressions, de simulacres d’enlèvements ,de chantage, de sommation aite
aux voisins ou aux parents, aux éventuels futurs employeurs, voire au
banquier, d’isolement de la personne sous peine de représailles à leur
encontre et d’appel à la délation.
§ Zohra Saadallah, épouse d’un exilé, descentes de police chez elle et
interrogatoires entre1992 et 1997.
§ Mounia Daikh, épouse d’un exilé, descentes de police et interrogatoires
jusqu’en 1997.
§ Samira Ben Nasr, épouse d’un exilé, descentes de police et
interrogatoires musclés jusqu’en 1997.
§ Ouassila Mhamed, de Sousse, épouse d’un opposant recherché, Habib Ben
Slama, descentes de polices nocturnes, interrogatoires assortis de menaces
d’agression sexuelle entre 1991 et 1992.
§ Saïda Faten, épouse d’un exilé, interrogatoires.
§ Wassila Soltani, du Kef, épouse d’un exilé, descentes de police,
interrogatoires entre 1990 et 1993.
§ Naziha Ben Romdhane, épouse d’un exilé, descentes de polices,
interrogatoires musclés.
§ Zoulikha Mahjoubi, épouse d’un exilé, descentes de polices, arrestations,
torture en 1996.
§ Hayet Nahdi, de Den-Den (banlieue de Tunis), épouse d’un exilé, descentes
de police, questionnaires, interrogatoires des enfants.
§ Jalila Mansouri, de Bouhajla (Kairouan), épouse d’un exilé,
interrogatoires, torture.
§ Zohra Hadiji, épouse d’un exilé, descentes de police, violences
sexuelles, interruption des relations téléphoniques et épistolaires et
surveillance.
§ Rim Ksila, fille de Khemaïs Ksila, détenu, agressée par une voiture
devant son école le 12 février 1998.
§ Nadia (17 ans) et Oussaïma (11 ans), filles de Radhia Nasraoui, avocate,
et d’un opposant détenu, Hamma Hammami, filature et intimidation en 1999.
§ Ramla Farsadou, de Tunis, épouse et soeur de prisonniers, convocations au
poste de police.
§ Khadija Ben Ounis, de Qalaa Sghira (Sahel), mère d’un exilé, coupure des
relations épistolaires jusqu’en 1999.
§ Emna Najar, épouse de Sadok Chourou, incarcéré, harcelée depuis 1991,
installation de la police à son domicile, isolement de tous les membres de
la famille qui sont soumis à leur tour à des pressions.
§ Farhat Marouani, de Sedjoumi (banlieue de Tunis), parent d’un opposant
détenu, Hamma Hammami, descente de police musclée à son domicile le 3
septembre 1999.
§ Hédi Marouani, de Sedjoumi, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami,
descente de police musclée à son domicile le 3 septembre 1999.
§ Ali Kefi, de Sedjoumi, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami,
descente de police musclée à son domicile le 3 septembre 1999.
§ Thili Labidi, de Tunis, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami,
descente de police musclée à son domicile, assortie d’un passage à tabac
des membres de la famille le 5 septembre 1999.
§ Sahbi Mhamdi, de Fouchana, parent d’un opposant détenu, Hamma Hammami,
descente de police musclée à son domicile, intimidation de sa famille,
coupure des lignes téléphoniques le 7 septembre 1999.
§ Azza Ben Brik, d’El Menzah, épouse de Taoufik Ben Brik, et ses deux
enfants (4 ans et 2 ans), agressés par des jets de pierre, sur la voie
publique, le 4 mai 1999, dont la voiture a été saccagée, le 23 novembre 2001.
§ Gilda Khiari, 75 ans, mère d’un opposant, Sadri Khiari, coupure de la
ligne téléphonique en 1999, porte de son domicile défoncée le 23 décembre 2001.
§ Khemaïs Mejri, beau-frère du journaliste, Taoufik Ben Brik, agressé
devant son domicile le 11 octobre 1999.
§ Saïda Mejri épouse de Khemaïs Mejri, et ses fillettes, Rim (12 ans) et
Nour (7 ans), respectivement soeur et nièces du journaliste, Taoufik Ben
Brik, agressées, battues publiquement dans leur quartier le 12 octobre
1999. Khemaïs Mejri et son épouse n’ont pu porter plainte mais ont fait
l’objet de poursuites judiciaires suite à une plainte portée contre eux.
§ Saïda Zoghlami Ben Brik, soeur du journaliste, Tawfik Ben Brik, dont la
voiture a été saccagée par des "inconnus" devant son domicile le 22
décembre 2001.
§ Zohra Ben Saada, de Bizerte, mère d’un exilé, Abderraouf Mejri,
interruptiondesrelations épistolaires et téléphoniques, installation de
la police à son domicile jusqu’en 1999.
§ Fadhila Moadda, de Tunis, épouse d’un opposant Mohammed Moada, malade,
coupure des relations téléphoniques jusqu’en décembre 1999. Entraves
arbitraires au bénéfice des allocations de la CNRPS (soins et maladie).
Privation de couverture sociale entre novembre 1995 et janvier 2002.
§ Nouba Kchouk, veuve d’Abderrezak Barbria, de Bizerte, ex-détenu décédé
officiellement le 29 novembre 1997 dans des conditions jamais élucidées
alors qu’il faisait lui même l’objet d’un contrôle administratif assorti
d’un harcèlement policier intense. Interruption de tous les contacts avec
l’extérieur depuis le décès de son mari.
§ Ghazala Hannachi, de Jendouba, mère d’une personne recherchée, décédée le
5 septembre 1997 suite à une descente de police à son domicile.
§ Sadok, Zoubeïda, Ridha et Hazem Bouali, respectivement père, mère et
frère de Rochdy, réfugié en France, descentes de polices, violences,
questionnaires, jusqu’en 2000.
§ Oussama Ben Salem, de Sfax, fils de l’ex-détenu Moncef Ben Salem, expulsé
de son logement suite à des pressions policières sur le propriétaire.
§ Mejdeddine Ben Mohammed, 21 ans, étudiant en 2 ème année informatique à
Sfax, fils de l’ex-détenu Ali Ben Mohammed (dit Ali Sghir) privé d’aide
sociale.
§ Doraïd, Hana et Mansour Sassi, de Lamta (Sahel), respectivement, enfants
et frère de Mohammed Hedi Sassi, détenu. Son frère sera détenu deux jours
fin 93.
§ Sondes Jerrou, de Moknine (Sahel), 20 ans, lycéenne, épouse d’un
ex-détenu, Chbil Jellad, empêchée de poursuivre ses études en 1998.
§ Baya Dridi, de Mateur (Nord), belle mère d’un opposant recherché, Tawfik
Fatnassi, âgée de 62 ans, arrêtée, torturée en 1995.
§ Mounia Dridi, Essia Dridi, Saleha Fatnassi, de Mateur ( nord), belle-sœur
d’un opposant recherché, Tawfik Fatnassi, arrêtées et torturées en 1995
§ Lotfi Fatnassi, frère d’un opposant recherché, arrêté et harcelé pendant
4 ans, arrêté le jour de son mariage, transféré à Bizerte puis à Bouchoucha
(banlieue de Tunis) , torturé en 1995.
· Mounira Dridi, de Mateur, épouse d’un détenu, Tawfik Fatnassi, privée de
ressources, interdite de visites, de soins, harcelée.
· Hamed Dridi, 11 ans, et Salsabil, 8 ans, de Mateur, enfants d’un détenu,
Tawfik Fatnassi, interdits de soins médicaux.
· Hamed, Dhoha, Hiba, de Menzel Bourguiba (nord), enfants d’un opposant
recherché, Hachemi Mekki, harcelés, objets d’une filature policière de 1991
à 1995.
· Habiba Bejaoui, de Menzel Bourguiba, belle-mère d’un opposant recherché,
Hachemi Mekki, rouée de coups.
§ Mabrouka Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse d’un opposant en fuite,
Ibrahim Dridi, descentes de polices, coups, entre 1991 et 1995, arrestation
et torture en 1995.
§ Mounia Ghanmi, de Menzel Bourguiba, cousine d’un opposant en fuite,
Ibrahim Dridi et épouse d’un détenu, Jalel Kalboussi, arrêtée en 1995.
§ Hayet Bejaoui, de Menzel Bourguiba, épouse d’un détenu en fuite, Nasr Bel
Haj Salah, descentes de polices avec vols des bijoux à partir de 1990,
arrestation en 1995 et torture, vols d’argent en 1995.
§ Nidhal, 15 ans, fils du détenu Nasr Bel Haj Salah, assiste au harcèlement
de sa mère, harcelé lui-même depuis 90, ne peut soigner ses troubles
psychiques du fait du manque de moyens de la famille, pillée par la police
et du fait de la privation d’une carte de soins.
§ Ammar Slimani, de Menzel Bourguiba, beau-père d’un opposant en fuite,
Nasr Bel Haj Salah, arrêté et torturé en 95
§ Mohammed Adouani, de Menzel Bourguiba, frère d’un opposant en fuite, Nasr
Bel Haj Salah, interrogé et roué de coups
§ Fouzia Adouani, de Menzel Bourguiba, soeur d’un opposant en fuite, Nasr
Bel Haj Salah, et épouse de l’opposant Azzedine Zouaghi, arrêtée en 95 et
torturée atrocement alors qu’elle était enceinte.
§ Madame Amroussia, épouse d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, et ses
filles, Maha, Nada et Aïda, interrogées par la police jusqu’en 1999.
§ Moncef Amroussia et Hedi Amroussia, oncles d’un opposant détenu, Ammar
Amroussia, interrogés.
§ Bassem Amroussia, cousin d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, refusé à
l’académie en 1999.
§ Samih Amroussia, frère d’un opposant détenu, Ammar Amroussia, agressé et
détenu huit jours en 1996.
§ Fatma Ksila, épouse de Khemaïs Ksila, détenu, privée, de 1997 à 2000, de
couverture sociale depuis 1995.
§ Layla Asmaï, fille d’un ex-détenu en exil, Ali Asmaï, interrogée dans les
locaux de la Direction de la Sûreté de l’Etat à Tunis, le 24 octobre 2001,
et pressée de collaborer.
§ Nejib Zoghlami, frère de l’opposant Jalel Zoghlami, interpellé au cours
de l’été 2001.
§ Hazem Bouali, de El Ouardia, frère de deux ex-détenus d’opinion en exil,
Ruchdy et Ridha Bouali, arrêté et détenu à Bouchoucha en décembre 2001,
puis relâché sans charges, mais menacé.
§ Sadok Bouali, de El Ouardia, père de deux ex détenus d’opinion en exil,
Ruchdy et Ridha Bouali, convoqué à trois reprises en octobre et décembre
2001 dans les locaux de la police.
§ Najoua Rezgui, épouse d’un opposant détenu, Abdeljabbar Madouri, harcelée
depuis 1998, et interpellée à plusieurs reprises, agressée physiquement.
V- la Privation de papiers d’identité
Des personnes se sont vues retirer ou refuser leur carte d’identité. De ce
fait, elles ne peuvent exercer leur droit de visite en prison, demander
l’établissement un passeport ou faire valoir leurs droits civils ou sociaux.
§ Radhia Aouididi, soeur d’un exilé, Nourredine Aouididi, n’a pu passer son
baccalauréat (voir plus haut)
§ Hajer Chourou de Ben Arous (banlieue de Tunis), dont le père Sadoq
Chourou est incarcéré. Et dont la mère est victime de harcèlement policier.
§ Zoulikha Mahjoubi, de Jendouba, entre 1992 et 1997, dont le mari, Mouldi
Gharbi, est en exil en France.
§ Souad Saïdani, de Tunis, épouse de Brahim Saïdani, incarcéré.
Vi- l’ Incitation au divorce
(En amont de cette mesure, on pourrait aussi évoquer le harcèlement
policier décrit plus haut perpétré à la seule fin d’empêcher des hommes ou
des femmes d’épouser des proches d’opposants).
Comme toutes les formes de harcèlement, celle-ci peut être combinée aux
précédentes. Ainsi, une femme de la région de Kairaoun, qui a préféré
garder l’anonymat, dont le conjoint est condamné à une lourde peine
d’emprisonnemen . Mère de plusieurs enfants, elle a été mise en demeure par
la police de choisir entre son emploi et son mari. Elle a dû abandonner son
emploi pour ne pas perdre son mari et vit depuis des années dans le dénuement.
L’incitation au divorce sous la terreur est une pratique dirigée
essentiellement à l’encontre les femmes :
§ Fathia Mazigh, épouse d’un exilé, divorce non demandé.
§ Samira Ben Salah, procédure entamée et annulée en 1996.
§ Zohra Hadiji, divorce prononcé en 1996.
§ Aïcha Ben Mansour, épouse d’un exilé, divorce prononcé en 1994.
§ Kheria Chahbania, épouse d’un exilé, demande de divorce refusé par le
juge en 1996.
§ Sabah Gasmi, divorce non demandé, épouse d’Abessatar Gasmi, incarcéré
depuis août 1998.
§ Sabiha Tayyachi, de Menzel Bourguiba, épouse de Hachemi Mekki, détenu, à
partir de 95, divorce non demandé.
§ Madame Neffati, de Menzel Jemil (Cap-Bon), épouse de Ali Neffati, à
l’époque condamné par contumace, divorce prononcé en 1993.
§ Naïma Aouinia, de Sidi Bouzid (Centre-ouest), divorce demandé en 1994.
§ Dorra Ayadi, de Jendouba, dont le mari Abdellatif Oueslati, était alors
incarcéré, divorce prononcé en 97.
§ Madame Ellouze de Sfax, dont le mari, Habib Ellouze, est incarcéré,
divorce non demandé.
§ Naziha Guatri, incarcérée en 94 et dont le mari a demandé le divorce en 96.
§ Souad Boukhris, de Tunis, épouse d’Abdelwahab Boukhris, recherché par la
police, divorce non demandé.
§ Madame Amroussia, de Gafsa, épouse d’Ammar Amroussia, recherché par la
police, divorce non demandé.
VII- La diffamation
La diffamation, toujours des ragots à connotations sexuelles, est un moyen
d’intimidation largement utilisé contre les opposants au régime, qui s’est
étendu à leurs proches, notamment leurs épouses voire leurs belle-sœurs. Il
est le fait de certains organes de presse, mais aussi de bulletins anonymes
diffusés hors de Tunisie en français ou en arabe. La liste qui suit ne
mentionne que quelques victimes parmi les plus récentes :
§ Radhia Aouididi, soeur d’un exilé, diffamée par l’hedomadaire " Réalités
" en janvier 1997 (voir plus haut).
§ Mme Manaï, épouse d’un réfugié, Ahmed Manaï, diffamée par le bulletin
anonyme "Les Masques " du 14 mars 97.
§ Mme Jendoubi, épouse de Kamel Jendoubi, en exil, diffamée par le bulletin
anonyme "Les Masques " le 21 mars 97.
§ Alya Cherif Chammari, épouse d’un exilé, Khemaïs Chammari, diffamée par
le bulletin anonyme " Akhbar El Mouflissine " en juillet 1998 et par
l’hébdomadaire « Al Hadath ».
§ Sawsan Mokni, épouse d’un réfugié, Habib Mokni, diffamée par le bulletin
anonyme "El Aqni’a" du 23 novembre 1998.
§ Emna Najar, épouse de Sadok Chourou, détenu (voir plus haut), diffamée
par le bulletin anonyme " El Aqni’a " le 23 novembre 1998.
§ Samira Karker, épouse d’un réfugié, Salah Karkar, diffamée par le
bulletin anonyme "Akhbar el Muflissine " en octobre 1998 et en mars 1999.
VIII- LA Privation de passeport :
La privation de passeport constitue une atteinte directe au droit de vivre en famille quand elle empêche des parents d’exilés de rejoindre ces derniers. Elle est aussi une mesure de représailles qui a privé des émigrés en Europe et de passage en Tunisie, parents d’opposants, de retourner dans leur pays d’émigration. Enfin, c’est une mesure de rétorsion pure et simple dans le cas des parents d’opposants vivant en Tunisie.
1. Les enfants
§ Les enfants de Ali Khelifi et Selma Sbissi, réfugiés en France, Abdallah,
Tahar, Abderraouf, Mohammed, Behija, Abbes, ont été privés de passeport
entre 1993 et 1997.
§ Hamza (7ans), fils de Adel Zarrouk, incarcéré, entre 1994 et 1998.
§ Oussama, de Sfax, fils majeur de Moncef Ben Salem, ancien détenu.
§ Nadia (17 ans) et Oussaïma (11 ans), filles d’un opposant détenu, Hamma
Hammami, privées de leurs passeports jusqu’en 2000.
§ Ghofrane (8 ans) et Alaïeddine (7 ans), enfants de Mokhtar Fatnassi et
Mounira Jendoubi, réfugiés en France, à partir de 1997 (voir plus haut)
§ Hamza, Imen, Kaouthar, Sabrine, enfants (entre 13 et 7 ans) de Souad
Charbati, sous contrôle administratif et de Abdelaziz Bousnina, réfugié en
Suisse, entre 1995 et 1999.
§ Ismaïl, 1 an, enfant de Abdessatar Gasmi, détenu, et de Sabah Gasmi, de
nationalité libyenne, entre 1998 et 2000.
§ Youssef, 4 ans, enfant d’un couple d’opposants, Jalel Zoghlami et Ahlem
Belhaj.
2. L’épouse et les enfants
§ Samira Ben Salah et ses quatre filles, Ibtihel (15 ans), Jihed (12 ans),
Sarra (14 ans), Sana (8 ans), entre 1993 et 1996, dont le mari et père,
Hedi Timoumi, est réfugié en Allemagne.
§ Samira Ben Nasr, de Bizerte et ses filles mineures, Chaïma et Khaoula,
entre 1992 et 1997, dont le mari Nourreddine Ben Saïd, est réfugié en France.
§ Saïda Faten, de Tunis et ses enfants mineurs, Khabeb, Yosra, Baraa,
Mortadha, jusqu’en 1997, dont le mari Tahar Hasni, est réfugié en France.
§ Fathia Mezigh, de Tataouine et ses enfants Saïda (16 ans), Youssef (14
ans) Asma (13 ans), Oussama (11 ans), Dhoha (7 ans), entre 1993 et 1997,
dont le mari Salem Dbira est réfugié en France.
§ Nedjma Ben Mokhtar Drissi et ses enfants Mohammed Amin (18 ans), Fatma
(16 ans), Khaoula (14 ans), Abderrahmane (13 ans), Hamza (10 ans) entre
1992 et 1997, dont le mari Bechir Ben El Hadj, est réfugié en France.
§ Zoulikha Mahjoubi et ses enfants, Mooez, Abduljabar, Sarra, Abdessabour,
Chifaa (mineurs), privés de passeport jusqu’en 1997.
§ Naziha Ben Romdhane, de Gabès et sa fille Asma, entre 1992 et 1997, dont
le mari Mohamed Hedi Bessid, est réfugié en France (voir plus haut).
§ Sarra Ben Salem, de Monastir et sa fille Meryem (7 ans), entre 1993 et
1997, dont le mari Hichem Bechir est réfugié en France. Hichem Béchir n’a
connu sa fille qu’en 1997 à l’âge de 6 ans.
§ Jalila Mansouri, de Bouhajla, (voir plus haut) et ses enfants Makram (20
ans), Mounira (18 ans), Mohammed Ali (16 ans), Asma (12 ans), Wafa (10
ans), Abdelmoumen (8 ans) privés de passeport entre 92 et 97, dont le mari
Boubaker Ziraoui, est réfugié en France.
§ Naziha Ben Aïssa, de Sfax, entre 1993 et 1997, dont le mari, Moncef Zid,
est réfugié en France.
§ Hayet Nahdi de Den Den et ses filles, Tasnim (15 ans), Sarra (13 ans),
Asma (9 ans), privées de passeport entre 1992 et 1997, dont le mari Mohamed
Salah Nahdi est réfugié en France.
§ Leïla Ben Zina, de Kalaa Kbira et ses enfants, Brahim (17 ans), Asma (14
ans), Adel (11 ans), Hamza (7) dont le mari, Hedi El Jounaïdi, est réfugié
en France.
§ Aïcha Ben Mansour, de Sfax et son fils Moujahed (7 ans), privés de
passeport entre 1994 et 1998 dont le mari et père, Abdessalam Belgacem, est
réfugié en Nouvelle-Zélande. Il a connu son fils en décembre 1998.
§ Turkia Hammadi, de Souq el Ahad, et ses filles, entre 1996 et 1997, dont
le mari Fadhel Beda, est réfugié en France.
§ Aïcha Dhaouadi, de Bizerte et sa fille, privée de passeport entre 1995 et
1997, dont le mari Mohamed Hédi Kefi, est réfugié en France.
§ Zohra Hadiji, de Tunis, et ses filles, Soumaya (21 ans), Bouthaïna (19
ans), Amina (11 ans), après 1991, dont le mari Mohamed Jamil Alila, est
réfugié en Autriche.
§ Kheria Chahbania, de Médenine, ses enfants, Intissar (17 ans), Abdelafidh
(13ans), Ayadi (12 ans), privés de passeport entre 1996 et 1998, dont le
mari, Ahmed Ouerghemi, est demandeur d’asile en France.
§ Ramla Farsadou, de Tunis, dont le mari, Adel Zarrouk, et le frère,
Mustapha Farsadou, sont incarcérés .
§ Thouraya Hosni, du Kef, dont le mari, Nejib Hosni, a été incarcéré à
plusieurs reprises entre 1994 et 2001, privée de passeport depuis 1996.
§ Rachida Ben Salem, de Gabès (sud ouest), et ses filles, dont le mari,
Sghraïer Ben M’barek, est exilé en Hollande et dont le frère, Kamel
Matmati, a disparu depuis son arrestation en 1991, privée de passeport
jusqu’en 2000.
§ Souad Charbati, et ses enfants (voir plus haut) n’a jamais récupéré son
passeport et a quitté le pays par ses propres moyens en 2000.
3. Les mères
§ Khadija Ben Ounis (66 ans), de Kalaa Sghira (Sahel), entre 1994 et 1999,
dont le fils, Belkacem, est réfugié en France (voir plus haut).
§ Zohra Ben Saada (77 ans), de Zarzouna (Nord), dont le fils, Abderraouf,
est réfugié en France (voir plus haut) entre 1996 et 1999,
§ Oumsaad Aouididi (68 ans), de Sfax, privée de passeport depuis 1997, dont
le fils, Nourredine, est réfugié en Grande-Bretagne. (voir plus haut)
§ Zoubeïda Bouali, de Dubosville, dont le fils, Ruchdi, est réfugié en
France (voir plus haut) jusqu’en 2000.
§ Bechira Larayedh, (65 ans) de Médenine, dont un fils, Ali, est incarcéré,
et dont un autre fils, Ameur, est réfugié en France.
§ Habiba Ajimi, (52 ans) de Deggache, dont la fille, Sihem, est réfugiée en
France, entre 1997 et 2000.
§ Aziza Soltani, (77ans), de Dahmani, depuis 1995, dont le fils réside en
France. Madame Soltani est décédée en 1999 sans avoir revu les siens.
§ Fatma Boustanji, (68 ans), de Saïda, dont le fils, Mounir, est réfugié en
France, entre 1993 et 2000.
4. Les pères
§ Ahmed Boubahri (78 ans), de Ghomrassen, dont le fils, Tahar, est réfugié
en France, privé de passeport jusqu’en 1999.
§ Mohammed Nagaoui (80 ans), de Mellassine, entre 95 et 99, dont le fils
Zouhaïer est exilé.
§ Abdelkrim Hamrouni (62 ans), depuis 95, dont deux fils, Hatem et Nabil,
étaient incarcérés jusqu’en novembre 1999, et dont le fils Tawfiq est
réfugié en Allemagne.
§ Mohammed Tahar Badi (54 ans), de Deggache, dont la fille, Sihem, est
réfugiée en France, privé de passeport de 1997 à 2000.
5. Les frères
§ Sassi Ennaes, émigré en France, privé de son passeport lors d’un retour
en Tunisie en 1992, dont le frère, Fathi Ennaes, était en exil. Il ne
pourra jamais, jusqu’à son décès accidentel, retourner en France (voir
plus haut).
§ Noureddine Boubahri, émigré vivant en France, souffrant d’une pathologie
lourde, et dont le frère, Tahar Boubahri, est réfugié en France, privé de
son passeport lors d’un séjour en Tunisie. Ne pouvant reprendre son
traitement, il décède à Tunis .
6.. Les sœurs
Afifa Makhlouf, résidente en France, dont le frère Bouraoui condamné à
l’emprisonnement à perpétuité est détenu en Tunisie, est toujours privée de
passeport.
Les cas de mères, pères et frères, sœurs, privés de passeports n’ont été
cités qu’à titre d’exemples. Ils se chiffrent évidemment par milliers,
d’autant que les Consulats de Tunisie de par le monde pratiquent, par
rétorsion, la même méthode à l’égard de familles entières d’émigrés ou
d’étudiant.
IX- L’Interdiction de quitter le pays
(ou empêchement d’embarquer d’une personne munie de ses documents de voyage)
Comme la privation de passeport, cette mesure vise à faire obstruction au
regroupement de familles en exil, ou constitue une mesure de rétorsion pure
et simple contre les parents de militants.
· Turkia Hammadi, déjà citée, empêchée de partir le 23 juin 1997.
Auparavant elle avait été arrêtée et condamnée à 6 mois de prison. Elle est
en France depuis juin 1997.
· Zayed Ksila, 11 ans, fils de Khemaïs Ksila, détenu, empêché d’embarquer
le 16 mars 1999.
X- l’Interdiction de porter assistance
Dans cette rubrique, sont abordées des situations diverses : celle de
personnes suppliant leurs proches, suite à la terreur policière, de ne pas
leur envoyer par quelque moyen que ce soit une aide matérielle ; celles de
personnes qui ont été incriminées et écrouées pour avoir reçu quelques
dinar et d’autres qui ont été emprisonnées pour avoir aidé des familles en
difficulté.
§ Nedjma Ben Mokhtar Drissi, dont la cousine, Latifa Drissi, actuellement
sous contrôle administratif, avait été arrêtée et condamnée à 5 ans
d’emprisonnement pour avoir tenté d’aider la famille.
§ Khadija Ben Ounis, a refusé toute aide par crainte de représailles
pendant des années (voir plus haut).
§ Radhia Aouididi, emprisonnée depuis 1997 et condamnée à 3 ans et demi de
prison, interpellation en octobre 1998 de la mère, du frère et du frère de
son fiancé pour avoir reçu de l’argent destiné à aider la famille,
inculpation non retenue (voir plus haut).
§ Souad Charbati, n’a pu, à plusieurs reprises, recevoir les mandats
envoyés à la prison par son mari en exil (voir plus haut).
§ Les quatre enfants de Mahjouba Boukhris, libérée en novembre 1999, et de
Sahbi Ben Gaïd Hassine, incarcéré, de Zarzouna. Les proches ont été
dissuadés de les prendre en charge. L’aînée, bien qu’en âge d’aller à
l’école, a dû travailler pour subvenir à leurs besoins.
§ Emna Najar, refuse toute aide par crainte de représailles.
§ Sahbi Ben Gaïed Hassine, incarcéré, dont l’épouse était elle-même
incarcérée jusqu’en novembre 1999 : ses frères se sont vus interdire de lui
rendre visite en prison.
§ Somayya (16 ans) et Chamseddine (13 ans), enfants de Nouba Kchouk, de
Bizerte, veuve d’Abderrezak Barbria, décédé le 29 novembre 1997 (date
officielle) dans des conditions jamais élucidées alors qu’il était l’objet
d’un harcèlement policier. Depuis lors, Madame Kchouk s’est vu interdire
tout contact avec l’extérieur et ne peut faire face à ses difficultés
matérielles et morales, l’un des deux enfants étant handicapé.
§ Les sept enfants de Mohammed Hedi Chbab, orphelins de leur mère, et dont
le père a été incarcéré entre 92 et 98. La nouvelle épouse de ce dernier a
été obligée de quitter le domicile familial pendant toute la période
d’incarcération du mari et d’abandonner les enfants (voir plus haut).
Conclusions et recommandations
Le Comité demande :
Que tous ces problèmes d’abus de pouvoir qui mettent des familles dans
une situation désespérée soient pris en compte par la communauté
internationale
Que cette dernière exige des autorités tunisiennes une solution immédiate
pour tous les cas cités et non encore résolus.
Que cesse l’impunité actuelle de tous les responsables de tortures et de
violences sexuelles. Cette impunité favorise la poursuite de ces actes
immondes.
Que les personnels de police responsables de ces abus de pouvoir,
particulièrement du harcèlement, des agressions sexuelles, de l’occupation
des domiciles etc., …soient immédiatement jugés et que des enquêtes soient
menées au sujet des conditions de décès de Fayçal Barakat, Abderrezak
Barbria, Ghazala Hannachi, Nourreddine Boubahri.
Dans les pays d’exil :
Que les procédures d’attribution du statut de réfugié respectent les délais.
Que les persécutions subies au titre de l’engagement ou de l’activité
d’un proche soient reconnues comme ouvrant le droit à une protection au
titre de la convention de Genève.
Que les procédures de regroupement familial soient accélérées.
Que la privation de passeport ne soit pas un obstacle au séjour.
Que des structures d’aide et de soins aux victimes de la torture et de la
répression prennent en charge, sur place ou en exil, le suivi de ces
personnes, souvent très affectées.
Que le Consulat de France en Tunisie délivre un visa à Hedi et Fatma
Dhaouadi.
Paris, avril 2002.
Témoignages
Extraits traduits de l’arabe :
Hayet Bejaoui
(...) Je suis l’épouse de Nasr Bel Hajj Salah, âgé de 42 ans, ancien
employé de la cimenterie de Bizerte, nous avons deux enfants, Nidhal, 15
ans et Jihad, 12 ans (...) Mon mari a été condamné à 23 ans
d’emprisonnement par la Cour d’Appel de Tunis pour appartenance à une
organisation non reconnue et il est actuellement détenu à la prison civile
de Tunis sous le matricule 4442 (...). Le district de police de Bizerte et
la brigade de la Sûreté de l’Etat ont pris plusieurs mesures pour faire
pression sur nous et obliger mon mari à se rendre.
Mon logement a été investi à plusieurs reprises entre 1990 et 1995. Les
mudahamat survenaient à tout moment. Ma maison était fouillée et j’étais
menacée d’emprisonnement si je ne disais pas où se trouvait mon mari. Comme
ils ont compris que cette simple méthode ne les mènerait nulle part, je fus
convoquée au district de Bizerte et au poste de Menzel Bourguiba et en 1992
on m’a dépouillée de mes bijoux : lors d’une perquisition à mon domicile et
d’une fouille du mobilier, ils ont trouvé mes bagues et les ont prises, de
même que j’ai été convoquée pour savoir s’il m’arrivait de rencontrer mon
mari, si je recevais des visites, si on m’aidait matériellement. Au
district, ils m’ont littéralement séquestrée pour la journée, je n’en suis
sortie qu’à dix heures le soir.
Ensuite ils s’en sont pris aux proches de mon mari, à ses amis qu’ils ont
torturés, et ce, en 1995. Le domicile de mon père à Menzel Bourguiba a été
investi, mon frère, Ammar Slimani, a été arrêté et frappé. Ils lui ont
cassé des dents, tout ceci dans les locaux du district de Bizerte en 1995.
Puis cela a été le tour de mon beau père dont le domicile a été investi. Le
frère de mon mari, Mohammed Adouani, a été arrêté emmené au district où il
a subi des violences, et ce toujours pour savoir où se trouvait mon mari.
Ensuite ils s’en sont pris à l’ensemble de la famille.
Cela s’est produit fin juin 1995, lorsqu’ils ont arrêté les personnes qui
avaient été jugées en même temps que mon mari. La brigade de renseignements
de la rue du 18 janvier à Tunis m’a arrêtée, emmenée à Tunis, frappée,
humiliée ; ils ont arraché mon voile et ne m’ont relâchée qu’à six heures du
soir. Le 5 juillet, le frère de mon mari et moi-même avons été détenus une
journée entière au district de Bizerte, jusqu’à six heures du soir. Le même
jour, la soeur de mon mari, Fawzia Adouani, alors enceinte, mariée à
Azzeddine Zouaghi, a été détenue et tellement torturée que nous avions du
mal à la reconnaître quand elle a été relâchée. Trois jours plus tard, une
brigade dépendant de la Sûreté de l’Etat (dont j’ai reconnu deux membres
relevant de la brigade de Bouketfa de Bizerte, Mourad et Tarek), a fouillé
mon domicile, le mobilier et ont pris la somme de 400 dinars, puis nous ont
fait savoir qu’ils resteraient chez nous. Ils ont effrayé mes enfants, et
interdit à la grand mère , Khdija et aux sœurs de mon mari, Fawzia et
Mahjouba, de sortir, sans compter leurs provocations et leurs insultes et
leurs grossièretés. Tout ceci a abouti à ce que mon mari se rende le 9
juillet 1995. (...)
Après l’incarcération de mon mari, j’ai été convoquée au poste de Bouketfa
à des fins d’enquête et de contrôle. Car j’ai ouvert un magasin de prêt à
porter et ils voulaient savoir qui m’avait aider à réaliser ce projet. Ils
m’ont harcelée pour que j’accepte de collaborer avec eux.
Du fait que mes enfants atteignaient la période de l’adolescence et que nos
proches avaient peur de nous rendre visite et du fait aussi de l’absence du
père, mes enfants ont souffert de troubles psychologiques (...), surtout
mon fils Nidhal, malade au plan physique et psychologique. J’aurais voulu
lui faire consulter un médecin, mais je n’en avais pas les moyens, et je
n’avais pas droit à la gratuité des soins (...)
Menzel Bourguiba, 25 octobre 2000
Mabrouka Tayyachi
(...) Je suis l’épouse d’Ibrahim Dridi, commerçant, condamné à 59 ans et
deux mois d’emprisonnement par la Cour d’Appel de Tunis pour appartenance
au mouvement de la Nahdha et autres charges, âgé de 37 ans et père d’Amel,
11ans, et de Nasreddine, 9 ans. Il est actuellement détenu à Mehdia.
L’appartenance de mon mari à la Nahdha était connue et à chaque période de
tension entre ce mouvement et le pouvoir, il était poursuivi. En 1991, il a
été recherché et les équipes de différents corps de police ont pris des
mesures illégales pour faire pression sur sa famille et ses proches afin
que ces derniers indiquent sa planque. La police de Menzel Bourguiba et
celle du poste de Boukefta, ainsi que la Sûreté de Tunis pénétraient dans
mon domicile avec une haine et une agressivité terribles à mon égard et à
celui de mes enfants. Ils fouillaient les meubles et cassaient tout : les
armoires, les lits, la vaisselle. Ils nous terrorisaient, surtout les
enfants, en disant des grossièretés et en nous menaçant d’emprisonnement et
d’arrestation si nous ne disions pas où se trouvait mon mari. Lorsqu’ils
comprirent que cela était vain, ils passèrent à la seconde phase, à la
violence physique. Ils me frappèrent devant mes enfants et me firent si
peur que ma fille se prostra et se cacha les yeux. (...) Ces mudahamat se
poursuivirent jusqu’en 1995 où le harcèlement connut son apogée.
Monia Ghanmi, la cousine de mon mari, et elle même épouse du prisonnier
Jalal Kalboussi fut arrêtée le 21 juin 1995. Lors de la même nuit vers deux
ou trois heures du matin, une brigade de la Sûreté de l’Etat pénétra chez
moi, m’arrêta et m’emmena au local des Renseignements. J’ai été frappée,
dépouillée de mon voile et menacée d’emprisonnementsije ne disais pas où
setrouvait Ibrahim. Ma détention a duré jusqu’à dix heures du matin.
Lors de la mudahama, ils avaient démoli les murs pour trouver des armes,
mais ils n’avaient rien trouvé. (...) Alors ils s’en sont pris à mes vieux
beaux parents (...) notamment à Zohra Dridi, qui habite avec moi, mais à un
autre étage. (...)
Menzel Bourguiba, 28 octobre 2000
Sabiha Tayyachi
(...) Je suis l’épouse de Hachemi Mekki, né en 1958, ancien magasinier,
condamné à 31 ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation non
reconnue. Nous avons trois enfants, Doha, 15 ans, Hamed, 13 ans, Habba, 12
ans. Nos épreuves ont commencé en 1991. Plusieurs brigades policières du
district de Bizerte, du poste de Menzel Bourguiba et du ministère de
l’Intérieur ont attaqué ma maison pour attraper mon mari. Cela s’est
terminé par son arrestation et son incarcération. Quant à nous, ses
proches, nous avons été frappés d’interdit professionnel, privés de
sécurité (...). Je vous livre ici le récit de la terreur qu’a vécue sa
famille.
A la fin du mois de septembre 1991, les brigades sus mentionnées ont
investi la maison à la recherche de mon mari. En vain. Alors ils ont
fouillé le mobilier, emporté une somme de 50 dinars, des habits neufs de
mon mari et quelques bijoux qui m’appartenaient sans compter les insultes,
les grossièretés, les provocations et la menace de nous jeter en prison si
nous n’indiquions pas où il se trouvait. Au terme d’une semaine, ils sont
revenus pour le même motif, dans la journée, et comme je ne répondais pas,
ils ont pointé leurs armes sur moi, devant mes enfants, qui n’ont jamais
oublié cette scène depuis.
Deux mois plus tard, deux agents en civil du district de Bizerte se sont
présentés. L’un s’appelle "Zyad" et l’autre a exercé après ma détention en
tant que chef du poste du quartier de Najah à Menzel Bourguiba en 92. Ils
m’ont arrêtée et m’ont menacée de poursuites si je ne les aidais pas à
retrouver mon mari. Comme à l’accoutumée, ils m’ont frappée, humiliée, et
je n’ai été libérée que tard dans la nuit.
Mes enfants aussi n’ont pas été épargnés. Ils les suivaient jusqu’à leur
école. Ils avaient peur et vivaient en totale insécurité que ce soit à la
maison à l’école ou dans la rue.
Les mudahamat ont duré cinq ans au rythme de deux à trois fois par mois.
Puis la pression sur nous s’est intensifiée.
Il y a eu un regain de violence lors des descentes de police des trois
brigades : le lit cassé, le sommier éventré et dispersé morceau par
morceau. Les membres de la familles n’étaient pas épargnés non plus. Ma
mère, a reçu des coups de pieds, des gifles... Mes enfants ont été menacés
d’emprisonnement s’ils ne parlaient pas, puis on leur a promis du
chocolat... Le 21 juin 1995, j’ai été emmenée au district de Bizerte, mais
la police est restée chez moi et a interdit à ma mère, ma soeur et à mes
enfants de sortir. Mes enfants ont été empêchés de se rendre à l’école et
de passer les examens de fin d’année.
Mon père était alors âgé de 75 ans (...). Si la police ne nous trouvait
pas, moi ou ma soeur Mabrouka, l’épouse du prisonnier Ibrahim Dridi, elle
s’en prenait à lui, investissait sa maison. Il était rossé et insulté, sans
aucun égard pour son grand âge, puis ils se vengeaient en l’emmenant en
dehors de la ville, en lui ordonnant de creuser un trou dans le sable puis
l’abandonnaient à son sort. Il devait rentrer à pied. Le 21 juin, mon père
est venu me voir et m’a dit que ma soeur avait été arrêtée. Il voulait que
je m’occupe de ses enfants. J’ai été arrêtée le même jour. Moi c’était par
le district de Bizerte, et elle, par la Sûreté de l’Etat. L’objectif
recherché était la reddition de nos maris. Le 28 juin 1995, mon mari s’est
rendu et il a été incarcéré pour 31 ans (...) Je pensais alors que le
harcèlement allait s’arrêter du fait de l’arrestation de mon mari. Cela n’a
fait qu’empirer à un point tel que nous étions devenus des prisonniers
comme mon mari à ceci près que l’enceinte de notre prison était plus vaste
que la sienne. Ils se sont ingéniés à nous torturer, à attaquer notre
dignité. Nous n’avions plus le droit de travailler, ni de vivre en
sécurité. Nous ne pouvions communiquer avec nos proches, nos voisins et nos
amis. Ceux-ci ont eu des ennuis à leur tour. Mon frère, Khaled, a été
chassé de son emploi de policier et empêché de retrouver un quelconque
autre emploi. Il y a eu des perquisitions à son domicile, il a été harcelé
alors qu’il souffrait d’une hépatite. Le mari de ma soeur, Tahar Ghanmi, a
été licencié de l’aciérie de Bizerte et s’est retrouvé au chômage. On lui a
alors monté une affaire qui lui a valu une année d’emprisonnement, verdict
prononcé par le tribunal de Première instance de Bizerte et confirmée par
la cour d’Appel de Tunis.
Et les mudahamat continuaient, les coups et les humiliations aussi. Ils ne
me lâchaient pas dans la rue et à chaque fois qu’ils m’emmenaient au
district, ils me frappaient, m’arrachaient mon voile, établissaient une
fiche de renseignements et m’obligeaient à signer un engagement à ne plus
porter le voile. Tout ceci pour me faire divorcer de mon mari.
Pendant le mois de Ramadan de 1996, j’ai fait l’acquisition d’une machine à
coudre et de tissu, afin de vendre des habits pour l’Aïd. Hassan Trabelsi,
un voisin, m’avait aidé dans ce projet. Il fut arrêté et sauvagement
torturé. Deux semaines plus tard, la police a perquisitionné chez moi,
emporté la machine à coudre, le tissu, les vêtements à titre de preuve,
contre moi, contre Hassan Trabelsi... et contre les clients qui m’avaient
passé commande ! Certains furent condamnés à six ans d’emprisonnement. Dans
cette affaire, j’ai été condamnée à deux ans et demi d’emprisonnement avec
sursis. Hassan Trabelsi fut accusé d’appartenance et de financement. Il a
été écroué.
Menzel Bourguiba, 28 octobre 2000
Mounira Dridi
Tawfik Fatnassi, mon mari, est né en 1950 à Mateur. Il a exercé comme
mécanicien et comme louagiste. Il a été condamné à 10 ans et trois mois
d’emprisonnement en 1996, pour :association de malfaiteurs, mise à
disposition de local pour des réunions interdites, maintien d’un parti
politique et collecte de fonds non autorisée. Il a été condamné en 1997,
pour les mêmes chefs d’inculpation à 14 ans et un mois d’emprisonnement.
Donc, il totalise 24 ans et 4 mois de prison. Nous avons trois enfants :
Achraf, 13 ans, Hamed, 11 ans, et Salsabil, 8 ans.
(...) Comme mon mari était recherché, on a fait pression sur ses proches
pour qu’il se rende ou que l’un d’eux révèle l’endroit où il se cachait.
Après quatre années de visites au domicile de ma famille à Techga, Henchir
Laqdaya, à Mateur, une descente eut lieu en 1995. Les meubles ont été
cassés, les membres de la familles ont été violemment attaqués et les
enfants ont été terrorisés et chacun fut enfermé, ma mère, Baya Dridi, mes
belles sœurs, Essia Dridi et Saleha Fatnassi et leurs nourrissons, tout le
monde fut emmené au poste de police de Mateur où ils eurent pour tout
accueil un déferlement de violence physique et verbale, puis ils furent
transférés au district de police de Bizerte et là le traitement fut pire
encore ; ma mère, âgée de 62 ans, en perdit deux dents, mon frère fut roué
de coups et jusqu’à l’heure actuelle il souffre de douleurs aiguës. Mes
belles sœurs et ma soeur ne furent pas épargnées par la torture, sans égard
pour leurs nourrissons. Ils prirent même un fusil de pêche qui nous
appartenait.
La famille de mon mari dut supporter les visites à leur domicile de la cité
Raja à Mateur, le contrôle et le harcèlement. Lotfi Fatnassi, le frère de
mon mari âgé alors de 38 ans, fut arrêté. On le questionna sur l’endroit où
nous nous trouvions moi et mon mari. Le harcèlement dura quatre années. Le
jour du mariage de Lotfi, la police fit irruption à son domicile, l’arrêta
une seconde fois. Il fut transféré au district de Bizerte et de là à
Bouchoucha où il fut torturé et détenu. On voulait le forcer à parler, ou
forcer son frère à se rendre.
Quant à la grand-mère, elle fut emmenée au poste de la garde nationale à
Mateur et rossée sans considération de son âge mur. Mon mari dut se
résoudre à se rendre le 3 août 1995. (...) Il est actuellement à la prison
de Tunis (...)
Pour autant, les attaques ne cessèrent pas, ni la torture et les
mortifications. Nous fumes condamnés à une misère planifiée et au
harcèlement de nos enfants par un contrôle incessant. Le district de police
de Bizerte nous convoquait pour savoir qui nous rendait visite et qui nous
aidait. Ils firent pression sur la famille de mon mari pour qu’elle ne nous
fréquente plus, ne nous apporte aucune assistance. Nous fumes réduits à la
misère, à la privation de soins de sorte que je ne pus faire soigner mon
fils Hamed qui souffrait de fortes céphalées chroniques, ni ma fille
Salsabil qui souffrait des séquelles d’une amygdalite non soignée, quant à
moi je souffre de troubles nerveux et d’hyper tension (...)
Tunis, 3 août 2000
Extraits :
Ahlem Belhadj
J’avais peur pour Jalel, mon mari... maintenant, j’ai également peur pour
Youssef, mon enfant.
Aujourd’hui 18 février, mon enfant Youssef Zoghlami, âgé de 4 ans, est
descendu de notre appartement accompagné de son ami Aymen, âgé de 7 ans,
récupérer un jouet tombé du balcon, scène banale qui a failli tourner au
cauchemar. J’étais en compagnie de Maître Radhia Nasraoui, de Mohammed
Bechri, de Afifa Ben Soussia, mère d’Aymen, Lotfi Sellami et de Nejib
Zoghlami et Lumamba Mohseni venu soutenir mon mari Jalel Zoghlami, en grève
de la faim depuis le 3 février suite à la tentative d’assassinat dont il
fut l’objet.
Youssef et Aymen sont revenus nous raconter spontanément que deux hommes,
deux inconnus, les ont interpellés pour demander à Youssef les noms de ses
parents, le numéro de leur appartement et si la femme accompagnée de trois
filles (en l’occurrence Maître Nasraoui) était bien chez nous et pour
finir, ils leur ont proposé de les emmener acheter de chewing-gums.
Furieux, suite à ce récit, mon mari Jalel, suivi de son frère Nejib,
Nadia, Ousseima et moi même nous sommes descendus. Nous les avons trouvés
en train de relever les numéros d’immatriculation des voitures stationnées,
une façon de nous renseigner sur leur fonction.
Jalel, ayant eu peur pour son fils et hors de lui, leur a demandé comment
ils osent terroriser des petits enfants ? Rapidement, ils disparaissent.
Que penser, sinon qu’ils se mettent maintenant à s’en prendre aux petits
enfants, que mon fils âgé d’à peine 4 ans n’est plus en sécurité, et qu’il
peut être un jour emmené par des étrangers pour lui acheter des chewing-gums.
Mon enfant, privé du sentiment-si indispensable de sécurité-privé de son
passeport, privé de recevoir des coups de téléphone d’un ami et d’une
cousine, privé tout simplement de faire, d’être et de vivre comme les
enfants de son âge.
Aujourd’hui, moi en tant que mère, je crie haut et fort : mon enfant a le
droit de jouer en toute sécurité avec les voisins, a le droit de téléphoner
à ses cousins, a le droit de voyager et je ne pense pas que c’est trop
demander.
Tunis, le 18 février 2001
Nadia Hammami
Je soussignée, Nadia Hammami, 17 ans, fille du militant Hammami et de
l’avocate Radhia Nasraoui, lance cet appel à l’opinion publique nationale
et internationale en mon nom et au nom de mes sœurs Ousseïma (11 ans) et
Sarah (8 mois) pour que toutes les personnes concernées par les droits
humains nous soutiennent afin d’obtenir nos passeports, les demandes ayant
été déposées depuis longtemps par maman.
S’il est vrai que nos parents militent dans les domaines politiques et des
droits humains, il est inadmissible de nous priver de nos passeports...
Nous sommes déjà suffisamment malheureuses à cause de l’absence de papa et
des tracasseries policières que nous subissons depuis des années.
Tunis, 15 mars 2000
Je voudrais informer l’opinion publique nationale et internationale que les
autorités tunisiennes refusent de nous délivrer des passeports à moi et à
mes sœurs. Ces mêmes autorités me soumettent souvent à une surveillance
policière, même mes amis sont embêtés par les flics ce qui me pousse à les
éviter pour ne pas leur causer de problèmes. Je n’ai donc pas le droit de
vivre et de m’amuser comme tous les jeunes de mon âge. La seule raison : je
suis la fille de Hamma Hammami (...) et de Radhia Nasraoui ( ...)
Je pense qu’il est injuste de punir des enfants à cause de l’opinion de
leurs parents.
Encore une fois, je demande à tous ceux qui sont pour le respect des droits
de l’enfance d’intervenir pour que je puisse cet été passer de vraies
vacances à l’étranger avec papa, maman et mes deux petites sœurs loin de
toute filature policière.
Tunis, 13 avril 2000
Zoulikha Mahjoubi
"Notre maison était devenue la leur"
Depuis que mon mari a pris la clandestinité, j’ai enduré les descentes et
les perquisitions policières, à toute heure du jour et de la nuit à mon
domicile de Jendouba., Les insultes et les menaces. Ces descentes visaient
à nous intimider, moi et mes cinq enfants, encore en bas âge. Les policiers
allaient et venaient chez moi comme chez eux. Tous les deux mois, j’avais
droit à une intervention particulièrement musclée assortie d’un
interrogatoire : "Où est ton mari ? Est-ce qu’il t’a téléphoné ?" Chaque
année au mois de septembre, au moment du renouvellement des équipes de
police, j’étais convoquée au commissariat pour un interrogatoire. Le 11
octobre 1996, quatre policiers en civil sont venus me chercher et m’ont
emmenée au commissariat. Ils ont commencé par m’ôter mon voile. Khaled Ben
Saïd, le policier, m’a giflée à plusieurs reprises et copieusement
insultée, puis il a donné l’ordre à ses auxiliaires de me déshabiller et de
me torturer. On m’a suspendue, frappée, insultée. Un des tortionnaires,
Abdoukrim, a mis son pied sur mon sexe et m’a dit : "il y a longtemps que
tu n’as pas fait l’amour". Ils me posaient plein de questions, toutes
portaient sur mon mari. Ils ont torturé d’autres femmes avec moi : Leïla,
Noura, Dorra, Latifa, Salwa, et une autre encore.
Le lendemain à quinze heures, j’ai signé un papier et j’ai quitté les lieux
avec une convocation pour le lundi suivant avec une interdiction de quitter
mon domicile. Le lundi je suis revenue au poste de torture, le tortionnaire
m’a dit de rentrer chez moi et que lorsqu’il aurait besoin de moi il me
convoquerait. Toute la famille après ces années de harcèlement était
intimidée et effrayée.
13 mars 2002.
Bibliographie
Le harcèlement de certaines personnes, in Hors série de la lettre
bimensuelle de la FIDH, ONU : Comité contre la torture. Tunisie : "des
violations caractérisées, graves et systématiques", novembre 1998, n°267
Témoignages sur les femmes réprimées en Tunisie, Situation des droits de
l’Homme et rapports accablants, Tome IV, Comité de Soutien aux victimes de
la répression en Tunisie, Paris, septembre 1996.
Témoignages sur les familles otages en Tunisie, Situation des droits de
l’Homme et rapports accablants, Tome VI, Collectif des Familles otages en
Tunisie, Paris, octobre 1997.
Tunisie, Des femmes victimes de harcèlement, de torture et
d’emprisonnement, EFAI, MDE 30:02/93, Amnesty International
Les femmes en situation de risque "Coupables par association", in Moyen
Orient, Violations des droits fondamentaux des femmes. Amnesty
International, EFAI, MDE 01/01/95
La famille comme lieu de répression politique, in Tunisie, Le cercle de la
répression s’élargit, Amnesty International, EFAI, MDE 30/25/97
"Pour briser l’homme, prenez la femme", in Supplice tunisien, le jardin
secret du général Ben Ali, Ahmed Mannaï, La découverte, 1995
"Les mesures et pratiques répressives" et "le harcèlement quotidien des
familles de certaines personnes" in La torture en Tunisie, CRLDHT, Le temps
des Cerises, 2000.
"Fuir l’oppression", Martine Rossard, Havre, mensuel de l’A. V. R.E, n°17,
juillet 1999
"Tunisienne et peur de l’être", Frédérique Verhaeghe, Le Dauphiné, février
1998.
"Témoignage", par Khemaïs Ksila, adressé au Congrès d’Amnesty
International, 1 er mars 2000
"Oussaïma ou l’enfance saccagée", Moncef Marzouki, mars 2002
"Accusé de tortures, un diplomate tunisien échappe à la justice française",
Le Monde, 5 mars 2002