Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.
je vous remercie
bourguiba abderrazak
I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.
On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.
Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...
ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée
the death of an African giant
Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?
Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre
J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne
Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .
je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.
soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui
La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).
Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.
Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).
Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes
Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.
Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.
Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.
Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles
Vive la Tunisie sans hypocrites
bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie
Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.
Merci...
Lilia Weslaty
Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)
j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui
Ahmed Ben Salah sort de son silence : L’homme fort des années soixante s’explique
Ahmed Ben Salah a joué sans aucun doute un rôle déterminant dans la préparation de la Constitution et de la proclamation de la République Tunisienne. Il était premier vice-président de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) et président de la commission de la Constitution avant sa nomination au gouvernement en août1957 . Et c’est lui qui, au cours de la séance de la proclamation de la République, a présenté le projet de transformation du régime, écrit de sa propre main et qu’il avait porté sur lui pendant quarante-huit heures par mesure de précaution. Le 24 mars2004 , jour du34 ème anniversaire de son arrestation (le 24 mars 1970 ), nous l’avons rencontré chez lui, à Radès. Nous avons retrouvé l’homme tenace et rebelle, mais fidèle à ce qu’il a été, au point qu’on est dérouté mais également ébahi devant tant d’énergie d’une force qui continue à aller et à rêver. Avec lui, nous avons remonté le temps pour reconstituer quelques pages de nos années d’indépendance tels que Ahmed Ben Salah les a vécues. Nous avons tenté, à sa demande —mais non sans difficulté— de nous situer dans le temps de l’époque, pour mieux comprendre à quel point, pour nous, les générations de l’après-indépendance, ces années-là ont façonné la Tunisie.
On reproche souvent au leader de l’UGTT que vous fûtes après Farhat Hached d’avoir orienté la Centrale syndicale qui avait des revendications d’autonomie vers “ la réalisation de la participation organique de l’UGTT à l’action du Néo-Destour sur la base d’un programme social et économique ” (reprenant ici une phrase de la motion du VIè congrès de l’UGTT des20 - 23septembre1956 ). Dans une conférence de presse au lendemain du congrès, vous avez annoncé “ presque comme un enfant ” (avez-vous dit à Marc Nerfin dans les “ Entretiens avec Ahmed Ben Salah ”, Maspéro,1974 ) que “ nous allions avoir un parti travailliste qui allait faire avancer le pays ”. Trop de naïveté, pensez-vous ? Et franchement, 48 ans plus tard, ne pensez-vous pas que cette recherche de ce que vous avez appelé “ une véritable unité nationale ” conçue, selon vous, comme “ une unité populaire ”, a été une erreur stratégique ?
Le problème qu’on appelle l’indépendance de l’UGTT vis-à-vis du parti n’existait pas à l’époque. Il s’était posé à la suite de la scission syndicale (UGTT/USTT) qui s’est effectuée sur ordre du président du parti. Nous étions en grande majorité membres du Néo-Destour ou du Destour et nous étions de très bons camarades au sein de la Centrale syndicale. Ce qui correspondait à ce temps-là, c’était la préoccupation majeure de l’indépendance, de la renaissance de la Tunisie, de la construction de l’Etat qui pourrait être un instrument efficace pour cette renaissance. La preuve est la création au sein de l’UGTT, immédiatement après le discours de Mendès-France à Carthage, d’une commission pour préparer un projet de la société nouvelle qui devait donner naissance à un Etat qui correspondrait à cette société évoluée et renaissante. Nous avons soumis ce projet, une fois achevé, en même temps aux syndicats de base et au congrès du Néo-Destour à Sfax qui était la phase finale institutionnelle de la crise entre Bourguiba et Ben Youssef. Mustapha Filali était chargé de présenter un texte de synthèse exposant les orientations du projet de l’UGTT qui pouvait être également celui du Néo-Destour. Et c’est à l’unanimité qu’il a été accepté. En tant que S.G. de la Centrale syndicale, je fis à cette occasion un discours qui fut très bien reçu. Ce fut un moment d’harmonie. L’UGTT a tout fait pour maintenir cette harmonie qui était indispensable dans cette période de transition entre les négociations pour l’autonomie interne et plus tard pour l’indépendance. On a occulté ce rôle. J’ai passé des heures entières avec Ben Youssef et avec Bourguiba. J’ai écrit des éditoriaux dans Sawt el amal (La Voix du travail) pour reprocher le fait que des conflits pour le pouvoir étaient en train de divertir -au sens mauvais du terme- le peuple tunisien. Un de ces éditoriaux avait pour titre : “ N’oubliez pas : il y a le peuple ”. Pour revenir à la question de l’indépendance de l’UGTT, je redis que cette dernière ne se posait pas à cette époque. Certes nous avons discuté et rêvé de créer un parti travailliste tunisien et peut-être un jour maghrébin. C’était pour nous couronner la lutte de Farhat Hached qui était totale : aussi bien sociale, syndicale que politique. Nous voulions maintenir ce qui s’était passé au moment de l’absence des leaders du parti et le rôle joué par quelques syndicalistes, surtout Farhat Hached et ses camarades et moi-même à l’étranger et proposer un projet de construction de la Tunisie. Le parti travailliste devait être le nom du Néo-Destour qui est devenu plus tard, sous l’impulsion de Bourguiba lui-même, Parti socialiste destourien (PSD). Nous étions dans et avec le parti et voulions le réanimer parce qu’il avait perdu beaucoup de cadres et était plus ou moins usé puisqu’il n’y avait pas de projet économique, social, culturel. Il n’y avait pas une alternative à la colonisation. L’Etat existait mais la question « quoi faire ? » se posait avec acuité. Nos idées ont influencé le cours des choses. D’ailleurs, je voudrais rappeler que j’assumais des responsabilités dans le parti avant même la création de l’UGTT. Déjà, en1943 , j’ai travaillé sous la direction de Habib Thameur qui, en tant que directeur du parti, m’a chargé de créer un groupe d’action dont la mission était de dénoncer et faire éclater les activités de “ jeunesse de Mohamed ” dirigées à l’époque par Abdelmajid Ben Jeddou et qui recrutait des jeunes Tunisiens pour participer à la guerre. Et après la guerre, quand le parti a été traumatisé par ce conflit mondial, nous avons créé avec Taïeb Mehiri, Hassib Ben Ammar, Naceur Ben Jaâfar, Mohamed Fekini (Libyen)…une organisation clandestine “ El Hilal ”. Et plus tard, j’ai assumé la fonction de S.G. de la cellule destourienne de France et celle d’officier de liaison entre Moncef Bey, Bourguiba et Ben Youssef. Il n’était pas antinomique d’être à la fois au parti et à l’UGTT. D’ailleurs, Salah Ben Youssef, S.G. du Néo-destour, en l’absence de Bourguiba, a poussé à la création de l’UGTT et de toutes les organisations nationales. Il faudrait lire le discours que Salah Ben Youssef a prononcé à Stockholm devant le Ier congrès de l’Internationale Socialiste de1953 . J’ai certes été pour beaucoup dans la rédaction de ce texte où il y avait une définition du parti qui repose sur le mouvement syndical. Et il y avait peut-être déjà cette idée de travaillisme. En tant que responsables syndicaux, nous étions donc destouriens et nous étions conscients du vide qui existait. Toutefois, ces préoccupations sociales, culturelles et nationales n’étaient pas la doctrine du Destour ou du Néo-Destour, mais étaient introduites dans la conscience de la lutte politique par l’avènement du mouvement ouvrier dans la lutte de libération nationale. Il faudrait rappeler que c’est grâce aux premiers syndicats autonomes créés par Farhat Hached que l’UGTT avait porté la question nationale. Cette osmose entre le mouvement ouvrier et la bourgeoisie moyenne qui dirigeait la lutte nationale a fait du Néo-Destour le seul parti arabe bâti sur une telle osmose. Et c’est cela qui a distingué la Tunisie. La politique des étapes, c’était certes astucieux, mais Bourguiba devait être fier d’avoir non seulement des gens qui étaient des militants destouriens mais également des militants qui étaient préoccupés de fonder un projet de société et d’être si disciplinés qu’ils ont soumis ce projet à l’approbation du parti. La question de l’indépendance de l’UGTT ne s’était posée qu’après la prise du pouvoir par Bourguiba et le changement d’attitude de ce dernier vis-à-vis de la présence de l’UGTT sur la scène nationale. La scission avec Habib Achour a été faite par Bourguiba alors qu’il était Premier ministre. Il m’a invité en présence de Ahmed Tlili. Il avait entre les mains le programme de l’UGTT qu’il déchirait feuillet par feuillet en me disant d’une voix coléreuse : “ﺍ a c’est du communisme, Ahmed, je ne te laisserai pas faire ”. Je n’étais pas communiste et je ne le suis pas. Et je voudrais rappeler qu’au moment de cette scission, j’étais disposé à me retirer pour éviter que soit cassée l’unité du mouvement ouvrier. C’était le message que j’avais fait transmettre à Bourguiba par l’intermédiaire de Abdallah Farhat etc….
La démocratie a été un des objectifs de l’UGTT à travers les discours et les textes de la Centrale ouvrière. Vous dites vous-même (à Marc Nerfin) que le mouvement syndical a été un mouvement populaire “ à tel point que l’UGTT, par exemple, à un moment donné, patronnait ou orientait les comités de lutte pour les libertés démocratiques que Farhat Hached a créés dans les années 50 ”. L’UGTT qui était “ l’organisation de masse la plus puissante du pays, bien plus puissante que le Néo-Destour ” (écrit-on), n’aurait-elle pas pu, en dehors de l’orbite du Néo-Destour, aider à orienter le pays vers une autre voie ?
C’est ce qu’a fait l’UGTT. Elle a présenté des propositions tout en vivant intégrée dans le mouvement de libération nationale. Je crois que le pouvoir politique au sein du parti a été malmené par les différentes crises du parti et il y avait probablement une hantise vis-à-vis des éléments nouveaux qui ont une formation économique, culturelle différente. C’est Farhat Hached qui a créé ces comités compte tenu du vide qui existait dans les rues populaires et du fait que la lutte du parti était flétrie. Hached, à l’aube des années1950 , a eu cette formidable idée de ces “ comités de lutte pour les libertés démocratiques et la représentation populaire ”. Il y avait une brochure sur les problèmes sociaux en Tunisie de Farhat Hached et un programme pour le développement de l’éducation fait par la fédération de l’éducation. Au congrès de l’UGTT de1951 , je me souviens de la manière belle, naturelle et simple avec laquelle Farhat Hached a tranché les débats houleux autour de l’adhésion de la Centrale syndicale à la CISL (la décision du retrait de la Fédération syndicale mondiale (FSM) ayant déjà été approuvée à l’unanimité par le Conseil National qui a précédé le congrès et donc au congrès lui-même). La salle du congrès était pleine de vibrations avec même des bagarres physiques entre les deux clans. J’étais le porte-parole du groupe qui était contre l’adhésion et étais pour une fédération syndicale nord-africaine pratiquant la neutralité positive. Hached a été remué par tant de tension et a alors pris la parole pour dire tout simplement et tout bellement : “ C’est une question vitale. Il y a une ambiance de contestation. Donc je demande le vote secret. ” On ne s’attendait pas du tout à cette prise de position qui a complètement changé les donnes. Les choses se sont réglées et c’était tellement honnête, démocratique ! J’avance aujourd’hui que je n’ai pas vu jusqu’à ce jour un leader tunisien ayant pris une attitude pareille. C’était une leçon de démocratie donnée par Farhat Hached. Ces comités ont permis de redonner une vitalité à l’action politique.
Comment expliquez-vous que l’UGTT a joué un rôle déterminant dans le maintien de la ligne bourguibienne, contrant ainsi l’action yousséfiste ?
Ce n’était pas la ligne bourguibienne. L’UGTT était exactement dans le sens de la négociation. C’était notre ligne aussi. Nous disions toute notre confiance dans l’issue de cette politique. Bourguiba était également le président de notre parti et notre leader dont nous avons contribué à sculpter quelques faces. Nous étions résumés dans les expressions comme “ par étapes ”, “ progressivement ”, “ avec le peuple français ”, “ pas contre la France mais contre la colonisation ”. A propos de la crise yousséfiste, il y a eu un Conseil National de l’UGTT qui faisait d’ailleurs partie des délégations qui négociaient les Conventions. Le CN de 1955 a voté, à moins une voix -celle d’un camarade de Ben Guerdane- des motions approuvant et soutenant la politique de négociation avec la France et donc l’aboutissement des négociations qui étaient portées à la connaissance de Bourguiba et de Ben Youssef. Nous étions au courant du déroulement des négociations grâce à Mongi Slim qui n’a pas cessé de faire le va-et-vient entre Paris et Tunis pour concertation. Tous étaient d’accord pour conclure avec la France sur la base de ces conventions. Alors Ben Youssef a dit non. Je suis allé le voir avec les camarades Mohamed Erraï, Amor Riahi et Mahmoud Khiari, et il a absolument dit oui et je suis allé transmettre ce oui à Bourguiba. Mais il y avait malheureusement des gens qui étaient venimeux et ironiques. Ben Youssef a réuni chez lui toutes les organisations dont l’UGTT, l’UGAT…J’y étais en tant que S.G. de la Centrale. Il a posé la question des Conventions, alors je lui ai répondu que certes c’était un habit étroit qu’il faudrait déchirer , mais ensemble, sur la base d’un programme politique, économique, social et culturel. Il a accepté cette analyse et nous croyions que le problème était réglé. Je l’ai répété au congrès du Néo-Destour de Sfax et écrit à l’époque. Quand il y a eu des difficultés dans les négociations, j’ai dit comme Taïeb Mehiri et sans nous concerter que s’il y avait une seule clause, à savoir que la Tunisie pouvait organiser des élections et élire une Assemblée constituante, j’aurais accepté. Et j’ai dit cela à Ben Youssef qui considérait ces conventions comme un pas en arrière. Qui pouvait empêcher en effet la Tunisie de voter dès la1 ère séance inaugurale de la Constituante un article de la Constitution déclarant la Tunisie indépendante ? Le différend avec Ben Youssef portait également sur la question algérienne. Pour lui, accepter l’autonomie interne était une trahison par rapport à l’Algérie. Mais qu’est-ce qui était mieux : une Tunisie autonome devenant une base vitale pour la Révolution algérienne ou l’envoi de milliers de Tunisiens participer à la révolution ? Ben Youssef, dans une réunion à la mosquée de la Zitouna, a tenu un discours très radical et virulent. La bagarre a alors commencé. Je pense que le fondement de la crise yousséfiste était très personnel, bien que correspondant également, comme je viens de le dire, à une divergence au niveau des positions politiques relatives aux Conventions et à l’Algérie. Il y avait de vieilles rivalités entre les deux hommes, ravivées par certaines frivolités de la presse et des médias. On a alors vite conclu à ce schéma : Bourguiba francophone et Ben Youssef représentant de l’arabité et de l’islamité. Ceci n’est pas vrai. Que Bourguiba ait été beaucoup plus proche d’une solution avec la France, c’était clair. Je crois avoir été le dernier responsable à avoir vu Ben Youssef chez lui au lendemain du jour où Bourguiba nous a trompés. J’étais envoyé par le Bureau Politique du parti. Avec Ferjani Belhaj Ammar et Hassen Ben Abdelaziz, nous avions demandé à Bourguiba de ne pas publier le texte de l’exclusion de Ben Youssef. Tout en étant un peu furieux, il a nous a promis de ne pas le faire. J’ai donc vu Ben Youssef chez lui, accompagné de Hassen Ben Abdelaziz (Ferjani Belhaj Ammar ne pouvant venir). En entrant dans son salon, je l’ai trouvé au téléphone parlant en français. Il m’a dit : “ Alors tu viens me menacer ? Il y a avec toi Hassen Ben Abdelaziz ”. C’était de la pure taquinerie. Je lui ai alors appris que Bourguiba avait accepté de reporter la publication du texte. “ Vous êtes naïf, nous a-t-il dit, je viens d’avoir René Smadja qui vient de me dire que l’AFP a publié le texte ”. Je me suis senti stupide. C’était fini.
Mais pourquoi Bourguiba a-t-il refusé de reporter de quelques jours le congrès comme l’avait demandé Ben Youssef qui avait considéré que les militants du “ Secrétariat général ” (al amana el amma) n’ ont pas été invités au congrès ?
Bourguiba voulait avoir le congrès pour en finir avec la scission. On a tenté, comme je l’ai déjà dit, de rétablir les rapports. J’ai été chargé en même temps que Ferjani Belhaj Ammar, par le congrès, de prendre contact avec Ben Youssef. Et c’est de l’Hôtel Mabrouk de Sfax que je lui ai téléphoné avec Ferjani Belhaj Ammar. Mais il m’a répondu au téléphone en ces termes : “ Tu veux que j’aille au congrès alors que les Ouardeni qui sont autour du congrès m’attendent pour m’assassiner ”. Je n’ai rien dit de peur d’être complice de quoi que ce soit. J’ai donc informé les responsables du congrès, en étant furieux contre tous parce que nous n’avions pas eu la chance de les avoir tous les deux physiquement au congrès. J’ai peut-être critiqué tout le monde, pas seulement Bourguiba. Pourquoi l’encourager dans l’erreur en le flattant ? Personne n’a jamais dit à Bourguiba la vérité pour lui dire stop, dans ce cas comme dans le mien.
A ce congrès du Néo-Destour de Sfax de novembre1955 , votre appui, écrit Mohsen Toumi (dans son ouvrage “ La Tunisie de Bourguiba à Ben Ali ”, PUF,1989 ), a été “ assorti de revendications économiques et sociales que vous avez réussi à faire adopter par les Destouriens sous forme de motion économique ”. Votre préoccupation à cette époque était la réalisation du plan économique et social de l’UGTT. Les Yousséfistes dans l’Union générale des agriculteurs tunisiens (l’UGATT que Bourguiba remplacera plus tard pat l’UNAT) auraient certainement contré votre projet de collectivisation. Est-ce que ce souci de se débarrasser de ces gros propriétaires terriens, des féodaux, des gros commerçants etc… n’a pas motivé également votre appui à Bourguiba ?
Pas du tout.ﺍ a n’a absolument rien à voir avec ce qu’a écrit Toumi. Nous, membres du B.E. de l’UGTT, étions en contact avec les camarades du parti. Bahi Ladgham était à Paris et ne voulait pas rentrer à Tunis ; il voulait rejoindre Ben Youssef à Tripoli. J’étais à ce moment-là à Paris pour une réunion syndicale et aussi pour rendre visite à Taïeb Mehiri qu’on avait transporté dans un coma diabétique. En organisant un déjeuner avec Bahi Ladgham en présence de Hamed Karoui et Hédi Baccouche, respectivement président et S.G. de la Fédération destourienne de France, j’ai réussi à convaincre Bahi Ladgham de rentrer à Tunis. C’est une preuve qu’à l’UGTT nous étions préoccupés par cette crise. C’est pourquoi nous avons déployé un effort continu pour éviter que soit gâchée l’harmonie de cette période transitoire. L’UGTT était là pour combler le vide de projet, pour éviter les cassures dangereuses pour cette période-là qui était fragile. D’ailleurs, au retour de Ben Youssef à Tunis, nous étions là avec Bourguiba. Après les embrassades, nous étions en voiture, Taïeb Mehiri, Mongi Slim et moi-même avec Bourguiba et Ben Youssef et voyions les masses enthousiastes venues accueillir un de leurs leaders. Et je me souviens que Taïeb Mehiri et moi-même avions pris les mains de Bourguiba et Ben Youssef pour les mettre ensemble. C’était naïf mais cela prouve que nous étions très préoccupés par ce problème. Ben Youssef aurait pu créer un autre parti. Pourquoi le Secrétariat général ? Pour revenir à la thèse de Toumi, c’est erroné. J’ai organisé un séminaire de formation des syndicalistes pour qu’ils soient à la hauteur des négociations avec l’Etat, le patronat. Et j’ai invité Bourguiba et Ben Youssef à ce séminaire. A un moment donné, Ben Youssef me dit en présence de Bourguiba : “ Tu sais, Bourguiba et moi, nous sommes d’accord sur le plan du libéralisme économique ”. J’ai répondu, je crois, que cela pouvait se discuter. Ils étaient d’accord sur ce plan. Mais il y avait une chose : Bourguiba a réagi violemment contre le projet économique et social de l’UGTT alors qu’il était capable de comprendre cela. Mais peut-être que sa réaction était motivée par opportunisme ou par tactique ou par une volonté d’avoir le pouvoir ou encore par narcissisme. Par contre, Ben Youssef a fait savoir à ses amis qu’il était d’accord avec le projet de l’UGTT et qu’il fallait encourager Ben Salah. Je crois que c’est Habib Majoul qui lui a porté le projet. Peut-être que si Ben Youssef avait rompu avec le parti et crée un autre parti, la Tunisie aurait démarré sur une diversité politique.
Cela aurait-il été possible avec la répression qui s’est abattue sur les Yousséfistes : procès, condamnations à mort, disparitions, assassinats… ?
C’était le début d’une guerre civile. Je suis absolument sûr que c’est l’œuvre du groupe inconditionnel de Bourguiba ainsi que d’inconnus (pour moi) étrangers. L’UGTT était restée en retrait de cela. Nous étions même hésitants. Nous avons tenté d’agir dans un sens préventif mais les obsessions des militants de part et d’autre ont malheureusement triomphé. L’UGTT a joué un rôle modérateur. J’ai pu avoir plus tard le témoignage tout récent de Akrémi, un ancien condamné yousséfiste que je ne connais pas mais qui a écrit à un ami commun une lettre où il considérait que la position de l’UGTT et de Ahmed Ben Salah a arrêté ce qui pouvait devenir une véritable guerre civile. Mongi Slim a été accusé d’avoir facilité le départ de Ben Youssef. Plus tard, Ben Youssef a été assassiné. C’est ce que j’appelle “ le corint ” des indépendances. Je voudrais raconter -et pour la première fois- la version de Bourguiba que j’eus vers les années1966 -67. Bourguiba m’a envoyé un message urgent par son aide de camp Chédli Caïd Essebsi qui était chargé de me le remettre en mains propres. Je reçus l’envoyé de Bourguiba dans mon bureau au ministère. Il me remit une lettre de Béchir Zerglayoun adressée à Bourguiba et où ce dernier se plaignait du fait que ses affaires dégringolaient par ma faute. Et ce qui m’a étonné et m’a rendu furieux, c’est que dans la marge, Bourguiba a noté ces mots : “ Pour explication ”. L’aide de camp m’a dit que Wassila l’a chargé de me dire de ne rien faire sans lui avoir téléphoné. J’ai demandé à Chédli Caïd Essebsi d’appeler lui-même Wassila et là je lui ai dit sans avoir attendu la réponse : “ Ecoute Wassila, el kelma bkelma ”. J’ai appelé alors le chauffeur et lui ai demandé de m’apporter deux valises de chez moi. J’y ai placé mes affaires personnelles tout en prévoyant de partir si les choses tournaient mal après mon entrevue avec Bourguiba. C’était au palais Essâada que je rejoignis le couple présidentiel qui me reçut d’une manière très détendue en m’offrant même un bouquet de jasmin. Quelque temps après, Bourguiba m’emmena dans son bureau et sortit de son tiroir une lettre qu’il me tendit pour lecture. C’était une lettre écrite par Ben Youssef de sa propre main et où il donnait des instructions pour la manière dont il fallait se placer au Théâtre Municipal pour assassiner Bourguiba. Ma réaction fut : “ Pourquoi est-ce qu’on n’a pas publié cette lettre ? ”. Il reprit la lettre en me disant : “ Ce Béchir Zerglayoun m’a sauvé de cette vipère ”. C’est cette explication qu’il m’avait donnée ce jour-là. A propos de Béchir Zerglayoun, il fallait lui réserver un traitement ou quelque chose de substantiel. Mais est-ce bien pour le pays que Béchir Zerglayoun et Ali Lourak demandaient qu’on leur donne le monopole des clous, du poivre… ? Othman Kechrid, directeur de l’Office du Commerce, était venu un jour me voir pour me remettre sa démission parce que Béchir Zerglayoun avait débarqué dans son bureau, lui demandant des faveurs, en jouant de son revolver. Je n’ai rien donné à Béchir Zerglayoun. Quelques jours après, Bourguiba apparaissait avec Zerglayoun dans une décapotable à l’occasion de l’inauguration d’un de ses projets. Réfléchissons un peu : comment cette lettre-là était-elle tombée sur le bureau de Bourguiba ? Je me suis alors posé la question sur la vérité des préparatifs de l’un et de l’autre pour arriver à la conclusion que l’on sait. Il faudrait rappeler que moi aussi j’étais menacé en tant que S.G. de l’UGTT, si bien que T.Mehiri et A. Tlili ont déménagé soudainement ma famille à la rue du Koweit. Un jour, on a failli m’assassiner et c’est Ali Zlitni qui m’a sauvé. Pourtant, plus tard, Brahim Tobbal m’a dit que Ben Youssef n’avait jamais prononcé un mot contre ma personne. D’ailleurs, un jour alors que j’étais à Alger, Mme Soufia Ben youssef m’a contacté pour avoir mon avis sur son éventuel retour à Tunis. Ce jour-là, j’avais sous les yeux le quotidien El Moudjahid et il y avait, à l’occasion de la visite officielle à Tunis de Chérif Messadia, alors chef du FLN, une photo d’un meeting où Béchir Zerglayoun était à la tribune, à droite de Messadia. Je lui ai raconté cela sans commentaire. Elle m’a répondu après un bon silence : “ Je ne rentre pas à Tunis. Je retourne au Caire ”. Effectivement, elle n’était pas rentrée à cette époque-là. A mon retour à Tunis en1988 , je suis allé la voir malgré les reproches de quelques personnes. Je pourrais également raconter cet incident qui s’est produit lors de ma visite avec Bourguiba dans les mines de Gafsa. Le responsable de la Fédération des mines, envoyé par mes soins en raison des informations que nous avions reçues, avait demandé aux Algériens présents sur les frontières de se tenir tranquilles. Lors du meeting que nous avions organisé, nous avions entendu le bruit d’une mitraillette. On m’a rapporté après que c’était un dénommé “ le manchot ”, un des combattants, qui était chargé de nous assassiner et on m’a montré un petit bout de papier soi-disant envoyé par Ben Youssef et sur lequel était écrit en arabe : “ Tuez-le ainsi que ceux qui sont avec lui ”. Je n’en sais rien. Il paraît que le manchot a été reçu par Bourguiba et aurait dit qu’en ayant écouté nos deux discours, il était revenu sur son intention de nous éliminer. J’ai vécu la chose comme ça. Je n’en sais pas plus.
Vous avez répondu en 1974 à Marc Nerfin, vingt ans après la répression des yousséfistes : “ J’ai vécu la crise yousséfiste et cela donne à réfléchir ”. Pourriez-vous nous dire en quelques phrases ce que vous vouliez dire par cette phrase ?
J’aurais dû approfondir ma perception de Bourguiba, être un peu plus actif pour désamorcer le problème, pousser Ben Youssef à créer un autre parti. Je demeure persuadé qu’il n’y avait pas de différends idéologiques. Il y avait, à mon avis, une différence d’adoration de soi. Bourguiba était beaucoup plus sérieux dans l’adoration de soi. Si on veut être responsable, il faut éviter d’avoir des clans, d’écouter des laudateurs, des courtisans quasi-professionnels.
Avec la Constituante, la Tunisie entre dans l’ère de la représentation. Mais cette première expérience représentative sera imprégnée en 1956 de l’affirmation du monopole du Néo-Destour qui a raflé dans le cadre d’un Front National les 98 sièges de la Constituante. Pourtant, selon Charles Debbasch, la situation politique tunisienne était beaucoup plus proche du multipartisme que du parti unique : les yousséfistes, les syndicalistes partisans d’une certaine autonomie, les communistes, les indépendants… Bourguiba et le Front National dont l’UGTT faisait partie n’ont-ils pas déjà répudié la démocratie ?
Je voudrais dire d’abord que ceux qui ont écrit sur la Tunisie et qui n’ont pas vécu la situation ou l’ont vécue à leur manière ont transposé leur temps à eux en le substituant au temps de la Tunisie de l’époque. Moi, je ne perds pas de vue le temps de la Tunisie. Nous étions assez clairvoyants, assez vigilants en tant que nationalistes ou syndicalistes pour savoir que nous devions déjà ensemencer pour un pays renaissant et moderne, libre et démocratique. J’insiste sur le mot liberté. Il n’y a pas de démocratie sans liberté. En Tunisie, on voulait faire un départ différent avec un équilibre social profond, un développement par le relèvement des couches abîmées. La Tunisie était dans une transition majeure. Je fus d’ailleurs attaqué sur un point, à savoir que j’avais soutenu que la Constituante devait connaître du budget et de la politique gouvernementale. Mon principal argument était le proverbe français : “ Qui peut le plus peut le moins ”. Je soutenais que si nous étions capables de déclarer l’indépendance, alors à plus forte raison, nous étions capables d’intervenir auprès de l’Etat. J’étais préoccupé par la sortie énorme d’argent, de capitaux évalués à 70milliards. A l’époque, en1956 , et au début de1957 , j’ai pu intervenir. Et c’était très émouvant. J’ai dit aux Français : pour vous l’indépendance signifie méfiance. Alors j’ai demandé que ces transferts soient contrôlés par le gouvernement et qu’ils soient reconvertis. On a appelé Bourguiba de Monastir et le lendemain de son retour, il a pris la parole pour dire qu’il était pour la liberté de la circulation du capital. Après le discours de Bourguiba, j’ai répondu que c’était un problème de santé du pays. Ils ont été obligés plus tard de décrocher avec la France et de prendre des mesures. Pourquoi perdre du temps ? Pourquoi alors rédiger une Constitution ? Pour ce qui est des élections, nous étions multipartites dans le cadre d’un rassemblement patriotique et personne n’a remis en cause l’opération électorale. Les gens étaient hébétés par les élections. Il n’y avait pas eu d’éducation politique. Les partis politiques, y compris le PCT, n’ont jamais fait d’éducation politique. Il y avait la formation syndicale et l’éducation des élites qui ont eu la chance d’apprendre. Même si je n’ai été pour rien dans l’interdiction plus tard du Parti communiste tunisien, je dois rappeler que le PCT nous excluait parce que nous étions contre l’Union Française qu’il soutenait, à une période donnée, contre la liberté de la Tunisie.
Mais le système électoral adopté le 26 janvier 1956 par le Conseil des ministres optait pour la liste majoritaire à un tour, écrasant ainsi les partis minoritaires qui, comme le parti communiste, étaient plutôt favorables à un scrutin à la proportionnelle. Ils ont d’ailleurs protesté contre cette loi électorale en organisant une manifestation de 2. 000personnes devant le palais beylical de Carthage ?
C’était une période de transition. Nous n’étions pas dans un temps ordinaire. La Tunisie venait d’avoir son autonomie interne avec une crise de presque guerre civile, l’indépendance avec la bataille de Bizerte, la guerre d’Algérie. On ne savait comme ça allait se terminer. Pour que Bourguiba dise : je vous donne Bizerte et laissez tranquille l’Algérie, cela prouve le désarroi ressenti à l’époque. C’était un temps spécial. Il y avait dans ce Front des députés populaires,22 députés syndicalistes…Nous voulions être libres. Moi je dis qu’un jour, on dira que la génération du parti a fait un travail formidable d’honnêteté. On était là pour avancer. Chaque pas que nous faisions devait être très profond.
Pour vous, “ Pour la première fois, les notions de droite et de gauche vont apparaître en Tunisie et seront consacrées sur le plan d’une assemblée. Que des oppositions surgissent, nous n’en serons pas surpris ”, avez-vous déclaré au quotidien Le Monde du 28 mai1956 . En effet, la tendance UGTT et celle du Néo-Destour se sont opposées à l’Assemblée à propos par exemple du droit de propriété : sept députés de l’UGTT s’y sont opposés. Une divergence de fond concerne la question de l’organisation du rapport de l’Assemblée et du gouvernement. Le17 avril1956 , alors que vous présidiez la séance durant laquelle Bourguiba allait présenter le programme de son gouvernement, vous avez de votre propre initiative invité les ministres à siéger non au banc du gouvernement mais à leur place dans l’hémicycle jusqu’à leur présentation à la Constituante : “ Jusque-là vous ne serez que des députés ” ”, avez-vous martelé. Votre affirmation visait en effet à étendre les prérogatives de l’Assemblée, mais sans aboutir. Le 24 avril 1956, alors que vous avez soutenu, en tant que S.G. de l’UGTT, une motion insistant plus particulièrement sur le contrôle du gouvernement en matière de finances, économie, politique étrangère, législation sociale et mentionnant la possibilité de convoquer l’Assemblée à la demande du tiers des députés, Bourguiba a fait voter à l’unanimité une motion beaucoup plus vague. Ce différent ne présageait-il pas déjà de deux voies politiques ?
Mais, bien entendu. Il ne faut pas oublier une chose, c’est que les idées que nous avions quand nous étions à la Constituante, c’était après le congrès du parti en1955 . Donc, nos projets économiques, culturels étaient adoptés par le parti. Mais il y a eu une volte-face de la part du président du parti. Il y a eu une réunion au lendemain de la signature du protocole d’indépendance, présidée par Béhi Ladgham, à laquelle ont assisté Taïeb Mehiri, Ahmed Tlili, Ferjani Belhaj Ammar et au cours de laquelle était posée la question du candidat pour la fonction de chef du gouvernement. Béhi Ladgham a défendu l’idée que le leader doit prendre l’exécutif. J’ai alors dit qu’il existait deux voies : la voie classique un peu trop banale où le président du parti devient le chef du gouvernement ou alors une autre voie, à savoir que Bourguiba devait rester président du Parlement pour diriger le contrôle du gouvernement par la représentation populaire. Ce dernier ne devait pas rester sans contrôle. Il fallait apprendre à contrôler ses responsables. C’était pour moi une œuvre gigantesque que le premier gouvernement de l’indépendance soit un premier gouvernement contrôlé. Béhi Ladgham était furieux et rétorqua que c’était Nehru qui avait pris le pouvoir en Inde. J’ai dit alors : Oui, c’est Nehru mais pas Ghandi. J’ai décliné la proposition de faire partie du premier gouvernement de l’indépendance. D’ailleurs, pour plus tard, comme on le sait, je n’ai jamais accepté sans conditions.
Le texte de la Constitution adopté en 1959 a sanctionné en fait l’existence d’un régime présidentiel s’appuyant sur un parti unique, un régime libéral et constitutionnel inspiré dans les textes par les modèles occidentaux : reconnaissance des libertés et des Droits de l’Homme…, mais aussi un régime autoritaire et centralisé aux mains du Président avec un exécutif à large étendue. Comment expliquez-vous la lenteur des travaux constitutionnels qui n’ont abouti qu’à la fin du mois de mai1959 , après trois ans et deux mois (1956-1959) ? Et pensez-vous qu’en sacrifiant des principes comme ceux relatifs à la séparation des pouvoirs et au multipartisme, les rédacteurs et les députés ont “ déterminé en profondeur la nature du nouveau régime tunisien ” (M.Toumi) ?
Pourquoi ? Il n’y a pas de séparation des pouvoirs dans la Constitution ? Cette séparation existe. Mais j’avais mon idée sur l’exécutif. J’avais en effet considéré que c’était une blessure de voir Bourguiba, notre leader nationaliste et anticolonialiste, accepter d’être le Premier ministre de Lamine Bey qui a laissé faire à Moncef Bey ce qu’on lui a fait. Par ailleurs, n’oublions pas que le nouveau régime tunisien était transitoire. Personnellement, je n’ai aucune gêne à dire que j’ai accepté volontairement et consciemment le parti unique : un parti unique et ouvert. Je me suis personnellement exercé à ouvrir des brèches et la meilleure brèche fut la création de la Commission d’études socialistes, vers les années1964 -65, et qui s’est réunie en toute liberté pendant cinq ans. On a réalisé les préalables au développement qui figuraient dans le projet de l’UGTT. Pourquoi voulez-vous que je remette cela en question ? Moi j’étais d’accord sur beaucoup de choses. Alors pourquoi aller chercher quelle est la meilleure Constitution, et chercher ce qui était faible en 1956 ? La Tunisie, c’était quoi, surtout sur le plan études etc ? Encore une fois je répète : il faut remettre la Tunisie dans son temps comme dans celui de l’Afrique du Nord et même celui de l’Europe. Bon, je peux dire ce qui s’était passé quand j’étais responsable de la Commission de coordination pour la rédaction de la Constitution. Il y avait des problèmes. Nous étions en train de préparer le projet quand Djellouli Farès, président de l’Assemblée nationale, nous a invités, Ali Belhouane et moi, à son bureau et nous a dit qu’à la demande de Bourguiba, chef du gouvernement, il fallait calmer le jeu, ne pas trop parler de république, mais plutôt de monarchie constitutionnelle. Il y avait les deux idées et c’était très démocratique. Moi j’étais un peu gêné par cette demande. Mais j’étais pour la république comme Moncef Bey qui m’a dit à plusieurs reprises : “ Tu verras, c’est moi qui proclamerai la république ”. Il avait une piètre opinion de la famille beylicale. Pour revenir à Djellouli Farès, il nous a dit qu’il y avait des problèmes et des tractations secrètes dangereuses entre l’armée française et le palais beylical dont le trône aurait demandé la protection. Est-ce que cela était vrai ou était-ce une tactique ou une précaution de Bourguiba ? Je ne peux pas le savoir. Pour répondre à la demande de Djellouli Farès, Ali Belhaouane et moi étions plus discrets quant au changement brutal du régime. Cette prudence a été sciemment mal interprétée par Hassen Sassi, le mari de la nièce du Président, qui est allé dire à Bourguiba que Ben Salah défendait la cour beylicale et Djellouli Farès ; furieux de nous voir assouplir notre position quant au choix de la république, il nous a re-convoqués. Je lui ai alors rappelé qu’il nous avait demandé de modérer les propos. C’était comme ça qu’il s’était calmé. Mais j’étais accusé de jouer un double jeu. Si c’était Moncef Bey, je n’aurais rien dit. Moi, j’aurais préféré un bon parlement et des élections libres.
Vous avez alors tenu à préciser à cette époque (et je vous cite) qu’ “ on a beaucoup critiqué le parti unique à travers le monde. Je tiens à dire pour ma part qu’il n’est pas un frein à l’émancipation des hommes ni à la construction du socialisme, ni encore qu’il empêche l’épanouissement de la démocratie ”. Pour Ahmed Ben Salah, fondateur plus tard (en1974 ) d’un parti d’opposition, le Mouvement de l’Unité Populaire (MUP), si c’était à redire, le rediriez-vous ?
J’étais pour le Néo-Destour parce que je considérais que l’UGTT pouvait être une force d’équilibre et qu’il y avait beaucoup de liberté à l’époque. Il y a eu certes des répressions, des sanctions stupides mais il y a eu également des provocations de l’extrême-gauche. Et je n’ai pas peur de dire aujourd’hui que l’extrême-gauche est en grande partie actuellement au pouvoir. Si le parti est composé de gens sincères, il est un moule formidable. Mais c’est toute la morale patriotique qui a été bafouée. Elle aurait pourtant permis au parti de devenir de moins en moins unique. J’ai rêvé que Ben Youssef ait un parti. La Tunisie aurait pu démarrer sur deux grands partis. Comme j’ai toujours rêvé d’alternance et que le RCD ait en face de lui un grand parti d’opposition. Ce que j’ai essayé de faire à travers la Troïka. La Constitution était exemplaire à son époque.
Désolée de vous rappeler votre procès qui fut une grande injustice. Mais il y a une question qui me tient à cœur et à laquelle je souhaiterais, si cela ne vous dérangeait pas, que vous répondiez. Le président de la Haute Cour qui vous interrogeait vous a posé la question suivante (rapportée par T.Belkhodja dans son ouvrage : “ Les trois décennies de Bourguiba ”) : “ Que veut dire d’après vous ce vers écrit de votre main, que nous avons trouvé dans vos papiers : “ Œdipe, où vas-tu ? Je réponds que j’y vais ”. Vous avez rétorqué alors : “ (…) Il (le vers) a maintenant une étrange résonance ”. En fait, que signifiait pour vous ce vers ?
C’est faux. Cela ne s’est pas passé comme ça. C’est grotesque. Je vais vous raconter comment cela s’est produit. De toute façon, j’ai dit cela en public. D’ailleurs, il y avait présent Pierre July qui était venu pour me défendre mais qui était interdit de parole. Mohamed Farhat, le président de la Haute Cour, m’a accusé de vouloir prendre le pouvoir. Et il m’a dit : De toute façon, vous ne savez pas où vous allez. Vous l’avez écrit de votre propre main. On m’a apporté un petit bout de papier photocopié sur lequel j’avais noté des vers de “Hernani” de Hugo (et non “Œdipe”). J’ai ri comme un enfant. En fait, quand j’avais quitté le gouvernement, j’avais repris mes occupations littéraires et un jour je me suis mis à relire “ Hernani ” de Victor Hugo. Il y avait un dialogue qui m’avait frappé et que j’avais noté. C’est quelqu’un qui demande à Hernani : “ Où vas-tu ? ”, et la réponse est : “ Je ne sais pas mais je vais. Je suis la force qui va ”. Alors je me suis dit que c’est un thème qui existe bien dans la littérature arabe et je l’ai trouvé car j’apprenais par cœur la poésie antéislamique et surtout celle du groupe des Sâalik (poètes marginaux) et du poète Orwa Ibn El Ouard dont voici les vers :
"wa sa2ilaton : ayna edhahabou wa sa2ilon :
wa hal yous2alou esso3loukou ayna madhahiboh
madhahibouhou anna elfijaja3 amiqaton
idha dhanna3 anhou bilfi3ali2 aqariboh"
Voilà comme les choses se sont passées.
Et Ahmed Ben Salah me fit alors écouter un CD où des acteurs arabes lisaient superbement les moualakat en me disant que les Sâalik étaient, eux, ses amis qui l’aidaient à passer les épreuves et qu’il écoutait quand il devenait las des hommes… Ainsi prit fin cette première partie de notre long entretien.
Noura Borsali
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