Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.
je vous remercie
bourguiba abderrazak
I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.
On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.
Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...
ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée
the death of an African giant
Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?
Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre
J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne
Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .
je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.
soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui
La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).
Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.
Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).
Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes
Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.
Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.
Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.
Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles
Vive la Tunisie sans hypocrites
bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie
Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.
Merci...
Lilia Weslaty
Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)
j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui
Droits & Libertés des Maghrébins et au Maghreb
Association d’Aide, d’Assistance, de Soutien et de Défense des Droits de l’Homme
B.P. N° 28 - 93161 Noisy-le-Grand Cedex- France
E-Mail- DLMMAbdess@hotmail.com
Communiqué
TUNISIE
Pour plus de démocratie et de libertés
La Tunisie de demain, décentralisée et démocratique
Se taire sur l’arbitraire dont les Islamistes de Tunisie sont soumis, est une
complicité avec la dictature.
Préservons les valeurs de l’Islam traditionnel du pays comme partie intégrante
Un système d’étouffement des libertés est mis en place en Tunisie, visant à museler toute voie discordante.
Seule une Loi d’Amnistie Générale peut assainir le climat politique
Noisy-Le-Grand, le 30 Décembre 2003
Grandes dates d’Histoire de Tunisie
814 Av. JC : Fondation de Carthage par des colons phéniciens, conduits par la Reine Didon, ou Elyssa. La nouvelle cité se développe rapidement devenant l’une des deux grandes puissances de la Méditerranée avec son grand rival romain.
264 - 146 Av. JC : Les trois guerres puniques contre Rome donnent lieu, entre autres, à la fantastique expédition conduite par Hannibal qui a traversé les Alpes avec ses éléphants
(218- 202 Av. JC). Ces guerres s’achèvent par la défaite de Carthage.
146 Av. JC- 439 : Etablissement de la première colonie romaine "Africa". Le pays connaît une grande prospérité. L’agriculture et l’urbanisation se développent.
439 : Conquête de Carthage par les Vandales.
533 : Reprise de Carthage par les Byzantins.
647-698 : Début de l’ère arabo-musulmane. Fondation de Kairouan par Oqba Ibn Nafaa (en 670) et prise de Carthage par les Arabes (en 698).
800-909 : Expansion de l’Islam et établissement de la dynastie des Aghlabides. Construction de la Mosquée Zitouna de Tunis. Kairouan est alors le centre politique et intellectuel du Maghreb.
909-1159 : Dynasties Fatimide et Ziride. Mahdia, fondée en 921, devient la capitale
du pays.
1159-1230 : Les Almohades unissent les pays du Maghreb et l’Andalousie musulmane.
1236-1574 : Les Hafsides, vassaux des Almohades, se déclarent indépendants et fondent une nouvelle dynastie à Tunis.
1574 : La Tunisie est annexée à l’Empire Ottoman .
1705 : Fondation de la Dynastie des Husseinites (déchue le 25 juillet 1957).
1881-1956 : Protectorat français, établi le 12 mai 1881. La résistance anti-coloniale dure pendant pratiquement la totalité des 75 ans de domination française. Menée d’abord par le parti Destourien (1920), la lutte connaît un nouvel élan avec le néo-Destour à partir de 1934.
20 mars1956 : La Tunisie obtient son indépendance.
25 juillet1957 : Proclamation de la République tunisienne. Habib Bourguiba devient président de la Tunisie indépendante.
1er juin1959 : adoption de la première constitution de la République Tunisienne.
l5 octobre1963 : les troupes françaises évacuent Bizerte, leur dernière base dans le pays.
7 novembre1987 : Le Premier ministre, Zine El Abidine Ben Ali, succède au Président Bourguiba, jugé sénile. Ben Ali est investi Président de la République.
Le 2 avril1989 : Election du Président Ben Ali au suffrage universel. 20 mars1994 : Ré-élection du Président Ben Ali et accès de l’opposition au Parlement pour la
première fois.
24 novenmbre1999 : Premières élections présidentielles pluralistes.
La Tunisie était peuplée depuis la préhistoire. Des traces de présence humaine ont été découvertes dans les couches profondes du paléolithique. Ses premiers habitants connus sont les Berbères. Depuis le 12ème siècle Av. JC, la Tunisie, pont naturel entre l’Afrique et l’Europe et entre l’Orient et l’Occident, entretient des
relations surtout commerciales avec les différents pays méditerranéens.
Le rayonnement et la prospérité de Carthage, la grande cité fondée en 814 Av. JC, ne manque pas de provoquer des rivalités avec l’Empire romain alors en pleine
expansion. La chute de Carthage au II° siècle Av. JC marque le début de sept cents ans de domination romaine au cours desquels la Tunisie connaît une prospérité telle qu’elle devient le "grenier à blé" de Rome, en témoigne le Colisé d’El Jem, le plus grand de l’empire.
Les nombreux sites archéologiques d’une grande splendeur qui parsèment le paysage tunisien d’aujourd’hui témoignent de la position primordiale que la Tunisie occupait au sein de l’Empire romain. On trouve en Tunisie de riches sites puniques et romains qu’on peut admirer à Carthage et dans d’autres lieux historiques à travers le pays.
Parmi ces sites, les thermes d’Antonin à Carthage, le temple romain de Dougga, la nécropole punique d’Utique, le temple romain de Sbeitla, les villas romaines de Bulla Regia, et bien sûr le Colisée d’El Jem. Tout près de Tunis, le musée du Bardo abrite la plus grande collection de mosaïques romaines dans le monde.
Durant les V° et VI° siècles après JC, la Tunisie est envahie par les Vandales puis reprise par les Byzantins. Au septième siècle, la Tunisie est intégrée au monde musulman. La ville de Kairouan devient la capitale et le centre de la vie religieuse. C’est la ville où l’on trouve les mosquées les plus anciennes et les
plus prestigieuses du Maghreb. Durant les siècles suivants, la civilisation musulmane connaît un grand épanouissement, favorisé par les dynasties arabes puis ottomanes qui se sont succédées à la tête du pays.
Les principaux événements de l’époque sont la construction de la Grande Mosquée de Tunis, devenue l’Université de la Zitouna, le développement urbanistique du pays, l’apparition de grands penseurs tels que Ibn Khaldoun, historien et père de la sociologie moderne, dont les travaux sont encore enseignés, ainsi que l’arrivée des mauresques musulmans et juifs andalous chassés d’Espagne par la "Reconquista" aux XV° et XVI° siècles. Au XVI° siècle, la Tunisie est annexée à l’Empire ottoman.
L’art architectural arabo-musulman retient particulièrement l’attention des visiteurs. Parmi les monuments, on peut visiter la Grande Mosquée de Kairouan, grande ville du monde musulman, la Grande Mosquée d’Ezzitouna ainsi que la vieille ville de Tunis.
Au 19° siècle, la Tunisie est le premier pays arabe à se doter d’une constitution et à abolir l’esclavage. Mais les difficultés économiques, la politique ruineuse des Beys, et les interférences étrangères provoquent une grave crise financière et politique. En 1881, la France envahit la Tunisie et impose son protectorat au Bey.
En 1920, le Parti Libéral Constitutionnel (le Destour) est fondé par les nationalistes tunisiens de Cheikh Abdellaziz Thaalbi. Le Néo-Destour, créé en 1934, sous la présidence de Dr Mahmoud Matri, devient rapidement la principale force oeuvrant pour l’indépendance de la Tunisie. Son chef, Habib Bourguiba, et son Secrétaire Général Salah Ben Youssef qui fut assassiné à Frankfurt en 1962 par son rival ont combattu courageusement mais pacifiquement le protectorat Français. Après plusieurs années de lutte, l’indépendance est proclamée le 20 mars 1956.
Tunisie
Superficie
162 155 Km2
Population
9 456 700
Capitale
Tunis
Langue
Arabe
Nature de l’Etat
République Unitaire depuis le 25 Juillet 1957
Chef de l’Etat
Zine El-Abidine Ben Ali depuis le 7 Nov. 1987
Premier ministre
Mohamed Ghannouchi nommé le 17 Nov. 1999
Constitution
Constitution du 1° juin 1959, révisé 14 fois depuis, la dernière fût le 26 Mai 2002
Le Président élu
Le Président élu au suffrage universel direct pour cinq ans
Système politique
Multipartisme de décoration 7 partis d’opposition et le RCD parti au pouvoir depuis
1956, date de l’Indépendance
Le Conseil de l’Administration
Premier Ministre nommé par le Chef de l’Etat
Parlement
Assemblée Nationale : 163 membres élus pour cinq ans au suffrage universel- 20% des siéges réservés à l’opposition
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie libérée, les Français en profitèrent pour retirer aux colons italiens leur statut privilégié et des poursuites furent engagées contre les nationalistes du Destour qui s’étaient compromis avec l’occupant allemand. Le Néo-Destour, s’appuyant sur l’Union générale du travail (UGTT) de Farhat Hached qui fut assassiné par l’organisation « Main Rouge » le 5 Décembre 1952, sans la lumière ne voit le jour sur les circonstance et le nom des criminels et les commenditaires ne sont divulgués jusqu’à ce jour en cette fin 2003, chose bizarre, La France ne veut toujours pas ouvrir ses archives, plus de cinquante ans après, les mauvaises langues parlent que Bourguiba en est pour quelques chose, étant donné de Farhat Hached lui faisait de l’ombre - avait le champ libre. Suite à la chute de Diên Biên Phù en Indochine, dans un climat national tendu, Mendès France, président du Conseil, vint annoncer au bey que le gouvernement français avait l’intention d’accorder une autonomie sans restriction à la régence tunisienne (discours de Carthage du 31 juillet 1954). Deux ans plus tard, le protocole du 20 mars 1956 accordait l’indépendance au royaume tunisien et abolissait les clauses du traité du Bardo du 12 mai 1881.
En 1957, le bey fut déposé, la république proclamée et la présidence revint au « combattant suprême », Habib Bourguiba. Aux élections du 23 mars 1956, le Destour et ses alliés de l’UGTT, regroupés au sein d’un Front national, remportèrent tous les sièges. L’Assemblée accorda à Bourguiba une Constitution sur mesure, interdisant l’émergence de tout parti concurrent. Le Parti communiste tunisien fut interdit en 1963. Le nouveau code du travail réglementant le droit de grève entra en vigueur en 1966. L’ةtat fut modernisé et occidentalisé. Un code du statut personnel en août 1956 interdit la polygamie et instaura le divorce par consentement mutuel. La crise sanglante de Bizerte obligea la France à évacuer sa base navale en Tunisie, en octobre 1963. Les terres appartenant aux étrangers furent nationalisées en 1964.
Bourguiba poursuivit une politique de modernisation, appuyée sur un fort secteur étatique et coopératif, et bénéficiant d’une aide financière importante des ةtats-Unis, en raison de sa politique modérée et modératrice au sein du monde arabe.
La croissance des années soixante-dix a fait place à la montée du chômage et à l’exode rural.
Le 26 juillet 1978 Habib Achour, secrétaire général de l’UGTT, appela à une grève générale qui dégénéra en émeute. En 1984, l’armée fut contrainte d’intervenir après le soulèvement suscité par la hausse des prix des denrées de première nécessité ; le calme ne revint qu’avec la promesse de Bourguiba de les annuler. Ben Ali introduisit des réformes constitutionnelles et autorisa les partis d’opposition. Il conserva les alliances de la Tunisie avec les Occidentaux tout en contrecarrant les pressions des Islamistes en mettant lui-même l’accent sur le caractère arabe et islamiste du pays.
Le 25 juillet 1957, la République est proclamée, dont la première Constitution est adoptée le 1er juin 1959. Habib Bourguiba est élu Président de la République. Le 7 novembre 1987, le Premier Ministre Zine El Abidine Ben Ali, dépose le président Bourguiba, devenu sénile. Il est élu démocratiquement deux ans plus tard. La succession au pouvoir s’est opérée dans le cadre de la légalité constitutionnelle et de façon pacifique. La démocratisation du pays se fait lentement mais sûrement au fil des suffrages : 1987, abolition de la magistrature à vie ; 1994, accession de l’opposition au Parlement ; 1999, premières présidentielles pluralistes et quota minimum de 20% de sièges pour l’opposition au Parlement.
Le Mouvement de la tendance islamiste (MTI) ne s’organisa véritablement qu’à partir de 1981. Depuis, il subit une répression policière et judiciaire permanente. Le 7 novembre 1987, le général Zine el-Abdine ben Ali destitua le président Bourguiba pour incapacité à gouverner et lui succéda. En 1989, il fut élu président de la République et réélu en 1994 tout en disposant à l’Assemblée nationale de la majorité
des sièges obtenus par le Rassemblement constitutionnel démocratique.
La Tunisie de demain, décentralisée et démocratique Un projet de loi constitutionnelle renforcera les pouvoirs des collectivités territoriales qui gagneront un droit d’expérimentation et une autonomie financière.
Le projet de loi modifiera l’article premier de la Constitution, qui définit les valeurs fondamentales de la République. Cet article disposera désormais que l’"organisation[de la République] est décentralisée". Le caractère indivisible de la République et le principe d’égalité des citoyens devant la loi resteront affirmés.
Quatre niveaux de collectivités territoriales.
La région fera son entrée dans la Constitution., elle figurera, au rang des "collectivités territoriales de la République"au même titre que la commune et le département. Le projet de loi ne supprime pas le département. Cependant, des re-découpages territoriaux (fusion de deux départements dans une région, ou de deux régions, par exemple) seront possibles. Le législateur peut en effet créer des collectivités territoriales à "statut particulier".
Les nouvelles collectivités ainsi créées par le législateur pourront se voir transférer une "part substantielle" des attributions normalement exercées par les collectivités classiques auxquelles elles se substituent. "Lorsque l’exercice d’une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités", le projet ouvre également la possibilité au législateur de confier à l’une d’entre elles le rôle de "chef de file" lui permettant de fixer les modalités de l’action commune.
1- L’expérimentation.
Un texte prévoira désormais que "sauf lorsque sont en cause les conditions essentielles d’exercice d’une liberté publique ou d’un droit fondamental", les collectivités pourront être autorisées par la loi ou le décret à "déroger, à titre expérimental, aux dispositions législatives ou réglementaires qui régissent l’exercice de leurs compétences".
Par ailleurs, le champ de l’expérimentation, à l’intérieur de la loi, pour les collectivités se limitera à l’exercice de leurs compétences (par exemple l’expérimentation de la régionalisation des transports ferroviaires). Les expérimentations pourraient désormais aussi porter sur leurs ressources et leur organisation. L’expérimentation devient ainsi selon l’exposé des motifs, un "instrument(...) de réforme". Celui-ci précisera aussi qu’à "l’issue de l’expérience, c’est une règle unique qui s’appliquera de nouveau". Et ce sera au Parlement d’en décider.
Sans que le mot y figure, le principe de subsidiarité sera introduit dans la Constitution. Il disposera que les collectivités "ont vocation à exercer l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à l’échelle de leur ressort". Ce principe pourra être appliqué, à titre expérimental.
2- Pouvoir réglementaire.
Les collectivités disposeront d’un pouvoir réglementaire. Mais ce droit est souvent bafoué par l’Etat lui accordera une reconnaissance constitutionnelle. Il prévoit que "pour l’exercice de leurs compétences", les collectivités "disposent d’un pouvoir réglementaire". Celui -ci reste donc limité.
3- Autonomie financière des collectivités.
La Constitution précisera les conditions dans lesquelles s’exerce le principe de libre administration des collectivités, qui figure déjà dans la Loi fondamentale. Il consacrera la faculté pour les collectivités de recevoir "tout ou partie des impositions de toute nature". En clair, les collectivités pourront désormais non seulement percevoir des impôts locaux mais également se voir transférer une partie des impôts nationaux. La Constitution leur reconnaîtra également la faculté de fixer, dans les limites définies par la loi, le taux et l’assiette de ces différents prélèvements fiscaux.
Des recettes fiscales, les autres ressources propres des collectivités, et les "dotations qu’elles reçoivent d’autres collectivités territoriales" devront représenter "une part déterminante" de leur budget. Cet article stipule aussi, clairement, que "tout transfert de compétence entre l’Etat et les collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution des ressources équivalentes à celles qui leur étaient consacrées". Désormais, les inégalités de ressources entre collectivités seront corrigées "notamment" par la "péréquation" financière.
4- Démocratie directe.
"La décentralisation des compétences doit aller de pair avec le développement de la faculté d’expression directe dont disposent les citoyens au niveau local", souligne l’exposé des motifs du projet de loi. La Constitution reconnaîtra désormais le droit aux collectivités d’organiser des référendums décisionnels -et non plus simplement consultatifs- sur des questions relevant de leurs compétences. Ces référendums ne concerneront pas l’ensemble des habitants des collectivités concernées mais seulement leurs électeurs.
Une Loi fondamentale reconnaîtra également à ces mêmes électeurs, dans les conditions fixées par la loi, un "droit de pétition" pour obtenir l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante de leur collectivité d’une question relevant de sa compétence.
Pour éviter de monopoliser le pouvoir d’aucun parti politique sur le pays et revenir au système du Parti unique, il faut mettre des gardes-fous en limitant le nombre maximum des sièges dans toute organisation représentative ne dépassant pas le tiers des sièges. Les Tunisiens vivent en grande majorité dans les zones urbaines. La population rurale est concentrée dans les régions agricoles prospères et fertiles du
nord-est du pays et du Sahel.
D’après les termes de la constitution établie en 1959, les membres du corps législatif et le président devaient être élus tous les cinq ans au suffrage universel direct. La constitution spécifiait également que le président ne pouvait en aucun cas assurer plus de trois mandats successifs. Après avoir été réélu trois fois en 1964, 1969, et 1974, Bourguiba fut nommé président à vie en 1975 et continua à assurer ses fonctions pendant encore 12 ans. Son successeur de 1987 continu le travail dans la même ligne répressive contre toute voie discordante Une lettre écrite en 1966 reste d’actualité de la part d’une personnalité imminente et patriotique hors pair, que je transcris ci-dessous Dans une Lettre historique de 30 pages écrite à la machine datée du 25 Janvier 1966 de son lieu d’exil Ahmed TLILI écrit au Président BOURGUIBA
Au seuil de la dixième année d’indépendance et au moment, ou le Peuple Tunisien traverse l’une des phases les plus critiques de son histoire, mon devoir me commande d’insister encore une fois auprès de vous pour demander de repenser, sans passion, la politique ou, plus exactement, les méthodes de gouvernement qui ont conduit la Tunisie a une situation si grave aujourd’hui qu’elle risque de devenir, dans un proche avenir sans issue. (En cette fin 2003, la situation reste la même) - Conçu et rédigé dans le maximum de sérénité, le présent message n’a d’autre sens que celui de me permettre de continuer à contribuer, dans la mesure de mes modestes moyens, au service de ce peuple pour lequel nous avons tant souffert ensemble, en même temps, de tacher d’éviter a votre noble et longue mission un échec que l’histoire ne manquera pas d’associer a votre nom.
Ce double souci s’explique a la fois par ma (Ahmed Tlili) volonté de persévérer dans l’action en faveur de notre peuple, aux destinées duquel vous présider maintenant et par la vieille amitié qui nous lie et qui m’incite a vous rappeler la phrase historique que vous avez prononcée, les larmes aux yeux, devant le Bureau Politique du Parti, le jour ou vous avez été investi des responsabilités du Pouvoir : "La tâche qui m’attend est trop lourde pour que je puisse l’assumer sans votre concours : s’il m’arrive de me tromper, votre devoir est de me reprendre".
La même émotion, que je ressentais a l’époque, ou que j’écoutais attentivement ces propos, me saisit a l’instant même ou j’écris ces lignes pour vous convaincre des véritables réalités tunisiennes actuelles, des dangers qu’elles comportent et des solutions possibles faciles a adopter dans l’immediat. en vue d’y parer a temps.
Car le panorama de la vie publique tunisienne actuelle semble à l’observateur superficiel et même à certains dirigeants caractérisé par quatre traits dominants :
Un pouvoir fort exercé exclusivement par le Chef de l’Etat
Une gestion saine et efficiente des affaires politiques économiques et sociales.
Une satisfaction générale marquée par l’approbation unanime de toutes les couches de la population.
Et enfin, comme corollaire, la stabilité réelle et la confiance totale en l’avenir.
Or ce ne sont là que des apparences cachant des réalités nettement différentes sinon contraires qui appellent un examen minutieux et objectif de la situation sous peine de se trouver un jour dépassé par les évènements.
UN PEUPLE ACCUSE DE MANQUE DE MATURITE
Le meilleur moyen d’arriver a une conclusion positive est de commencer par faire une courte rétrospective sur notre passe récent. pour en dégager les enseignements susceptibles de vous aider a trouver la solution du problème. Notre succès dans la phase de lutte pour la libération nationale est dû en majeure partie, a deux constantes que nous n’avons jamais perdues de vue et qui ont toujours guidé notre action, a savoir :
I) Un régime qui s’impose a un peuple par la force et refuse de l’associer a la gestion de ses propres affaires est fatalement voué a l’échec. La meilleure preuve en a été fournie par notre propre accession a l’indépendance. Le peuple tunisien. qui est pourtant l’un des plus petits de la terre, est arrivé, parmi les premiers, a secouer la tutelle de l’une des plus grandes nations du monde, précisément parce que le régime du protectorat, qui lui avait été impose par la force, s’obstinait a vouloir considérer indéfiniment le peuple tunisien comme mineur et lui refusait son droit naturel a se gouverner lui-même. Toute notre argumentation a l’epoque tendait a démontrer le contraire parce que nous étions convaincus de la maturité de notre peuple et de son aptitude a assumer pleinement les responsabilités publiques. ce qui a été prouvé dans une première étape par sa victoire sur le régime du protectorat.
II) Aucun progrès notable ne peut être accompli sur le plan économique et social dans le cadre d’un système politique ou le peuple, qui est le principal intéressé en la matière, n’a aucun droit de regard. c’est-à-dire ne participe pas au pouvoir de décision, C’est là d’ailleurs, le différend essentiel qui nous opposait aux fractions de Tunisiens sincères qui nourrissaient, la chimère de vouloir réaliser indirectement les aspiration populaires par la voie d’œuvres économiques ou sociales. entreprises dans un contexte où I’administration du pays et son contrôle leur échappaient totalement. Et c’est la raison pour laquelle toutes leurs tentatives ont successivement échoué I’une après I’autre, consacrant ainsi la justesse de nos vues et donnaient la priorité a la prise du pouvoir par le peuple pour lui permettre de réaliser lui-même sa promotion dans les domaines où II se trouvait en retard.
Ce sont ces deux principes-clef qui ont présidé a la naissance du mouvement national au début du siècle d’ou le nom Parti et sa signification. lIs ont été aussi a la base de la crédibilité du Néo-Destour, de sa force, de son dynamisme. de ses structures démocratiques ainsi que du regroupement autour de toutes les forces saines de la nation a une époque où. pendant très longtemps, ses véritables membres représentaient numériquement moins de 1% de la population, II a pu ainsi accomplir des miracles malgré l’existence d’adversaires nombreux et varies dont le plus Irréductible était la coalition colonialiste Malheureusement, a partir de 1960 la valeur de ces deux principes a commence a être négligée pour se trouver aujourd’hui complètement ignorée. Les conséquences de cette évolution ont été d’abord la baisse progressive de I’enthousiasme populaire aussi bien dans I’ensemble du pays qu’au sein même du PARTI. puis I’apathie, la résignation, le mécontentement diffus et enfin I’hostilité larvée quasi générale.
Dans une coupure réelle et effective entre le peuple et son régime.
A ce stade de la situation la confrontation des références trompeuses avec les réalités vraies s’impose comme une nécessite urgente et impérieuse sll’on veut éviter l’ irréparable.
En effet. la presque totalité des tunisiens applaudit a peu prés chaque jour en chœur. pendant que toute la presse et la radio chantent a longueur de journée les louanges du régime. Mats pris Individuellement chacun critique en privé. Ces critiques très souvent fondées arrivent a se cristalliser autour de dénominateurs communs d’ordre politique, économique ou sociaux pour provoquer périodiquement des réactions sporadiques telles que les manifestations spontanées de Djlass, Kairouan, Msaken ou Sidi Ali Rais qui se terminent dans la répression souvent sanglante.
Plus grave encore est l’action clandestine. Incontrôlée et Incontrôlable qui se traduit par la distribution de tracts, les Inscriptions séditieuses sur les murs pour s’organiser progressivement en conspirations qui se trament dans l’ombre dont l’une a abouti au complot de 1962 qui a failli emporter tout le régime.
Parallèlement. se développe hors des frontières une autre opposition, non moins dangereuse, due au nombre toujours croissant de réfugies politiques fuyant le pays, auxquels s’adjoignent les émigres économiques qui n’arrivent pas a trouver d’emploi et constituent avec les premiers, un peu par- tout, des noyaux d’une opposition organisée mais animée par la seule hantise d’abattre le régime par la violence, toujours prête a utiliser tous les moyens dont elle peut disposer en faisant appel a l’aide étrangère quelle que soit sa forme ou son origine.
Cette opposition extérieure se trouve par surcroît renforcée par un apport constant de travailleurs a l’ étranger dont le mécontentement provient de leurs conditions de vie déplorables, aggravée par l’ indifférence a leur égard des représentations diplomatiques de leur pays. Elle acquiert encore plus de consistance et surtout plus de conscience et d’organisation en contact et avec la participation d’éléments estudiantins déçus par la politique nationale de leur pays et décides a rester a l’etranger au terme de leurs études.
L’ensemble de ces oppositions dues au mécontentement constitue, malgré leur apparente disparité, un facteur important de menace sérieuse. Il peut, par lui-même, si des circonstances propices se présentent renverser le régime. A défaut il peut provoquer, consciemment ou non, l’intervention, d’autres forces internes ou externes dont l’action, isolée ou conjuguée avec les premières citées risque fort d’être décisive pour déboucher sur un coup d’Etat qui entraîne le pays dans une ère ou dictateurs se succéderont interminablement compromettant la promotion du peuple pour plusieurs générations.
Face à ces dangers. sur quoi repose actuellement le régime ? Les forces vives de la nation groupées au sein d’organisations populaires authentiques et bien structurées ont été. soit éliminées, soit transformées en simples instruments d’exécutons. Une réaction populaire favorable à la défense du système actuel est donc à écarter.
Même si on la suscitait et la conduisait à l’occasion pour défendre le régime. elle resterait sans effet parce que les structures démocratiques qui lui donnaient vie, dynamisme, foi et vitalité ont été toutes détruites pour céder la place a de véritables appareils administratifs dont les fonctionnaires nommes se bornent à une routine quotidienne parce que mus uniquement par le mobile de l’intérêt personnel comme on va le voir un peu plus loin. ils réagiront exactement comme avaient réagi les fonctionnaires du régime colonial devant l’offensive du mouvement national.
La dérive sécuritaire.
C’est ainsi que les effectifs de l’armée ont plus que doublé par rapport à ceux du temps du protectorat. La police a plus que triplé pendant que la garde nationale a presque quintuplé en comparaison avec l’ex-gendarmerie française. A ces effectifs s’ajoute la contribution importante des fonds secrets de la Présidence. des Ministères de l’Intérieur et des Affaires Etrangères et autres sources y compris une partie des crédits de lutte contre le sous-développement utilises par les Gouverneurs à des fins de renseignements.
Mais cet appareil ainsi que les dépenses qu’il occasionne pèse très lourdement sur le petit pays qu’est le notre. Par l’activité qui en découle, il augmente le malaise d’un peuple qui a déjà prouvé sa capacité à se révolter contre un tel système et à le briser. Car, actuellement, tout citoyen, quelque soit son rang dans la société ou ses fonctions politiques. est étroitement surveillé par plusieurs polices qui s’affrontent dans une surenchère qui les oblige à inventer les renseignements.
Les surveillances s’exercent de la façon la plus maladroite même dans les ministères sur les hommes politiques et sur les techniciens, dans les organisations nationales et même dans le Parti. A l’Université ou les agents pullulent, on pousse le zèle jusqu’a charger les étudiants innocents, dans la proportion de 1 sur 10, de se surveiller les uns les autres et d’épier les faits et gestes de leurs professeurs, ouvrant ainsi de tristes perspectives pour notre jeunesse montante.
Dans les campagnes, les Gouverneurs omnipotents ont la haute main sur toute l’administration de la région, ils dictent leurs ordres indiscutables aux chefs de service locaux même aux techniciens auxquels ils se substituent en cas de besoin.
Certains Gouverneurs se plaisent à entretenir cette guerre des polices et s’ingénient à créer la division parmi les populations en utilisant leurs propres réseaux de renseignements et en s’exerçant ainsi à développer leur habileté politique.
La pratique de ces méthodes policières qui n’ont aucun rapport avec la défense et la sécurité nationales, s’exerce contre les nationaux même à l’étranger et particulièrement en France, en Algérie et en Libye. La plus grande arme dans ce genre d’activité est le passeport auquel s’ajoute l’utilisation exagérée des fonds secrets. Le passeport est un droit constitutionnel dont bénéficie en principe chaque citoyen, il est souvent retire ou refusé au gré des autorités administratives sur la base de faux renseignements fournis par les informateurs intéresses.
C’est ainsi que les étudiants, parfois voués à une carrière brillante dont le pays peut être bénéficiaire, se voient privés de leur passeport et empêchés de terminer leurs études commencées ci l’étranger, sur simple présomption, ils se trouvent ainsi brisés. Les victimes peuvent être des travailleurs qui perdent le gagne-pain de leurs familles à cause du retrait de leur passeport, à l’occasion du congé passé en Tunisie, parce qu’ils sont signalés comme n’étant pas orthodoxes par des agents sans scrupules.
Dans les trois pays sus-mentionnes, de véritables brigades de polices tunisiennes opèrent presque au grand jour, encadrant littéralement travailleurs, commerçants et étudiants. Ces derniers en souffrent le plus parce qu’ils sont non seulement surveillés, mais aussi à cause de l’intervention constante de ces polices dans leurs affaires intérieures, intervention qui manifeste surtout lors des élections des sections de l’Union Générale des Etudiants en vue de truquer les votes ou d’intimider les jeunes électeurs, créant ainsi une atmosphère telle que les étudiants se trouvent acculés à se jeter aveuglement dans les mouvements extrémistes d’opposition les plus divers.
Des sommes considérables sont ainsi chaque année gaspillées sur les fonds des départements de l’Intérieur et des Affaires Etrangères au lieu d’être utilisées par les Ministres de l’Education Nationale et des Affaires Sociales à l’amélioration des conditions d’habitat des trava1l1eurs et des étudiants, à la rétribution d’un nombre aussi grand que possible d’attaches culturels et sociaux s’occupant du sort de ces nationaux à l’étranger et enfin à la création d’œuvres sociales en leur faveur.
D’une façon générale, ce système policier, si actif tant à l’intérieur qu’a l’extérieur du pays, n’a que des aspects négatifs, il accentue le mécontentement, au lieu de le résorber, par la multiplication des atteintes aux libertés. Aucun citoyen n’est aujourd’hui à l’abri d’une mesure arbitra1re. Sur simple décision d’un gouverneur souvent mal inspiré, on est éloigné de sa résidence, ou envoyé au camp d’El Haouareb, sans qu’aucun compte ne soit tenu de la situation familiale ou matérielle de l’ intéressé et sans même que soient examinés les aspects humains des conséquences d’une telle mesure .Le cas est moins dramatique quoique beaucoup plus fréquent, des fonctionnaires de l’Etat qui sont mutés d’office, dans les mêmes conditions, non pas sur la base de normes professionnelles, mais selon le bon plaisir des autorités adm1n1stratives.
La dépendance de la justice
Le mal n’est pas circonscrit à ces seules limites, des arrestations sont fréquemment opérées sans ordre de la Justice et restent souvent ignorées du public puisque la presse ne peut pas parler. Ceci rappelle un peu les lettres de cachet d’une période célèbre de l’histoire de France. Les victimes, condamnées ou pas, restent au secret, et, dans beaucoup de cas, leurs familles restent dans l’ignorance de leur lieu de détention. Nos prisons ressemblent en cela aux fameuses oubliettes du moyen- age
Tout cela se passe en Tunisie ou l’organisation judiciaire est l’une des plus vieilles dans le monde. Ces atteintes flagrantes aux droits de l’homme sont commises sans aucune considération pour cette Justice qui est pourtant. à tous les points de vue. digne des pays les plus civilises.
Alors. comment expliquer que cette justice se trouve dans l’ incapacité ou plutôt dans l’impossibilité de jouer son rôle dans un pays qui se dit républicain et dont la constitution lui attribue toutes les prérogatives du 3eme pouvoir . Pour expliquer ce phénomène et justifier l’attitude de la justice dans ce contexte. il y a lieu de se reporter à la conception actuelle du Pouvoir exécutif qui considère la séparation des pouvoirs, consacrée par la Constitution de 1959, comme un non-sens et un anachronisme dans la jeune Tunisie. d’ou les incursions fréquentes de l’exécutif dans le judiciaire et ses interventions publiques dans des cas précis notoirement connus il y a aussi le fait que, des les premiers pas de la Tunisie indépendante, des promotions ont été opérées dans le corps, de la magistrature ne respectant pas les règles d’avancement dans la hiérarchie et créant des injustices au profit des magistrats considérés à tort comme patriotes et, par conséquent, fidèles au régime.
L’humiliation de la magistrature a été achevée par 1’epuration ou encore 1’arrestation de certains de ses membres à la faveur d’évènements qui n’ont pas encore été tires au clair. Quant aux droits de la défense en matière juridictionnelle, on peut dire qu’en Tunisie, i1s sont plutôt théoriques quand il s’agit de procès ou l’administration est mêlée de prés ou de loin.
Le barreau a accusé des coups durs qui lui ont servi de leçon. il a connu 1’incarceration de son bâtonnier. la dissolution de son consei1 de 1’ordre, son remplacement par un comite de gestion nomme, l’arrestation d’un membre éminent de ce même comite (député et responsable important du Parti dont il est l’un des plus vieux militants) et enfin sa mise en prison qui, au moins. n’aurait pas été si rigoureuse dans un pays tant soit peu démocratique.
Le complot contre la société civile Dans le même ordre d’idées. on ne peut pas s’empêcher d’évoquer les assauts subis par les autres corps de l’élite tunisienne intellectuelle : médecins. professeurs. ingénieurs. pharmaciens. etc. Aux attaques publiques dont ils ont été tous l’objet, ils n’ont jamais eu l’occasion de répondre puisque la presse n’est pas libre et ils se cantonnent dans une attitude de réserve plutôt que de donner la mesure de leur compétence dont le pays a tant besoin.
Certains d’entre eux choisissent de quitter la Tunisie pour des cieux plus favorables à leur activité. En 1964, j’avais été voir un éminent professeur de médecine à Paris pour me faire ausculter. Au moment de l’examen, qui se déroulait devant une vingtaine d’assistants et en présence de l’un de ses confrères enseignant dans une faculté nord-africaine, le professeur aborda la question de la nouvelle faculté de médecine de Tunis et déclara qu’elle devait servir et suffire à elle-même pour les quartes pays du Maghreb, ajoutant qu’en principe. elle en avait bien les moyens.
Pensant à l’aspect budgétaire du problème, je demandais à être éclairé davantage.
Notre professeur qui connaît bien la Tunisie et les tunisiens, s’adressant à moi tout en se tournant de temps à autre vers son confrère assis à cote : "Savez-vous qu’ils ont un grand nombre de spécialistes qui enseignent dans les facultés de France pendant que la leur fait appel à des professeurs étrangers ". Immédiatement après la visite, je suis allé m’1nformer auprès des étudiants sur le nombre approximatif et la qualité des médecins auxquels faisait allusion notre professeur.
La réponse générale est que nous avons dans ce cas une trentaine, au minimum, de spécialistes et que, sur plus de 400 étudiants en médecine, un pourcentage élevé à l’intention de ne plus rentrer. Le contact avec les autres étudiants me permit de déceler le même comportement dans les autres disciplines. Sans désarmer, je demandais à voir un professeur tunisien pour discuter avec lui. On me prit rendez-vous avec un spécialiste dans l’hôpital même ou il exerce après son travail de faculté. On prit soin de me mettre au courant de ses idées politiques.
Je me suis trouve en présence d’un grand patron très considère dans tout l’hôpital. A mes questions, il me répondit : « Ne croyez pas, Monsieur, que je reste à Paris parce que je ne suis pas d’accord avec la politique officielle ou parce qu’ici je gagne plus d’argent comme on se plaît très souvent à le dire à Tunis, à propos des médecins, j’ai bien dépassé ce stade, je suis un chercheur, ma seule passion est mon métier que j’entends exercer dans la liberté ».
Or, en Tunisie, on vous empêche de travailler selon votre goût ; n’importe quel profane qui a une qualité politique quelconque a le droit de se mêler de vos activités techniques". J’essayais de discuter avec lui sur ce point précis. il coupa court à l’entretien en disant : "Si vous n’êtes pas convaincu, vous pouvez continuer votre enquête auprès de tous ceux qui, comme moi, préfèrent ne pas rentrer en attendant des jours meilleurs et ils sont légions". Cette réponse m’incita à pousser l’enquête qui m’édifia définitivement sur le drame de notre jeunesse qui est l’un des nombreux problèmes poses à notre pays.
LA CRISE DU PARTI
Pour voir clair dans tous ces problèmes, il serait rationnel de sérier les questions et de traiter en premier lieu du Parti. Nous devons avouer que, malgré 1’esprit et la lettre de la Constitution, nous avons abouti en fait au parti unique de Gouvernement sans même y inclure le maigre correctif du "centralisme démocratique" tel qu’il a été prévu par les inventeurs de ce système.
Ainsi le Destour et le parti communiste, qui ne gênaient en rien le Néo-Destour, ni avant ni après 1’independance, ont été purement et simplement supprimes au moment où leur influence était en déclin. Leur maintien aurait servi au Néo-Destour de point de repère dans son évolution et de miroir dans son action. Leur présence et leurs critiques auraient contribue à éviter les erreurs possibles du Parti sur lequel s’appuie le gouvernement, et ceci, sans bouger pour le gouvernement puisqu’ à eux deux ils ne rassemblent pas les 5% des suffrages.
La chose est d’autant plus vraie que leur élimination est intervenue après la consolidation de l’Indépendance et surtout après la disparition de toute subversion.
L’éviction de ces deux partis a eu pour conséquence l’infiltration de leurs membres les plus dynamiques, principalement les communistes, dans les rouages du gouvernant et du parti où ils détiennent des responsabilités importantes. On peut, à ce propos, invoquer la conversion.
Une question se pose alors : quel degré de sincérité accorder à la conversion d’un transfuge militant qui, tout le long de sa vie, a eu des idées différentes, voire opposées, et qui se rallie juste après que la victoire de son adversaire a été entièrement acquise ?
Cette question en amène une autre : par quel paradoxe un parti dissous soutient la politique du Gouvernement même qui l’a interdit en publiant des prises de position dans ce sens ? ou encore. par quel hasard un gouvernement. qui a supprimé un parti.
en arrive-t-il à justifier une partie de sa politique auprès de l’opln1on en se prévalant publiquement des positions du parti illégal à l’ égard de certains problèmes ? il est bien patent que la réponse à ces questions découle de l’expose qui précède.
Ceci nous conduit tout naturellement à examiner la situation de notre parti. le Néo-Destour.
A partir de 1958. le Néo-Destour a commence à se transfigurer, malheureusement pas dans le meilleur sens. La suppression du mode électif dans la désignation des cadres régionaux était la blessure grave qu’il a reçu et qui commença à menacer sa santé.
En effet, plusieurs mois avant le Congres de 1955, cette reforme a été introduite et appliquée. dissolvant les fédérations relues pour les remplacer dans chaque région par un délègue nommé par le sommet et muni des pleins pouvoirs. c’était la une grave entorse faite d’une façon flagrante aux statuts du Parti dont les structures ne pouvaient être modifiées que par un Congres régulier.
C’est aussi un coup très sérieux porté à la démocratie au sein du Parti. "Le Congres de Sousse a été mis devant le fait accompli contre lequel il ne pouvait rien puisqu’il était lui-même préparé par ces délégués. c’ est à dire que les congressistes essaient choisis par eux ou désignés avec leur bénédiction. Puis ce fut, pendant longtemps, la longue succession de sanctions qui pleuvaient sur les militants au nom du bureau politique dont les membres n’étaient informés que le lendemain par les journaux. Ces militants sanctionnés n’avaient aucun recours, puisque le conseil de discipline prévu par les statuts n’a jamais fonctionné et les intéressés n’étaient même pas entendus.
L’ETAT PARTI appareil d’exécution, administrateur de propagande
En 1964. ce fut le coup de grâce pour le Parti. toujours avant le Congres (Bizerte)sous l’impulsion d’Ahmed Ben Salah l’homme fort, et pour le mettre. encore une fois, devant le fait accompli : on décida de remplacer les délégués par les gouverneurs. chefs de région. qui devaient coiffer le Parti dans leurs provinces, chose qui ne s’est jamais vue dans ce qu’on peut appeler honnêtement un Parti.
En plus. le Congres se termine par des élections sans désigner les membres de son bureau politique qui seront nommés quelques jours après. non pas sur la base du scrutin mais selon d’autres critères. Et le bureau politique élargi. qu’on baptisa après coup comite central, comprend d’office les ministres, les gouverneurs, les directeurs d’administration et même les chefs de la police et de la garde nationale.
Le Parti devient alors, à tous les échelons, composé de simples citoyens qu’on peut qualifier de civils et de fonctionnaires d’autorité, donc de gens armés qui peuvent pour le moins intimider les premiers.
Comment alors s’étonner de la disparition de toute franchise au sein de ce parti dont l’inefficacité s’est révélée au grand jour lors de la découverte du complot de 1962 ? A cette occasion, tout le monde s’est trouve surpris par l’évènement. Parti en tête. La conclusion à tirer et qui aurait dû être tirée, hélas 1mmediatement après le complot, est que le Parti en tant que tel n’existe plus.
On peut l’appeler appareil d’exécution, administration de propagande, tout ce que l’on veut, mais pas un parti au vrai sens du mot. Comment appeler Parti un corps inerte parce que sans âme qui l’anime, il n’a aucune liberté de mouvement et, par conséquent, aucun moteur qui s’appelle la foi, il ne bouge que lorsqu’il est secoue d’ en-haut. L’utilité de son existence même, dans l’état actuel ù il se trouve, est fort contestable parce qu’il fait double emploi avec certains services gouvernementaux.
La discussion. au sein de ses instances et de celles de tous les organismes intermédiaires et de base, est devenue littéralement. impossible par suite de sa propre composition. Est-il concevable qu’ il y ait franchise et liberté d’expression dans une réunion groupant le simple citoyen et le fonctionnaire tout puissant qui le tient à sa merci et qui peut l’éloigner ou même l’emprisonner quand bon lui semble ?
Je commencerai par rendre hommage à la valeur et à l’intégrité de tous les camarades que j’ai connus au bureau politique en 1955. c’était une équipe entièrement dévouée au Parti et à l’intérêt général du pays et dont les unités, se complétant, constituaient un organe harmonieux et compétent dont le niveau ne le cédait en rien aux instances similaires des partis les plus modestes.
Si ce bureau politique avait continue à se réunir régulièrement et à discuter des grands problèmes du Parti et du pays nous n’en serions pas arrives là aujourd’hui. Malheureusement, ces réunions ont commence à s’espacer de plus en plus depuis la prise du pouvoir jusqu’a cesser presque entièrement.
Je parle (Ahmed Tlili) des réunions du bureau politique au grand complet avec participation du secrétaire général et surtout du président, car ce sont celles-la et seulement celles-la ou l’on prend les décisions. Or, ce genre de réunions peut se compter sur le bout des doigts et elles se tiennent presque exclusivement pour entériner un acte gouvernemental d’une grande gravite pris en dehors du Parti, ou pour exclure l’un de nos camarades, membre du bureau politique, en vertu du fameux article 16 qui permet aux membres du bureau politique de s’exclure mutuellement ou, pour mieux s’exprimer, permet au bureau politique de les exclure l’un après l’autre jusqu’a épuisement.
En plus de leur rareté, ces réunions ne comportaient ni procès-verbaux ni même ordre du jour, préétabli à telle enseigne que, dans la plupart des cas, on se trouve plusieurs camarades à nous interroger, à l’entrée, sur le ou les points à discuter, puisqu’on arrivait sans dossier, sans documentation préparée pour nous trouver dans la position très inconfortable ou chacun est obligé d’improviser tant bien que mal sa contribution par des idées nouvelles.
C’est bien les raisons pour lesquelles le bureau politique n’a pas été à même déjouer normalement le rôle qui lui est dévolu. Il est navrant et même extrêmement pénible d’écrire de pareil1es vérités, mais il est nécessaire de revoir nos points faibles si nous avons la volonté et le désir de nous améliorer .
Toujours à propos du bureau politique, il faut reconnaître qu’il y a des consultations individuelles faites par le président.
Mais ce système est vicié à la base, en ce sens que la consultation ne touche pas tous les membres du bureau politique et surtout qu’elle exclut la confrontation des idées, d’ou les erreurs, les questions de personnes et la division au sein d’un organe composé à l’origine de camarades d’une même génération ayant vécu ensemble, lutté ensemble, souffert ensemble et vibré ensemble de la même façon : cette rupture de l’homogénéité de l’équipe s’est produite insensiblement mais effectivement et se corse par un autre élément, non moins déterminant, qu’on peut qualifier pour le moins d’anomalie et qui n’est autre que le cumul des responsabilités , celle de membre du bureau politique avec celle de ministre dans un régime présidentiel. En effet, comment admettre qu’un ministre, constitutionnellement responsable uniquement devant son président qui peut le renvoyer à tout moment, puisse tracer à ce président la politique qu’il doit suivre au gouvernement ?
Comment peut-on tenir la double position de législateur et d’exécutant simultanément devant la même personne ? C’est là, l’une des aberrations des régimes présidentiels bases sur le système du Parti unique lequel doit, en principe, être la source de la politique gouvernementale.
Tous ces facteurs historiques, personnels et constitutionnels expliquent l’effacement, combien regrettable, du bureau politique en tant qu’organe et en tant qu’individus. Sans incriminer personne, on peut affirmer, sans risque de se tromper que c’est cette situation tragique qui est à la base même de tout le mal dont souffre actuellement le pays, mal qui est du à l’absence d’une force politique, en l’occurrence le Parti, capable, d’élaborer une politique cohérente et de la suivre dans l’exécution. Car, en fait, le vide politique crée par l’absence de vie dans le Parti n’a été comblé ni par les organisations nationales, qui ont un caractère essentiellement professionnel, ni par l’existence d’institutions valables et efficaces.
MISE AU PAS DES ORGANISATIONS NATIONALES
Les quatre organisations nationales les plus importantes sont l’ U.G.T.T., l’U.G.E.T., l’U.T.C.A., et l’U.N.A.T. Cette dernière, créée à des fins politiques pour sur-planter l’U.G.A.T. dissidente, à fait un mauvais départ et n’a pu donner à l’agriculture une impulsion notable pour une série de raisons qui ont freiné l’action des cadres dont certains sont très compétents.
L’U.T.I.C.A., qui devait pendant l’indépendance, amener l’initiative privée à concourir efficacement au développement économique du pays s’est trouvée, el1e aussi, handicapée, dés le départ par le retrait aux chambres économiques de la plus grande partie de leurs attributions. Ses difficultés sont dues aussi au dirigisme étroit et désordonné qui a caractérisé la politique économique du pays pendant ces dernières années et que personne ne pouvait corriger, faute de liberté d’expression.
Enfin, les immixtions successives dans les affaires intérieures de cette organisation notamment par la nomination à sa tête de directeurs étrangers à la profession, ont achevé le découragement de ses dirigeants qui ont fini par accepter de faire jouer à leur centrale le rôle de simple figurant.
Sur le plan estudiantin, la crise de l’U.G.E.T., qui se poursuit depuis quelques années, a une portée plus vaste si on l’examine sous son véritable jour. Une tradition s’est instaurée depuis l’indépendance, consistant à accorder des postes importants à ses dirigeants successifs sans tenir compte de leur compétence par rapport à cel1es de leurs camarades. Le résultat de cette politique s’est trouvé confirmé par le mot le plus célèbre d’un homme d’Etat "Quand il y a une charge à octroyer alors qu’il y a cent postulants, on crée un ingrat et 99 mécontents".
Cette raison, conjuguée avec la limitation toujours croissante des libertés, a suscite chez nos étudiants un sentiment de malaise qui grandit de jour en jour, lequel sentiment n’a pas manqué d’être décelé par le pouvoir qui a essayé d’y remédier par des moyens qui se sont avérés plus nocifs que le mal lui-même, aboutissant à créer de toute pièce un véritable problème de la jeunesse dans son ensemble-
" En effet, le pouvoir a cru bon de noyauter l’U.G.E.T. et de la submerger par la création, en son sein, de troupes de choc relevant directement du Parti. il couronne l’opération par la fusion des divers mouvements de jeunesse, scouts compris, dans une formation nationale recevant ses mots d’ordre d’en haut.
Or, même vue sous l’angle purement tactique, cette unification imposée débouche inéluctablement sur l’étalement du mécontentement et fausse par la même l’esprit de tous les jeunes en général, même ceux groupés dans la jeunesse destourienne déjà mécontente des structures du Parti.
Car la sagesse la plus élémentaire commande de laisser , au jeune la plus grande marge possible de liberté, sans quoi, il ne pouvait s’épanouir et développer toutes ses facultés naturelles. Le tout est une question de dosage. Dans ce domaine, il faut faire la distinction entre l’orientation discrète et l’absolutisme qui engendre la réaction de révolte.
Dans une même famille composée de plusieurs frères jeunes, on découvre des penchants différents. Malgré qu’ ils aient les mêmes parents et qu’ils vivent dans le même milieu,1’un peut être attiré par la politique, 1’autre par les arts, le troisième par les sports, le quatrième par les sciences, le cinquième par la vie socialiste, etc. il s’agit de respecter la personnalité de chacun en tenant compte de son tempérament et de ses aptitudes naturelles au lieu de vouloir les modeler dans un même moule, si l’on veut obtenir de chacun d’eux des compétences plus vastes parce que librement développes.
Cette variété dans la complémentarité sera le plus grand fauteur d’harmonie de notre société de demain parce que le jeune, qui a été élevé dans le respect de sa personnalité par la liberté dont il a joui, pendant son âge critique, sera, lorsqu’ il devient adulte, plus respectueux de la liberté des autres. Dans le cas contraire, il se forme en lui une tendance précoce à la dictature et au fascisme par réaction in- verse et par contamination.
Ce sont la les raisons pour lesquelles, sans être un grand pédagogue, on peut être partisan de la liberté pour les jeunes afin d’éviter à l’avenir du pays les dangers d’une formation basée sur le dirigisme à outrance.
Sur un autre plan, les permisses qu ’on décèle déjà chez nos jeunes, qui viennent d’affronter la vie depuis quelques années, ne sont pas encourageantes. Le comportement de la jeunesse active à l’égard de l’intérêt général laisse beaucoup à désirer dans son ensemble. il se distingue par trois caractéristiques principales : l’arrivisme, l’indifférence ou l’hostilité à l’égard du régime. Entre les trois, il n’existe pas d’autre attitude telle que l’idéalisme sincère qui donne naissance au dévouement à la chose publique dans 1’abnegation. Pourquoi ? Farce que les nonI1es équitables n’ont pas été respectées dans le recrutement et 1’avancement de ces jeunes à leur entrée dans la vie. Au lieu de leur appliquer les critères de justice et d ’égalité pour tous, tels que les examens et les concours, on s’est base sur des considérations de personnes ou de parente, où encore sur la fidélité présumée.
A tel point que personne n’ignore aujourd’hui que les nouveaux effectifs de nos administrations et des entreprises nationalisées ou semi-nationalisées sont constituées presque exclusivement de Fonctionnaires de la même ville, de la même région ou de la même Camille dite spirituelle, autrement dit, on retrouve partout les clients de tel ou tel homme poli- tique influent, à quelques exceptions près.
Ces injustices, dans un pays ou la Fonction publique, constitue un privilège, sont commentées dans tous les milieux et ont surtout des répercussions très dangereuses sur le moral des jeunes aussi bien ceux qui travaillent que ceux qui poursuivent encore leurs études : les uns sont satisfaits tout en restant insatiables, les autres sont mécontents et se retranchent dans une indifférence qui dégénère rapidement en opposition.
Un phénomène analogue, mais d’une signification beaucoup plus profonde, se retrouve dans 1’accession aux responsabilités politiques : la plupart des jeunes qui ont risqué leur carrière et parfois leur vie en militant, durant leurs études secondaires ou supérieures, dans les rangs du Parti ou ils étaient pour ainsi dire élèves, ou ils ont assume de lourdes responsabilités pendant des années, n’y militent plus aujourd’hui ou, tout au plus, s’inscrivent pour la forme dans une cellule sans déployer la même activité qu’auparavant. Certains d’entre eux se consacrent entièrement a leur profession libérale pendant que d’autres acceptent un emploi quelconque dans une entreprise analogue et se trouvent ainsi perdus pour le Parti.
La réalité est que cette catégorie de jeunes, qui a acquis, en même temps que ses diplômes universitaires une formation politique éprouvée par la pratique au cours de longues années de militantisme, se trouvent être remplacée au Parti par des jeunes de la même génération, ou même par des plus vieux qu’eux, venus de l’extérieur et appartenant aux horizons les plus divers. L’explication en est la suivante : le parti étant devenu un appareil dont les fonctionnaires sont nommés par le sommet ?
il n’y a plus de place pour les intellectuels militants qui désirent servir et percer, les horizons étant hermétiquement bouchés.
La place est donc laissée aux autres dont certains sont des transfuges et même des collaborateurs du régime défunt. Ces derniers se croyant plus intelligents que les premiers, estiment plus malin de jouer le jeu en entrant dans le système tel qu’il est pour satisfaire leurs ambitions matérielles et morales sans pour autant croire au régime et en ses hommes qu’ils pensent supplanter à la première occasion favorable, alors que la première catégorie de jeunes, malgré, son éloignement, garde un certain attachement nostalgique à ce qui a été son Parti et ses anciens dirigeants.
En résume, dans tout le problème de la jeunesse, tous les jeux sont fausses aujourd’hui et il est urgent de faire un réexamen complet et profond de 1’ensemble de la question en traitant de tous les aspects qui s’ y rapportent de près ou de loin. Ce cuisant problème ne sera pas résolu tant qu’on ne sera pas décide a donner a chaque jeune une chance égale dans une compétition menée dans la franchise et la loyauté, avec une attitude impartiale et juste du pouvoir qui doit accorder aux jeunes le maximum de libertés. Ces règles sont applicables a tous les domaines de la vie publique et le syndicalisme ouvrier n’y échappe pas.
UN COMPLOT CONTRE L’U.G.T.T.
Le syndicalisme tunisien a connu en moins de 9 ans d’indépendance nationale trois crises qui ont entrave son essor. La première remonte a 1956. Elle est provoquée ouverte- ment par le pouvoir naissant qui est intervenu dans un différent interne pour susciter la scission et 1’encourager ouvertement, agissant pour des raisons très peu justifiables puisque de toute façon ce différend aurait pu être régie a 1’interieur même de la centrale et par les syndicalistes eux-mêmes.
La seconde se situe en 1963, date a laquelle le pouvoir intervient également pour modifier, par des moyens proclamés démocratiques, la composition du comite directeur de l’organisation.
Enfin, en Juillet 1965 l’U.G.T.T. perd, en même temps que toute liberté d’action, sa physionomie. L’explication détaillée de ces crises, de leurs origines, de leurs causes profondes, de leur déroulement et de la responsabilité de chacun durant ces 9 années reviendrait a faire l’histoire du syndicalisme tunisien dans sa partie la plus riche en évènements, il vaut mieux se borner à souligner encore une fois que les avatars connus par le syndicalisme tunisien sont inhérents au contexte général caractérisé par !’absence de discussion, même au niveau le plus élevé, des dirigeants politiques nationaux.
Ces trois crises, comme d’autres évènements importants de la vie nationale, trouvent leur origine dans les conseils de clans intéressés qui changent souvent mais ont le même dénominateur commun : l’intérêt personnel au mépris de l’intérêt supérieur de la nation.
Toute autre justification ne peut être tenue pour valable comme on pourrait aisément le démontrer si l’on voulait épiloguer longuement là-dessus. Aussi, les reproches adressés publiquement au syndicalisme en Tunisie ne résistent à aucun examen. Au contraire, pour tout démocrate authentique et pour tout homme politique averti, le respect de l’organisation syndicale tunisienne s’impose.
Ayant ses racines dans le syndicalisme allemand de la période héroïque de la social-démocratie du début du siècle et instruite par les premières centrales ouvrières du tiers-monde, elle a su concevoir la méthode la plus saine d’affranchir l’homme de toutes les entraves politiques et économiques et d’assurer sa promotion sociale, son action a été toujours menée sans haine ni complexe. Tous les autres jugements portés sur elle ne cadrent pas avec la réalité.
Et la réalité c’est la participation de l’U.G.T.T. à la lutte pour la libération nationale, c’est son action acharnée pour doter la Tunisie indépendante d’une administration moderne, c’est sa participation effective et positive à l’édification d’une économie nationale aussi démocratique que possible, c’est son souci constant de réaliser le bien être, la paix et la liberté pour tous les hommes sans distinction aucune.
C’est aussi pour la jeune Tunisie la paix sociale maintenue grâce au syndicalisme, malgré l’absence de négociation avec le patronat et malgré les erreurs du gouvernement sur le plan économique.
L’assimiler au syndicalisme dit révolutionnaire, qui veut instaurer la dictature du prolétariat, est un argument qui ne peut être retenu parque qu’il n’a aucun rapport avec la philosophie de l’U.G.T.T. il ne peut être retenu que par ceux qui veulent transformer 1’U. G .T .T .en une simple courroie de transmission, telle qu’elle existe dans le pays ou règne cette prétendue dictature du prolétariat, L’U.G.T.T" qui était la deuxième force vive de la nation après le Parti, vient d’être mise a son tour sur la touche.
Les conséquences seront très graves, car le sort subi par ces deux forces crée un grand vide et la nature a horreur du vide qui risque d’être comblé d’un moment a l’autre.
Le sort récent d’un chef d’Etat voisin, dont la plus grave erreur a été de supprimer le parti et les syndicats, mérite plus d’une méditation. On peut répondre que les situations ne sont pas pareilles et que l’histoire ne se répète pas de la même façon, on peut dire aussi que les nombreux coups d’Etats auxquels on assiste en Afrique sont dus au fait que les armées ne sont pas pareilles et les régimes non plus.
LE PARLEMENT : UNE TRISTE ET AMERE ILLUSION
Si l’on aborde la représentation nationale, on pourra facilement soutenir que l’Assemblée nationale est une caricature de ce qui a été prévu par la constitution et que la représentation des citoyens se reflété dans une triste et amère illusion, après avoir soulevé des espoirs au lendemain de l’indépendance.
L’assemblée constituante, élue dans des circonstances encore diffici1es pour le pays, bénéficiait de beaucoup plus de confiance de la part du peuple. Son élection s’était déroulée en 1956 dans le contexte de la multiplicité des partis et une plus grande liberté. En dehors des listes du front national, confectionnées en collège, et après consultations démocratiques de la base de toutes les organisations nationales, i1 y a eu des listes concurrentes dans plusieurs circonscriptions.
Puis vint la 1ere législative qui fut élue dans des conditions plus défavorables par suite du découpage administratif et la modification de la loi électorale dans un sens plus rigide. Les listes avaient été établies par le Parti, mais le bureau politique, au moins, en a discuté quoique ni les organisations nationales ni la base n’aient été consultées sérieusement.
Avec la 2e législative de novembre 1964, c’est la fin de toute démocratie. Les Partis ayant été supprimes, aucune liste adverse n’a été présentée. Même le bureau politique n’a pas eu a examiner la liste présentée au nom du Parti. 11 ignore ou et comment elle a été préparée et par qui. Le candidat tête de liste n’a pas été consulté sur la composition de sa liste. On en est arrivé a avoir les élections les plus curieuses du monde, après 9 ans d’indépendance durant lesquels la démocratie aurait du faire des progrès par suite de son apprentissage par le peuple.
Certains militants, dont des candidats, se demandaient entre eux pourquoi le Gouvernement procédait aux élections. Pourquoi tant de dépenses et de dérangements pour faire venir les électeurs et les inviter a déposer dans l’urne le seul bulletin mis a leur disposition sans aucune possibilité de choix ?
Puisque les députés sont choisis d’avance, autant les nommer par décret et économiser temps, argent et dérangement de tout un peuple. Au cours de ces conversations, certains ont même parlé de la sagesse d’un régime militaire qui laisse aux membres de son Parti unique la liberté de s’affronter dans les élections pour la députation nationale afin de connaître les plus représentatifs parmi eux.
I1s soulignent ainsi la différence, au désavantage, naturellement, du régime civil tunisien.
Ahmed Tlili, Personnellement, a assisté à une scène qui en dit long sur la façon dont le peuple juge des élections. c’était dans le bureau de vote féminin d’un village de ma circonscription. Une ménagère entre, salue, attend son tour, puis dépose sur le bureau 5 cartons d’électeur en disant : "Je viens voter pour moi et pour 4 de mes voisines : elles ont des enfants et leurs maris aux champs, elles doivent préparer le manger avant le retour des maris".
Chacun doit voter pour soi, répondit la présidente.
Mais c’est la même chose, réplique l’électrice.
Non, ce n’est pas la même chose. C’est un devoir civique que chaque Tunisien est tenu d’accomplir en personne.
Vos voisines doivent apprendre a voter. il faudrait leur dire de venir comme vous.
Mais, Madame, elles ont vote avant comme on vote aujourd’hui el1es savent mettre un papier dans la boite, je le ferai a leur place.
Non, Madame, la loi interdit et puis il faut que vos voisines fassent leur devoir civique.
Notre devoir civique, nous le connaissons déjà depuis long- temps, quand tout notre quartier a été ratisse par l’armée française, nos maisons brûlées et mes voisines et moi interrogées par les gendarmes, alors que nos gosses pleuraient, vous vous en souvenez ?
Oui, Madame, c’est un autre devoir a accomplir...
Quel devoir ? On nous appelle et on nous dérange pour des corvées inutiles. Eh bien, moi-même, a l’avenir, je ne viendrai plus, Comme les autres".
Elle me regarde, puis ajoute : "d’ailleurs, même cette fois, je refuse de la faire cette corvée". Elle prend les 5 cartes et s’en va. Je quittai le bureau de vote complètement bouleversé en décidant d’interrompre ma tournée.
En rencontrant un ami sur mon chemin, Ahmed Tlili lui raconta la scène dont il été témoin. il éclata de rire en disant "cette femme est folle : elle ne sait pas que, si elle ne vote pas, on vote quand même a sa place " ? - Comment ? demandai-je - c’est si simple quand un bureau n’a pas de nombre important, on fait le bourrage des urnes pour montrer un bon pourcentage.
Ahmed Tlili, courus chez le gouverneur pour lui demander de donner les instructions pour mettre fin a de telles pratiques. il me rassurait en me disant que le cas s’est produit effectivement a une petite échelle mais qu’il avait déjà prévenu tous les bureaux de vote de ne pas refaire les erreurs des élections précédentes et qu’il ne croit pas que l’opération se renouvelle encore.
Le soir , au local du Parti, Ahmed Tlili raconta toutes mes aventures de la journée a ses camarades responsables de cellules.
-Tu n’y es vraiment pas, lui répondirent-ils.
De quoi s’agit-t-il ?
Mais c’est fréquent, le bourrage des urnes, puisque les représentants des candidats ne veulent pas assister aux opérations.
D’ailleurs, pourquoi perdent-ils leur temps puisqu’il n’y a pas de liste adverse ?
Tu te rappelles quand il y avait la liste communiste dans notre région, nos amis n’ont pas bouge des bureaux. On se regardait avec nos adversaires Comme des chiens de faïence. Maintenant, le combat cesse faute de combattants".
Celui qui parlait ainsi sur un ton mi-sérieux, mi-plaisant, voyant mon air grave, ajouta, comme s’il voulait me taquiner davantage : "il y a aussi le cadrage des résultats qui consiste, a l’échelle du gouvernorat, a rectifier les chiffres pour que M. Le Président ait le maximum de voix et pour que toi, tête de liste, tu passes le premier parmi tes colistiers. J’étais littéralement écœuré et, pendant que mes camarades continuaient a bavarder, un souvenir me revint a l’esprit. Je n’entendais plus ce qu’ils disaient. je me rappelai en effet, qu’un jour, alors que nous étions réunis autour de vous au Palais de la Présidence, quelques camarades du bureau politique et moi, nous avions évoqué la révolution algérienne, alors a ses débuts.
Au cours de la conversation, et a la suite d’un court silence, vous fîtes la réflexion : "Et dire que cette guerre a été déclenchée parce que les Algériens ont été toujours bernés, surtout par le truquage des élections".
Cette phrase ne cesse de résonner dans ma tété.
Il y a environ deux semaines, a l’issue d’une conférence que j’avais donnée a l’Université de Californie du Sud, sur les Partis uniques dans le tiers-monde, je fus harcelé de questions auxquelles je répondis avec facilité. Vers la fin, l’un des auditeurs, qui était silencieux durant toute la discussion, se leva et me demanda avec l’air triomphal de quelqu’un qui avait une colle a poser : les agences de presse viennent d’annoncer, ce matin, un complot suivi d’un coup d’Etat au Nigeria qui est le pays le plus démocrate d’Afrique et peut-être du tiers-monde.
Comment expliquez-vous le fait alors que le Nigeria n’a pas le système du Parti unique ?
Je ne suis pas au courant de ces évènements que vous venez de m’apprendre, lui répondis-je, mais la réponse est simple. Il y a un an et demi environ, les élections ont été truquées au Nigeria et cette pratique a continué depuis. On ne peut pas berner le peuple indéfiniment".
Revenons maintenant a l’Assemblée nationale tunisienne et avouons qu’elle n’a rien d’un pouvoir législatif réel. Sinécure pour certains, récompense pour d’autres, elle constitue cependant pour quelques députés l’espoir d’une démocratisation qui, malheureusement, s’estompe chaque jour davantage.
Jusqu’a présent, la législation n’a pas encore discute un seul texte pris sur son initiative qu’elle a au même titre que le Gouvernement. Pourtant, elle a présenté au début trois projets, auxquels l’exécutif n’a donne aucune suite. Les députes, qui en avaient reçu copie et constaté le silence du Gouvernement, ont bien compris. Ils ont compris d’autant mieux que les lois les plus importantes et les plus vitales pour le pays avaient été adoptées en toute hâte pendant la constituante qui n’avait pas, dans ses prérogatives, le pouvoir de légiférer.
Ils ont compris aussi en constatant que la plus grande majorité des lois sont prises pendant les inter-sessions de la législative, sous forme de décrets-lois, pour être entérinées par la suite. un seul texte gouvernemental a été repoussé depuis que la vie parlementaire existe. Malgré cela, il n’a pas manqué de donner lieu a des reproches et a des récriminations.
La réalité est qu’une petite Chambre composée de 90 députés ne peut légiférer utilement, surtout que près de son cinquième appartient a l’exécutif (ministres, ambassadeurs, chefs de cabinets, maires nommés de Tunis, etc.). La présence de membres de l’exécutif, uniquement responsables devant le président, fausse le jeu des votes. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si l’Assemblée n’a jamais pris de décision hardie et qu’elle s’est toujours cantonnée a enregistrer et a approuver les décisions importantes.
Cette passivité s’explique également par l’atmosphère générale qui règne dans le pays ou, en l’absence d’un 3eme pou- voir, le député est a la merci de l’exécutif comme n’importe quel citoyen. Ceci est d’autant plus vrai que ce député doit sa place uniquement au Pouvoir exécutif.
Le cas le plus typique du fonctionnement de cette malheureuse Assemblée est celui de la dernière séance a laquelle j’ai participe a l’occasion d’une levée d’immunité parlementaire. Toutes les règles de procédure, connues en la matière et appliquées dans tous les parlements du monde, ont été sciemment négligées. Même le règlement de l’Assemblée n’a pas été respecte pour permettre a une certaine orchestration de se manifester.
Mais ceci est un point de détail sans grande valeur par rapport a l’ensemble de ce problème crucial. Pour récapituler en ce qui concerne les institutions, on peut affirmer que, dans la pratique, il n’existe actuellement que le pouvoir exécutif qui dirige seul le pays avec, autour de lui le vide complet. Ainsi, il fait cavalier seul et le fait est d’autant plus triste que le peuple se détache de lui pendant que la situation se détériore de plus en plus dans tous les domaines.
UNE ECONOMIE DANS L’IMPASSE
Il est superflu de la décrire sur le plan économique. L’impasse est patente et ne nécessite pas de démonstration qui prendrait trop de place ici. Les causes bien connues (dirigisme a outrance avec improvisation, bureaucratie irresponsable parce que non contrôlée par l’op1n1on, relations instables avec nos partenaires étrangers qui se répercutent sur nos échanges, etc.), se doublent de la désaffection des travailleurs et des entrepreneurs qui constatent que leurs efforts sont vains. Sans l’aide étrangère. le pays connaîtrait la famine qui s’ajouterait ainsi au chômage déjà en croissance continue.
Pendant ce temps. Une nouvelle classe se forme en s’enrichissant au détriment d’un peuple qui sombre dans la pauvreté et la misère. La corruption. Disparue pendant les 6 premières années d’indépendance, réapparaît. C’est la course a l’accumulation des fortunes par la construction de véritables palais, l’acquisition de fermes et, pour les plus malins l’exportation des capitaux. Sans généraliser, on remarque que cette épidémie a atteint des fonctionnaires et responsables importants de l’Etat qui donnent ainsi le bon exemple au peuple qui les observe. Est-ce la leur confiance dans le régime qu’ils servent ?
C’est au contraire une absence de foi en son avenir. Au premier signe de danger qui le menacera, ce sera la panique. Leur premier geste sera de se ruer sur les compagnies de trans- port et vers les frontières comme cela a été le cas une fois.
Le président de la République est le seul ou l’un des rares a croire que tout va pour le mieux dans le pays que la gestion des affaires est saine et que le pays progresse dans tous les domaines. On ne peut pas nier qu’une poignée de gens se donnent corps et âme a l’inter t général. Parmi eux, on peut citer quelques militants et vieux dirigeants qui n’ont jamais cesse de faire les nègres depuis la lutte pour la libération jusqu’aujourd’hui, en passant par la résorption de la résistance, la lutte contre la subversion, la mise en place de l’administration, la ou les batailles de l’évacuation, la consolidation du prestige a l’extérieur, la guerre d’Algérie. etc.).
Ces gens-la travaillent par habitude et peut-être par routine comme Charlie Chaplin dans l’un de ses films : Mais le reste, le commun des mortels, a trouve le filon, il a découvert qu’il ne sert à rien de se fatiguer puisque les mérites ne sont pas récompenses et que, souvent même ce sont les moins méritants et les plus combinards qui sont récompensés.
Les mœurs ont donc change en fonction des données de la situation. Le travail est complètement délaissé dans les bureaux et dans les ateliers. On lit le journal pendant toute la matinée pour le commenter pendant toute rapres-m1dl et la journée est ainsi meublée. On croit que l’opinion n’en sait rien et même si elle sait et on sait qu’elle sait, elle n’y peut rien puisqu elle est bâillonnée.
Reste le Président. qui peut le toucher ? Même ceux qui le veulent parmi les gens sincères ne peuvent pas lui signaler les défauts du régime, car il se fâche en apprenant de telles choses. Donc l irresponsabilité et l impunité sont totales.
Ouvrons une petite parenthèse sur la presse et le droit d expression. Tous les journaux sont subventionnes et, par conséquent, enchaînes. D’ai1lleurs, il y en a très peu, moins du quart de ce qui existait dans les années 1937. En plus, ils sont vides et publient les mêmes textes fourn1s par agence officielle de presse.
En lisant un journal en arabe et un autre en français, on découvre une excellente école de traduction pour celui qui veut se perfectionner dans les deux langues. Mais personne ne les lit, malgré l’abonnement quasi obligatoire pour certains journaux et les efforts du Parti et du Gouvernement.
On préfère lire la presse étrangère qu on peut mieux commenter comme il est dit plus haut. Dans le domaine culturel, c’est le djanovisme, c’est a dire l’orientation de la production des lettres et des arts. Cette production est faible, très faible par rapport à ce que peut donner l’élite d’un pays de vieille civilisation et a double culture comme la Tunisie.
L’expression se réduit à l’apologisme. On se rabat sur les publications étrangères qui constituent plus du triple dans la consommation. Le pays perd ainsi des devises qui sont assez importantes selon des études sérieuses en la matière, pendant que l’industrie du livre, en général, se trouve privée de plus de dix mille emplois, ce qui est appréciable pour un petit pays sous-développé comme la Tunisie.
L’aspect le plus important de cette question reste évidemment celui qui a trait au domaine politique et a l’évolution psychologique du peuple et surtout du gouvernement, seul responsable de la conduite des affaires, Car ce manque d’information sur les données exactes du pays est beaucoup plus préjudiciable au gouvernement qui se trouve amené à adopter des positions ne tenant pas compte des vrais facteurs qui doivent la déterminer.
UN REGIME EN REPTURE D’ATTACHE AVEC LA REALITE
Sans vouloir dramatiser et tout en ne faisant que constater, il est évident que le régime est actuellement isole aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Pour ce qui est du dernier aspect, il vaut mieux ne pas en traiter ici et le laisser par conséquent de côté. Mais, à l’intérieur, aucun rapport étroit et suivi n’existe entre le peuple et son gouvernement, il y a bien quelques gens et quelques groupes qui gravitent autour du président qui détient tous les pouvoirs. Mais ce sont des gens presque tous intéressés. La grande stratégie consiste, de nos jours, à l’approche. Des clans se font et se défont pour atteindre ce but. On utilise des alliés permanents ou occasionnels.
On fait appel aux services de toute personne susceptible de l’approcher. Les gens qui sont connus comme ayant accès auprès de lui sont sollicites, choyés et même tirailles par les divers groupes. Ils ont un grand nombre d’amis, chacun de ces derniers a le secret espoir qu’un mot en sa faveur puisse être place à l’occasion d’une conversation. L’intention peut aussi ne pas être louable et consister à vouloir discréditer un adversaire. La délation s’installe sans qu’aucune calomnie ne soit, confondue par la confrontation : c’est en faveur du groupe qui excelle le plus dans ce genre de combines que penche naturellement le plateau de la balance.
Et le scénario continue, toujours de plus belle. Ces mœurs ont commencé à percer des que les opportunistes de tout bord se sont assures que l’indépendance est devenue certaine, bien assise et irréversible. Alors, on les a vus, comme les escargots après les pluies, montrer d’abord timidement leurs cornes, puis ramper doucement pour faire leur petit chemin.
Le président, d’abord sur ses gardes parce que prévenu et instruit de sa propre expérience, puis insensiblement, s’est laisse influencer par l’accent de sincérité de ces quémandeurs travestis en conseillers bénévoles qui sont arrives, à force de persévérance dans la plénitude, à marque de leurs empreintes les décisions les plus graves du Président.
La politique du gouvernement a ainsi progressivement échappe à la logique qui commande que les décisions à ce niveau doivent être prises, après discussion et confrontation des points de vue, au sein d’un aréopage responsable et bien habilite à cette fin.
Ainsi, également, le Président a acquis le sentiment et même la conviction qu ’il gouverne et gouverne bien, ne percevant pas les forces occultes souvent contradictoires qui l’inspirent indirectement dans son action.
Cette impression n’est-elle pas confirme tous les jours par les manifestations de satisfaction et d’approbation qu’il constate partout et toujours ? Voici la presse, la radio, les applaudissements, les réalisations, les inaugurations... Donc, tout marche bien et l’avenir est rose.
Mais il ne se rend pas compte que le monde est devenu malin. Pendant que le peuple observe et connaît toute la réalité cruelle qui se déroule devant ses yeux dans cette petite maison de verre, de l’autre cote, c’est à dire de celui des gens qui travaillent pour leur unique intérêt, il y a une machine formidable de tromperie.
Sans avoir le cœur au travail réel, cette dernière catégorie soigne chacun sa petite réputation pour qu’elle parvienne aux oreilles du Président.
Et ce sont les manifestations spontanées, les poèmes, les conférences de presse à propos de tout et de rien, les créations de ce qui est déjà construit, les inaugurations de ce qui a été inauguré deux ou trois fois déjà, les tournées tapageuses d’inspection, les sanctions sporadiques pour redresser les brebis galeuses, les déclarations à l’aérodrome, etc... etc.
Mais il y a une fausse note dans tout cela. Dans presque toutes les déclarations, on retrouve à peu prés ce même cliche : en exécution des ordres de Monsieur le Président dont je me fais l’interprète auprès de vous. Ces phrases se traduisent par le fait que l’orateur, non convaincu de ce qu’il dit et de ce qu’il fait, évite d’y assumer une responsabilité quelconque et prend la précaution de ménager l’avenir. Le jour venu, il se présentera comme un simple exécutant, ce qui serait au moins une circonstance atténuante.
Monsieur le Président,
Par cette lettre, j’ai voulu vous faire entendre la voix d’un militant que vous connaissez bien et dont vous n’ignorez point les idées qui ne sont pas nouvelles pour vous.
La place me manque dans un document de ce genre et je ne peux malheureusement pas étayer cette courte dissertation par des chiffres, des dates et autres précisions sur cette évolution que j’ai évoquée et dont chaque jalon est marqué par une position que j’ai prise en toute loyauté, pour rectifier le courant.
Je pense, en mon âme et conscience, que j’ai suivi les événements, avec lucidité, a chacune de leurs manifestations.
Issu du peuple ayant gravi tous les échelons de la hiérarchie syndicale et politique par mes propres moyens, reste en contact permanent avec le peuple malgré ma haute position sociale et les critiques et calomnies que cette situation m’attire, je suis reste à même de répondre à toutes les questions qui se posaient à moi sur le plan public sauf une : M. Bourguiba a t-il vraiment besoin de tout cela ? Je me suis très souvent pose cette question sans pouvoir y répondre malgré toutes les hypothèses que j’ai échafaudées.
En admettant que Bourguiba, imbu de sa mission historique et au rôle qu’il croit de son devoir de jouer, juge nécessaire de rester au pouvoir le plus longtemps possible pour as- seoir l’avenir du pays sur des bases solides, qui l’en empêcherait s’il appliquait une politique démocratique ?
Est-ce la meilleure vole qu’il considère comme étant la seule susceptible de le maintenir à la présidence de la République ?
Est-il nécessaire pour cela de recourir à des méthodes désuètes qui consistent à changer périodiquement d’équipe ou de collaborateurs enjouant les clans et en humiliant ses collaborateurs par le limogeage ou l’éloignement, pour les récupérer ensuite quand ils sont complètement finis ? Ou bien en intervenant dans les affaires intérieures des organisations nationales, qui ont contribue à la prise du pouvoir, pour les vider de toute substance ?
Ces méthodes, style XIXe siècle, ne peuvent avoir aujourd’hui d’efficacité que dans certains grands pays qui se suffisent à eux-mêmes et où de pareilles tactiques sont une goutte d’eau dans un océan. Elles ne sont pas valables dans un petit pays comme la Tunisie où tout se sait parce que tout le monde se connaît. Elles favorisent au contraire l’opportunisme, la corruption sous toutes ses formes, la dissolution des mœurs politiques a l’échelle de tout un peuple et discréditent par la même le régime.
En outre, au ressentiment populaire se joint la haine ineffaçable des cadres humiliés, même si ces derniers ont été récupérés et honorés.
La détérioration de notre si belle situation au départ est très dangereuse actuellement, dans cette phase où le monde entier est en pleine ébullition, surtout en Afrique. Nous portons déjà une très lourde responsabilité dans l’évolution du continent africain où nous avons inaugure la mode du régime présidentiel s’appuyant sur le Parti unique.
Nous sommes a l’age du transistor et la contagion joue très facilement. Si nous ne nous ressaisissons pas a temps, nous risquons d’être entraînés nous-mêmes -dans le sillon que nous avons nous-mêmes tracé à l’Afrique, surtout que nos frontières sont une passoire.
Tabler sur la passivité du peuple tunisien, c’est se bercer d’illusions. il a les ressorts les plus souples mais les plus solides et il ne faut pas oublier qu’a travers son histoire il a plus d’une fois recouru, en désespoir de cause, a la guérilla dont il est l’inventeur .
Et alors ? Que faire ?
Vous devez certainement le savoir mieux que moi puisque vous étés mon aîné et que vous étés mieux place. Je vais vous exposer mon raisonnement si vous voulez bien en tenir compte. Bourguiba est un homme qui a accédé a la magistrature suprême avec un capital immense de crédit populaire. Ce crédit se serait perpétué indéfiniment s’il avait été compensé de votre part par une confiance équivalente dans le peuple et ses cadres. Or, cela n’a pas été le cas.
Vous avez, au contraire, parlé de manque de maturité dans les campagnes et de régionalisme, ce qui est en contradiction avec toutes nos thèses de la période coloniale. En supposant que ce jugement soit fondé, qu’avons- nous fait pour parer a ces insuffisances et pour apprendre au peuple la démocratie d’une façon progressive.
Voulons-nous, oui ou non, lui garantir un avenir stable et heureux ? Or, c’est le contraire qui est arrive. La démocratie s’est rétrécie peu a peu comme une peau de chagrin.
Pendant ce temps, l’homme de la rue se demandait : "Est-ce que Si El Habib est bien informe de la situation ? Certainement, on le trompe". il dit cela surtout quand il entend vos discours optimistes comprenant des détails, des chiffres ou des précisions faux parce que fournis par des services ou des fonctionnaires sans scrupules.
Maintenant et depuis plus de trois ans déjà, l’homme de la rue ne fait plus le même commentaire. Le ton a change et l’on dit : "On sait maintenant où il va, son intentIon est de serrer toujours davantage".
Vous pouvez démentir ces prévisions et commencer a aérer le régime en permettant aux courants d’idées de s’exprimer et aux, compétences de se manifester dans la liberté.
Ainsi, par étapes graduées, vous pourrez édifier une véritable démocratie dans le pays lui garantissant la stabilité. Votre position n’en sera que plus renforcée et votre prestige grandi. Vous aurez, par la même occasion, facilite votre succession, une succession sans douleur. Sinon, après vous, c’est le chaos.
Dans ce cas, votre action présente, quelle que soit la noblesse de ses mobiles, sera sévèrement condamnée par la postérité et votre passe glorieux sera nié parce que l’histoire a toujours jugé les hommes célèbres a travers leurs derniers résultats et non sur la base de leurs intentions ou de leurs actions premières.
Ces réflexions ne posent aucun dilemme.
Il n’y a pas d’alternative, car la possibilité existe d’une Tunisie démocratique et stable jusqu’a la fin de ses jours. Ce n’est pas la une simple vue de l’esprit et je précise en préconisant la démocratisation, je ne recommande pas l’ouverture subite de toutes les vannes.
Il y a lieu de commander par le Parti et les organisations nationales qui doivent redevenir les piliers d’acier, et non d’argile, du régime. L’opération consiste a les ranimer en leur permettant de se reconstruire librement a partir de la base.
selon d’autres nonnes :
liberté locale de discussion et de décision avec faculté d’exprimer même publiquement leurs opinions ou programme par voie de presse.
liberté de choix de leurs responsables par voie élective a tous les échelons.
règlement de leurs confits intérieurs par leurs conseils librement élus a cette fin avec recours éventuel a la justice en cas d’appel.
Pour être effectives. ces mesures doivent s’accompagner de l’interdiction totale aux fonctionnaires d’autorité (police. garde. corps préfectoral. etc.) ainsi qu’aux magistrats d’adhérer aux associations politiques et aux syndicats professionnels.
Même les membres du Parti devenus fonctionnaires des catégories ci-dessus doivent le quitter. Les ministres doivent le quitter. Les ministres doivent se mettre en conge du Parti.
Ainsi, et ainsi seulement, la peur et la méfiance, avec tout ce qu’elles comportent d’hypocrisie et de calculs sordides. disparaîtront pour céder la place a l’émulation franche. saine et loyale. même sous l’impulsion de convictions sincères. Et si une appréhension quelconque subsiste quand au bon usage des libertés par ces organisations. on pourra adopter la législation en vigueur en la matière en y incluant des correctifs tires de l’arsenal législatif très vaste et très varié des pays qui ont fait leurs preuves dans la démocratie.
Personnellement. je n’ai aucune crainte de ce cote-la car je suis rassure par la richesse de notre pays en cadres compétents, dévoués et consciencieux.
Cette première étape doit naturellement comprendre l’abolition de toute la législation d’exception qu’eIle donne aux autorités de larges pouvoIrs sur la liberté des individus. il y a, lieu. notamment. de penser a prendre le texte organique concernant le Conseil d’Etat et de pourvoir à sa mise en place dans les meilleurs délais. il ne manque pas de juristes et de dirIgeants polItiques éprouves pour faIre fonctionner cette institution de la fa on la plus conforme a l’intérêt supérieur du pays.
Dans la seconde étape, après deux ans environ. on peut envisager le retour aux urnes pour dégager une représentation nationale plus valable.
Les élections municipales prévues pour mai 1966 pourront, en attendant, servir de test a condition qu’elles soient entourées des garanties démocratiques nécessaires et si les conditions ne sont pas remplies a cette date, on peut les renvoyer pour quelques temps et prendre les détails nécessaires a cette fin.
De toute façon, la pratique qui consiste a préparer en haut lieu les élections pour les orienter, les contrôler et les interpréter, doit cesser dans 1’interet national bien compris
Signé
:
Ahmed
TLILI
La TUNISIE sous Ben Ali
Depuis, le premier exercice du suffrage universel de 89, le parti du président([1]) en exercice a raflé la totalité des siéges de l’assemblée, tout en ignorant la reconnaissance de l’ex- MTI([2]) (Mouvement de la Tendance Islamique) dont les sympathisants ont pût récolter 20% des voix exprimés, a continué de monopoliser la vie politique du pays. On ne peut sauver les meubles d’un passé marqué par la répression et la torture. Un régime qui n’accepte pas l’alternance éventuelle tout en se réclamant des valeurs fondamentaux de l’humanité, ces idéaux de l’Islam dont les racines montent à quatorze siècles de gloires et de prospérité et de justice, de l’arabité, du progrès social, de modernité, de Démocratie véritable-non de figuration- dans le respect des droits fondamentaux de l’Homme.
En mars 1994 selon un nouveau système et pour une Assemblée nationale plus large comptant 163 membres. L’ADC remporta 144 sièges et les 19 autres furent répartis proportionnellement entre les partis d’opposition, leur assurant enfin une représentation au gouvernement. Ben Ali fut réélu sans opposition à la présidence avec le soutien de la plupart des partis. L’âge électoral est fixé à 20 ans ; les électeurs doivent détenir la citoyenneté depuis au moins cinq ans.
Le président sortant, est réélu pour un deuxième mandat de 5 ans par 99.80% des suffrages, mais il a accordé 19 siéges aux 6 partis d’opposition lesquels ont dépassé à peine 1% des voix, dans un climat de blocage politique et de dégoût pour la chose publique, face à la répression qui s’abat sur toute opposition éventuelle, le président en exercice lui-même autorisa la concurrence([3]) tout en écartant les représentants des quatre autres partis d’opposition reconnus([4]) en ignorant une grande partie de la population (la majorité silencieuse) qui refuse le mensonge et l’hypocrisie. Une loi autorisant l’amendement de l’article 40 de la constitution et imposant à son propre parti pour les élections présidentielles et législatives d’octobre 99 à l’opposition reconnue, 20% des siéges de l’assemblée.
Une méthode qui est en contradiction avec les déclarations diffusées sur les ondes de la radio, tôt dans la matinée du 7 novembre87, qui proclama que le peuple tunisien « a atteint un tel niveau de responsabilité et de maturité que tous ses éléments et ses composantes sont à même d’apporter leur contribution constructive à la gestion de ses affaires » Avec le recul, des propos semblables ont été tenus par Bourguiba, peu après les événements de janvier 1980 à Gafsa, qui a fait plusieurs dizaines de morts et qui a terni l’image de la Tunisie.
Pour calmer les esprits, Bourguiba s’est trouvé dans l’obligation d’accepter, au bout des lèvres, le pluralisme et déclara lors du XI° Congrès du Parti socialiste destourien (PSD, actuellement Rassemblement constitutionnel démocratique RCD) : « Le degré de maturité atteint par le peuple tunisien, les aspirations des jeunes et l’intérêt qu’il y a à faire participer tous les tunisiens, quelles que soient leurs opinions à l’intérieur ou à l’extérieur du parti (au pouvoir), dans la prise de décision, nous invitent à dire que nous ne voyons pas d’objection à ce que des organisations nationales politiques ou sociales voient le jour »([5]) Les élections organisés le 1° novembre 81, qui ont donné une campagne électorale intense, à l’occasion des premières élections législatives pluralistes, ce qui fait écrire François Poli « Les représentants de l’opposition se montrent effectivement à la radio et à la télévision. Ils disent des choses dont le centième les aurait menés en prison deux ans plus tôt »([6]) Ce qui a fait paniquer le régime, selon le témoignage de Tahar Belkhodja, qui occupait le poste de ministre de l’Information « Le ministre de l’Intérieur(Driss Guiga) s’entretient avec le chef de l’Etat, puis se rend directement à Monastir où le Premier ministre (Mohamed Mzali) faisait sa campagne.
La décision est aussitôt prise de revenir à la tradition : la victoire absolue du PSD »([7]) Depuis, que ce premier scrutin qui est tourné à la mascarade, qui a donné au Mouvement des démocrates socialistes (MDS) d’Ahmed Mestiri, du Mouvement de l’Unité populaire (MUP) d’Ahmed Ben Salah et le Parti communiste tunisien de Mohamed Harmel ont dénoncé la fraude électorale, sans résultat.
Depuis, c’est l’histoire qui se répète avec le nouveau président en 1989, 1994 et enfin 1999. (voir tableau) Les Tunisiens ne donnent plus l’impression d’être vraiment concernés par (la politique, puisqu’elle peut mener à la prison, la torture et à la mort des fois) les élections en général que ce soit présidentielles, législatives ou municipales, puisque les résultats sont plus ou moins connus à l’avance. Tout se passe comme si rien d’important ne pouvant résulter.
Les Partis Politiques
1999
1994
1989
1986
1981
Le RCD ([8])
91.59%(148siéges)
97.73%(144siéges)
80.48%(141siéges)
97.86%
94.77%
Le MDS ([9])
3.18% (13séges)
1.08%(10 siéges)
3.76%(0 siéges)
Boycotté
3.28%(0siéges)
Le Renouveau ([10])
1.4% (5siéges)
0.39%(4 siéges)
Boycotté
Boycotté
0.78%(0siéges)
L’UDU ([11])
1.7% (7siéges)
0.32%(3 siéges)
0.25%(0 siéges)
Boycotté
Boycotté
Le PUP ([12])
1.68% (7siéges)
0.29%(2 siéges)
0.72%(0 siéges)
0.93%(0siéges)
0.81%(0siéges)
Le Parti Social- Libéral([13])
0.48% (2siéges)
0.066%(0 siéges)
0.21%(0 siéges)
Boycotté
Boycotté
Le PSP([14])
0.18% (0siéges)
0.061%(0siéges)
0.37%(0siéges)
Boycotté
Boycotté
Listes Indépendantes
0.12% (0siéges)
0.37% (0siéges)
14.23%([15]) (0siéges)
1.21%(0siéges)
1.33%(0siéges)
Les Partis Politiques
1999
1994
1989
1986
1981
Le premier constat est l’état d’esprit du régime en place depuis 1957 est la représentation n’est qu’un mensonge et que la violence est la seule vérité, cette violence et la terreur qui vient du sommet de la politique (répression contre les partisans de Salah Ben Youssef (ex-Secrétaire général du Parti du Néo-Destour), contre l’UGTT, contre les Perspectivistes, contre les Islamistes, contre la Ligue des Droits de l’Homme, contre le POCT, etc…) Cette entreprise a abouti à la naissance d’une culture dont l’élément fondamental est la violence de l’Etat contre l’opposition de tout bord qui n’a épargné ni les étudiants (8 morts par balles dans la journée du 8 mai 1991), ni les enseignants, Abderraouf Laaribi, n’est qu’un exemple et la liste est longue des prisonniers politiques qui se comptent par centaines dont des médecins , des journalistes, pharmaciens, des ingénieurs, des universitaires et non les moindres, sans parler des milliers d’exilés et de nombreux citoyens démunis de passeport à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, dont le seul tort qu’il ont est qu’ils ne rentrent pas dans la seule moule de pensée du pouvoir ou, ce qui est pire, qu’une personne a un de ses proches qui ne rentre pas dans cette moule de pensée unique.
Le khobisme.
C’est un truc qu’on apprend très vite, qui provient d’un mot en arabe, khobs, c’est le pain « Tu manges et tu te tais ». Le khobisme ou l’amer bonheur tunisien. « On n’a pas la liberté d’expression, c’est vrai. Mais est-ce qu’on en souffre vraiment ? »([16]) Les islamistes ont été écartés, c’est un fait, mais à quel prix ? Lors des élections législatives, de 1999, qui avaient eu lieu en même temps que les présidentiels, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD, au pouvoir), a remporté avec 91,59% des voix 148 des 182 sièges du parlement unicaméral et a débouché sur le partage des 20% 34 des 182 sièges de la Chambre, entre cinq des six partis reconnus de l’opposition, il s’agit du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) : 13 sièges, le Parti de l’Unité Populaire (PUP) : 7 sièges, l’Union démocratique unioniste (UDU) : 7 sièges, Ettajdid (ex-communiste) : 5 sièges et Le Parti Social Libéral (PSL) 2 sièges.
Sur les six partis d’opposition reconnus, cinq se sont partagé les 34 sièges qui leur étaient réservés, contre 19 lors des législatives de 1994 lorsqu’ils avaient fait leur entrée au parlement. Le Rassemblement Socialiste Progressite (RSP) de Négib Echâbi et les 10 listes indépendantes n’ont remporté aucun siège.
Les Partis Politiques
1999
1994
1989
1986
1981
Le RCD ([17])
91.59%(148siéges)
97.73%(144siéges)
80.48%(141siéges)
97.86%
94.77%
Le MDS ([18])
3.18% (13séges)
1.08%(10 siéges)
3.76%(0 siéges)
Boycotté
3.28%(0siéges)
Le Renouveau ([19])
1.4% (5siéges)
0.39%(4 siéges)
Boycotté
Boycotté
0.78%(0siéges)
L’UDU ([20])
1.7% (7siéges)
0.32%(3 siéges)
0.25%(0 siéges)
Boycotté
Boycotté
Le PUP ([21])
1.68% (7siéges)
0.29%(2 siéges)
0.72%(0 siéges)
0.93%(0siéges)
0.81%(0siéges)
Le Parti Social- Libéral([22])
0.48% (2siéges)
0.066%(0 siéges)
0.21%(0 siéges)
Boycotté
Boycotté
Le PSP([23])
0.18% (0siéges)
0.061%(0siéges)
0.37%(0siéges)
Boycotté
Boycotté
Listes Indépendantes
0.12% (0siéges)
0.37% (0siéges)
14.23%([24]) (0siéges)
1.21%(0siéges)
1.33%(0siéges)
Les Partis Politiques
1999
1994
1989
1986
1981
D’ailleurs, Zine el-Abidine Ben Ali, 63 ans, qui a été réélu au premier tour le dimanche 24 octobre99 -pour un troisième et en principe dernier - mandat de 5 ans à la tête de la Tunisie, avec 99,44 % des voix, soit 3 269 000 suffrages sur 3 287 000, d’après les résultats officiels annoncés par le ministre de l’intérieur, Ali Chaouch doit se garder de tout triomphalisme, ce score ne doit pas compris comme un chèque en blanc, même s’il y ressemble beaucoup. La participation a atteint 91,4 %.
Les deux adversaires du président sortant ne récoltent que des miettes : 0,31 % des voix pour Mohamed Belhaj Amor, 65 ans, président du Parti de l’unité populaire (PUP), et 0,23 % pour Abderrahmane Tlili, 56 ans, chef de l’Union démocratique unioniste (UDU), d’ailleurs on regrette que d’éventuels candidats plus représentatifs n’aient pu prendre part à la consultation([25]). A l’élection présidentielle précédente, en 1994, le président Ben Ali, qui était le seul à se présenter, avait obtenu 99,91 % des suffrages.
Les tunisiens s’attendent à une conformité même progressive, entre ce qu’ils captent chaque jour sur leurs écrans de télévision, grâce aux paraboles, et la réalité de leur propre vie politique. Avec autant de sécurité, mais moins de zèle policier, de vrai journaux à lire et non la répétition imprimée des même discours, avec de vrai journalistes.
En Tunisie, tout le monde garde en mémoire les incidents de Béja, où une bagarre entre supporteurs, à l’occasion d’un match de football, avait fait, le 15 juin99, selon le bilan officiel, trois morts et dix blessés graves. « En fait, il y a eu 21 morts, et tout le monde l’a su le jour même ! », commente Tahar. La bagarre opposait l’Olympique de Béja et l’Espérance sportive de Tunis (EST), présidée par Slim Chiboub, gendre du chef de l’Etat. ([26])
Le 27 mai 2002, Zine el-Abidine Ben Ali se prépare une présidence à vie.
Celui qui fut le premier policier du défunt régime d’Habib Bourguiba y a mis tout son talent. Un appareil efficace, une répression impitoyable, une presse aux ordres et une communauté internationale complaisante au regard de son silence remarquable.
La réputation d’un Ben Ali champion de l’anti-islamisme radical semble toujours fonctionner comme un bouclier pour ce président apparemment tant menacé, mais dopé par la grâce de « l’effet 11 septembre ».
C’est avec la 14° révision constitutionnelle depuis l’adoption de la Loi fondamentale, en 1959. Avec 99,61 % les Tunisiens ont accepté par référendum la 14° réforme de la Constitution tunisienne autorisant le président Zine el-Abidine Ben Ali, 65 ans, à se maintenir au pouvoir pour deux nouveaux mandats de cinq ans. Les Tunisiens, précise "Le Matin" d’Alger, "ont préféré le bulletin blanc du ’oui’ au bulletin noir du ’non’ dans les 15 000 bureaux de vote". Des bureaux de vote, semble-t-il, assiégés par les foules : 95,59 % des 3 406 830 inscrits se sont mobilisés. Une mobilisation d’autant plus phénoménale qu’elle inclut le vote de 208 383 Tunisiens de l’étranger malgré l’avis défavorable de quelques détracteurs.
Mais ce score massif répond, selon la presse tunisienne, à un défi "historique". "D’abord parce que la procédure référendaire est utilisée pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie", explique "Réalités". Il est vrai que les précédents scores "historiques" de 99 % et des poussières de Zine el-Abidine Ben Ali n’étaient réunis que lors des élections présidentielles pluralistes du successeur de Bourguiba, au pouvoir depuis 1987…
La langue de bois le dispute à la flagornerie
Cette réforme est accueillie par la presse locale comme une réelle avancée.
Débordant d’enthousiasme béat, "Réalités" explique que "la Tunisie sera dotée d’une Constitution profondément remaniée, adaptée aux réalités de la Tunisie d’aujourd’hui et de ce qu’elle sera, et qui répond aux attentes et aux ambitions des citoyens".
"Mais ce n’est pas tout", poursuit "Réalités". "C’est le point de départ d’une nouvelle étape qui doit réaliser de nouveaux acquis sur les plans de la liberté de l’information, les libertés individuelles, les droits de l’homme et la séparation des pouvoirs." Ben Ali et Ubu ne semblent faire qu’un dans un pays où la langue de bois le dispute à la flagornerie.
"La démocratie à la tunisienne crèvera de sa propre médiocrité" Cependant, pour certains irréductibles comme Mokhtar Triffi, le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, cité par "Le Matin", "le dispositif de la fraude électorale est rodé depuis longtemps". Outre la fraude, la nouvelle Constitution proposée hérisse l’ensemble des opposants de la société civile.
Cette réforme semble destinée à instaurer de nouveau la présidence à vie, à accorder une impunité à vie au président de la République et à nommer une seconde Chambre. Ainsi, Ben Ali pourra certes se représenter aux prochaines élections présidentielles, mais, une fois à la retraite, si retraite il y a, il ne pourra être poursuivi par la justice de son pays et peut-être se trouver une petite place dans la seconde Chambre.
HORIZON 2014 ? Face aux dérives du régime tunisien, à l’approche des prochaines échéances électorales de 2004, il est temps de réfléchir aux moyens et méthodes pour résister devant les multitudes atteintes aux droits les plus élémentaires du citoyen Tunisien dans sa diversité.
Pourquoi l’opposition n’arrive pas à se faire entendre ? Est-on condamné à vivre avec ces multiples compétitions décoratives ? Parmi les critiques faites à l’opposition toutes tendances confondues, un reproche du comportement des responsables des partis politiques entre eux ou du manque dire absence de programme de gouvernement. Les Tunisiens ont besoin de s’exprimer, de dépasser la peur de la police qui les encadrent, et contrôle leurs faits et gestes les plus intimes.
Le citoyen a besoin de reprendre confiance en soi, pour dire ce qu’il pense, de la chose publique, sans crainte ou pression. Les Tunisiens ne se retrouvent pas dans l’opposition officielle pour défendre leurs intérêts. Plusieurs sujets ont été abordés et ont fait l’objet d’interventions intéressantes portant notamment sur les moyens à mettre en oeuvre pour bâtir l’avenir en Tunisie et sur les choix stratégiques des diverses formations.
Où est la paradoxe dans la situation Tunisienne ? Le Paradoxe est l’absence de toute dérogation aux normes et règles de la logique, par le fait qu’il constitue un résultat contradictoire qu’on n’a pas voulu. Le paradoxe, n’est pas issu de la volonté de déguiser un état des choses ni ne se justifie par un manque de connaissances. Le paradoxe atteste une situation de fait contradictoire dont nul n’est fauteur.
Ainsi, on comprend que la pratique du régime Tunisien en place dont la communication est basée sur la prêche du faux, du mensonge, de la falsification des réalités sociales, de l’état des libertés individuelles et du camouflage de la pratique systématique de la torture d’un côté. Ce comportement est une preuve d’une volonté, réfléchie et planifiée, d’affirmer un double objectif :
1- Projeter une belle image de la Tunisie et le contrôle de la situation.
2- Maintenir une politique basée sur la peur, la terreur et la confiscation des avoirs du peuple.
Face à cette politique, on aurait pu s’attendre à voir une opposition virulente, forte et surtout proche du peuple. Il n’en est rien et c’est là où se situe le paradoxe de la Tunisie.
En face d’une dictature organisée, terrifiante, opprimante, censurant tout ce qui bouge, on aurait pu s’imaginer l’émergence d’une solidarité au sein même du peuple.
Le peuple est terrifié à un point où il devenu paralysé.
Le paradoxe de l’opposition c’est qu’elle ne montre aucune organisation, aucun objectif, aucune stratégie, aucune clairvoyance. Ce qui est le plus grave, est qu’aucune discussion ou dialogue avec le peuple. Les différents débats ou échanges se font, en général, entre eux, dans la méfiance et la peur de payer le prix fort que les islamistes continuent à payer.
Aujourd’hui, la résistance passe son temps à attendre que quelqu’un agisse ou prenne l’initiative de faire quelque chose pour que tous les autres lui sautent dessus avec des critiques acerbes, dures et parfois destructrices. A quoi ça rime ? N’oublions pas que seul le peuple doit juger en final de la légitimité qu’il doit accorder à un mouvement.
Discuter de légalisation d’un parti est une critique nécessaire mais ne doit pas se transformer en une décision qu’on impose au peuple. Discuter de l’opportunité de l’islamisme peut servir à moderniser ses mouvements mais ne doit en aucun cas se substituer au choix du peuple. Discuter des actions et les moyens de faire la résistance doivent être un moyen d’élaborer un programme politique et non des ordres au peuple pour qu’il adapte son comportement.
Les politiciens ne doivent pas passer leur temps à discuter de ce qui est préférable au peuple ou de prendre des décisions à leur place, mais plutôt exposer leur point de vue directement au peuple, d’abord pour qu’il les connaisse, ensuite pour qu’il accorde la légitimité à leurs mouvements.
On oublie parfois l’essentiel, car on se borne à critiquer tous ceux qui ne partagent pas notre avis, des fois même au sein du même parti. Et comme la résistance est multiple et le régime du RCD est unique, le résultat est connu à l’avance comme le résultat des élections en Tunisie, depuis que ce parti a pris le monopole du pouvoir.
Les autorités ont fait passer la réforme constitutionnelle, qui prévoit entre autres la création d’une seconde assemblée parlementaire, comme permettant un "bon qualitatif" vers plus de démocratie et de libertés, mais les opposants ne voient que les nouvelles clauses concernant l’élection du président de la République à l’échéance 2004.
Pour eux, l’essentiel de la réforme tient aux deux articles supprimant la limitation à trois quinquennats du mandat présidentiel et repoussant de 70 à 75 ans l’âge d’éligibilité, qui permettent de jure à Ben Ali de postuler encore deux fois à sa réélection. En outre, un troisième article confère à tout ancien chef de l’Etat une immunité judiciaire à vie pour son action durant sa présidence.
L’ancien ministre de l’Intérieur, devenu Premier ministre de Habib Bourguiba avant de l’écarter du pouvoir quelques mois plus tard, en novembre 1987, pour "sénilité", est désormais en mesure de rester au palais de Carthage jusqu’à 2014. "La population a compris que ces réformes installeront Ben Ali dans une présidence à vie", souligne Belhassen, auteur d’ouvrages de référence sur la période de la présidence à vie écourtée de Bourguiba, mort à 97 ans.
Même si les prochaines élections n’affectent en rien la vie quotidienne, elles rendent ces questions plus pressantes et plus actuelles. La Tunisie ne doit-elle pas assouplir son régime politique ? Ne faudrait-il pas mettre en place une presse, une radio et une télévision différentes ? Ces changements n’auraient-ils pas pu être entreprises plus tôt ? Est-ce le bon moment aujourd’hui ? ([27])
Aujourd’hui, tous les organes de presse, privés ou publics, écrits ou audiovisuels, ne diffusent que la voix de Carthage. Les rares journalistes indépendants sont constamment harcelés et surveillés.
Hamadi Jebali directeur de l’hebdomadaire « Al-Fajr ») est emprisonné dans des conditions difficiles depuis 1992 suite à l’éradication du mouvement intégriste Ennahdha. En outre, les journaux étrangers sont régulièrement interdits lors de la moindre critique à l’égard du régime. » ([28]) En contradiction avec les engagements internationaux de l’Etat tunisien et en particulier, l’article 10 des « Règles minima pour le traitement des détenus » de l’ONU de 1959 qui stipule « les locaux affectés au logement des détenus pendant la nuit doivent répondre aux exigences de l’hygiène, compte tenu des conditions climatiques, notamment en ce qui concerne le cubage d’air, la surface minimum, l’éclairage, le chauffage et l’aération. » Ainsi que l’article 15 de la loi tunisienne sur les prisons prévoit que « les prisonniers sont logés dans les locaux disposant de moyens d’aération et d’éclairage suffisant ainsi que des équipements sanitaires nécessaires. En outre, l’Administration est tenue de mettre à la disposition de chaque prisonnier une literie individuelle. » M.Abdallah Zouari, l’hebdomadaire « Al-Fajr », libéré de prison le 6 juin 2002 après 11 ans de prison, vient de se voir notifier le 1° Août 2002, une mesure d’éloignement dans le Sud tunisien, par décision du ministre de l’Intérieur, alors qu’il réside à Tunis où se trouvent toute sa proche famille. M.Zouari a interjeté recours auprès du tribunal administratif contre cette mesure.
Le ministre de l’intérieur a ordonné le 15 juillet 2002, au journaliste de quitter la capitale Tunis le lieu de son jugement et de son domicile avec toute sa famille.
Il a été informé le 1er Août 2002 par la police pour aller vivre à ZARZIS au cœur du Sud Tunisien et à proximité du Sahara. Mr Abdallah Zouari journaliste du journal interdit El-Fajr, libéré depuis quelques semaines auparavant, après avoir purgé plus d’une décennie de prison ou’ il a souffert des conditions inhumaines et subi la torture lors de son emprisonnement. Sous prétexte que Mr Abdallah Zouari est encore sous contrôle administratif, alors que ce même contrôle doit être effectué à son domicile car il ne s’agit pas d’une assignation à résidence Cette décision injuste de la part du Ministre, rentre dans le cadre d’une dynamique de persécutions et de harcèlements à l’encontre des anciens prisonniers politiques.
Ce qui est en contravention avec les articles 80 et 81 des « Règles minima pour le traitement des détenus » de l’ONU de 1959, qui font obligation d’aider à la "réintégration du détenu après sa sortie de prison … afin de sauvegarder les intérêts de sa famille et sa réadaptation sociale".
Aziz Krichen, propose tout un programme pour sortir de la dictature « Ben Ali donne l’impression aujourd’hui de concentrer tous les leviers de commande entre ses mains.
En apparence, il est tout-puissant ; en réalité, sa position n’a jamais été aussi incertaine et précaire. Une transition politique peut être engagée sans que la totalité des conditions sociologiques et culturelles du changement aient été réunies au préalable. »
Pour Aziz Krichen, Il faut, identifier le maillon faible et le briser. Ainsi, la mise en échec de Ben Ali peut provoquer l’effondrement du système totalitaire en vigueur depuis les années 50. Cette mise en échec peut entraîner une dynamique qui rende inconcevable le retour au passé, la domestication de la société par l’Etat, la confiscation des libertés par un parti unique, la dégénérescence de la dictature en pouvoir personnel.
La situation de l’opposition.
L’éveil de la société civile conduit le Président tunisien à se « démasquer ». Ben Ali qui gouverne de manière autoritaire depuis les élections de 1989. Le fossé entre les lois et les pratiques, entre le discours sur les libertés publiques, les droits humains et les pratiques autoritaires sont flagrantes.
Avec cette 14° révision de la Constitution, tout est devenu permis et officialise l’impunité au profit du chef de l’Etat à vie. Malgré les nombreuses associations et partis politiques qui lui sont inféodés avec, en tête de liste, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir), Ben Ali a échoué dans son coup de force contre la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), présidée par l’avocat Mokhtar Triffi. En octobre 2000, le 5e congrès de la LTDH a vu l’élection d’une direction indépendante et hostile au régime. Des candidats malheureux à l’élection ont poursuivi la direction élue en justice pour vice de procédure, ce qui avait conduit au gel des activités de la ligue. Les plaignants avaient été accusés d’être manipulés par les autorités tunisiennes. Mais la LTDH est parvenue à garder sa direction légitime après un long procès jugé « inique ».
On peut citer également le congrès de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui s’est tenu en début d’année 2002 à Djerba et qui a, lors de sa séance inaugurale, manifesté son soutien à la grève des avocats en solidarité avec Hamma Hammami. Au terme de son congrès, l’UGTT a élu une direction qualifiée de « radicale » et « autonome » par rapport au Pouvoir, comme il était le cas avec l’élection du Bâtonnier de l’ordre des Avocats Bechir Essid.
Sur le plan économique, et contrairement à l’idée reçue, le gouvernement parvient difficilement à endiguer une crise économique qui s’inscrit dans la durée, due à la sécheresse, aux répercussions de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) sur les exportations tunisiennes et le recul du tourisme depuis l’attentat contre la synagogue de Djerba, qui s’est soldé par la mort de seize personnes, dont onze touristes allemands, en avril 2002.
En raison de la pression incessante de la violence policière, à cause aussi de l’absence de perspectives que cette violence favorise, l’opposition montre de nombreux signes de fragilité et de faiblesse, elle est morcelée et divisée.
Elle est divisée et morcelée par les classes d’âge, les origines sociales, les références culturelles et les idéologies politiques. Elle souffre notamment d’une division majeure entre démocrates laïcs et militants islamistes. Si la situation reste en état actuel, rien de décisif ne pourrait se produire. Mais il ne faut pas rester en l’état, donc le rassemblement de l’opposition paraît inéluctable ce qui va créer son renforcement.
Aziz Krichen, pense que le rapprochement des laïcs des islamistes entraînerait des transformations considérables dans la scène politique nationale. Séparés, ni l’un ni l’autre ne peuvent prétendre sérieusement inquiéter Ben Ali. Réunis, c’est une autre affaire : leur poids commun est largement supérieur à l’addition de leurs forces respectives. Leur unité aurait une valeur symbolique de première importance.
En reliant islam et modernité, elle scellerait la réconciliation du pays avec lui-même. Elle rouvrirait le champ des possibles redonne confiance à la jeunesse, en faisant reculer la peur et la résignation, ce qui permet la mobilisation de la population et son entrée dans l’action.
Aziz Krichen, constate que les conceptions et l’état d’esprit du mouvement islamiste tunisien ont beaucoup évolué depuis 10 ans. On n’y trouve plus, en particulier, de courants organisés, partisans du recours à la force. Il est simplement question d’agir de concert pour abattre la tyrannie et instaurer le pluralisme.
Quoi qu’il en soit, le travail unitaire n’interdit pas les mesures de précaution. La lutte engendre l’unité, parce que l’efficacité en dépend. Depuis plus de deux ans, des progrès ont été réalisés sur ce terrain. Il reste à passer du niveau humanitaire au domaine proprement politique. L’unité est le seul moyen de peser et d’espérer obtenir que la société se lance à son tour dans le combat. L’opposition est désormais présente sur tout le territoire national.
On retrouve des adversaires au régime non seulement à Tunis et dans les grandes villes côtières, mais jusque dans les plus petites bourgades de l’intérieur. On peut estimer que, les différents groupes et mouvements vont poursuivre leur renforcement interne, affermir leurs identités - et en même temps se rapprocher les uns des autres. D’ailleurs, le problème n’est pas tellement d’élaborer un programme commun, que de garantir le minimum indispensable de coordination et d’unité d’action. Le but est de barrer la route à Ben Ali, d’exprimer, contre lui, un rejet unanime et universel.
Mais l’union par la négative ne suffit pas. Il faut donner un contenu positif à la démarche et, pour cela, proposer une alternative. Si l’on a bien intégré la nécessité d’isoler l’adversaire, on comprend le besoin de réaliser contre lui le rassemblement le plus large. Il faut opposer à une candidature solitaire et illégitime, une candidature légitime, soutenue massivement par le pays. Il s’agit, par conséquent, d’opposer à Ben Ali une seule candidature, une candidature unique non seulement de l’opposition, mais de la société tout entière.
Nous en avons plusieurs à notre disposition aujourd’hui, déclarées de façon plus ou moins explicite. Dans l’état actuel des choses, cette diversité ne présente pas de graves inconvénients. Mais à l’approche de l’échéance de 2004, le pays devra offrir un front soudé. Et il faudra bien que l’on y parvienne. La candidature alternative unique jouera un rôle capital dans la mobilisation populaire. Sa crédibilité dépendra de l’ampleur des soutiens qu’elle recueillera au-dedans et au-dehors. C’est la raison pour laquelle elle devrait provenir des rangs de l’opposition démocratique et laïque.
Les conseillers de Ben Ali voudraient faire entériner le quatrième mandat par une opération référendaire, une sorte de plébiscite fascisant. Initialement, le référendum était prévu pour le premier semestre 2003. Il faudrait parvenir à convaincre le plus grand nombre de gouvernements de dénoncer le caractère anti-démocratique du procédé et demander, à titre préventif, la présence d’observateurs durant la prochaine consultation. L’objectif, ici, n’est pas de laisser l’étranger arbitrer entre Tunisiens, mais de marquer la défiance de l’opinion publique nationale et internationale à l’égard d’une dictature qui ne vit que de fraude et de tricherie.
L’échéance de 2004.
S’agissant des législatives, il est compréhensible que chaque courant d’opposition cherche à se compter, à renforcer son influence, à inscrire un rapport de force favorable à son projet spécifique. C’est la loi de la démocratie et il n’y a là rien de répréhensible. Il faudra cependant prévoir des candidatures d’union partout où cela sera nécessaire et, surtout, prendre les dispositions nécessaires pour être présent dans l’ensemble des circonscriptions électorales et des bureaux de vote. La présence d’observateurs et de contrôleurs étrangers devra être requise systématiquement. Mais, encore une fois, le combat principal, c’est l’élection présidentielle, pour faire barrage à l’imposteur. Le programme alternatif pour cette consultation devrait être à la fois modéré et ferme dans son inspiration. Il devrait être modéré pour rallier tous les groupes sociaux et tous les courants politiques.
Il devrait être ferme pour assurer une transition irréversible vers la démocratie :
Amnistie générale, liberté d’organisation et d’expression, liberté d’opinion et de conviction religieuse, égalité des droits entre hommes et femmes, liberté d’entreprendre, droit de propriété, indépendance de la justice, neutralité de l’administration.
De cela, il faut en tirer la leçon : Aucun despote, illustre soit-il, n’est éternel, il disparaîtra un jour ou l’autre. Pour que la disparition du despote actuel soit la fin de toute dictature en Tunisie, il faut que le peuple souverain (quelque soit son niveau économique, culturel…) provoque l’effondrement du système totalitaire. Les exemples récents dans le monde sont nombreux (Milosevic, Ceausescu et autres) nous enseignent que le renversement d’un régime totalitaire exige la réunion de deux forces :
1. Des militants pour les Droits de l’Homme, l’état de droit et les vrais démocrates ; et
2. La forte mobilisation de la population.
Cette mobilisation populaire, il faut la nourrir et la provoquer, sinon le totalitarisme de Ben Ali se poursuivra pour longtemps, et s’il est remplacé sans la participation du peuple, il le sera par un usurpateur peut être plus crapuleux.
Pour cela nous appelons l’opposition à s’unir, non pas pour créer un parti unique, mais pour intensifier les actions contre l’ennemi du peuple Tunisien qui est le despotisme et la corruption. Notre objectif ultime est de faire partir l’usurpateur du pouvoir le plutôt possible, et de construire une république de droit. La mobilisation populaire a besoins d’être provoquée, alimentée d’explication et de faits : les relais à l’intérieur du pays ne manquent pas pour diffuser la flamme de la liberté et de la justice.
Un message de mobilisation doit être adressé à tous les citoyens sans exception et surtout à ceux parmi eux occupant les fonctions de protection de la population et de défense du territoire : policiers, gendarmes et militaires. Nous devons leur expliquer qu’ils ne sont pas l’ennemi de leurs concitoyens civils, au contraire, ils sont ses protecteurs. Mais la volonté des hommes et des femmes qui luttent pour une république vraie et une population humiliée, opprimée et terrorisée, peuvent faire barrage à cette supercherie constitutionnelle.
Sur le plan extérieur, il faudrait définir une diplomatie au service du développement national, soucieuse des intérêts du monde arabe et qui ancre définitivement le pays dans le camp de la liberté, à travers un partenariat politique renforcé avec l’Union européenne - en s’inspirant, des mesures prises par le Portugal après la révolution des Oeillets. La nouvelle équipe présidentielle devrait pouvoir assurer cette transition avec toute la vigueur nécessaire et avoir la capacité de neutraliser les obstacles qui se dresseraient sur son chemin. Comme le pire, le meilleur n’est jamais certain.
L’analyse de Aziz Krichen, faite en début de 2002, trace une sorte de trajectoire idéale maximale. Rien, aujourd’hui, ne peut encore permettre de dire ce qui va réellement se produire. « L’issue, de toute façon, dépendra des Tunisiens, de ce qu’ils feront, de ce qu’ils oseront, des risques qu’ils consentiront. Tout a un prix. Les Tunisiens obtiendront ce qu’ils accepteront de payer par leurs luttes et leurs sacrifices. « Dans la mesure où l’opposition s’unifie et parvient à entraîner la population dans le combat, nul ne peut prévoir à l’avance les péripéties de l’affrontement. Le départ de Ben Ali peut être arraché avant, pendant ou après les présidentielles.
« Lorsque l’on étudie les expériences analogues vécues dans d’autres pays - en Asie, en Europe de l’Est, en Amérique latine -, on constate que les scénarios de sortie de crise sont multiples.
« Ben Ali peut s’enfuir ; certains de ses lieutenants peuvent chercher à négocier son retrait ; l’armée ou d’autres forces de sécurité peut estimer nécessaire d’intervenir, dans une tentative de rééditer le coup de novembre 1987.
« Comment se comporter en pareilles circonstances ? Se satisfaire du départ du dictateur et laisser faire ceux qui le remplacent, on sait déjà que cela ne débouche sur rien de bon. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais négocier. Mais simplement qu’il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre.
« Il s’agira de maintenir la pression populaire jusqu’au bout : des élections libres et la fin de notre minorité politique. Si le cap est maintenu, personne ne volera sa victoire au peuple. »
Le premier pas vers la démocratisation est l’existence d’une presse libre.
La liberté de la presse a été le premier pas dans le processus de la démocratisation en Algérie à l’inverse de la presse tunisienne qui brille par sa langue de bois et ses formules stéréotypées.
Le Monde en date du 19 février 2001 saisi des déclarations du Ministre Mouaoui et que tous les sites Internet de l’opposition tunisienne ont reproduit l’interview, même et l’ont accompagné d’un commentaire malveillant sur l’impossibilité pour Monsieur Mouaoui de mettre en oeuvre ce qu’il promet, qui est une preuve supplémentaire du double langage et la contradiction entre les pratiques avec les discours seraient les fondements mêmes du régime. Ils ont également précisé que même s’il est vrai que depuis le changement béni du 7 novembre 1987, aucune autorisation de publication indépendante, d’association, de parti ou même de club n’a été accordée, le pays s’oriente vers une ouverture réelle et une information pluraliste. La preuve en est que les articles publiés par les quotidiens et hebdomadaires tunisiens ne sont pas tous écrits par la même personne, mais par plusieurs personnes.
Le journaliste Mr Hamadi JEBALI, directeur de l’hebdomadaire d’opposition Al Fajr (L’Aube), organe du mouvement interdit Ennahdha (Renaissance) emprisonné dans des conditions difficiles, transféré d’une prison à une autre, arrêté le 31 janvier 1991, condamné le 28 août 1992 à seize ans de prison, pour « agression dans l’intention de changer la nature de l’Etat » et « appartenance à une organisation illégale » alors qu’il lui a été déjà infligé un an de détention le 31 janvier 1991 pour un article paru le 27 octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité des Tribunaux Militaires dans une société démocratique ». Mr Hamadi JEBALI a pu bénéficié d’une remise de peine de 2 ans, en 2002.
Le 17 Décembre 2002, M. Hédi Ben Yahmed, auteur d’un reportage sur la situation dans les prisons en Tunisie, le journaliste Hédi Yahmed, a affirmé avoir été "contraint" de démissionner de l’hebdomadaire "Réalités"à la suite de la parution de l’article en question dans la dernière édition de l’hebdomadaire.
Nous rappelons l’opinion publique que depuis 13 ans, plusieurs centaines de prisonniers politiques sont détenus dans des conditions effroyables, subissant torture, humiliations et privation des soins de santé, plus d’une trentaine sont décédés, Souhnoun Jouhri, Ismaïl Khmira, Habib Raddadi…. Plusieurs dizaines d’entre eux sont dans un état critique, Lotfi Idoudi, Lotfi Snoussi …, Ainsi qu’une trentaine détenus en isolement total depuis 1992.
En contestation de leur situation inhumaine, plusieurs prisonniers, tel que, Abdelhamid Jlassi, Lotfi Snoussi, Abdallah Idrissa, Bouraoui Makhlouf, Habib Ellouz, Khaled Kaouach, Mohamed Najib Elouati, Ridha saiidi, Moukdad Elarbaoui, Ali Lahrabi,Chokri Bahriya sont en grève de la faim de puis 30 jours.
Les droits fondamentaux des Dix millions de Tunisiens sont bafoués, condamnés au silence de peur des répressions policières. Le droit d’expression, d’écrire ou de manifester sont sévèrement réprimés.
Les élections ont perdu tout sens de compétition puisque les résultats sont connus à l’avance, dignes des régimes totalitaires. Au 27 Décembre 2003, D’après M° Mohamed Nouri de l’AISPP. Les prisonniers d’opinion Lotfi Snoussi, Abdelhamid Jelassi, Abdallah Drissa, Khaled Kawwach et Bouraoui Makhlouf refusent le couffin depuis le 25 octobre2003, en guise de protestation contre leur oppression à la prison de Borj El Amri, où ils ont été placés dans des cachots individuels de2 m sur1 , 50m, sans aération ni lumière, humides, à l’air confiné et putride, et pour protester contre leur privation de promenade quotidienne, de lecture, de nécessaire d’écriture, et contre le fait qu’ils ne peuvent se rendre aux toilettes qu’une fois par jour. La célèbre avocat Radia Nasraoui, s’est mis en grève de la faim durant plus de 50 jours jusqu’au 10 Décembre 2003, en protestation contre les tracasseries policières auxquelles elle fait objet avec sa famille, et ses confrères. Ridha Saïdi, Mokdad Arbaoui et Ali Harrabi, enfermés à Borj El Amri, ont été mis dans un cachot prévu pour une personne, qui ne répond pas aux critères prévus par la loi, sans eau ni lumière.
Abdelkarim Harouni est en grève de la faim depuis quarante jours pour protester contre la situation dégradée à la prison d’El Hawareb. Il exige la fin de son isolement qui dure depuis plus de douze ans et la jouissance de tous ses droits de détenu. Sa famille, empêchée de lui rendre visite samedi, n’y est parvenue que sur l’insistance de son père, et face à la peur et l’inquiétude de sa mère quant à la santé de son fils. Les deux parents-seulement- ont été introduits dans un bureau de l’administration de la prison. Le prisonnier Abdelkarim Harouni a été amené, incapable de marcher, de se tenir debout ni même de parler, porter par des agents.
Sa mère en a si effrayée que la visite a été interrompue, sans qu’ils aient pu lui parler ou le questionner sur sa santé.
La famille du prisonnier politique Khaled Drissi, incarcéré à Borj Er Roumi, a fait état des persécutions dont leur fils fait l’objet à la suite d’une grève de la faim menée par des prisonniers politiques du 1er au 10 décembre2003, pour protester contre leur situation et exiger leur libération. L’administration les a alors privés de télévision et de soins pour les punir de leur mouvement légitime.
L’ex-prisonnier politique Ali Rouahi est toujours en grève de la faim (depuis le 29 novembre2003) pour protester contre le harcèlement dont il fait l’objet, exiger qu’il y soit mis fin et obtenir son passeport. La santé d’Ali Rouahi est dangereusement menacée. Le prisonnier politique Abdellatif Bouhjila est toujours en grève de la faim (depuis le 18 novembre2003). Il exige l’amélioration de ses conditions de détention à la prison de Tunis et des soins. Son père a fait état d’une agression très violente dont son fils a fait l’objet, perpétrée par quatre agents menés par le directeur de la prison Fayçal Rommani.
L’ex-prisonnier politique Mokhtar Lammouchi a comparu le 23 décembre2003 devant le Tribunal de Première Instance (TPI) du Kef dans une affaire d’opposition à un jugement rendu contre lui pour appartenance à une organisation non reconnue.
L’ex-prisonnier politique Badreddine Ben Chelbia comparaîtra libre le 5 janvier 2004 devant la Cour d’Appel de Tunis pour appartenance à une organisation non reconnue. Le prisonnier politique Abdelbasset Solaïhi, incarcéré à la prison civile de Tunis, comparaitra le 4 janvier 2004 devant la Cour d’Appel de Tunis dans l’affaire n°4288 , pour attaquer le jugement rendu contre lui le condamnant à vingt ans d’emprisonnement. Le prisonnier politique Abdelbasset Solaïhi a purgé une peine de neuf ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation non reconnue. Le jour de sa sortie, il a été informé de ce jugement par contumace le condamnant à vingt ans. L’affaire n°6623, dite des "jeunes de Zarzis" sera auditionnée le2 janvier 2004 prochain devant la troisième chambre correctionnelle du TPI de Zarzis.
L’ex-prisonnier Hedi Triki a comparu libre le 26 décembre devant le TPI de Mahdia- faisant office de Cour d’Appel- pour attaquer le jugement rendu contre lui le condamnant à trois mois d’emprisonnement pour avoir contrevenu aux dispositions relatives au contrôle administratif. L’ex-prisonnier politique Mehdi Khouja a été libéré le 17 décembre2003. Il convient de mentionner que monsieur Mehdi Khouja, après avoir été condamné à une peine de six ans d’emprisonnement par le tribunal militaire de Tunis, a été jugé à deux reprises pour avoir enfreint les dispositions sur le contrôle administratif, à huit mois d’emprisonnement. Nous nous joignons à L’AISPP pour féliciter Mehdi Khouja ainsi que les membres de sa famille, et exprime à ces derniers notre soutien et respect envers leur résistance héroïque malgré la durée de leurs épreuves.
La presse libre n’existe que dans l’imagination de certains. Le métier journalistique est un métier en voie de disparition puisqu’ils sont en fait une transcription de communiqués rédigés par les services du Ministère de l’Intérieur.
130000 policiers tunisiens, pour encadrer 10 millions de citoyens vivant dans le pays, et 2 millions d’autres, environ qui ont dû émigrer à l’étranger - sans compter les gendarmes, les milices du parti unique et l’armée organisée, pour réprimer tout mécontentement populaire.
Le système judiciaire, et les tribunaux militaires fonctionnent à plein régime pour tuer dans l’œuf toute critique du pouvoir, fût-elle pacifique, et toute contestation politique. Un nationalisme malsain et acerbe imposé et canalisé dans le culte de la personnalité combattant tout esprit critique.
L’endettement du pays a atteint des taux incroyables, plaçant la Tunisie dans le peloton de tête des pays les plus endettés de la planète, grâce par la corruption, la malversation, la spéculation et à la fuite des capitaux d’une façon permanente.
Plusieurs centaines de prisonniers d’opinion croupissent dans les prisons condamnés à une mort lente mais certaine. Leurs crimes prêteraient à sourire en France ou dans n’importe quelle autre démocratie. Ils ont osé écrire, publier, diffuser leur désir d’être des hommes libres et de participer à l’instauration de la démocratie dans leur pays, dans le respect de la dignité humaine. Selon le régime, ces prisonniers ne sont pas considérés comme des prisonniers d’opinion. Aucun de leurs droits ne leur est reconnu. Ils sont soumis à tous les arbitraires, mêlés aux détenus de droits communs purgeant de longues peines, ils subissent les pires affronts, la violence physique, l’humiliation de tout genre, dégradante et permanente.
Les familles des prisonniers politiques sont soumis à toutes les pressions y compris l’agression et la misère morale et physique pour tous les membres de leurs famille femmes, et enfants qui n’ont commis d’autre crime que de rester solidaires de leurs parents et de leurs proches. Pis encore, plusieurs prisonniers se sont vus divorcer de force de leurs épouses !!!
Plusieurs centaines de citoyens français libres d’origine tunisienne, exilés tunisiens et hommes libres et démocrates de toutes origines, fiers de l’héritage démocratique de la France mère-patrie des droits de l’homme, ont demandé par une lettre ouverte adressée à l’occasion de sa visite en Tunisie les 3 et 4 Décembre courant, au Président Jacques Chirac afin d’interpeller le régime tunisien pour la libération des prisonniers politiques, priorité très urgente qui ne peut plus attendre, et d’exiger de ce dernier qu’il respecte ses engagements vis à vis de la France et de l’Union Européenne en matière de démocratie et de droits de l’homme, convaincus de son attachement aux valeurs de la liberté, la justice, et pour le rapprochement des peuples.
Convaincus que le président Chirac trouvera les voies, les mots et les moyens pour conseiller les nombreux interlocuteurs qu’il aura l’occasion de rencontrer, à l’occasion de son prochain séjour en Tunisie. Son intervention, habile et bien dosée, serait particulièrement utile pour dénoncer ces atteintes aux droits de l’homme qui sont contraires aux principes humanistes de notre démocratie. Confiants et sûrs qu’il saura, bien percevoir le sens et l’esprit de notre message.
La Tunisie a été au début des années 90 confrontée au Parti islamiste Ennahda ayant été interdit et ses dirigeants emprisonnés, tandis que d’autres se sont exilés, principalement dans les grandes capitales européennes. Le régime du président Ben Ali fait l’objet de fréquentes critiques de la part d’ONG étrangères, de militants et membres de l’opposition tunisienne, les responsables tunisiens faisant au contraire état d’avancées à rythme approprié. Lors d’une conférence de presse à la veille de la visite du président Chirac en Tunisie, l’ambassadeur de France à Tunis, Yves Aubin de la Messuzière a indiqué que la question des droits de l’Homme était régulièrement "évoquée", même si celà n’était pas "mis sur la place publique".
S’agissant de l’immigration illégale, la Tunisie, qui est devenue un pays d’où partent les clandestins maghrébins et subsahariens vers les côtes italiennes voisines, souhaite une aide accrue de la part de l’Europe pour lutter contre ce phénomène.
On ne peut pas soutenir une dictature comme celle de Ben Ali. Déclare Radhia Nasraoui A la veille de la visite du président Chirac en Tunisie, on insiste à Tunis sur le fait que les deux Chefs d’Etat se connaissent bien et s’apprécient, qu’ils s’entretiennent fréquemment par téléphone. Ce sera d’ailleurs la quatrième visite du chef de l’Etat français en Tunisie en huit ans, puis qu’après une première visite d’Etat en 1995 suivie d’une visite privée en 1998, il avait assisté aux obsèques de Habib Bourguiba en 2000 et effectué une visite de travail à Tunis en 2001 dans le cadre d’une tournée des pays du Maghreb. Ce sera d’ailleurs la quatrième visite du chef de l’Etat français en Tunisie en huit ans, puis qu’après une première visite d’Etat en 1995 suivie d’une visite privée en 1998, il avait assisté aux obsèques de Habib Bourguiba en 2000 et effectué une visite de travail à Tunis en 2001 dans le cadre d’une tournée des pays du Maghreb.
Jacques Chirac, en déclarant, mercredi 3 décembre2003, que "le premier des droits de l’homme, c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat" et que, de ce point de vue, "la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays", le président Chirac a suscité des remous dans la classe politique française. Propos "choquants", selon le Parti communiste. Jacques Chirac a "déshonoré la France", a ajouté le député Vert Noël Mamère. Pour François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, la déclaration du chef de l’Etat "révèle une conception minimaliste des droits de l’homme". Jacques Chirac "essaie de faire passer le dictateur Ben Ali pour un démocrate au grand cœur", ajoute le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot.
A l’opposé, le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, a pris, sur France 2, la défense du chef de l’Etat "qui a toujours été un défenseur intransigeant des droits de l’homme". "Ne faisons pas de fausse polémique", a-t-il conclu.
L’avocate tunisienne, Radhia Nassraoui, au 51e jour de sa grève de la faim, s’épuise à se rendre de sa chambre au salon, transformé en local militant. Au mur, des articles de presse et cette citation de Kant : "Tout a un prix, ou bien une dignité (...). Ce qui n’a pas de prix n’a pas d’équivalent ; c’est ce qui possède une dignité." Il est 19 h 20, jeudi 4 décembre2003, quand, dans le petit appartement du quartier El-Manar de Tunis, les trois émissaires du comité de soutien de l’avocate viennent rendre compte de leur entretien avec un fonctionnaire du Quai d’Orsay.
L’Elysée a insisté pour organiser ce rendez-vous, après le tollé provoqué par les propos de Jacques Chirac assurant, la veille, que "le premier des droits de l’homme" est de "manger, d’être soigné, de recevoir une éducation, d’avoir un habitat" et vantant "l’avance" prise en la matière par la Tunisie.
Radhia Nasraoui revient sur Chirac. « Il a désigné trois fonctionnaires qui ont cherché à me voir mais pas chez moi. Dans l’état où j’étais, je ne pouvais me déplacer. Ils ont proposé que mon mari et mes deux filles viennent discuter avec eux. J’ai répondu qu’ils ne sont pas habilités à parler en mon nom. Et j’ai proposé une rencontre avec trois membres de mon comité de soutien, dont Me Anouar Ksouri. Si on a opté pour cette solution, c’est parce que Chirac a insisté après le tollé soulevé par ses premières déclarations, et ce, avant sa seconde conférence de presse où il a, comme vous le savez, rectifié le tir. »
Mme Nasraoui, a choisi le 10 décembre 2003 pour arrêter sa grève de la faim commencée - pour la deuxième fois - pour la défense des droits et des libertés, est allongée dans son lit, avec une perfusion. "Les gens ont été choqués que le président Chirac parle du droit de manger comme étant le premier droit", dit-elle.
La voix est faible, mais s’élève sur les derniers mots. "Je ne crois pas que l’on puisse dire : mangez et taisez-vous ! La liberté et la dignité sont des choses essentielles dans la vie d’un être humain", dit l’avocate. "On ne peut pas soutenir une dictature comme celle de Ben Ali. Chirac n’est pas le président de n’importe quel pays. Il est le président de la France, celle de 1789, des droits de l’homme, de la Commune, de mai 68", ajoute-t-elle.
Le petit salon s’est rempli, comme chaque soir. Chaque visite compte, et le livre d’or les recense : le 5 novembre2003, 43 personnes ; le 8, 71 ; le 10, 32. Les noms s’alignent dans les colonnes, égayés de temps à autre par un dessin de Sarra, 4 ans, la dernière fille de Radhia Nasraoui et de son mari, Hama Hammami. Elle crayonne sur un coin de table.
L’économiste Mahmoud Ben Romdhane, ancien président d’Amnesty International, relate les 45 minutes de rencontre avec Roland Dubertrand, directeur adjoint au ministère français des affaires étrangères, à qui tous les dossiers des plaintes de Mme Nasraoui ont été remis. "Il nous a dit qu’il avait grand espoir pour qu’il y ait une issue positive dans le cadre du dialogue et qu’il n’est dans l’intérêt de personne que la situation de Radhia s’aggrave jusqu’à l’irréversible", raconte l’universitaire.
Jacques Chirac, qui s’exprimait devant la presse peu après cette rencontre, a affirmé que ses propos de la veille avaient été incompris et que le procès qui lui était fait était "injuste". La France n’a pas changé de doctrine, a-t-il assuré : "elle a toujours dit que les droits de l’homme avaient une valeur universelle et qu’ils étaient indivisibles". Evoquant le cas de Mme Nasraoui, il a répété, comme la veille, qu’il souhaitait qu’une "issue soit trouvée".
L’Elysée, de fait, a multiplié les efforts pour rattraper les propos présidentiels.
Mercredi soir, un autre diplomate français a rencontré le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Mokhtar Trifi. "J’ai trouvé une oreille très attentive et une très bonne connaissance de la situation en Tunisie. Malheureusement, cela n’a pas été reflété publiquement dans les propos de Jacques Chirac", déclare M. Trifi.
Il est demandé à l’invité Américain Colin Powell du Maghreb d’aborder les conditions de détention « particulièrement dures que subissent les détenus politiques et qui ne répondent plus aux normes internationales ». Human Rigths Watch, mis en exergue le harcèlement et la répression systématique au pays de Zine El Abidine Ben Ali. Pour cette organisation des droits de l’Homme, il est impératif que Colin Powell intervienne auprès des gouvernements de ces pays où la presse « souffre de graves entraves » pour la libération des journalistes Hassan Bouras (Algérie), Ali Lemrabet (Maroc) et Abdellah Zouari (Tunisie). Une requête formulée également par Reporters sans frontières qui, dans une correspondance adressée au secrétaire d’Etat américain, a fait un état des lieux du harcèlement policier et judiciaire que vivent les journalistes dans ces pays, notamment l’Algérie.
Le voile unit les Arabes contre Chirac
Avant 1954, plus précisément depuis les années 1930-1935, le combat décisif est engagé. Les responsables de l’administration française en Algérie, préposés à la destruction de l’originalité du peuple, chargé par les pouvoirs de procéder coûte que coûte à la désagrégation des formes d’existence susceptibles d’évoquer de prés ou de loin une réalité nationale, vont porter le maximum de leurs efforts sur le port du voile, conçu en l’occurrence, comme symbole du statut de la femme Maghrébine en Algérienne ou en Tunisie principalement en faisant d’elles des analphabètes, loin de leurs racines ….([29])
Les hommes politiques ne sont sans doute pas responsables de la médiocrité du débat actuel, comme la perte de popularité de la plupart d’entre eux et la désaffection à l’égard de la politique incitent à le penser. Ils ne font que partager le désarroi qui étreint les démocraties, désarroi dont ils sont moins les agents que les témoins, sinon les victimes. En fait, c’est la conception moderne de la politique, véritablement apparue avec la guerre d’indépendance américaine et la Révolution française, qui est aujourd’hui ébranlée.
Dans une société perçue comme un ensemble de sujets soumis à une révélation religieuse et à un pouvoir garant d’un ordre intangible et censé être immuable, l’exercice de ce pouvoir n’appelle pas de débat public La plupart des autorités morales et religieuses du Moyen-Orient, Liban en tête, s’indignent de la position française sur le voile La décision du président français, Jacques Chirac, en faveur d’une loi interdisant à l’école les signes religieux « ostensibles », dont le foulard islamique, suscite une vague d’indignation dans le monde arabo-musulman. Si le recteur de l’université d’al-Azhar au Caire, Cheikh Mohammed Sayed Tantaoui, qui est considéré comme une référence de l’islam sunnite, a évoqué une « affaire intérieure française », sa voix paraît bien isolée dans le concert d’indignations émanant de responsables de mouvements islamistes et de muftis. « Le voile est un devoir religieux et non pas un simple signe », a ainsi déclaré le mufti d’ةgypte, Cheikh Ali Gomaa, tandis que son homologue de Syrie, Cheikh Ahmad Kaftaro, a écrit au président français pour lui demander de reconsidérer sa position, en expliquant que « la nation musulmane voit dans le voile un fondement de sa religion ».
Le mouvement égyptien des Frères musulmans a « condamné fermement » la décision française qu’il considère comme « une ingérence dans le domaine de la liberté personnelle et religieuse des musulmans ». « J’espère que le gouvernement français, qui se veut à l’avant-garde de la défense de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, annulera cette décision erronée », a déclaré le président de la République islamique d’Iran, Mohammed Khatami. Au Qatar, le cheikh Youssef al-Qaradaoui a exhorté les musulmans à adresser des messages au président français pour lui demander de « revenir sur sa décision ». A Bahrein, des associations islamiques ont annoncé l’organisation le 24 décembre 2003 d’un « sit-in » « imposant » devant l’ambassade de France, au cours duquel sera remise une lettre de protestation au président Chirac.
« Notre voile est notre liberté ! », scandent les manifestantes. Rassemblées devant les bureaux du ministère de l’Education à l’appel de l’Amicale des étudiants musulmans en coopération avec diverses institutions islamiques, des centaines d’écolières ont protesté, hier, dans les rues de Tripoli, métropole sunnite du Liban-Nord, contre la décision du président français Jacques Chirac en faveur de l’interdiction du foulard islamique à l’école. « Laïcité = terrorisme », « A bas le terrorisme de la laïcité », pouvait-on lire sur une banderole portée par des étudiantes masquées.
S’adressant à la foule, cheikh Ammar Chaabane, un responsable du Mouvement d’unification islamique (MUI, fondamentaliste sunnite), s’est déclaré « très étonné de la position du président Chirac, surtout que nous considérons que les positions de la France sont en faveur de notre nation, notamment en Palestine, et du fait de son hostilité à la guerre en Irak ». Plus loin, une voiture stationnée devant le Centre culturel français de Tripoli diffusait à l’aide d’un porte-voix des chants religieux musulmans et des discours hostiles à l’interdiction du port du voile islamique.
Les critiques à la prise de position du président français, qui s’est prononcé le 17 décembre pour l’interdiction à l’école des signes religieux « ostensibles », se sont poursuivis au Liban pour le quatrième jour consécutif. Dès samedi, quelques dizaines de personnes avaient manifesté devant l’ambassade de France à Beyrouth contre l’interdiction du voile et, hier, à Saïda, principale ville du Liban-Sud, plusieurs dizaines d’étudiantes se sont rassemblées devant le siège du Rassemblement des oulémas de Jabal Aamel (chiite). « Interdire le voile est un complot contre l’islam et les musulmans », pouvait-on lire sur une pancarte portée par l’une d’elles, vêtue d’un tchador. « La liberté est bafouée dans le pays de la démocratie », était-il écrit sur une autre pancarte. Une femme prénommée Fatima est voilée avec un drapeau français. « Je le fais pour dire aux Français que les musulmanes de France acceptent la société française et n’ont pas l’intention d’outrepasser les lois ni l’esprit de la Révolution française, elles revendiquent uniquement leur droit à la liberté de pensée », affirme-t-elle.
Au Moyen-Orient, où le poids excessif des communautés religieuses est souvent le résultat d’une défaillance de l’ةtat, la laïcité est perçue comme une menace directe à leur influence. Il ne faut donc pas s’étonner que les réactions les plus nombreuses émanent du Liban, pays roi de la mixité confessionnelle, où les chefs religieux se sentent directement menacés par le concept de laïcité à la française.
Au pays du Cèdre, la laïcité n’est pas refusée uniquement par les responsables religieux musulmans, mais aussi par leurs homologues chrétiens, comme en témoigne l’opposition à l’instauration d’un mariage civil, largement souhaité par la population.
En réaction au discours du président français, le mufti sunnite libanais, Rachid Kabbani, a déclaré qu’il « s’opposait avec force à l’instauration de la laïcité dans le monde arabe, car elle représente un danger pour les libertés individuelles et religieuses en général, et pour les règles de l’islam en particulier ». Selon lui, interdire le port du voile en France « va à l’encontre de la liberté de la femme musulmane ».
De son côté, le responsable du Hezbollah (chiite) pour le Liban-Sud, Nabil Kaouk, a estimé que « ce qui se passe en Europe constitue une atteinte aux slogans de démocratie et de liberté », tout en faisant porter aux Etats-Unis la responsabilité « des défigurations dont l’islam est aujourd’hui l’objet ». Il s’agit d’une « atteinte au droit de l’homme musulman » a estimé pour sa part le Cheikh libanais Mohammad Hussein Fadlallah, qui est considéré comme une « source d’inspiration » religieuse pour un grand nombre de pays chiites, jusqu’en Irak. Le mufti cheikh Mohammad Rachid Qabbani est allé plus loin évoquant une « haine de l’islam ».
Mais le concert d’indignation en haut lieu est émaillé de voix discordantes qui, si elles ne l’approuvent pas forcément, estiment légitime la décision française. « Une femme qui se rend en Iran est obligée de se voiler, quelle que soit sa religion, car la loi l’y oblige. Je trouve tout à fait normal de respecter les règles de la laïcité dans une école publique française du moment que la loi française autorise par ailleurs des écoles religieuses », commente Ghada Houballah, une jeune libanaise portant le hidjab.
L’Administration coloniale peut alors définir une doctrine politique précise : « Si nous voulons frapper la société algérienne dans sa contexture, dans ces facultés de résistance, il nous faut d’abord conquérir les femmes ; il faut que nous allions les chercher derrière le voile où elles se dissimulent et dans les maisons où l`homme les cache ». C’est la situation de la femme qui sera alors prise comme thème d’action…. L’occupant amasse autour de la vie familiale de l’Algérien tout un ensemble d’anecdotes et les exemples édifiants, tentant ainsi d’enfermer l’Algérien dans un cercle de culpabilité.([30])
Des sociétés d’entraides et de solidarité avec les femmes algériennes se multiplient . Les lamentations s’organisent. « On veut faire honte à l’Algérien du sort qu’il réserve à la femme. « C’est la période d’effervescence et de mise en application de toute une technique d’infiltration autour de laquelle des meutes d’assistantes sociales et d’animatrices d’œuvres de bienfaisance se ruent sur les quartiers arabes. C’est d’abord le siège des femmes indigentes et affamées qui est entrepris.
A chaque kilo de semoule distribué correspond une dose d’indignation contre le voile et la claustration... Dans le programme colonialiste, c’est ل la femme que revient la mission historique de bousculer l’homme algérien.([31])
Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la culture algérienne. Encore aujourd’hui en 1959, le rêve d’une totale domestication de la société algérienne à l’aide des « femmes dévoilées et complices de l’occupant », n’a pas cessé de hanter les responsables politiques de la colonisation…([32])
Le 25 décembre 2003, une centaine de femmes manifestent contre l’interdiction du port du voile dans les écoles en France - Quelque 120 femmes portant toutes des robes noires les couvrant de la tête aux pieds ont manifesté jeudi, jour de Noël, devant l’ambassade de France à Manama, la capitale de l’émirat de Bahreïn, pour condamner la proposition du président français Jacques Chirac de faire voter une loi interdisant tout signe religieux "ostensible" dans les écoles publiques. "Chirac : notre voile est un devoir, pas un choix. Nous respectons votre religion, respectez la nôtre", pouvait-on lire sur une pancarte portée pendant cette manifestation organisée par deux associations baptisées la société pour l’Illumination islamique et la société pour le Message islamique. De nombreuses manifestations portaient à la fois une robe complète et un voile sur le visage.
L’une de ces manifestantes, Fatma Eissa, professeur de loi islamique dans une école religieuse, a déclaré que ces femmes avaient décidé de manifester leur solidarité avec les enfants musulmans de France, "parce que l’Islam est un et le même partout, et cette interdiction est une offense à l’ensemble de la nation islamique". Des policiers ont observé la manifestation installés à bord de deux voitures stationnées à proximité de l’ambassade de France. Dans la mesure où l’ambassade était fermée en ce jour de Noël, les manifestantes ont annoncé qu’elles remettraient une lettre à l’ambassadeur, samedi.
Une Femme Musulmane Voilée interdite d’entrer dans une banque Française.
Bavure du foulard ou exploitation excessive de l’application d’une banale consigne de sécurité : en plein débat sur le voile, l’incident qui s’est produit à l’entrée d’une agence bancaire parisienne n’est pas passé inaperçu. Une succursale de la Société générale, située dans le 19e arrondissement, a refusé l’entrée, lundi 22 décembre2003, à une cliente qui portait un foulard islamique. Un vigile l’a refoulée, en lui demandant de retirer ce qu’elle avait sur la tête. L’affaire s’est répandue comme une traînée de poudre dans les milieux musulmans. Dans le "sas" qui sépare les deux portes vitrées de l’agence bancaire, l’affiche est en évidence. Elle précise : "Pour votre sécurité, l’accès à cette agence est contrôlé. Nous vous prions de bien vouloir ôter foulard, casquette, casque, ainsi que tout autre couvre-chef ou lunettes de soleil. Merci de votre compréhension." A côté, une caméra filme les personnes qui entrent et sortent. ([33])
APPELS AU BOYCOTT
Interrogé par « Le Monde », le directeur de l’agence regrette l’incident : "C’est un vigile, qui travaille pour une société de gardiennage, qui a fait une interprétation large de la consigne. On admet les femmes avec un foulard dès l’instant où elles sont identifiables." Il affirme que "ce type d’affiche est en place dans pratiquement toutes les agences d’Ile-de-France depuis cinq ou six ans. C’est une simple mesure de protection des biens et des personnes. Il faut que nous puissions voir le visage des personnes qui entrent."
Le directeur montre les tableaux et les décorations orientalistes accrochées au mur de son agence. "La plus grande partie de notre clientèle est d’origine maghrébine, une autre est d’origine juive. Ici, tout se passe bien." L’agence se trouve à proximité de la mosquée Ad-Dawa, l’une des plus importantes de Paris. Au siège de la Société générale, on confirme que cette mesure est ancienne et qu’elle n’a rien à voir avec l’actuel débat sur le voile : "Cela fait des années que nous apposons ce genre de message. Les gens doivent se découvrir pour des raisons de sécurité. Les hold-up sont commis par des gens qui se cachent le visage. (...) Aucun coursier n’entre dans nos agences avec un casque." Il n’empêche : sur plusieurs sites Internet musulmans, la Société générale est désignée comme "islamophobe". Plusieurs appels à fermer les comptes dans cette banque sont relayés dans les milieux musulmans.([34])
LISTE DE 23 PRISONNIERS D’ OPINION EN ISOLEMENT COMPLET *
Nom et prénom
Lieu de détention
Domicile familial
Date d’isolation
Condamnation
1
Dr Sadok Chourou
Prison 9 Avril (Tunis)
Ben Arous
1992
Perpétuité
2
Habib Ellouz
Prison Borj Erroumi (Bizerte)
Sfax
1992
Perpétuité
3
Mohammed El Akrout
Prison civile du Kef (El Kef)
Gabes
1992
Perpétuité
4
Karim El Harouni
Prison El Houareb (Karouan)
La Marsa
1992
Perpétuité
5
Mohamed El Géloui
Prison 9 Avril (Tunis)
Tunis
1992
Perpétuité
6
Halim Kacem
Prison El Houareb (Karouan)
Hammam-lif
1992
Perpétuité
7
Abdelhamid Jlasi
Prison El Houareb (Karouan)
Kélibia
1992
Perpétuité
8
Bouraoui Makhlouf
Prison civile de Monastir (Monastir)
Sousse
1992
Perpétuité
9
Noureddine El Arbaoui
Prison civile de Mahdia (Mahdia)
Kassrine
1992
Perpétuité
10
Hedi El Ghali
Prison 9Avril (Tunis)
Mahdia
1992
Perpétuité
11
Ridha Boukadi
Prison 9 Avril (Tunis)
Tunis
1997
Perpétuité
12
Abderrazak Mezgerricho
Prison 9 Avril (Tunis)
Tunis
1987
Perpétuité
13
Mohamed Salah Gsouma
Prison civile de Monastir (Monastir)
Mahdia
1992
74 ans
14
Chedhli Mahfoudh
Prison 9 Avril (Tunis)
Tunis
1992
28 ans 3 mois
15
Dr Ahmed Labiadh
Prison civile de Gabes (Gabes)
Zaghouan
1992
21 ans 6 mois
16
Ali Zouaghi
Prison Borj Erroumi (Bizerte)
Tunis
1992
21 ans 6 mois
17
Jalal Mabrouk
Prison civil de Sfax (Sfax)
Gabes
1992
21 ans 6 mois
18
Abdelhamid Abdelkarim
Prison civile de Mahdia (Mahdia)
Tunis
1992
21 ans
19
Gsouma Gsouma
Prison civile de Mahdia (Mahdia)
Mahdia
1992
21 ans
20
Hamadi Jbali
Prison Nadhour (Bizerte)
Sousse
1992
17 ans 6 mois
21
Idris Nouioui
Prison Nadhour (Bizerte)
Jandouba
1992
17 ans 6 mois
22
Ziad Eddoulatli
Prison civile de Monastir(Monastir)
Hammam-lif
1992
15 ans
23
Mounir Gaith
Prison civil de Jandouba (Jandouba)
Kairouan
2002
8 ans
Cette liste n’est pas complète et ne comprend que les condamnés dont l’AISPP a vérifié leurs situations
Comment mettre en place un régime démocratique dans lequel chacun acceptera totalement les règles du jeu ? Ceci concerne non seulement la façon d’accéder au pouvoir, mais la façon d’en user et de gouverner. Si un choix est opéré par une majorité, un gouvernement démocratique (au sens des droits de l’homme) se doit de protéger ses minorités, et de ne pas les brimer, ni jeter l’opprobre sur elles.
La démocratie n’est pas une dictature de la majorité prolétaire, ou capitaliste mais de citoyens égaux devant la Loi, émanant d’un Parlement élu démocratiquement, dans la transparence la plus totale en présence d’observateurs neutres. C’est le droit de chaque citoyen, dans le respect des lois de la République, dans le respect des conventions internationales signées au nom de la Tunisie qui engagent l’Etat de Tunisie, depuis son indépendance à ce jour.
On peut penser à toute sorte de jugements moraux et de lois portant atteinte à la liberté fondamentale de disposer de soi-même et son droit à choisir sa tenue vestimentaire, ou de participer à la vie active de son pays. On pourrait citer certains mouvements inspirés de petits livres rouges ou du "Capital".
S’il existe deux types d’opposition, reconnue et non reconnue, l’impression de débandade de l’opposition, d’absence d’idées, de projets, de démarches militantes est persistante. Bien sur, ici ou là, on peut assister à des gesticulations médiatiques qui apparaissent comme des SOS mis dans des bouteilles lancées dans une mer déchaînée malheureusement indispensables pour sauver les meubles ou attirer l’attention sur la situation de nos camarades martyrisés. Pourtant, l’opposition n’est pas contagieuse. La mayonnaise de la mobilisation ne prend pas. Il est temps de se demander pourquoi et d’en tirer rapidement les conséquences. Mes réflexions sont basées simplement sur l’observation.
D’abord, l’opposition, toutes tendances confondues, ne se parle qu’à elle-même.
C’est à dire qu’elle ne cherche pas à convaincre, à expliquer la situation et ce qu’elle pourrait proposer en échange. Avec un discours passéiste, et des moyens de communication obsolètes et même les mots utilisés des années 50 plutôt qu’à une ligne politique d’avenir. Dés lors, comment reprocher à certains de nos camarades d’avoir des objectifs personnels et non collectifs. Les mots sont importants. Il faut en finir avec les discours pré formatés qui ne sont pas différentes des méthodes d’une certaine presse officielle. Brandir sans cesse les maux du pays comme un étendard sans rien apporter en face est inutile. Chacun connaît la situation.
Oublions nos querelles et mettons-nous autour d’une table pour trouver ensemble une solution à cette barbarie. Qu’est ce que vous attendez ? Messieurs Charfi, Marzouki, Ghannouchi, Echabbi, Karker, Ben-Jaafâr, Mouaada, Chammari, etc. Je vous invite solennellement à faire savoir votre bonne foi de démocrates, et d’ouvrer pour l’application du plus fondamental des concepts de la démocratie : La concertation.([35]) Faite-nous preuve de votre bonne foi et votre vrai patriotisme ( dépourvu de tous calculs), Prouvez-nous votre bonne volonté à vouloir changer les choses pour le mieux. Prouvez au peuples que votre amour pour la patrie est plus fort que celui pour les confortables canapés Parisiens/Londoniens.
Je vous met devant vos responsabilités et je vous invite à exprimer clairement votre point de vue sur cette proposition. Elle a été dénoncée avec virulence par les uns, reconnus à demi mots par les autres. Au delà des discours généraux, même les analyses qui se veulent plus thématiques souffrent d’à peu prés. Il faut arrêter la langue de bois. Arrêter de se regarder le nombril et passer à une vitesse supérieure pour la mise en place de la démocratie.
D.L.M.M. rejoins ceux qui reprochent à l’opposition reconnue ou non actuelle, mais il ne faut pas écarter le parti au pouvoir de ce constat :
La personnalisation du pouvoir, on ne voit pas le parti politique mais l’homme qui est à sa tête.
Les jeux d’alliances dictées uniquement par des objectifs d’influence
Les querelles puériles (de personnes) entre les partis ou au sein d’un même parti
L’absence de données sur leur représentativité et le refus de ces formations de tenter de compter ceux qui les soutiennent
L’absence totale de propositions d’action, de projet de mobilisation
Les leaders actuels qui pensent que ceux et celles qui les rejoignent ne sont que des " petites mains " au service de leurs ambitions
Le vieillissement des leaders qui préservant leur pré-carré ne pensent pas à renouveler les cadres et à assurer leurs successions -
Le refus des confrontations d’idées lors de débat entre les différents partis
Pas de rationalisation de leurs faibles moyens
Pas de développement d’outils de réflexion (observatoire, mise en ligne de compte rendu...), de communication ou d’information
Ignorance totale de la jeunesse qui représente pourtant la majorité des tunisiens.
Voilà pourquoi, l’impression dominante sur l’opposition est celle d’avoir un groupe de quinquagénaires (voir sexa ...) gérant un plan de carrière politique à titre uniquement individuel et prêts à faire concessions et alliances dans l’unique but de promouvoir une notoriété.
Ce qu’il faudrait faire ?
Il n’y a pas 36 solutions, il n’y en a qu’une, la plus simple, consiste à : Allez à la rencontre des tunisiens là où ils se trouvent, les faire parler de leurs besoins, de leurs attentes, les écouter. C’est à dire aussi bien l’étudiant qui a des problèmes de bourses non perçues ou de logement, que la mère de famille qui veut parler de problèmes du couple, que l’agriculteur qui veut parler d’eau, que la femme qui ne comprend pas pourquoi le chômage féminin est plus important que le chômage masculin, que l’ouvrier qui veut parler formation professionnelle, le cinéaste ou le musicien qui ne trouvent pas les moyens de répandre ses productions, etc. ...
Il faut reprendre contact avec le terrain, aller vers les " vraies " gens et une fois qu’ils auront collecté les problèmes, les besoins, les attentes, ils devront bâtir grâce à des cercles de réflexion un programme, un projet de société pour y répondre. Un document « projet des priorités » précis et détaillé, et non des déclarations générales d’intention, pour l’ensemble des secteurs (économique, social, éducation, culture, sécurité...) en tenant compte du budget de l’Etat afin d’affecter les ressources. Cette démarche leur permettra de plus de faire émerger dans leurs propres mouvements de nouvelles têtes qui j’en suis persuadé ont des idées qu’elles ne peuvent exprimer aujourd’hui.
Au delà de la méthode, mon avis est que ce projet de société devra débuter par la mise en place d’une assemblée constituante afin de rendre au peuple ce qu’il lui revient : La souveraineté populaire. Il faut penser l’après Ben Ali en sachant que le pays aura besoin de plusieurs années pour redresser la barre. Quelqu’un a écrit, il n’y a pas longtemps, qu’il y avait deux lignes pour l’opposition : le Charfisme et le Marzoukisme, toute 3° voie se rapprochant forcément de l’une de ces options.
EL GOUDDI Sami, Membre fondateur du Congrès Pour la République témoigne du caractère dangereux de manœuvres politiciennes, visant à établir un soi-disant compromis dont le but ultime est de conforter le statu quo avec quelques retouches de façade. En témoigne ce qui pourrait apparaître comme une tentative douteuse d’une fraction de l’opposition de transiger avec le pouvoir et ainsi faire subir à notre peuple un nouveau cycle de dictature, plus doux, moins brutal, le meilleur rempart contre « l’intégrisme » dit-on, en prenant soin de
semer le doute et d’attiser la peur. Ce sentiment, bien que légitime, risque de conduire à la démobilisation et à l’adoption d’une attitude attentiste. Pire encore, il risque de faire ressurgir des réflexes et des comportements animés par une logique de succession obsessionnelle.
L’affaire Beltaïf et la résurrection de Charfi après une longue période de complicité avec le régime puis de silence, en seraient les meilleures illustrations.
En effet, au courant du mois d’octobre2001, Beltaïf s’est entretenu avec un diplomate américain et un représentant de la diplomatie européenne, en présence de Charfi ([36])paraît-il - bien que celui-ci ait eu droit au même ’’privilège’’ quelques mois auparavant- et d’autres personnalités, pour discuter de « l’évolution de la situation politique en Tunisie », comme le précise le journal Le Monde. Il y a lieu de s’interroger sur la régularité de la méthode, il y a encore plus lieu de s’interroger sur les arrières pensés que recouvre ce comportement qui mènera, à l’évidence, le processus démocratique à l’échec.
Dérive idéologique, ou pragmatisme politicien, c’est avec un homme d’affaires « faiseur de dictateurs », que certaines personnes prétendument de gauche, s’apprêtaient à s’allier, au moment où la vraie gauche militante s’oriente de plus en plus, vers la lutte contre un pouvoir économique hypertrophié en passe de dominer un pouvoir politique plus que jamais fragilisé.
Au nom de qui et de quoi une partie de l’opposition tunisienne milite-t-elle ? Au nom de qui effectue-elle des rencontres, des compromis, des accords politiques avec des diplomates occidentaux ?Est-elle la préparation de l’après Ben Ali, en attendant un coup de pousse des uns ou des autres, sur le compte des intérêts stratégiques, culturelles et identitaires de la Tunisie.
Ou bien, un signe du pied pour la préparation du Néo-Colonialisme Américain rampant sur le continent Africain. Ou bien jouer sur l’appétit grandissant des Américains à vouloir occuper un point stratégique de la Méditerranée, qui cherche à chasser sur le terrain des Français humiliés durant la guerre du Golfe. « Et que voulez-vous que le mouvement démocratique fasse dans une situation où un adversaire politique, le mouvement Ennahdha, tente de renverser un autre adversaire politique, le régime de M. Ben Ali ? Soutenir le premier du seul fait qu’il se trouve dans l’opposition et aboutir à une situation pire ? Cela aurait été suicidaire. ([37])
« Voilà donc pour l’essentiel. Je ne sais pas ce que ma compatriote veut dire par mon "association à Charfi", mais dans tous les cas, je suis beaucoup plus honoré d’être associé à Charfi qu’à Ali Belhaj, Hassen Tourabi ou Ghannouchi. J’ajouterai même que ce sont les conditions matérielles de la prison et de la lutte commune qui nous ont associé depuis plus de 30 ans déjà. ([38])
Pour les "milliers de femmes tunisiennes (qui) ont été renvoyées de leur travail ou de leurs écoles suite à la circulaire 108", je demanderai simplement à ma compatriote deux choses : d’abord est-elle bien sûre de ses chiffres et ensuite, est-ce que le port du foulard dit islamique est indispensable à la pratique de notre religion, et auquel cas, nous aurions été des mécréants durant tous ces siècles où nos femmes et soeurs ne portaient pas ce type de foulard ? ([39]) Mr le démocrate oublie tout simplement le Droit universel de tout être humain de s’habiller comme il lui convient, ou bien il ferme les yeux sur cet article de la Convention Internationale des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948.
Charfi ne prétend pas que les islamistes turcs ont triomphé avec 1/3 des voix du peuple turc. C’est la réalité. Et ensuite, ce sont les islamistes turcs eux-mêmes qui affirment qu’ils ne sont pas islamistes et qu’ils sont attachés aux fondements de l’Etat lac. Si Ghannouchi affirme la même chose, ni Charfi ni moi-même n’aurons d’objection à travailler avec lui pour une Tunisie démocratique et juste. ([40])
« Pour conclure, et en me basant sur vos dernières interrogations, je vous répondrai tout simplement que rien que vos "SI" indiquent que c’est bien un programme intégriste que vous visez, avec tout ce que cela comporte : abolition de l’intérêt, polygamie, port obligatoire du hijab etc... Eh bien chère compatriote, avant même que le peuple n’arrive à voter pour ces "idées suicidaires", nous ferons tout pour le convaincre du fait que "le suicide est interdit par notre religion". Mais si malgré les efforts des démocrates et des élites conscientes de notre pays, et surtout si M.Ben Ali continue de "faire le lit" de l’obscurantisme par l’étouffement des libertés, nous vous dirons que vous n’avez pas le droit de revenir sur les acquis historiques de notre pays et nous utiliserons tous les moyens pour vous empêcher de le faire. Je pense qu’on ne peut pas être plus clair. »([41]) DLMM considère qu’il faut distinguer entre ceux qui sont prêt à accepter le verdict du peuple dans sa majorité, et ceux qui veulent exclure une partie qui ne rentre pas dans le moule qu’ils lui ont fabriqué outre-Mer, entre ceux qui veulent la Démocratie et ceux qui sont emprisonnés par leur idéologie stalinienne.
Il faut distinguer entre ceux qui veulent rendre au citoyen sa fierté d’appartenir à une civilisation, qui les honore, qui a pu guider le monde vers la civilisation à un certain moment, cette civilisation de dialogue, avec l’autre, sans complexe. Il faut mettre l’être humain au centre de toute politique, qui doit être au service du citoyen, dans le respect de ses particularités, dans le respect du droit des minorités à s’exprimer.
Ceux qui veulent imposer au peuple leurs idées et ceux qui veulent servir le peuple dans le respect de ses racines, de ses traditions et de sa culture. Ceux qui veulent ancrer le pays, dans sa civilisation, et ceux qui veulent les écorcher pour les attacher à une civilisation d’outre-Mer qui ne veut pas d’eux.
Je crois qu’il existe énormément de chantiers à ouvrir, que l’avenir est à construire, que de nouvelles formes de revendications sont à imaginer, qu’il existe énormément de personnes qui peuvent agir en dehors des cercles habituels, et que si l’opposition ne le fait pas, la rue le fera. Propositions prioritaires.
1. Développer une démocratie de participation. Il s’agit de remplacer le modèle de la pratique de la vie politique représentative actuelle en l’enrichissant par la participation plus active et mieux informée des citoyens. Le peuple doit pouvoir exercer plus souvent sa souveraineté par la voie du référendum (local ou national),
2. Il s’agit de favoriser, à tous les niveaux de la décision, la prise de parole des citoyens, l’interpellation directe et publique du pouvoir politique par ceux-ci, pour l’inviter à rendre des comptes périodiquement, à prendre des engagements qu’il devra tenir.
3. Faire une large place à la concertation de proximité, pour concevoir un nouveau mode d’action publique. En instaurant une véritable responsabilité politique. En Tunisie, on préfère la stabilité et la puissance des gouvernants (nationaux et locaux) à leur contrôle démocratique.
4. Le président de la République a des pouvoirs de gouvernement énormes ; le Premier ministre et les ministres devront être collectivement responsables devant le Parlement.
5. Le Parlement, ne dispose pas de moyens efficaces pour contrôler l’action de l’exécutif ; les exécutifs locaux (maires, présidents de conseil général ou régional) sont le plus souvent de véritables monarques en leur fief, dispensés de rendre des comptes sur l’exécution de leur mandat, etc.
6. Le Parlement doit pouvoir créer des commissions d’enquête sur les activités des Gouverneurs et les Maires, cela suppose que les élus disposent de réels moyens de contrôle et d’investigation comparables.
7. Il manque en Tunisie une véritable organisation et une culture de la responsabilité politique qui implique que les gouvernants et les élus doivent rendre des comptes sur l’usage qu’ils font ou ont fait de la confiance qui leur a été accordée par leurs mandants.
8. Il faut créer des permanences assurés par les députés dans leurs circonscriptions mutuelles au siége de chaque commune, d’une façon périodique hebdomadaire de préférence. Ils doivent au moins çà à ceux qui l’ont élus.
9. Il faut alors inventer des mécanismes institutionnels permettant que pouvoir et responsabilité aillent véritablement de pair, car telle est l’une des premières conditions véritables de la démocratie.
10. Un système de gouvernement où le chef de l’exécutif sera l’émanation d’une majorité plurielle formée de députés ayant porté devant les électeurs un programme en forme de contrat passé avec les citoyens.
11. Aménager des pouvoirs équilibrés qui se contrôlent. La séparation des pouvoirs est une condition essentielle de la démocratie. Le pouvoir monopolisé par le Parti au pouvoir qui organise, la confusion entre le Parti - Etat. Tout laisse à penser que les relations entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire, la séparation fonctionne à sens unique, au profit du seul Palais de Carthage.
12. Dans les collectivités territoriales, c’est à la confusion des pouvoirs que l’on assiste, les Assemblées délibérantes étant présidées par les gouverneurs qui sont soumis aux directives du Ministre de l’Intérieur.
13. La justice, qui n’est pas reconnue par la Constitution comme un pouvoir autonome. Il faut que les pouvoirs soient séparés de façon équilibrée comme dans tous les véritables régimes parlementaires, qu’ils collaborent dans le respect de l’autonomie de chacun et qu’existent des contre-pouvoirs disposant de vrais moyens.
14. Vers une réelle distinction des compétences et des fonctions des collectivités territoriales, par des garanties d’indépendance de la justice, par la mise en place de mécanismes d’information et de contrôle croisé dans les relations entre l’exécutif et le législatif.
15. Vers un véritable statut accordé à l’opposition est l’une des solutions pour aboutir la confiance du peuple qui ne se mérite, que par la persévérance aux côtés des couches populaires les plus défavorisés. Qu’est ce que l’on peut entendre par opposition ? C’est une race d’hommes et de femmes de l’ombre, ceux qui ne sont pas contents, et qui en ont conscience, et qui agissent pour un vrai changement des choses, pas forcement dans le cadre d’un parti politique. Ce sont ceux qui sont conscients qu’il y a un problème en Tunisie. Ceux qui courent pour avoir, un siége à l’assemblée nationale au prix de leurs convictions et de leur conscience ne font pas vraiment partie de l’opposition.
16. Réhabiliter le rôle des représentants élus de la nation. Les représentants du peuple qui ont été dépouillés du pouvoir législatif et de contrôle au profit de gouvernants tout-puissants qui s’appuient sur une technocratie sans âme. L’un des enjeux majeurs de la République est de rétablir la réalité de la représentation politique, dans sa grandeur et dans ses servitudes.
17. Il faut que les élus représentent vraiment, à plein-temps, sans autres charges ; qui auront les moyens juridiques, financiers et humains ; qui nous représenteront en étant représentatifs dans notre diversité sociologique et politique sans exclusion d’aucune famille politique ?
18. Tout cela suppose que soient supprimés les mécanismes qui interdisent toute véritable initiative parlementaire pour la création de commissions d’enquête. Cela suppose que les élus puissent véritablement peser sur la dimension maghrébine de la politique nationale et internationale.
19. Etablir une justice indépendante et égale pour tous. C’est l’institution judiciaire dans son ensemble qu’il faut repenser, afin d’aboutir à une véritable indépendance de la justice, au service des citoyens, dont elle doit garantir l’égalité devant la loi ; l’indépendance de la justice, car le pouvoir de juger doit aller de pair avec la responsabilité de ceux qui jugent. Une justice indépendante et responsable, mais aussi égale pour tous, doit être une justice accessible à tous.
20. Enfin, il faut instituer un véritable front pour défendre la République et la Démocratie. La République des citoyens, celle du peuple et ses représentants.
21. Organiser des Etats -Généraux, dans tout le pays, où la parole sera donnée au peuple pour qu’il s’exprime sur tous les sujets politiques, économiques et sociales, sans qu’il ai peur, pour sa vie, sa famille ou ses biens. Sous forme d’une assemblée Constituante, afin d’abolir le monopole du pouvoir du Parti-Etat, qui détient toute l’administration à tous les niveaux régionaux et locaux.
22. Toutes les familles politiques qui acceptent le changement par la voie démocratique dans toute sa pluralité, sans exclusion seront inviter à débattre à travers les médias, dans le respect de la morale et les bonnes mœurs, sans aucune censure.DLMM qui continue à œuvrer pour l’assainissement du climat politique et milite pour l’instauration d’une vie publique pluraliste et démocratique afin de garantir à chaque citoyen de jouir de ses droits et des libertés énoncées dans la déclaration universelle et garantie par la constitution, cette demande pour combien de temps une partie de la population qui a participé aux élections en 1989 et qui représentent 20% du corps électoral soit ignorée et exclue de la participation de la vie publique de leur pays. Partant du principe que les Droits de l’Homme sont universelles et indivisibles qui est la Défense et le soutien de la personne humaine en faisant abstraction de ses idées politiques ou idéologiques et à plus forte raison lorsqu’il refuse la violence comme moyen de changement politique de la société.
Nous réaffirmons notre attachement à la concertation, au dialogue et à la négociation comme seul et unique moyen pour mettre un terme à ce climat de démission collective pour la chose publique et qui ne peut servir la démocratisation du pays où la question sécuritaire a pris le pas sur la concertation et la liberté de penser selon les règles démocratiques, la matraque qui a pris le pas sur l’urne et où les journalistes sont priés de changer de profession et les partis d’(opposition) se sont contentés d’applaudir les bienfaits du système en place.
DLMM rappelle son attachement au Droit de circulation pour tout citoyen et la lutte contre les préjugés politiques ou idéologiques, et par l’acceptation de l’autre avec ses différences et lui donner sa place dans la société, dans le respect des valeurs identitaires et républicaines.
DLMM appelle et continue à appeler à une amnistie générale([42]) qui se concrétisera par, la libération de tous les prisonniers politiques d’opinion, à commencer par Dr Sadok Chourou, Hamadi Jebali, Mohamed Akrout, Karim Harouni, et j’oubli bien d’autres, car la liste est bien longue, la reconnaissance de toutes les organisations populaires et syndicales et estudiantines, l’abolition des privilèges du parti au pouvoir en faisant du chef de l’Etat, le Président de tous les Tunisiens, l’ouverture d’une enquête publique sur la mort dans des conditions mystérieuses et responsabiliser les tortionnaires et leurs commanditaires, et engager des réparations des préjudices causés aux victimes de la torture, le retour des exilés dans la dignité Rassembler tous ceux et celles qui refusent la violence comme moyen de changement de la société autour d’un projet de réconciliation Pour Une Tunisie Libre Juste Démocratique et Indépendante .
Noisy-Le-Grand, le 30 Décembre 2003 Le Président de D.L.M.M. BOUCHADEKH Abdessalem
[1] - Bourguiba depuis 1957, puis au tour de Ben Ali depuis 1987.
[2] - Le MTI qui a tenu tête au président Bourguiba durant les années 80, jusqu’à la destitution de celui-ci par son propre Premier ministre Zine el Abidine Ben Ali le 7 Nov.1987.
[3] - Mohamed Bel Hadj Amor pour le PUP (Parti de l’unité populaire) et Abderrahman TLILI pour l’UDU (l’Union démocratique unioniste).
[4] - Il s’agit du MDS (Mouvement des démocrates socialistes) de Smaïl Boulahia, du Parti « Ettajdid » (ex-Parti communiste) de Mohamed Harmel, du RSP (Rassemblement des socialistes progressiste) « trotskiste » de Néjib Chabbi et du Parti libéral de Mounir Béji.
[5] - Bourguiba, au Congrès du PSD le 10avril 1981
[6] - Journaliste à Jeune Afrique, (Hebdomadaire parisien du 18-11-81)
[7] - Les trois décennies Bourguiba, de Tahar Belkhodja, éditions Publisud, 1998,Paris
[8] - Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD au pouvoir)
[9] - Le Mouvement des démocrates socialistes( MDS)
[10] - Ex-Parti communiste tunisien
[11] - l’Union démocratique unioniste (UDU).
[12] - Parti de l’Unité Populaire (PUP)
[13] - Le Parti Social Libéral (PSL)
[14] - Le Rassemblement Socialiste Progressiste (RSP)
[15] - Listes soutenus par le parti non reconnu En-Nahdha qui ont raflé environ 20% des voix exprimés.
[16] - voir reportage de Catherine Simon du quotidien « Le Monde » du 23 -10-99
[17] - Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD au pouvoir)
[18] - Le Mouvement des démocrates socialistes( MDS)
[19] - Ex-Parti communiste tunisien
[20] - l’Union démocratique unioniste (UDU).
[21] - Parti de l’Unité Populaire (PUP)
[22] - Le Parti Social Libéral (PSL)
[23] - Le Rassemblement Socialiste Progressiste (RSP)
[24] - Listes soutenus par le parti non reconnu En-Nahdha qui ont raflé environ 20% des voix exprimés.
[25] - En raison des conditions d’éligibilité très restrictives imposées par les autorités, ni les leaders des autres partis politique, ni d’autres personnalités indépendantes - sans parler des représentants des partis non reconnus, en particulier Mohamed Mouada & Moncef Marzouki.
[26] - voir reportage de Catherine Simon du quotidien « Le Monde » du 23 -10-99
[27] - voir reportage de Catherine Simon du quotidien « Le Monde » du 23 -10-99
[28] - Rapport annuel de Reporters S/Frontières 1999
[29] -« Sociologie d’une révolution » de Frantz Fanon pages 18-21.Petite collection maspero 1968, ISBN 2-7071-0002-1
[30] - « Sociologie d’une révolution » de Frantz Fanon pages 18-21.Petite collection maspero 1968, ISBN 2-7071-0002-1
[31] - « Sociologie d’une révolution » de Frantz Fanon pages 18-21.Petite collection maspero 1968, ISBN 2-7071-0002-1
[32] - « Sociologie d’une révolution » de Frantz Fanon pages 18-21.Petite collection maspero 1968, ISBN 2-7071-0002-1
[33] - Xavier Ternisien • ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU « Le Monde » du 26.12.03
[34] - Xavier Ternisien • ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU « Le Monde » du 26.12.03
[35] - Dr Hachemi Ayadi Adresse électronique : HachmiAyadi@yahoo.fr
[36] - Ministre de l’Education Nationale de 1989 à 1995, conseiller du Président Ben Ali, dans sa politique d’éradication des Islamistes
[37] - Idem.
[38] - Idem.
[39] - Idem
[40] - Idem.
[41] - Idem.
[42] - Voir communiqué du 10-12-1998