Pour une action efficiente afin de libérer les Prisonniers Politiques Tunisiens

Salah Tagaz — 2005-05-25T13:52:48Z

Pour la énième fois une journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques en Tunisie est organisée par diverses associations issues de la société civile internationale donnant ainsi une occasion à des personnalités de divers horizons de se réunir et soutenir ces Prisonniers d'opinion Tunisiens en détresse et en danger imminent.Nul doute, cet acte est sincère et noble.

Une question néanmoins me dérange : faut-il se contenter de sa présence, éventuellement de prendre la parole pour dénoncer, rappeler sa littérature dénonciatrice publiée ou adressée ici et là.

Certes la tenue de cette journée est importante mais faut-il en rester là et continuer à agir de la même façon : se réunir, dénoncer, signer un communiqué et puis, ...
Un constat est plus que jamais urgent au vu des maigres résultats obtenus suite à cette manière de faire, de dénoncer et de soutenir.

La situation des prisonniers d'opinion en Tunisie est :

Un drame vécu quotidiennement par les prisonniers, leurs familles et leurs amis,
Un défi urgent pour l'opposition tunisienne, les défenseurs des droits de l'Homme et toute conscience libre à travers le monde,
Une honte sur le front de chaque tunisien quelque soit ses opinions politiques, son idéologie et son appartenance,
Une comédie que le pouvoir organise en guise de carotte et de bâton pour faire passer sa politique visant l'anéantissement du peuple et la marginalisation de l'opposition.

Une littérature ayant pour sujet les prisonniers politiques tunisiens rend compte quotidiennement leur souffrance, leur calvaire et leur agonie. Elle met en évidence qu'une mort programmée est mise en place. L'objectif visé par la dictature consiste à faire passer un message fort en direction de la société et de l'opposition « contester la politique du changement, s'opposer au général président est synonyme de mort biologique et/ou sociale ».

La littérature infirmant les allégations mensongères que la dictature met en avance pour légitimer la condamnation à des lourdes peines, la détention dans des conditions inhumaines d'un grand nombre des tunisiens et le refus de les considérer comme prisonniers politiques est abondante et convaincante.
Je peux dire que de ce point de vue les actions conjugués de toutes ces personnes et associations ont réussi à faire connaître la situation des ces hommes, ces familles qui souffrent. Elles ont démontré la supercherie que le pouvoir tunisien essaye de mettre en scène depuis quelques années.

Il faut souligner avec vigueur que ces actions ont été largement aidées, d'un coté, par la dignité, la force de conviction des prisonniers eux même qui, de l'intérieur de leur geôles ou de leur lieu d'exil pour ceux qui sont libérés, confirment leurs qualités politiques, humaines et leur attachement aux principes humaines universelles : démocratie, libertés et justice pour tous sans ségrégation quelque soit la raison.

D'un autre coté cet aide est venue du mouvement Ennahdha auquel appartient la quasi-totalité des ses prisonniers en montrant :

· un attachement sans faille à une action civile et pacifique refusant tout recours à la violence,
· une modération imprégnant sa culture et son action politique qui milite pour la démocratie et le droit de tous à l'expression et à l'existence,
· un attachement aux principes humains universels fédérateurs de la communauté humaine,
· une maturité démontrée au fil du temps et de l'épreuve qui fait de ce mouvement une composante plus que nécessaire à l'équilibre social, politique et culturel de la société tunisienne.

Le pouvoir prétend ne pas détenir dans ses prisons des prisonniers politiques. Il martèle qu'il s'agit des citoyens impliqués dans des actions terroristes jugés par des tribunaux indépendants. Il allègue également que ces prisonniers appartiennent à un mouvement terroriste représentant un danger imminent à la paix non seulement nationale mais aussi internationale.

Les actions menées par la société civile tunisienne et mondiale, la dignité et le comportement des prisonniers, la maturité du mouvement Ennahdha ont mis à mal la crédibilité du pouvoir.

Ainsi un point important est marqué, certes après tant d'années mais il vaut mieux tard que jamais. Ce qui doit nous préoccuper actuellement ce n'est plus la sensibilisation quant à la situation de ces prisonniers, cet objectif est atteint. Notre stagnation sur ce point risque de contribuer indirectement au rallongement du calvaire de ces prisonniers. Il ne faut pas oublier que chaque jour passé derrière les barreaux ou à l'exil, séparé de sa famille, ne fait que rapprocher la fin souhaitée par le pouvoir : l'extinction de l'être. Il est plus qu'urgent de passer à la vitesse supérieure : agir autrement pour que le calvaire cesse.

L'opinion publique nationale et internationale sait très bien ce qui se passe dans les prisons tunisiennes. Elle est également consciente que le pouvoir tunisien ne fait que répandre des mensonges et des contres vérités par des compagnes médiatiques ou des mesures trompeuses pour garantir plus de soutien venant des forces internationales qui ont démontrées que les droits élémentaires de peuples n'ont aucune valeur devant leurs intérêts et stratégies hégémoniques.

Les rapports, les pétitions et les correspondances, en dépit de leur utilité et de leur intérêt, ne suffisent plus pour sortir les prisonniers politiques tunisiens de leur agonie. Il est temps d'adopter d'autres modes de lutte civile obligeant le pouvoir tunisien à cesser de nuire, les forces qui le soutiennent à revoir leurs stratégies.

Je suis persuadé que nous avons la possibilité d'innover en matière de résistance à la dictature, les possibilités d'actions civiles et pacifiques ne se limitent pas aux communiqués, pétitions et correspondances.

Organiser des grèves de la faim dans des édifices internationales telles que l'ONU, l'UNESCO, européennes telles que la commission européenne et le parlement européen et Arabes telle que l'institut du monde arabe en France et les délégations de la ligue du monde arabe en Amérique et quelques pays européens n'est peut-être pas impossible.

Organiser des actions symboliques simultanées dans les quatre points du monde est un autre voie qui mérite d'être explorée.

La situation bougera, le calvaire s'arrêtera, l'injustice sera réparée et l'arbitraire sera éradiqué dès que notre action sera efficiente. Elle le sera dès que la dynamique engagée sera à la hauteur de la gravité de la situation.
Si l'objectif de nos actions passées était de rendre compte de la situation des prisonniers politiques en Tunisie, il est temps actuellement, puisque cet objectif est atteint, de mettre un point final à cette situation qui dure depuis 15 ans et qui empêche l'épanouissement de la société tunisienne, ralentisse son évolution vers la démocratie et constitue un danger qui pourrait précipiter le pays dans une situation grave à laquelle personne ne pourra faire face.

La maturité du peuple tunisien, l'attachement de chaque conscience à la paix et aux valeurs humaines universelles, le bon sens exigent cette dynamique nécessaire pour l'assainissement de l'atmosphère socio-politique tunisienne.

Tunisie Réveille Toi !

Pour une action efficiente afin de libérer les Prisonniers Politiques Tunisiens