Tunisie Réveille Toi !

Revue de presse n°444 du jeudi 3 juin 2004

Ahmed Fouednejm — 2004-06-03T10:58:58Z

N ° 444

La Revue de Presse (RDP) est publiée sur le site www.reveiltunisien.org.

- Ettounsi, webmestre de www.tunezine.com a été arrêté le 4 juin 2002. Il fut libéré le 18 novembre 2003. Demain, nous commémorerons ce 2ème anniversaire qui nous rappelle que le chemin vers la liberté ne peut se faire sans sacrifices. Merci Ettounsi. Honte à la dictature qui t'a emprissonné. Honte aux rétrogrades qui se prétendent opposants et qui distillent leur venin partout où ils passent(lan yamo33ou, camarade). Gloire à TUNeZINE ; une des principales lueurs d'espoir du net tunisien.

- La finale féminine de Roland-Garros sera russe : Dementieva affrontera Myskina. Côté masculin, les demi-finales opposeront vendredi Coria à Henman et Nalbandian à Gaudio. Il y a deux semaines, j'avais prédit une victoire finale de Coria. Mais comme j'ai également pronosticé une victoire de Capriati, je vous conseille de ne pas me faire confiance !

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fouednejm@hotmail.com et fouednejm@yahoo.com

La revue de presse, ce sont les meilleurs articles des principaux quotidiens européens ainsi que les infos de dernière minute des agences de presse choisis pour vous en toute subjectivité par Ahmed fouednejm. Les URL de quelques articles du site de la télévision qatarie Al Jazeera (en arabe) et d'Al Quds Al Arabi (journal panarabe édité à Londres) seront également donnés.

Sommaire :

Partie arabe : (Al Quds Al Arabi)

1. A la une d'Al Quds Al arabi du 3 juin : Dans un rapport présenté à la Knesset, Sharon précise avoir eu l'autorisation de Washington pour utiliser "des armes non conventionnelles pour protéger Israël".

Partie Française : (AFP, AP)

Au sommaire aujourd'hui 4 dépèches AFP et de l'AP.

CIA : Démission de Tenet (AP)

Palestine : Vague d'arrestations en Cisjordanie (AP)

Tunisie : Démenti des autorités + Condamnation d'un "opposant" (AFP)

Achevée aujourd'hui à 17 H 35 GMT.

Bonne lecture !

I CIA :

http://www.cyberpresse.ca/monde/article/1,151,1062,062004,701431.shtml

Directeur de la CIA . George Tenet démissionne

Associated Press

Washington

George W. Bush a annoncé jeudi que le directeur de la CIA George Tenet avait remis sa démission invoquant des « raisons personnelles ».

Le président américain a ajouté que le numéro deux de l'agence fédérale assurerait l'intérim à la tête des services secrets américains jusqu'à ce que le successeur de George Tenet soit désigné.

George W. Bush a rendu hommage à un responsable « fort et capable ». « Il me manquera », a-t-il déclaré alors qu'il s'apprêtait à embarquer à bord de l'hélicoptère Marine One pour un déplacement sur la base aérienne Andrews dans le Maryland avant de partir pour l'Europe. « J'adresse un message de sympathie à George et sa famille et je me réjouis de travailler avec lui jusqu'à son départ de l'agence ».

Le directeur de la CIA était sur la sellette depuis plusieurs mois, après que les services de renseignement américains eurent été mis en cause dans le dossier des présumés armes de destruction massive irakiennes et l'évaluation de la menace représentée par le réseau Al-Qaeda.

Au cours de ses sept années à la tête de la CIA, les spéculations sur une démission ou un limogeage de George Tenet étaient allé bon train, en particulier après les attentats du 11 septembre 2001 et les affirmations du renseignement sur l'arsenal irakien.

Mais il paraissait établi que George Tenet, qui avait été nommé par l'ex-président Bill Clinton, ne comptait pas rester en place l'an prochain, quel que soit le vainqueur de l'élection présidentielle de novembre. George Tenet dirigeait la CIA depuis juillet 1997, une longévité inhabituelle à une période particulièrement délicate pour le renseignement américain.

II NY Times :

http://www.cyberpresse.ca/monde/article/1,151,1065,062004,701201.shtml

Vague d'arrestations en Cisjordanie

Associated Press

Jérusalem

Deux chefs des Brigades des martyrs d'al-Aqsa qui se cachaient dans le compartiment secret d'un appartement ont été arrêtés par les soldats israéliens tôt jeudi matin à Naplouse en Cisjordanie.

Jamal Nablousi et Sultan Tachtouch étaient recherchés pour avoir perpétré des attentats meurtriers en Israël. Ils ont été arrêtés dans un appartement de la vieille ville de Naplouse, selon les radios israéliennes.

Selon la radio de l'armée israélienne sont soupçonnés d'avoir préparé les ceintures d'explosif utilisées par des kamikazes qu'ils ont envoyé commettre des attentats en Israël.

Les soldats ont fouillé tout l'immeuble avant de trouve le compartiment secret au troisième étage. Après avoir fait sortir tous les occupants, ils ont jeté une grenade dans la cache. La grenade a explosé mais n'a pas blessé les deux hommes qui sont sortis peu après.

III Tunisie :

Démenti des autorités sur l'interdiction d'une réunion d'opposants

TUNIS, 2 juin (AFP) - Les autorités tunisiennes ont démenti avoir interdit une réunion collective de formations d'opposition consacrée aux élections d'octobre, affirmant ne "rien à voir" avec la décision d'un hôtel de ne pas l'accueillir.

"Les autorités tunisiennes n'ont absolument rien à voir avec la décision de la direction d'un hôtel de ne pas accueillir la réunion", a précisé une source officielle à Tunis, refutant des "accusations infondées" d'opposants.

Des formations d'opposition avaient protesté mercredi contre l'interdiction d'une réunion initialement prévue le 4 juin et accusé les autorités de brimer la liberté d'_expression.

Leurs dirigeants avaient indiqué avoir été informés de l'interdiction de leur réunion par la direction d'un hôtel réservé à cet effet et affirmé que celle-ci avait agi sur ordre des autorités.

"Les autorités ne sont pas concernées par cette décision émanant d'une structure (hôtel) privée", a-t-on assuré de même source officielle dans un communiqué transmis à l'AFP.

Selon la même source, les organisateurs auraient pu "aisément" tenir leur réunion dans un autre endroit, au lieu de "porter des accusations infondées" relevant de "la propagande politicienne".

La rencontre initialement prévue le 4 juin devait porter sur les élections présidentielles et législatives d'octobre 2004 "à la lumière des amendements de la Constitution".

Ses organisateurs sont hostiles à des amendements approuvés par référundum en mai 2002 et permettant notamment au président Zine El Abidine Ben Ali de briguer un quatrième mandat présidentiel.

"La Tunisie a fait le choix du pluralisme politique et de la liberté d'_expression", a ajouté la même source officielle, affirmant que "les partis d'opposition s'expriment librement sur les sujets de leur choix à travers différentes tribunes et exercent pleinement leurs droits reconnus et garantis par la loi".

Les organisateurs de la réunion interdite avaient également dénoncé une brimade à l'encontre de l'organe du PDP, "al-Mawkef" dont le rédacteur en chef a été convoqué au ministère de l'Intérieur et averti contre "des dépassements de limites" dans le traitement de certaines informations.

La réunion annulée devait se tenir à l'initiative du Parti démocratique progressiste (PDP,légal), du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, légal) et du Parti communiste des ouvriers (PCOT, toléré) auxquels s'étaient joints des dissidents du Mouvement des démocrates socialistes (MDS, légal).

Un opposant condamné à neuf ans de prison pour abus de pouvoir

TUNIS, 3 juin (AFP) - Abderrahmane Tlili, secrétaire général d'un parti d'opposition tunisien, a été condamné à 9 ans de prison ferme essentiellement pour abus de pouvoir durant sa gestion de l'Office de l'aviation civile et des aéroports (OACA) dont il avait été le Pdg, apprend-on jeudi de source judiciaire à Tunis.

Ce jugement a été rendu par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis qui a délibéré dans la nuit de mercredi à jeudi à l'issue d'une audience marathon au cours de laquelle la défense a plaidé "la nullité" de la procédure pour divers vices de forme et de fond et réclamé le non lieu, a indiqué à l'AFP un des avocats de M. Tlili, Me Anwar al-Bassi.

Le secrétaire général de l'Union démocratique unioniste (UDU, 7 sièges au parlement) a été également condamné au paiement d'une amende de 42,7 millions de dinars (27,773 millions d'euros).

Le tribunal l'a jugé coupable d'"abus de pouvoir pour l'obtention de profits illicites pour lui-même et pour le compte d'autrui", ainsi que de délits de préjudice à l'administration, de non déclaration de biens immobiliers acquis à l'étranger et de tentative de cession de ces biens sans autorisation de la banque centrale" de son pays, a-t-on précisé de source judiciaire.

Incarcéré depuis août 2003, M. Tlili a été jugé en même temps que deux chefs d'entreprises poursuivis pour complicité et usage de faux dans la cession de marchés publics en contravention des procédures légales.

Mounir Sahnoun a été condamné à 7 ans de prison et Hafedh Chabchoub à 5 ans de prison, ainsi qu'au paiement d'une amende de 6,7 millions de dinars chacun, le tribunal ayant également condamné solidairement les trois accusés à une amende supplémentaire de 6 millions de dinars en dédomagement au profit de la partie civile, représentée par l'Etat tunisien.

Incarcéré en août 2003, M. Tlili était jugé depuis le 5 mai avec les deux chefs d'entreprises.

Au cours de son interrogatoire à l'audience de mercredi, M. Tlili s'est disculpé des charges retenues à son encontre, niant avoir usé de son pouvoir pour l'octroi de marchés en tant que PDG de l'OACA.

Il s'est vu reprocher la concession en 2001 à des connaissances des travaux d'aménagement de trois aéroports tunisiens, dont celui de Djerba, aux dépens notamment d'une société française (Sodica) qui devait remporter un marché estimé à 5 millions de dinars (1 dinar = 0,66 euro).

L'affaire a démarré à la suite d'une inspection de la gestion de l'OACA par la Commission de contrôle général des services publics, qui avait constaté "de graves abus" de M. Tlili, a-t-on indiqué de même source judiciaire.

Pour sa défense, les avocats ont affirmé qu'en tant que PDG d'un office de l'Etat, Abderrahmane Tlili, n'était pas en mesure de céder des marchés "sans l'aval direct" des autorités de tutelle et ne détenait aucun pouvoir personnel pour en tirer profit pour lui-même ou des tiers.

Selon Me Anwar al-Bassi, "aucun acte de gestion" n'a été versé dans le dossier d'instruction, qui ne contient que des factures et bons de commandes portant la signature de l'accusé et celle du directeur du contrôle de la gestion à l'OACA.

Concernant les biens immobiliers non déclarés, deux immeubles en Suisse, le prévenu a été condamné, selon son avocat, sur la base d'une annonce publiée dans la presse par un agent immobilier, au moment où M. Tlili était incarcéré.

Abderrahmane Tlili avait été mis à la retraite le 21 août 2003 peu avant son arrestation. Il avait dirigé plusieurs entreprises d'Etat et avait été, en 1999, un des candidats à la première élection présidentielle pluraliste en Tunisie.

A bientôt

Lèche-vitrine ou lèche-écran ? Yahoo ! Magasinage.

Revue de presse n°443 du lundi 31 mai 2004

Ahmed Fouednejm — 2004-06-02T11:44:56Z

N ° 443

La Revue de Presse (RDP) est publiée sur le site www.reveiltunisien.org.

- Non, la revue de presse ne reprend pas un envoi régulier. C'est juste uen apparition d'outre-tombe qui en annonce, peut-être d'autres. In'challah !

Vous êtes désormais 155 personnes à recevoir quotidiennement la RDP.
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fouednejm@hotmail.com et fouednejm@yahoo.com

Sommaire :

Partie arabe : (Al Quds Al Arabi)

1. Une information à la une d'Al Quds Al arabi du 31 mai : Lors d'une rencontre qui s'est déroulée la semaine dernière à Ramallah, le colonel Omar Solimen, chef des services secrets égyptiens, a transmis à Yasser Arafat un ultimatum israélien qui oblige ce dernier à unifier les différents services de sécurité de l'Autorité palestinienne (AP) et à renoncer à ses prérogatives de président de l'AP. Selon les informations du journal, Arafat doit se conformer à ces ordres, d'ici le 15 juin, sous peine de voir la protection américano-égyptienne sur sa personne levée.

Partie Française : (Le Monde + dixit)

Au sommaire aujourd'hui 2 articles du Monde et du Dixit.

Algérie (Le Monde, édition du 1er juin 2004)

NY Times (Dixit)

Achevée aujourd'hui à 18 H 30 GMT.

Bonne lecture !

I Une histoire bien triste :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-366850,0.html

Le ventre de "une"

A Alger, la fin tragique du "rêve d'or" de Djamel Taleb

Alger de notre envoyée spéciale

Il a franchi rapidement le poste de sécurité pour entrer dans la cour de la Maison de la presse Tahar-Djaout. C'est là, dans cette enceinte sécurisée, au centre de la capitale, que sont installés la plupart des quotidiens algériens. OAS_AD('Middle') ;

Rien ne pouvait laisser deviner ses intentions, sinon le fait qu'il paraissait trempé. Devant des journalistes qui bavardaient, il a allumé un briquet. Ses vêtements, déjà imbibés d'essence, se sont enflammés aussitôt. Transformé en torche, l'homme a couru sur une dizaine de mètres. Ses cris, l'odeur, la fumée... Quand on a réussi à trouver un extincteur et à le vider sur lui, Djamel Taleb vivait encore. Il était même conscient. Etendu sur le sol, les bras en croix, il râlait et suppliait à voix haute qu'on transmette son message. Il parlait d'injustice, de "hogra" (mépris), de sacrifice et d'un juge d'instruction responsable, disait-il, de son malheur. Il entrecoupait ses phrases de "ش mon Dieu", "Vive l'Algérie" et "A bas la corruption..." Il est mort, le vendredi 21 mai, trois jours après son admission dans un hôpital d'Alger.

Si une quinzaine de journalistes ont assisté à la scène, seule l'équipe d'El Watan a pris la peine d'enquêter sur cet homme. Djamel Taleb avait un peu plus de 40 ans. Père de trois enfants, il habitait Djelfa, à 300 kilomètres au sud de la capitale. Après deux années de droit, il avait exercé plusieurs métiers : commerçant, entraîneur en arts martiaux, chauffeur de taxi. En 1991, il acquiert un terrain, avec l'idée d'y monter un centre commercial. Il lui donne un nom : "Le rêve d'or de Djelfa". Mais le rêve tourne au cauchemar. Trop de dettes, trop de duperies, et des créanciers sans scrupule. Quand Djamel Taleb tente de négocier, il se heurte à la plaie de l'Algérie : "le terrorisme administratif", comme il l'appelle. En juillet 2002, son terrain est vendu par adjudication, pour une bouchée de pain, à un puissant homme d'affaires. Djamel Taleb parle de coup monté, réclame une enquête à cor et à cri et frappe à toutes les portes. Chaque fois, il se heurte à un mur. Le 17 mai, il quitte Djelfa pour Alger. Le lendemain, mardi, il s'immole par le feu.

Florence Beaugé

II NY Times :

http://cyberie.qc.ca/dixit/20040531.html

Québec, le 31 mai 2004

La demi-confession du New York Times

Alors que le président Bush et ses comparses n'expriment aucun remord au sujet des monstruosités qui leur sont imputables, l'influent New York Times (NYT) consent à s'interroger sur ses performances de l'année écoulée. Ce n'est pourtant pas cette confession partielle et alambiquée qui restituera sa pleine crédibilité au grand quotidien américain. Après comme avant les aveux, le NYT demeure à criante distance du mass-média auquel la société américaine et le monde ont dû autrefois la bénéfique révélation des Pentagon Papers. Espérons que l'on mesurera la différence et que l'abcès recevra, plutôt qu'une simple mention, un solide coup de lancette.

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Le grand quotidien new-yorkais traverse à coup sûr une période agitée. Parmi les scandales qui ont affligé le journal, l'opinion publique conserve encore le souvenir de ce jeune journaliste qui a réussi, sous le nez de collègues et de cadres un peu agacés de sa soudaine célébrité, à plagier ou à inventer de toutes pièces des reportages flamboyants. Des têtes ont roulé par la suite, mais preuve était faite que le journal, réputé pour sa rigueur, contrôlait mal sa propre rédaction. Or, voilà que le NYT est contraint d'avouer que plusieurs textes publiés au cours de l'année écoulée provenaient d'une source pour le moins douteuse et n'avaient fait l'objet d'aucune vérification de la part des pupitres ou des cadres.

La confession serait plus émouvante si le NYT expliquait sa lenteur à passer aux aveux. Il y a quand même des mois que circulent ouvertement dans divers médias des accusations précises au sujet des déficiences de l'information répandue par le journal. La journaliste au coeur de la tricherie n'est pas identifiée nommément dans le communiqué du NYT, mais plusieurs chroniqueurs réputés, comme Robert Fisk, ont plusieurs fois donné son nom, l'ont rattachée à l'Irakien en exil Ahmed Chalabi et multiplié les mises en garde. Sans résultat. Le NYT ne peut certes pas prétendre aujourd'hui qu'il libère sa conscience par seul souci du bien commun : il était devenu indécent de nier l'évidence.

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Ce qui gêne davantage, c'est que le NYT a attendu pour s'expliquer que le lobbyist, banquier et politicien Chalabi tombe en disgrâce. Comme tout le monde, les dirigeants du NYT ont vu Chalabi parmi les invités d'honneur du président Bush lors du discours sur l'état de la nation. Le personnage trônait même à la première rangée. Or, on savait déjà, le NYT aussi, à quoi s'en tenir quant à la connexion entre Chalabi et la journaliste du NYT. Pendant les mois qui précèdent et suivent la montée en puissance de Chalabi, le grand quotidien le cite comme si l'individu était crédible, fiable, sincèrement déterminé à rebâtir un Irak libre. Pendant ce temps, d'autres médias et de nombreux sites Internet fouillaient le curriculum de Chalabi et exhumaient le récit de ses malversations et de sa condamnation pour fraude (entre autres péchés) par un tribunal jordanien. Pour dire les choses brutalement, le NYT n'a dénoncé les liens entre sa journaliste et Chalabi qu'au moment où l'activiste Chalabi a été à terre. Comme journalisme d'enquête, on a déjà vu mieux. La confession ressemble plus à un effort pour limiter les dégâts qu'à un soudain réveil de la conscience professionnelle.

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Il y a plus grave. Les longs silences au sujet de Chalabi et de sa « contribution » à l'information du journal n'expliquent pas vraiment les choix éditoriaux du NYT depuis l'invasion de l'Irak. C'est là que la comparaison entre le NYT d'aujourd'hui et celui des Pentagon Papers est particulièrement dévastatrice. ہ l'époque, la présidence américaine mentait presque aussi allègrement qu'elle le fait aujourd'hui. On créait des prétextes pour justifier une attaque, on dissimulait les preuves de mauvais traitements et de massacres de civils, on bombardait le Cambodge tout en jurant ne pas même l'avoir regardé, etc. Au lieu de pratiquer la foi aveugle, ce qui produit généralement le pire des journalismes, le NYT de l'époque a talonné l'administration, vérifié ses dires, étalé mensonges et contradictions. Quand Daniel Ellsberg a offert au journal les documents établissant hors de tout doute les vrais objectifs du Pentagone, le NYT de l'époque a accepté la mission et affronté carrément la Maison-Blanche. Le NYT a joué alors, glorieusement, le rôle attendu d'un magnifique organe d'information. Tout comme deux jeunes journalistes du Washington Post ont honoré le journalisme en déboulonnant le complot du Watergate.

Cette fois-ci, le NYT s'est conduit en croyant fidèle et candide plus qu'en chien de garde de la démocratie. Il a été courroie de transmission plus que quotidien critique et alerte. La docilité a été telle que l'intoxication réussie par Chalabi n'est qu'un simple épisode dans une immense démission. On peut même penser que le NYT utilise ce cas circonscrit pour occulter le coeur du problème, un peu comme l'administration Bush fait porter à quelques soldats la responsabilité des mauvais traitements infligés aux détenus irakiens. Oui, Chalabi a tout fait pour induire le NYT en erreur, mais un journal de ce gabarit a précisément pour tâche de démasquer les faux prophètes. Le NYT se moque du public s'il laisse entendre que les pressions de Chalabi ont de façon déterminante dicté ses positions au journal. D'autres influences ont pesé plus lourd, mais c'est d'elles que le NYT tient à ne pas parler.

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Parmi les pressions qui ont conduit les ةtats-Unis à se moquer du Conseil de sécurité, à ignorer les inspecteurs de l'ONU et à envahir illégitimement l'Irak, on ne saurait surestimer celles qu'Israël a exercées directement ou par démarcheurs interposés. Israël a si peu dissimulé sa détestation de Saddam Hussein qu'on ne peut imputer à l'antisémitisme la conviction que les alliés étatsuniens d'Ariel Sharon ont utilisé tous leurs réseaux pour provoquer l'invasion de l'Irak. Les menaces proférées par les faucons de la Maison-Blanche à l'endroit de la Syrie et de l'Iran doivent beaucoup elles aussi aux vues d'Israël.

En quoi les préférences d'Israël concerne-t-elles le NYT ? En ceci : le journal appuie si massivement les thèses israéliennes que, depuis des mois, il analyse la situation irakienne à travers la grille d'analyse d'Ariel Sharon. Le triste sire qu'est Chalabi a influencé le NYT infiniment moins que ne l'ont fait les faucons étatsuniens affidés à Ariel Sharon. ہ quoi s'ajoute le penchant pro-israélien que manifestent spontanément et constamment les grandes signatures du NYT, à commencer par Thomas Friedman. Valorisé par les plus importants porte-parole du journal et renforcé par les pressions extérieures, le courant favorable à Israël a contribué plus que toute autre variable à ranger le NYT dans le camp des guerriers. C'est de ce côté que devrait porter l'examen de conscience du NYT si le journal entend établir le lieu précis où s'est produite l'erreur d'aiguillage. Affirmer que Chalabi a infléchi à lui seul la trajectoire du NYT, c'est traiter les lecteurs en cruches à remplir ; le NYT achèvera de se discréditer s'il insiste encore sur cette pitoyable argumentation.

ہ sa manière, le NYT est confronté à un défi semblable à celui qui se dresse devant la Maison-Blanche : comment sortir d'un marécage ? Immoler Chalabi ne tire pas le NYT de son guêpier, pas plus que le recours à la cour martiale pour une demi-douzaine de GI n'innocente Bush, Rumsfeld et Ashcroft. Le NYT a fait faux bond à son public pendant plus d'un an ; il n'a encore rien écrit qui lui vaille l'absolution.

Comprenons-nous bien. Il ne s'agit pas de délirer comme au temps du Protocole des sages de Sion. Il ne s'agit même pas de contester le droit du NYT au choix de ses causes. Servi et encadré par un lectorat massivement juif, le quotidien serait tristement désincarné s'il ne tenait pas compte des loyautés du milieu qu'il dessert. Tout cela va de soi. Tout cela se comprend à condition d'être dit. En l'absence d'un examen complet de son asservissement, le journal escamote la question essentielle : sous quelles influences le NYT a-t-il aussi mal choisi ses causes depuis que se prépare l'invasion de l'Irak ? Qu'on oublie Chalabi et qu'on réponde sérieusement.

Laurent Laplante

Remarque : Pour consulter les liens qui accompagnent cet article, se référer à : http://cyberie.qc.ca/dixit/20040531.html

A bientôt

Radia Nasraoui hospitalisée suite à la dégradation de son état de santé

Ahmed Fouednejm — 2003-11-12T21:00:04Z

Remarque personnelle : Vous noterez que la source officielle est tellement bien informée qu'elle sait que Me Nasraoui dispose de deux lignes téléphoniques !

TUNIS, 12 nov (AFP) - L'avocate tunisienne Radia Nasraoui, en grève de la faim depuis 29 jours, a été hospitalisée d'urgence mercredi à Tunis en raison de la dégradation de son état de santé, a indiqué à l'AFP son mari Hamma Hammami.

"Elle a perdu dix kilos, son état de santé s'est profondément dégradé et a pris un tournant dramatique", a déclaré M. Hammami faisant état d'un bulletin alarmant de son médecin.

L'avocate, "de plus en plus affaiblie et souffrant de troubles neurologiques intermittents", a été transportée dans une polyclinique privée à la demande de son médecin.

Souffrant également d'un début de deshydratation, Mme Nasraoui devait subir un électrocardiogramme et des explorations de ses fonctions rénales et cardiaques, a-t-on encore indiqué de source médicale.

Radia Nasraoui, 49 ans, s'était mise en grève de la faim le 15 octobre dernier pour réclamer que soit mis fin au harcèlement dont elle étai t l'objet ainsi que sa famille, en raison de son action en faveur des droits de l'Homme, de sa défense des "prisonniers d'opinion" et de sa dénonciation de la torture, avait-elle indiqué.

Elle a reçu le 8 novembre deux députées françaises du Parlement européen, Hélène Flautre et Yasmine Boudjenah, ainsi qu'un membre de la Fédération internationale des Ligues de Droits de l'Homme, Dominique Noguères, venues lui exprimer leur "solidarité" dans sa grève de la faim.

Réagissant pour la première fois à cette grève de faim, une source officielle tunisienne a rejeté les revendications de Me Nasraoui les qualifiant d'"allégations dépourvues de tout fondement".

"Elle reçoit tant à son domicile qu'à son cabinet, qui elle veut et se déplace librement, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger", a indiqué la source aux organes de presse étrangers.

Mme Nasraoui "dispose de deux lignes téléphoniques et communique normalement avec qui elle veut (et) aucun membre de sa famille ne fait l'objet de pressions ou de tracasseries d'aucune sorte", a-t-on encore affirmé de source officielle tunisienne.

La presse nationale tunisienne, n'a jusqu'à présent pas fait état de la grève de la faim de l'avocate.

L'arbitraire règne toujours à Tunis (Le Soir)

Ahmed Fouednejm — 2003-11-08T20:21:36Z

Le Soir (belge), 8 novembre 2003

http://www.lesoir.be/articles/a_048325.asp

Tunisie - Seize ans de « benalisme »

L'arbitraire règne toujours à Tunis

BAUDOUIN LOOS

Hier vendredi, le « Changement », comme on doit dire en Tunisie, a eu seize ans. Seize ans, donc, que Habib Bourguiba, « président à vie », a été déposé nuitamment lors d'un « coup d'Etat médical » qui a vu Zine el-Abidine Ben Ali prendre le pouvoir sans coup férir, pour ne plus le quitter. Mais, seize ans aussi, pendant lesquels la Tunisie s'est surtout fait remarquer par sa propension à violer les droits de l'homme, tout en vantant des bilans contraires. Parmi d'autres, deux pénibles exemples récents illustrent ces dérives.

Depuis le 15 octobre dernier, Radhia Nasraoui, une avocate de 49 ans, observe une grève de la faim. Comme elle nous l'a dit par téléphone, elle veut, par ce moyen extrême, obtenir la fin du harcèlement policier dont elle fait l'objet, et l'ouverture d'instructions concernant plusieurs plaintes qu'elle a déposées ces dernières années et qui sont restées sans suite. J'ai été plusieurs fois agressée physiquement par des policiers, frappée et contusionnée devant témoins, raconte-t-elle. Ma dernière plainte remonte au 15 juillet, comme les autres, elle a été jetée à la poubelle. J'ai tout connu ; on a incendié la porte de ma maison, on a saccagé mon cabinet, on terrorise mes clients, ma famille, mes enfants, mes amis, mes frères et mon mari n'ont pas le droit de travailler.

Impunité

Qu'a donc fait ce petit bout de femme pour encourir ainsi les foudres de la police du régime ? Elle défend… les droits de l'homme, y compris ceux de prisonniers islamistes, une posture politique dangereuse en Tunisie. « Ils » veulent que je sois leur complice, que l'on taise les atteintes aux droits humains. Je ne suis pas seule dans ce cas : par exemple, le bâtonnier du barreau de Tunis, Béchir Essid, a lui aussi été agressé devant témoins, le 10 mai, et il n'y a même pas eu un semblant d'enquête, cela parce que M. Ben Ali, qui contrôle tout, en a décidé ainsi. Il y a presque trente ans que je travaille, et jamais les conditions d'exercice de la profession n'ont été aussi lamentables, qui voient les avocats agressés dans l'impunité. Dans mon cas, ce qu'ils cherchent surtout, c'est mon isolement total.

La santé de Radhia commence à chanceler. Son médecin parlait déjà de sérieuse détérioration le 1er novembre. J'ai des troubles de la mémoire, de la concentration et du sommeil, des maux de tête et de muscles, nous dit-elle. Je vois un médecin tous les jours, et il m'a prescrit des vitamines et du calcium.

Radhia Nasraoui avait déjà jeûné plus d'un mois en 2002 pour la libération de son mari, Hama Hammami, dirigeant d'une formation non reconnue, le Parti communiste des ouvriers tunisiens, finalement remis en liberté conditionnelle.

Inquiétude pour Zouhair

Un autre cas d'acharnement flagrant concerne un internaute, Zouhair Yahyaoui, condamné le 10 juillet 2002 à deux ans de prison notamment pour « propagation de fausses nouvelles » et « utilisation frauduleuse de moyen de communication ». Son site diffusait des critiques du régime, souvent sous une griffe pleine d'humour. « Circonstance aggravante » pour lui, son oncle Mokhtar Yahyaoui se trouve être celui qu'on a surnommé le « juge rebelle », parce qu'il avait osé écrire une lettre ouverte à Ben Ali en 2001 pour qu'il établisse l'indépendance de la justice (ce qui lui coûta une révocation des cadres de la magistrature).

La situation de Zouhair, dans sa prison, devient de plus en plus dramatique, selon son oncle qui se démène pour faire connaître son cas. Alors qu'il observe une énième grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention, l'internaute souffre d'infections aux dents qui, non soignées, ont conduit à un abcès généralisé qui nécessite l'arrachage de toutes ses dents, et il n'a pas reçu de médicaments, a fait savoir Mokhtar Yahyaoui. Zouhair n'aurait plus droit à aucun contact humain à l'exception d'un chef de chambre désigné pour le harceler. Il serait brisé. Pour Mokhtar, il s'agit d'un cas de destruction physique délibéré et d'une vengeance planifiée.

En 2004, Ben Ali sera réélu président, avec, comme toujours depuis 1989, plus de 99 % des voix.·

RDP spéciale : Palestine + Tunisie

Ahmed Fouednejm — 2003-10-19T18:37:29Z

Cette RDP spéciale contient un communiqué de presse et une dépèche AFP :

- Le communiqué de presse annonce une conférence sur le Mur de l'Apartheid en Palestine, organisée à Québec.

- La dépèche nous apprend le déclenchement d'une nouvelle grève de la faim de Me Radhia Nasraui, à Tunis.

Bonne lecture

I Palestine :

CONVOCATION DE PRESSE

Un conférencier israélien est invité à Québec

Le Mur de l'Apartheid : Un mur pour les colons

Québec, 16 octobre 2002. Une conférence sur le " Mur de l'Apartheid " en Palestine aura lieu à Québec ce samedi 18 octobre à 15h30 au Centre Lucien-Borne, 100 Chemin Ste-Foy. Oren Medick, conférencier israélien du mouvement pacifiste Gush Shalom, présentera les défis que pose ce nouveau " Mur de la honte ".

Après avoir transformé la bande de Gaza en une prison à ciel ouvert, voici que le gouvernement israélien tente de commettre le même méfait en Cisjordanie. En lançant le projet de mur de séparation (1) , le gouvernement israélien confirme son déni total du fait national palestinien ainsi que sa farouche détermination à poursuivre des décades de politique d'agression et d'occupation des terres palestiniennes.

Malgré l'opposition exprimée par l'écrasante majorité des populations et des gouvernements de la planète, Israël, soutenu en cela par Washington (2), construit un véritable mur de l'Apartheid. Ce mur dont la construction a pour but affiché de garantir la sécurité d'Israël a, en fait, un seul dessein : la création, sur le terrain, de faits (coloniaux) accomplis en confisquant encore davantage les terres du futur Etat palestinien.

Avec ce mur, le gouvernement Sharon tente d'imposer sa vision de ce futur Etat. Un " Etat " formé de quatre cantons qui s'étendrait sur 10% de la Palestine historique. Un " Etat " sans continuité territoriale, dépourvu de toute marque de souveraineté (sur la terre, l'espace, l'eau…) ou d'indépendance vis-à-vis de la puissance occupante et infecté de colonies.

Voici comment l'AFP décrit ce Mur : " Cette ligne de défense, qu'Israël qualifie de "clôture de sécurité" et les Palestiniens de "mur de l'apartheid", doit s'étendre sur 430 km. Dans certains secteurs, elle mordra sur une profondeur de 20 km en Cisjordanie afin d'englober 80% des quelque 231.000 colons vivant dans ce territoire, sans compter les quelque 200.000 Israéliens installés à Jérusalem-est (occupée et annexée depuis 1967). En outre, plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens sont littéralement encerclés par cet ouvrage imposant et doivent emprunter des portiques de sécurité —dont l'ouverture, qui dépend des soldats israéliens, est aléatoire— pour aller cultiver leurs champs ou aller à l'école. " (3)

Les Palestiniens ainsi que certains Israéliens luttent au quotidien contre l'occupation militaire israélienne et contre ce mur qui en est une des facettes. Pour nous parler de ces luttes, nous vous invitons à une conférence de M. Oren Medick, avocat et militant de Gush Shalom (Le Bloc de la Paix).

Ce mouvement, comme le décrivent Michel Warschawski et Michèle Sibony, " est sans conteste un des piliers du mouvement pacifiste israélien. Né en 1993 pratiquement avec le début du processus d'Oslo, il est le premier mouvement qui a compris immédiatement l'enjeu et n'a jamais ralenti ou cessé, pendant les sept années de négociations de protester contre la poursuite de l'occupation et de la colonisation, et de les dénoncer " (4)

En ces temps extrêmement durs pour le peuple palestinien, votre présence et votre solidarité seront appréciées.

Cette conférence aura lieu le samedi 18 octobre à 15 H 30 au Centre Lucien Borne, 100 chemin Ste. Foy., coin Salaberry.

M. Medicks, qui parle français, sera disponible pour donner des entrevues samedi en début d'après-midi.

-30-

Pour plus de détails contacter :

Sébastien Bouchard, sbouchard@alternatives.ca, Tel : 521-4000

Taïeb Moalla, tmoalla@yahoo.com, Tel : 686-1656

Organisée par Alternatives, SPHR en collaboration avec le réseau du forum social de Québec (les Coalitions Québec/Palestine et Québec/Irak) et la CSQ.

Rappelons que l'idée de ce mur vient du gouvernement de " gauche " d'Ehud Barak !

Le 14 octobre 2003, les Etats-Unis sont venus au secours d'Israël, pour la 78^ème fois et ce, en opposant leur veto à un projet de résolution déclarant le mur illégal, demandant l'arrêt de sa construction et exprimant l'opposition du Conseil " à toutes les activités de colonisation dans les territoires occupés et toutes les activités impliquant la confiscation de terres et leur annexion de fait".

AFP, 15 octobre 2003, http://infos.netscape.fr/info/NDepeche?id=208546&cat_id=3. Pour plus de détails sur le Mur de l'Apartheid, consulter http://www.solidarite-palestine.org/mur.html

Michel Warschawski et Michèle Sibony, ہ Contre chœur, les voix dissidentes en Israël, Paris, 2003, Textuel, page 248.

II Tunisie :

L'avocate tunisienne Radia Nasraoui entame une grève de la faim
AFP | 15.10.03 | 17h15

L'avocate tunisienne Radia Nasraoui a annoncé mercredi à Tunis qu'elle entamait une grève de la faim pour réclamer le "respect de (sa) dignité d'avocate et de citoyenne" et protester contre un harcèlement continu dans sa vie professionnelle et familiale."Je me trouve contrainte d'entreprendre une grève de la faim pour défendre ma dignité de citoyenne et d'avocate ainsi que le droit de ma famille à vivre loin de toute forme de harcèlement", a affirmé Me Nasraoui au cours d'une conférence de presse à Tunis."J'ai épuisé tous les recours possibles et désespère de voir aboutir mes plaintes en justice pour agression physique, mise à sac de mon bureau ou incendie à mon domicile", a ajouté Me Nasraoui.Elle a accusé les autorités de vouloir la "réduire au silence" et de provoquer son "isolement" à cause de sa défense des droits de l'Homme et de la dénonciation de la torture.Me Nasraoui s'est plainte d'une "impossibilité" de travailler en raison de pressions sur ses clients et leurs familles."Les autorités n'acceptent pas que je continue de défendre des opposants et de dénoncer la torture", a-t-elle ajouté, avant de dénoncer "l'impunité" dont jouit, selon elle, la police. Me Nasraoui a décrit sa "vie impossible au quotidien" avec une filature permanente de la police et "la terreur" exercée, selon elle, sur son entourage. Me Nasraoui a réclamé la fin des pressions sur ses clients, l'arrêt de la surveillance de son bureau, de son domicile, la cessation des pressions contre sa famille, l'aboutissement de ses plaintes pour actes de vandalisme et agressions physiques.Elle demande la restitution de documents "volés par la police politique" ou confisqués par les services douaniers à l'aéroport, l'arrêt de la saisie de son courrier, des écoutes téléphoniques, dénonçant notamment l'impossibilité de joindre par téléphone sa fille, ses proches et amis résidant notamment en France.Mme Nasraoui a commencé son jeûne à son domicile en présence de son époux l'opposant Hamma Hammammi, de représentants de la Ligue des Droits de l'Homme et du Bâtonnier Bechir Essid.Me Essid a soutenu les "doléances professionnelles" de Me Nasraoui, appelant à la solidarité internationale avec les avocats dont la profession "est gravement menacée" en Tunisie.Mme Nasraoui, 49 ans, avait déjà observé un jeûne de plus d'un mois l'an dernier pour réclamer la libération de son mari, Hamma Hammami, dirigeant du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit).M. Hammami, 51 ans, avait été condamné en appel en mars 2002 à trois ans et deux mois de prison ferme pour appartenance au PCOT avant d'être mis en "liberté conditionnelle" en septembre 2002.

A bientôt

Revue de presse spéciale : Comment réussit-on à transformer deux ordures en deux héros ?

Ahmed Fouednejm — 2003-10-01T15:25:22Z

http://www.kalimatunisie.com/num17/Malla.htm

Journal électronique Kalima, septembre 2003

Comment réussit-on à transformer

deux ordures en deux héros ! ?

Par Taïeb Moalla [1]

En ce mardi 22 juillet, l'armée américaine a réussi l'exploit, peu enviable, de transformer deux ordures de la pire espèce en martyrs d'une noble cause ! Avec leur mort, Oudaï et Qussaï Hussein vont rejoindre, pour l'éternité, une panoplie de héros mythiques ayant lutté jusqu'au bout dans un combat inégal et perdu d'avance.

Plusieurs dans le monde arabe et musulman pensent que les frères Hussein ont, par leur mort, racheté tous les péchés dont ils s'étaient rendus coupables. Dans l'imaginaire collectif arabe et musulman, la mort au combat - de surcroît un combat juste contre une armée d'occupation - représente le summum du sacrifice. Ses victimes accèdent à un rang quasi-divin. Ils sont vénérés par leurs proches et par leur communauté.

Aussi approximative et fragmentaire qu'elle puisse être, cette affirmation est pourtant perçue comme une réalité incontestable pour la majeure partie des populations arabes et musulmanes, qu'elles appartiennent aux riches monarchies du Golfe, aux « républiques monarchiques » du Machrek ou aux « douces dictatures » du Maghreb.

Certes, les crimes commis par Oudaï ne sont pas oubliés. Tout le monde sait que c'était un psychopathe sanguinaire et tyrannique. Les journalistes, arabes ou occidentaux, nous content depuis des mois ses frasques (la chaîne de la télévision Al Arabiya a même interviewé, fin juillet, une de ses anciennes maîtresses), ses « lionceaux qu'ils nourrissait à la viande alors que les Irakiens mouraient sous les privations de l'embargo » (Le Monde, 24 juillet) sans oublier les nombreux détails sur sa collection de voitures de luxe. Son frère, moins démonstratif, n'en était pas moins cruel. Qussaï n'était-il pas à la tête des services de sécurité de l'ancien régime dictatorial ? N'était-il pas de ce fait le principal exécutant de la répression sanglante de la révolte chiite de 1991 ?

Une légende naissante

Aussi incompréhensible (pour les occidentaux) que ceci puisse paraître, ces faits avérés n'ont pas pesé lourd devant la résistance farouche que les deux frères opposèrent à une armée qui occupe leur pays.

De nombreux médias arabes ont repris le récit du journal The Guardian (Londres) du 23 juillet. Ce journal décrivait particulièrement la mort au combat de Moustapha Hussein (fils d'Oudaï) qui refusa jusqu'au bout d'abdiquer. Exprimant le sentiment de nombreux arabes et musulmans, l'éditorialiste Abd Al Bari Atwan n'hésitait pas à évoquer cette légende naissante qu'est : « l'héroïsme de Moustapha, 14 ans, petit-fils du président (sic) irakien [qui] a continué à lutter et à faire feu contre l'armée d'occupation. Même après la mort de son père et de son oncle, il a refusé de se rendre. Moustapha n'a pas commis de crime. Il n'a pas tué de gens innocents et n'a pas violé de femmes. Il n'a pas choisi son père, mais personne - à part ceux dont les cœurs sont remplis de rancune contre tout ce qui est arabe, musulman et opposant à l'occupation - ne peut douter de son héroïsme et de son martyre (…) » (Al Quds Al Arabi, 25 juillet). Le même journal comparait, dans son édition du lendemain, la publication des photos des cadavres des deux frères à la diffusion des images de la dépouille de Che Guevara, en 1967 ! L'auteur de l'article, tout en reconnaissant que sa comparaison est plutôt hasardeuse, explique rendre compte du sentiment général d'une rue arabe régulièrement humiliée par tant de déceptions et de défaites.

Où est passé le droit ?

Avec ce « meurtre ciblé », copié sur les méthodes expéditives d'Israël, l'armée américaine a non seulement créé de nouveaux martyrs, mais elle a bafoué un principe général de droit voulant que toute personne, aussi hideuse soit-elle, a droit à un procès équitable et à une défense digne de ce nom.

Ceci, combiné à un soutien aveugle et constant à la politique d'occupation israélienne en Palestine, renforce la haine viscérale que les USA suscitent chez les masses arabes et musulmanes. Les entorses aux règles les plus élémentaires du droit (n'oublions pas que l'agression contre l'Irak était illégale) rendent le projet messianique américain, de démocratisation du monde musulman, caduque. Si peu d'arabes et de musulmans regrettent la fin d'un régime tyrannique, il existe encore moins de personnes pour soutenir l'arrogance américaine.

L'Histoire nous enseigne que les empires naissent, dominent, atteignent leur apogée puis périssent. Pour une majeure partie de l'opinion publique arabe et musulmane, l'empire américain a atteint son apogée en Irak !

[1] Journaliste, l'auteur est un ancien correspondant, en Tunisie, du journal Le Soir (Bruxelles). Il est également étudiant en communication publique à l'Université Laval (Québec)

RDP spéciale : Deux infos tunisiennes

Ahmed Fouednejm — 2003-09-30T20:49:56Z

Quand j'écrivais, hier, "A très bientôt", je ne pensais pas que ça allait être arriver si rapidement !

Voici donc deux informations tunisiennes qui viennent de tomber.

Bonne lecture.

I Un Tunisien jette son véhicule contre l'ambassade américaine à Tunis

http://infos.netscape.fr/info/NDepeche?id=202647&cat_id=3

30 septembre, 14h55

Un Tunisien jette son véhicule contre l'ambassade américaine à Tunis

Un Tunisien a jeté dans la nuit de lundi à mardi son véhicule, un pick-up, contre le mur de clôture de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, a annoncé mardi une source officielle tunisienne, selon laquelle il s'agit d'une tentative de suicide.
Nabil Ben Jaballah, 39 ans, "a mis le feu à une bouteille de gaz qu'il transportait mais n'a été que légèrement blessé", a-t-on indiqué de même source.
Selon les premiers éléments de l'enquête, Ben Jaballah a déclaré "avoir voulu se suicider pour n'avoir pas pu obtenir un visa qui lui aurait permis de retourner aux Etats-Unis et y rejoindre son épouse américaine", a poursuivi cette source.
Il a été extrait de son véhicule incendié par les forces de sécurité qui l'ont appréhendé, et aucun dommage n'a été causé au mur de l'ambassade.
L'ambassade américaine, interrogée par l'AFP, a confirmé qu'un incident s'était produit à l'entrée de l'ambassade dans la nuit de lundi à mardi, sans autre précision.
De source officielle tunisienne, on indique que Ben Jaballah a affirmé être entré aux Etats-Unis de façon illégale en 1997 à partir du Canada et s'être installé à Boston (nord-est des Etats-Unis). Selon ses dires, il a épousé une ressortissante américaine en mars 2001, mais n'a pas régularisé sa situation en matière de séjour.
Lorsqu'il a tenté de le faire, après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, ses demandes ont été rejetées par les services de l'immigration américaine et il a regagné la Tunisie en mars 2002.
Son épouse, Denise Aikens-Young, l'a aussitôt rejoint avant de repartir dans son pays pour "tenter de régulariser la situation de son époux".
Ce dernier a déposé depuis, auprès des services consulaires de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, une nouvelle demande de visa d'entrée aux Etats-Unis qui a été rejetée à deux reprises.
L'intéressé aurait donc affirmé aux enquêteurs après son arrestation avoir "sombré dans une dépression nerveuse grave pour laquelle il a suivi un traitement psychiatrique".
Il aurait déjà tenté il y a une semaine de mettre fin à ses jours en s'enfermant dans son véhicule et en ouvrant une bouteille de gaz, avant de mettre lui-même un terme à cette tentative.
Nabil Ben Jaballah a affirmé avoir été "très ému et affecté" lundi après une conversation téléphonique avec son épouse.
Désespérant de pouvoir la rejoindre, il aurait tenté un nouveau suicide en se dirigeant aux environs de 23H30 locales (22H30 GMT) devant l'ambassade des Etats-Unis à Tunis à bord d'un pick-up "Ford ranger" qui lui appartient et qu'il a ramenée des Etats-Unis.
De source officielle à Tunis, on indiquait mardi en milieu de journée que l'enquête se poursuivait.
Mardi matin, à l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, le véhicule avait été enlevé, on ne voyait pas trace de dégâts matériels mais deux véhicules de la police et des membres de la Garde nationale à moto se trouvaient devant l'entrée de l'ambassade, en plus des habituels gardes se trouvant au pourtour de la représentation américaine, a constaté un journaliste de l'AFP.
La nouvelle ambassade des Etats-Unis à Tunis est constituée de plusieurs bâtiments imposants construits sur un vaste terrain en retrait de la route reliant Tunis à La Marsa, dans la banlieue nord.
Inaugurés en décembre 2002 par le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, William Burns, les nouveaux locaux ont coûté 42 millions de dollars et sont fortement gardés.

II Le virus du Nil occidental en Tunisie ? :

www.tunezine.con. Forum TUNeZINE, envoyé par "sophie" le 30 septembre 2003 à 15 H 03

Info santé - Le virus du Nil ferait des victimes en Tunisie !

Cette info est très fiable.
___________________

"Des sources sanitaires concordantes rapportent que depuis environ un mois, le virus du Nil occidental (West Nile Virus) sévit dans la région du Sahel tunisien et aurait été à l'origine de plusieurs décès.

Ce virus qui est responsable de plusieurs épidémies notamment en Egypte, Canada, USA, Israël a été récemment isolé chez des malades présentant une méningo-encéphalite fébrile dans la région de Monastir
et de ses environs. La transmission se fait à la faveur d'une piqûre par un moustique infecté à partir d'un oiseau lui-même malade. Dans la plupart des cas, la maladie est bénigne et se résume en une vilaine grippe durant quelques jours. Toutefois, dans quelques rares cas se déclenche une méningo-encéphalite (inflammation du cerveau) de gravité variable pouvant évoluer vers le décès du patient. Il n'y a aucun traitement ni vaccin disponible. La prévention consiste à éradiquer le moustique vecteur. L'oiseau réservoir n'aurait pas été encore démasqué.

Le nombre de patients se chiffrerait par centaines si on estime que la mortalité ne dépasse pas 4 à 6%. En effet, au moins 7 personnes auraient trouvé la mort des suites de l'infection par ce virus.

Les régions actuellement touchées sont le gouvernorat de Monastir et, dans un moindre degré, Sousse et ses environs. Les autorités sanitaires ont mis en place une cellule de crise et la destruction des lieux d'habitat des moustiques et un épandage d'insecticides à large échelle a été mis en oeuvre."

Revue de presse n°442

Ahmed Fouednejm — 2003-09-29T20:46:23Z

N ° 442

La Revue de Presse (RDP) est publiée quotidiennement sur le site www.reveiltunisien.org.

- Ettounsi, webmestre de www.tunezine.com est injustement emprisonné depuis pratiquement 16 mois.

- Aujourd'hui, j'ai le regret de vous annoncer que la RDP ne reprendra pas son envoi. Mes engagements académiques et professionnels m'empêchent de l'assurer quotidiennement. Par contre, la RDP ne meurt pas totalement puisqu'il y aura des envois spéciaux (comme celà s'est passé cet été) chaque fois que l'actualité internationale l'imposera. Il s'agit d'une maigre consolation, mais je n'ai malheureusement pas d'autres choix.

Vous êtes désormais 160 personnes à recevoir quotidiennement la RDP.
N'hésitez pas à la transférer à vos amis.

fouednejm@hotmail.com et fouednejm@yahoo.com

Sommaire :

Partie Française : (Voir)

Au sommaire aujourd'hui 1 article du journal culturel québécois Voir.

Sens dessus sens dessous

Achevée aujourd'hui à 18 H 50 GMT.

Bonne lecture !

I L'ordre des lettres :

SENS DESSUS SENS DESSOUS

As des rébus et des énigmes, des chercheurs de l'Université de Cambridge ont découvert votre secret :

En effet, sleon une édtue, l'ordre des lteers dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae, la seule coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire soient à la bnnoe pclae. Le rsete peut être dnas un dsérorde ttoal, peu ipmotre, nuos pouoonvs tujoruos lrie snas porlbmèe. C'est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot. Incroyalbe, mais vrai.
(C. Hébert)

(Srouce : le jounral Voir du 25 smpetebre ua 1 otcobre 2003, Lov 17, °N 38)

A très bientôt

RDP spéciale "politique-fiction

Ahmed Fouednejm — 2003-09-22T21:31:35Z

Quinze mois après l'arrestation de son fondateur, Zouhair Yahyaoui (alias Ettounsi), le site TUNeZINE continue la lutte pour la démocratie et les libertés en Tunisie. Magré la répression, les intimidations et le harcèlement politico-judicaire (nous y reviendrons ultérieurement), le site continue toujours d'exister et de proposer quelques jolies perles.

Ainsi, le dernier numéro de TUNeZINE (http://www.tunezine.com/tunezine113.html), qui vient d'être mis en ligne, propose de nombreux articles ainsi qu'une chanson "Hasta Siempre" jouée au luth (c'est vraiment joli).

En attendant, le RDP vous propose 3 articles de "politique-fiction" contenus dans le dernier numéro.

Bonne lecture

Notre ami le perroquet

Qui de vous ne connaît pas des histoires intéressantes qui ont commencé par un malentendu ? Lorsque mon ami Imed, le correspondant de TUNeZINE à Sfax m'envoya un mail de deux pages, me révélant pour la première fois les premiers éléments de cette histoire à dormir debout, je n'en pouvais croire un seul mot. Avant même d'achever la lecture de son message, je fus saisi par une crise de rire hystérique qui réveilla le chat endormi à côté de moi. Je me dis ce jour-là : « اa y est ! Les Tunisiens sont passés, sans transition, du stade de la rumeur à celui du délire. » Je répondis dès le lendemain à Imed en le priant d'arrêter cette enquête, sinon les lecteurs de TUNeZINE nous prendraient pour des fous.

Sans cette brève dépêche d'une agence de presse suédoise spécialisée dans les infos sur les oiseaux et publiée dans les pages intérieures du journal finlandais Hufvudstadsbladet ( La feuille de la capitale), je n'aurais jamais reparlé de cette histoire avec Imed, ni ne lui aurais demandé de reprendre son enquête. Voici le contenu intégral de la dépêche : « Le ministère de l'intérieur tunisien a décidé de dissoudre l'Association des Amis des Perroquets à Sfax. Aucune explication n'a été fournie quant aux motifs de cette interdiction ». Ces trois lignes transformèrent ma première suspicion en quasi-certitude. L'histoire de Imed devait certainement avoir un noyau de vérité. Durant notre échange de courrier, Imed découvrit entre-temps un détail incontournable : Quelle que soit la piste qu'il emprunte, elle mène toujours vers un certain Hammouda…

Hammouda était déjà un grand amateur d'oiseaux pendant sa première jeunesse, passée dans sa ville natale, Sfax, avant de quitter définitivement la Tunisie au milieu des années soixante-dix pour s'installer en France. Sa passion pour les oiseaux l'aida beaucoup à supporter les difficultés d'adaptation et l'angoisse liée au dépaysement. Les canaris étaient ses tout premiers amis avant qu'il ne développe de solides amitiés avec les descendants des Gaulois. Mais sa passion particulière pour les perroquets, qui est maintenant pour lui presque une raison de vivre, ne commença que quelques années plus tard.

C'est un livre, acheté chez le bouquiniste de sa petite ville de B., qui changea complètement sa vie : « Les perruches ondulées » (éditions Marabout). Hammouda, qui ne jurait que par les canaris, devint d'un seul coup un passionné de perroquets. Non seulement il tomba amoureux du premier couple de perruches ondulées qu'il avait acheté, à la fin des années quatre-vingt, mais il décida sur un coup de tête de vendre son petit commerce, une quincaillerie, et de se consacrer entièrement à l'élevage et au commerce des perroquets.

La capacité extraordinaire de certains perroquets à apprendre le langage humain est connue depuis des millénaires. Hammouda dit que l'un de ses perroquets préférés, Iskander, une amazone à front bleu, ne se contente pas de parler le dialecte tunisien, mais elle le parle avec un accent sfaxien ! Ses propos n'avaientt rien d'exagéré. En faisant mes propres recherches dans les librairies et les bibliothèques pendant que Imed continuait son enquête à Sfax, je ne pouvais m'empêcher de tomber sous le charme des perroquets. L'encyclopédie Firely des oiseaux ( Firely Encylopedia of Birds, edited by Christopher Perrins) raconte une histoire extraordinaire qui s'était passée aux USA au milieu du 19ème siècle. Pendant les funérailles du président américain Andrew Jackson en 1845, son perroquet s'était soudainement mis à proférer des obscénités, provoquant la stupeur et l'indignation des personnes présentes. L'oiseau mal éduqué fut finalement éloigné de la cérémonie funéraire [1].

D'après les experts, le perroquet gris d'Afrique, appelé aussi perroquet Jaco, son nom scientifique, est le plus doué pour la parole. « Le vocabulaire du gris d'Afrique peut atteindre 1000 à 2000 mots, du moins chez les plus talentueux et les mieux entraînés. », affirme un journal canadien de Montréal [2]. Pourquoi les perroquets parlent-ils ? Pour attirer l'attention ? Pour nous démontrer qu'ils sont aussi intelligents que nous ? Nul ne le sait mais ils parlent !

Les dernières générations des perroquets élevés par notre compatriote Hammouda étaient non seulement capables d'apprendre 2000 mots mais aussi de réciter par cœur un livre de 200 pages ! « C'était pour moi au début à la fois un divertissement et un défi que je me posais à moi-même et à mes perroquets », a déclaré Hammouda, contacté par téléphone. Mais ce divertissement se convertit en une activité « subversive » dès que Hammouda eut l'idée géniale qui allait faire papoter toute la ville de Sfax.

La perruche la plus douée que Hammouda ait jamais élevée porte le nom de Chahrazad. Elle n'avait, d'ailleurs, rien à envier à l'illustrissime conteuse des mille et une nuits. Elle était aussi le premier perroquet avec lequel il avait tenté de réaliser son rêve le plus fou : lui apprendre par cœur le livre le plus célèbre en Tunisie après le Coran : Notre ami Ben Ali. Hammouda, grand pédagogue et expert dans la psychologie des perroquets, prenait soin à ne pas épuiser la petite cervelle de Chahrazad. Sa « ration » quotidienne était une page par jour. En moins de six mois « Notre ami Ben Ali » était déjà stocké dans la mémoire vive du perroquet-prodige.

Lorsque Hammouda débarqua à l'aéroport de Sfax par un beau jour de juin 2000 accompagné de Chahrazad, ni les policiers des frontières ni les douaniers ne pouvaient soupçonner que notre concitoyen émigré détenait une vraie bombe entre ses mains : un oiseau qui cachait un livre explosif dans les circonvolutions de son cerveau !

C'est à partir de cette date qu'avait commencé la grande passion sfaxienne pour les perroquets. De bouche à oreille on se racontait l'incroyable histoire : un perroquet qui raconte le livre le plus interdit dans le pays ! Le téléphone arabe fonctionnait à plein régime, à tel point que parfois ses lignes se trouvaient saturées. Tout le monde voulait avoir Chahrazad chez lui à n'importe quel prix, ne fût-ce que pour la durée d'une nuit. Chahrazad fit perdre leur tête aux Sfaxiens et aux Sfaxiennes. Peu leur importait le montant de la facture, ils voulaient tous l'oiseau rare. Une nuit avec Chahrazad coûtait à l'époque 20 dinars. Puis le prix commença à baisser à mesure que le nombre de ceux qui ne connaissent pas l'histoire racontée par Chahrazad diminuait.

Chahrazad fut une pionnière qui avait ouvert des horizons nouveaux pour les Sfaxiens. D'autres perroquets, expédiés régulièrement par Hammouda et gérés par un de ses neveux, allaient rejoindre la reine des contes dans son combat pour la vérité. Les nouveaux arrivants, réunis ensemble, auraient constitué une vraie encyclopédie des contes interdits, de l'historique article d'Oum Ziad « Fausse Note » (Nachaz, 1988) jusqu'au dernier livre de Ben Brik. Aussi bien Hammouda que ses clients savaient que la police politique n'y pouvait rien : il n'y avait aucun support d'information qu'elle serait en mesure de saisir : Ni papier imprimé, ni disquette, ni CD, ni disque dur.

Au début, lorsqu'un indicateur avait rapporté l'histoire des perroquets-conteurs à la Brigade des Renseignements de Sfax, le chef de ce service de police avait classé l'affaire dans le dossier des rumeurs. Mais ce qui lui mit les puces à l'oreille, quelques mois plus tard, fut cette nouvelle et mystérieuse passion des Sfaxiens pour les perroquets. Certains fans étaient allés jusqu'à créer une association : l'Association des Amis des Perroquets. Le fait que cette association fût légalisée en 2001 par le Ministère de l'intérieur prouve qu'à cette époque les autorités ne se doutaient de rien. En plus, les perroquets que Hammouda expédiait en Tunisie avaient tous leurs papiers en règle.

Pourtant, durant ces deux dernières années, les rumeurs ne faisaient que gagner d'ampleur. Mais il ne s'agissait pas seulement de rumeurs, puisque les services de renseignements avaient noté une prolifération inquiétante des perroquets dans la ville de Sfax. Les responsables régionaux de la police politique ne savaient quelle attitude prendre face à ce défi inédit. Ils savaient, d'après leurs indicateurs, que ces oiseaux diserts étaient en train de raconter des choses pas très agréables à entendre pour le régime en place, mais était-il possible de considérer ces oiseaux comme des imprimés illégaux ? Les services de police risquaient de se faire ridiculiser en saisissant des oiseaux pour des raisons politiques !

Le Ministre de l'intérieur lui-même ne sut que faire de ces oiseaux bavards. Il demanda, sans tarder, l'avis de la Présidence. Zaba, connu pour son aversion pour les demi-mesures, donna l'ordre au directeur régional de la Sûreté de Sfax de saisir et d'interroger tous les perroquets de Sfax. Ce fut la chasse aux sorcières la plus surréelle que la dictature ait jamais entrepris.

Dès qu'une maison abritant un perroquet était repérée par les indics, la police bouclait le quartier et des dizaines d'agents de la brigade d'intervention rapide escaladaient le toit de la maison en question, tandis que leurs collègues de la police politique procédaient à l'arrestation du perroquet.

Les perroquets arrêtés furent expédiés sous forte escorte à la Direction de la Sûreté de l'Etat. Mais les officiers et les cadres de cette direction ne réussirent jamais à les faire parler. Au cours de ces interrogatoires serrés, ils ne purent leur arracher qu'une phrase en deux mots : « Yahya Zine » (Vive Zine !) . C'est ce que Hammouda leur apprit à dire si, par malchance, ils tombaient entre les mains de l'ennemi.

Mais le coup le plus spectaculaire, celui qui valut à son instigateur un avancement dans le grade, fut l'arrestation de la légendaire Chahrazad, celle qui avait « avalé » Notre ami Ben Ali en moins de six mois. Un imposant cortège de voitures de la police et de la Garde nationale l'accompagna jusqu'à l'aéroport de Sfax où l'attendait un hélicoptère de la Présidence. Zaba, mis au courant depuis des mois des extraordinaires prouesses de cet oiseau-conteur, tint à interroger personnellement Chahrazad.

Zaba eut beau lui offrir la plus délicieuse et la plus appétissante nourriture dont un perroquet pouvait jamais rêver, il ne put arracher à Chahrazad que l'ennuyeux « Yahya Zine ! » qu'elle répétait à longueur de journées. Qu'il affamât la pauvre perruche ou qu'il la bourrât de noix et de pistaches, le résultat était toujours le même : Vive Zine !

Un jour, alors qu'il était pris par une terrible crise de nerfs, suite à l'humiliation de l'un de ses généraux à Genève, il entendit sa prisonnière Chahrazad crier allègrement : « Yahya Zine, Yahya Zine ! ». Le dictateur enragé saisit l'oiseau rebelle, ouvrit l'une des fenêtres du Palais et le jeta en l'air. Avant de prendre son envol, Chahrazad lança sur un ton moqueur : « Zaba, roi des cons ! »

[1] "An infamous incident involving the pet parrot of US President Andrew Jackson testifies to these birds' feisty character and keen intelligence - sometimes so acute as to be embarrassing. At Jackson's funeral in 1845, his Yellow-napped amazon "Pol" began to yell obscenities (presumably learned from its plain-speaking master) causing such a furore that it had to be ejected from the solemn proceedings !" (Firely Encyclopedia of Birds, edited by Christopher Perrins, Page 296)

[2] "Intarissable Cocotte", La Presse de Montréal, Dimanche 17 août 2003, page C10

Omar Khayyâm

Le forum du RCD est gelé, suite à un chaud débat !

Le RCD (Rassemblement des Corrompus Dépravés) a créé, il y a deux ans, un forum de discussion sur son site officiel (www.rcd.tn), mais ça n'a pas marché. En visitant ce forum, vous allez remarquer qu'il est gelé. Après le septième message, il n'y a rien. Pour ceux qui trouvent des difficultés à se connecter au forum du RCD à cause de la censure, en voici le contenu intégral :

1er message : Je suis à 100 % d'accord avec le Président Ben Ali.

2ème message :Je suis à 100 % d'accord avec vous.

3ème message : je suis tout à fait d'accord avec vous deux.

4ème mesage : Je partage entièrement l'avis de mes trois camarades.

5 ème message : Je soutiens votre point de vue.

6ème message : Je n'ai rien à ajouter puisque je partage sans réserve votre opinion.

7ème message : Puisque nous sommes maintenant sept, je propose d'envoyer tout de suite un télégrammes de soutien au Président Ben Ali.

Il n'y a eu rien de nouveau [1] depuis cette discussion animée. Les sept bénaliénés sont sortis envoyer leur télégramme et ne sont jamais revenus au forum !

[1] "Rien de Nouveau " est un quotidien de langue française, organe du RCD. Il a beaucoup de succès auprès des "hammassa" (vendeurs de pois chiches grillés et de glibettes).

Omar Khayyâm

III

Les Inconnus

Cette chanson nous est maintenant plus que connue : « Des inconnus ont tiré sur le journaliste Ryadh Ben Fadhl », « Le cabinet de Madame Radhia Nasraoui a été cambriolé par des inconnus », « La voiture du militant Omar Mestiri a été volée par des inconnus », " « La fille du juge Mokhtar Yahyaoui agressée par des inconnus ».

D'ailleurs, le juge lui-même n'a pas échappé aux coups de ces inconnus, connus pour extrême violence. Il y a une semaine ou deux, ça devient presque une routine, Abderrahmane Tlili, connu pourtant pour sa « sagesse », a été tabassé par ces fameux inconnus.

Qui sont ces inconnus et où se cachent-ils ? Nul ne connaît leur vraie identité. C'est normal, puisque ce sont des inconnus ! En plus, ils n'ont pas vraiment besoin de se cacher, puisque après chaque forfait, ils se noient dans la foule. La chose la plus inquiétante c'est que ces inconnus sont partout et nulle part.

En débarquant chaque fois à l'aéroport de Tunis-Carthage, je sens tout de suite leur présence. La tâche la plus difficile est de les distinguer au milieu de cette foule bigarrée faite de voyageurs, de porteurs, de personnel aéroportuaire et de dizaines de personnes qui attendent leurs visiteurs.

Dès que le taxi qui me ramène de l'aéroport, traverse le centre-ville, je perçois des milliers d'inconnus en train de rôder partout. Parfois, lorsque le taxi s'arrête à un feu rouge, des yeux d'inconnus transpercent les vitres du véhicule pour voir le visage du voyageur inconnu. Il n'est pas rare qu'au moment où le taxi me dépose devant ma destination finale, des inconnus assis sur la terrasse d'un café, me dévisagent avec une insolence inconnue ailleurs.

Je n'aime pas me promener dans les rues de la capitale, car je risque de croiser des inconnus à chaque carrefour. Dès que je m'installe dans un café et sors un livre ou une revue de mon sac à dos, des inconnus jettent des regards curieux, essayant de deviner la nature de la littérature en ma possession. Comme je trouve un malin plaisir à dépiter ces inconnus, dans les lieux publics, je choisis toujours des lectures dans une langue qui leur est complètement inconnue. Je reste rarement plus d'un jour ou deux à Tunis, la ville où il y a la plus forte concentration d'inconnus, car j'y risque de plonger dans la phobie : La phobie des inconnus, une maladie que j'ai frôlée plusieurs fois dans ma vie. La maladie peut facilement s'installer de façon pernicieuse. On commence à imaginer des inconnus dans chaque coin de rue, dans chaque rangée de cinéma, autour de chaque table de café. Ils peuvent même intervenir de façon musclée dans vos rêveries diurnes et faire une descente foudroyante dans vos rêves nocturnes, les transformant en cauchemars…

Une fois une militante très connue a photographié les inconnus qui la poursuivaient dans une voiture banalisée dont la plaque d'immatriculation s'est révélée, plus tard, inconnue du service des mines. En montrant cette photo à la police, cette dernière a déclaré que les visages lui étaient inconnus. Depuis que j'ai eu vent de cette affaire, je ne cesse de me poser la question : pourquoi, bon sang, la police n'établit-elle pas un fichier "spécial inconnus" ? Au moins dans le futur, si ces inconnus commettent un nouveau forfait, on pourrait reconnaître parmi eux quelques visages connus, c'est-à-dire figurant déjà dans le fichier « spécial inconnus ».

D'ailleurs, un cadre du Ministère de l'intérieur, qui ne veut être ni identifié ni connu, a déclaré à cette militante que dans cette montagne de dossiers - des millions selon lui - qui augmente de volume chaque jour, certaines vieilles archives contenant, peut-être, des infos utiles sur ces inconnus restent encore peu connues, voire totalement inconnues. « Ils nous arrivent de tomber par hasard sur des fiches d'inconnus, mais elles n'ont mené jusqu'ici que vers des personnes que personne ne connaît. » a encore dit ce fonctionnaire dont les compétences sont, pourtant, reconnues par tous au sein de son ministère.

Elle a tenté sa dernière chance avec les représentants de la justice. En la recevant dans son bureau, un substitut du procureur auprès duquel elle a déposé une plainte contre ses poursuivants inconnus, lui a dit presque la même chose : « Vous n'êtes pas sans savoir, Madame, que ces cas de poursuites et d'agressions perpétrées par des inconnus sont maintenant très connus. Même si personne n'en parle, bien sûr. ». Cette militante, qui veut rester anonyme mais que certains lecteurs ont certainement reconnue, est sortie de ses gonds en entendant les propos du substitut. Elle a tapé fort sur son bureau et lui a crié dans le visage : « Mais qu'est-ce qui vous empêche d'arrêter ces inconnus ? ». Le substitut, lui a répondu sur un ton d'impuissance et de résignation : « Je ne peux pas, Madame, ça me dépasse. Et je ne peux même pas vous dire la raison, mais vous n'allez pas me dire qu'elle vous est inconnue ! »

Omar Khayyâm

Revue de Presse : Décès du père de Zouhair Yahyaoui

Ahmed Fouednejm — 2003-07-20T22:00:00Z

Décès du père de Zouhair Yahyaoui

21 juillet 2003, 23 heures heure de Tunis

Le CISZY a appris avec tristesse le décès, ce lundi 21 juillet de Said Yahyaoui, père du prisonnier d'opinion - et cyberdissident - Zouhair Yahyaoui.

En cette douloureuse circonstance, notre comité adresse ses plus vives condoléances et sympathies à la famille Yahyaoui et particulièrement à Zouhair, Mokhtar et Samira respectivement fondateurs et participants actifs du forum TUNeZINE.

Le Comité lance, par ailleurs, un appel urgent aux autorités tunisiennes et particulièrement au Président Ben Ali, en vue de permettre à Zouhair d'assister à l'enterrement de son père qui aura lieu demain mardi 22 juillet, à 10 heures du matin au cimetière Sidi Fraj de Ben Arous.

Empêcher un individu, de surcroît prisonnier d'opinion, d'honorer la mémoire d'un père, serait immanquablement interprété comme une vengeance personnelle du pouvoir contre une famille endeuillée. Nous espérons que tel ne sera pas le cas et que Zouhair Yahyaoui pourra être près de sa famille dans ces moments dramatiques.

D'autre part, le forum TUNeZINE rendra un hommage à la mémoire de Said Yahyaoui en suspendant l'envoi de messages, mardi 22 juillet entre 10 H et 12 H (Heure Tunisienne).

Par la suite, le forum reprendra son activité militante en faveur de la démocratie et des droits de l'Homme en Tunisie.

Pour le Comité,

Sophie Piekarec, dite Elwarda et L'équipe du site TUNeZINE

tel : +33 (0)6 70 52 10 71

http://perso.wanadoo.fr/zouhairyahy...

Pour transmettre vos condoléances :

Injoignables au téléphone depuis l'étranger.

Khadija Yahyaoui (mère de Zouhair) 50, rue Habib Thameur Ben Arous Tél : +216-71 384 397

Le juge Mokhtar Yahyaoui (oncle de Zouhair) +216-98 342 231