Tunisie Réveille Toi !

Armada Bizerta - Un peuple sans esprit est une grande foule

angelica — 2011-01-17T10:02:45Z

http://www.myspace.com/maloxtox/mus...

- Le ciel au-dessus de Tunis

Le Ben Ali nouveau est arrivé

angelica — 2011-01-13T22:59:22Z


La promesse

# Discours intégral du président Zine El Abidine Ben Ali du jeudi 13 janvier 2011

angelica — 2011-01-13T21:40:38Z

Le Président Zine El Abidine Ben Ali s'est adressé, jeudi soir, au peuple tunisien, par une allocution transmise par les chaînes de télévision nationales Tunis 7 et Tunisie 21 et les radios publiques et privées.

Voici le texte intégral de l'allocution :

"Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Cher peuple tunisien,

Je m'adresse à vous, aujourd'hui, tous les tunisiens en Tunisie et à l'étranger. Je m'adresse à vous dans la langue de tous les tunisiens et tunisiennes. Je m'adresse à vous parce que la situation impose un changement profond, un changement profond et intégral.

Je vous ai compris. Je vous ai tous compris : le chômeur, le nécessiteux, le politicien et tous ceux qui revendiquent plus de libertés. Je vous ai compris, je vous ai bien compris tous. Seulement, les événements qui se produisent, aujourd'hui, dans notre pays ne nous ressemblent pas. La destruction ne fait pas partie des coutumes du tunisien, le tunisien civilisé, le tunisien tolérant.

La violence ne nous ressemble pas et ne fait pas partie de nos mœurs. L'escalade doit cesser. Elle doit s'arrêter grâce à la conjugaison des efforts de tous, partis politiques, organisations nationales, société civile, intellectuels et simples citoyens. La main dans la main, au service de notre pays. La main dans la main, pour assurer la sécurité de nos enfants.

Le changement que je vais annoncer maintenant est une acceptation de vos revendications légitimes à laquelle nous avons réagi. Nous avons ressenti une douleur pour les événements survenus, une profonde douleur.

Ma tristesse et ma douleur sont grandes. J'ai passé plus de 50 ans de ma vie au service de la Tunisie, dans les différentes positions : de l'armée nationale aux différents postes de responsabilité et 23 ans à la magistrature suprême. Chaque jour de ma vie a été et demeurera au service du pays et j'ai consenti des sacrifices que je ne veux pas les énumérer. Je n'ai jamais accepté un jour et je n'accepterai jamais l'effusion d'une seule goutte de sang des tunisiens.

Nous avons éprouvé une grande douleur pour les victimes de ces événements et pour les dégâts subis par des personnes, et je refuse qu'il y aura d'autres victimes en raison de la poursuite de la violence et du pillage.

Nos enfants sont aujourd'hui confinés à la maison et ne sont pas à l'école. Ceci est tout à fait immoral et inadmissible, parce qu'on a peur pour leur sécurité des actes de violence perpétrés par des groupuscules qui n'hésitent pas à piller et à agresser les personnes.

Il s'agit bel et bien d'un crime et non d'un acte de revendication. Cela est immoral.

Les citoyens doivent leur faire face et nous avons donné les directives en ce sens. Nous comptons sur la coopération de tous, afin que nous puissions discerner entre ces bandes et groupuscules de délinquants qui exploitent ces circonstances et les manifestations pacifiques légitimes que nous acceptons.

Ma tristesse est grande, très grande, et profonde, très profonde. Assez donc de violence ! Assez de violence !

J'ai aussi donné des directives au ministre de l'Intérieur et je les ai réitérées, et, aujourd'hui, je dis arrêtons le recours aux tirs à balles réelles. Les tirs à balles réelles ne sont pas acceptables et sont injustifiables, sauf, Dieu nous en préserve, si quelqu'un cherche à vous arracher votre arme, ou qu'il vous attaque par une arme à feu ou autre chose et qu'il vous oblige à vous défendre.

Je demande à la commission indépendante, je dis bien indépendante, qui va enquêter sur les incidents, les dépassements et les décès que nous regrettons, de déterminer les responsabilités de toutes les parties, toutes les parties sans exception, avec équité, intégrité et objectivité.

J'attend de tout Tunisien, qu'il me soutienne ou non, d'appuyer les efforts d'apaisement et de bannir la violence, les actes de destruction et de dégradation des biens. La réforme exige le calme, et les événements dont on a été témoin avaient pour point de départ la protestation contre une situation sociale, situation au sujet de laquelle nous avons consenti d'énormes efforts mais nous devons déployer de plus grands efforts afin de remédier aux carences.

Nous devons donner à nous tous la possibilité et le temps nécessaire pour pouvoir concrétiser l'ensemble des mesures importantes que nous avons prises.

En plus, j'ai chargé le gouvernement de procéder à une baisse des prix des produits et des services de base et d'augmenter le budget de compensation.

Quant aux revendications politiques, je vous avais dit que je vous ai compris, nous avons décidé :

* La pleine et entière liberté pour la presse, tous médias confondus. Libre accès aux sites Internet qui ne seront soumis à aucune forme de censure, tout en veillant au respect de la déontologie et des principes de la profession journalistique.

* Pour ce qui est de la commission dont j'avais annoncé la constitution, il y a deux jours, avec mission d'examiner les phénomènes de prévarication, de corruption et d'abus des responsables, elle sera indépendante, je dis bien indépendante, et nous veillerons à son impartialité et à son intégrité.

* A compter de ce jour, la liberté d'expression politique sera de mise, y compris la manifestation pacifique, la manifestation pacifique encadrée et organisée, la manifestation civilisée. Un parti ou une organisation qui voudrait organiser une manifestation pacifique aura la latitude de le faire pour peu qu'il en fasse la déclaration, en fixe l'heure et le lieu, l'encadre et collabore avec les parties responsables pour en préserver le caractère pacifique.

* Je voudrais dire que beaucoup de choses ne se sont pas passés comme je voulais qu'elles soient, s'agissant en particulier des domaines de la démocratie et des libertés. Certains m'ont parfois induit en erreur en me cachant les faits. Ceux-là, ils en rendront des comptes.

* C'est pourquoi je vous réaffirme, tout à fait clairement, que j'œuvrerai à renforcer la démocratie et à promouvoir le pluralisme. Oui, renforcer la démocratie et promouvoir le pluralisme.

* Je m'emploierai à protéger et à respecter la Constitution du pays. Je veux redire, ici, que, contrairement à ce que d'aucuns ont prétendu, je m'étais engagé, le 7 novembre, à ce qu'il n'y aurait plus de présidence à vie. Pas de présidence à vie. Je réitère donc mes remerciements à tous ceux qui m'avaient exhorté à me porter candidat en 2014, mais je me refuse à remettre en question la condition d'âge pour l'éligibilité à Présidence de République.

* Nous voulons atteindre l'année 2014 dans le cadre d'une concorde civile effective, dans un climat de dialogue national et avec la participation des partenaires nationaux à tous les niveaux.

* La Tunisie est notre pays à tous. La Tunisie que nous chérissons et que chérit son peuple, nous voulons la protéger.

* Que la volonté de son peuple demeure donc entre ses mains et entre les mains loyales qu'il choisira afin qu'elle continue son parcours qui avait commencé depuis l'indépendance et que nous avons poursuivi depuis 1987.

* Nous constituerons, à cet effet, une commission nationale qui sera présidée par une personnalité nationale indépendante et crédible auprès des partenaires politiques et sociaux pour se pencher sur l'amendement du Code électoral, du Code de la presse et de la loi sur les associations. La commission proposera un échéancier qui s'étalera jusqu'aux élections de 2014, y compris pour ce qui est de l'éventualité de dissocier les élections législatives de l'élection présidentielle.

* La Tunisie nous appartient à nous tous. Protégeons-la ensemble. Son avenir est entre nos mains. Garantissons-le ensemble. Chacun de nous est responsable, depuis la position qui est la sienne, du rétablissement de sa sécurité et de sa stabilité. Pansons ses plaies et engageons-la dans une étape nouvelle qui la rendrait encore plus apte à accéder à un avenir meilleur.

Vive la Tunisie. Vive son peuple. Vive la république."

El Général - Tounes bledna

angelica — 2011-01-12T12:40:50Z

Le parcours académique et professionnel d'Ahmed Eleuch

angelica — 2009-08-23T19:32:25Z

Docteur en Médecine de l'Université de Sousse depuis 1986, Ahmed Eleuch s'est spécialisé en psychiatrie en 1992, à Paris. Depuis, il a suivi de nombreuses formations complémentaires, afin de parfaire ses connaissances, en se tournant vers l'ethnopsychiatrie. Doté d'une solide expérience hospitalière, il pratique actuellement en cabinet privé, ainsi qu'au Centre d'Aide par le Travail de Saint Leu la Forêt. Il a publié deux ouvrages, et donne régulièrement de nombreuses conférences autour de l'intégration maghrébine sous le biais de sa spécialisation. Ahmed Eleuch a également donné un cours "Education et ethnopsychologie", somme des connaissances et de l'expérience qu'il a accumulé en douze années d'expérience, pour la Licence d'Etudes Islamiques interdisciplinaires, Conventionnée avec l'université Cadi Ayyad, Marrakech.

Professionnel de qualité, il a choisi de tourner sa pratique vers l'aide à l'intégration, l'ouverture et la tolérence.

Spécificités

angelica — 2006-10-11T19:46:04Z

Je suis une personne qui ne connaît pas la spécificité de la culture tunisienne. Il paraît que ça m'empêche de savoir ce qu'est la liberté, ça m'empêche de défendre des valeurs que je croyais pourtant universelles de droits humains, fondamentaux, de liberté, de justice. Beh non, il existe une spécificité culturelle tunisienne, et quand je parle de la liberté concernant la Tunisie, il paraît que je ne peux pas comprendre, je ne dis que des bêtises, je ne connaîs pas les spécificités.

Il doit y avoir une exception. En Tunisie, la liberté se déploie sans doute différemment ? la justice a un goût différent ? les droits s'adaptent ?

Depuis pas mal de temps, à force d'insultes, je me tais. Je ne ris pas, je ne souris pas, je ne me fâche même plus à la lecture de la prose du net tunisien. Je me borne à tenir un site, le tenir à disposition de qui veut y publier, le conserver en état de marche.

Depuis plusieurs mois, le forum et le site Tunezine ne sont plus actualisés : la seule personne constante sur ce site a été usée par le racisme violent de l'opposition tunisienne, ce mépris ultime pour celle qui avait juste eu envie d'apporter ses privilèges de démocrate à la lutte de tout un pays. D'autres initiatives sont mortes-nées si vite que personne ne se souvient de la plupart d'entre elles. Seule exception : Nawaat. C'est avec un plaisir énorme que j'ai vu et je vois ce site prendre forme, prospérer, et tenir un cap. Il a réussi à résister, et être toujours là. Pourtant, il a à faire face à cette même pourriture, celle de la haine jalouse, celle de la destruction par frustration. Les forums salis, maintenant les attaques des administrateurs, patients, qui aujourd'hui passent trop souvent pour cohabiter avec ceux-là même qui les insultent.

C'est donc ça, la spécificité de la liberté, du droit, de la justice tunisienne ?

Dans ma spécificité culturelle, on appelle ça de la haine.

Les oiseaux se cachent pour mourir

angelica — 2006-08-30T18:03:16Z

- Le blanc des mots / Solidarité internationale, Humour politique, Liban

café des blattes

angelica, hasni — 2006-04-05T21:13:37Z

Société de l'information : société du savoir ?

angelica — 2005-09-14T21:02:31Z

De quoi va donc parler ce Sommet mondial de la société de l'information tant attendu ? Tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la communication tentent d'en projeter les contenus, et d'y trouver la place de leur opinion ou de leurs intentions.

Il faut dire que les enjeux de la société de l'information sont importants, à tous les niveaux. Economiquement, il s'agit de modeler un milieu où presque tout est encore à faire, et le premier qui arrivera à marquer ce monde de son empreinte peut espérer acquérir ainsi un monopole durable. Socialement, il s'agit de déterminer enfin quel sera la part de l'individu, du citoyen, de la personne dans ce monde, et quel sera son rôle et action, par rapport aux médias et à ceux qui vont les contrôler.
On comprend qu'Internet se taille la part du lion, tant il représente un lieu de liberté pour certains et tant ce média échappe encore à tous les contrôles. On pourrait dire qu'il s'agit du seul média véritablement collaboratif qui existe actuellement, et son destin va sans doute déterminer celui des autres médias, vers un plus d'activité de leur public, ou vers une passivité générale. Notre destin à tous, celui de notre liberté, de nos valeurs démocratiques, s'inscrit entre autre là-dedans. C'est un enjeu social de taille.

L'article publié le 10 août passé par Frédéric Couchet sur son blog est éclairant de ce point de vue. La Tunisie traîne déjà la patte pour entrer dans le monde du logiciel libre, qui est une garantie importante d'indépendance de la communication informatique à la fois du monde économique et du monde politique. Quand on apprend le rôle que Microsoft va tenir effectivement lors du SMSI prochain, on ne s'étonne guère que ce soit Habib Ammar a avoir signé les partenariats entre la Tunisie organisatrice du SMSI et les entreprises Microsoft et Samsung. On parirait fort que le logiciel libre mettra encore de longues années à pouvoir se développer dans ce pays : question de contrôle.

Société d'information : parlons-nous de la même chose ?

Le 30 juin 2003, Pascal Renaud a introduit à Rome une réunion de préparation du SMSI. Il s'agissait à cette occasion de "définir" ambitieusement le concept de société d'information. J'utilise volontairement le terme d'ambitieux, tant la définition de ce concept me paraît hasardeuse. A vrai dire, le terme d'information lui-même est utilisé, usé et abusé largement, ces derniers temps. Tout est information, dès lors qu'il existe communication, et toute information se doit alors d'être diffusée, communiquée, mise à disposition du plus grand nombre. Loin de moi l'idée de vouloir des limitations à l'accès et à la circulation, ce qui reviendrait à jeter le bébé avec l'eau du bain ; mais dans la masse mouvante qui se constitue avec ce concept flou, il paraît impossible de trier le bon grain de l'ivraie. Vrai, faux, pertinent, impertinent, actualité ou opinion, émotions, mots, tout devient aussi labile que des mots qui s'envolent face à la page écrite, et tout est information. Le support de l'internet renforce largement cette tendance, mettant à disposition de tout un chacun des moyens de diffusion autrefois à disposition seulement des métiers de l'information. Or, si le journalisme comme toute profession est loin d'être une perfection, il est soumis à une éthique, et à un apprentissage, qui fournissent un cadre pour éviter, face aux pressions des divers pouvoirs en acte, les dérapages contraires à la liberté (et non pas dus à un trop de liberté, contre-sens idiot inventé par ceux que la liberté dérange).

Qui fait l'information ?

L'appropriation de la communication informative par quiconque est-elle un mal ? je ne le pense pas. Premièrement, le phénomène existe, et comme tout phénomène populaire il s'agit d'une tendance sociale qui n'est ni bonne ni mauvaise : elle est. Deuxièmement, elle remet par là-même foncièrement en cause des pratiques qui sinon n'auraient eu que très peu d'apport social. Enfin, il s'agit d'un phénomène d'expression de masse, en fait, et non d'information, dans lequel on circule comme dans toute masse, au hasard, selon certains liens et communications, par bouche à oreille.

L'internet, comme canal d'information et actuellement considéré comme l'un des plus importants, n'est effectivement pas qu'expression personnelle. D'une part, ces expressions deviennent information dès qu'elles sont traitées en masse. La seule fréquentation des lieux de l'internet devient information, recueillie, traitée, moulinée et objet de juteux marchés. Puis internet est originellement un réseau de communication scientifique, et il en a conservé l'usage autant dans la diffusion que dans la création à travers des réseaux d'échange. Cet usage s'est élargi à un large public de lecteurs curieux, et aussi à la volonté de vulgarisation de certains privés ou certaines institutions. Enfin, l'internet est un média de diffusion immédiat, et comme tel il est devenu un support privilégié de l'actualité.

Fréquentation de masse, immédiateté, facilité d'accès, large diffusion, l'internet est forcément devenu l'outil privilégié de l'expression, de l'opinion, de la diffusion d'information, de la communication, de l'échange. Son succès parfois extrême révèle une constante : un besoin impératif des gens de communiquer une opinion au-delà de sa personnalisation, de la diffuser, de la faire valoir. Internet n'est qu'une formalisation d'un média - l'électricité, pas le phénomène, il n'est qu'un support comme un autre, il est l'éclairage qui permet de voir ce qui existe indépendamment de son existence. Il ne permet, comme support, que la matérialisation de ce besoin.

La définition du concept de société d'information dépend donc de l'éclaircissement de ce besoin et de ses mécanismes.

Il y a information et Information

Pascal Renaud définit dans son discours la société de l'information comme une société du savoir. Il considère l'Internet comme une immense bibliothèque scientifique. Son propos me paraît pour le moins naïf, en lui créditant la bonne foi. Il dénote d'une ignorance totale de ce phénomène qu'est l'internet, car ce n'est de loin pas le premier contenu de cet outil. Ses lacunes, le manque de preuves ou de sources, ainsi que de recul objectif, et l'énorme diversité qualitative en font un moyen de diffusion, tout au plus une source d'une première information superficielle, certainement pas une source de savoir. C'est considérer que l'Internet est un média de diffusion passif pour son utilisateur, comme la télévision, et qu'il constitue une barrière entre le celui-ci et les producteurs de ce qui y est diffusé. Pourtant, l'utilisateur de l'internet est aussi la plupart des fois producteur. Pourquoi éviter de considérer cette part importante d'internet ? Le mot "savoir" sonne comme une trouvaille marketing de valorisation d'un produit disponible dans le commerce prochainement. اa laisse songeur.

Et nous ?

Reveiltunisien est un site privé d'information d'opinion. Il permet de diffuser des articles d'actualité et d'opinion. Ce n'est pas le seul site internet avec l'ambition d'être un média d'information journalistique. Mais pour quelle raison tant de privés apprennent "sur le tas" le métier de journaliste ?
Dans le contexte tunisien, cela semble évident - la censure totale imposée aux médias, l'impossibilité de faire entendre des voix discordantes envers l'action du régime en place, l'impossibilité même d'exister en dehors de la norme arbitraire imposée par le dictateur - la nécessité de prendre la parole est un devoir civique de liberté.

Cette tendance à la création de sites personnels, individuels ou menés par un petit groupe de personnes, dépasse largement le contexte tunisien, pourtant. Les sites d'opposition à une dictature ne sont de loin pas à l'origine du phénomène.

Je chercherais pour ma part l'explication dans la direction de la réappropriation d'un droit à la parole, alors que tous les médias de diffusions actuels sont largement balisés, qu'ils séparent producteurs et consommateurs d'information, et que celle-ci est devenue un bien monnayable. Le marché a envahi l'information, en réduisant les accès à une entrée payante.
C'est là une formule un peu rapide, je le concède, mais qui contient malgré tout le germe de l'explication. Sur internet ou ailleurs, les mouvements de réappropriation de ses droits fondamentaux, à la parole, à l'opinion, à la propriété de sa propre production, de sa personne, de son intégrité ainsi que de celle de sa pensée, se multiplient. Deux exemples basiques remplaceront une longue liste : le mouvement altermondialiste, dont la logique même est d'être nourri de propositions et initiatives individuelles, et celui des logiciels open source, libéralisant les outils de création d'information, et permettant de conserver la propriété de la clé de lecture de tous les documents créés : une question stratégique primordiale alors que la production numérisée croît de façon exponentielle, sans qu'aucune garantie d'en conserver des traces n'existe actuellement.

Du marché de l'information au marchandage d'information

Il est vrai que la société de l'information existe. Il existe quelque chose que ce nom décrit finalement bien, si on prend le terme d'information dans son sens le plus large, et si on gomme l'a priori marchand qu'il comporte. Mais son essence est justement de s'opposer avec force à une réglementation de la communication au fin d'en réduire les accès, afin d'en laisser le contrôle à des instances économiques. La structuration du SMSI, le choix de Tunis comme siège de son deuxième volet, les thèmes abordés et les organismes invités, ainsi que son financement et les partenariats qui le chapeautent, montrent juste qu'il ne s'agit lors de ce sommet ni de liberté, ni de réduction de la "fracture numérique", ni d'élargir la possibilité de la liberté d'expression à tous et partout, mais bien d'élargir l'accès passif pour en réduire l'accès productif. Le but : une production salariée, une consommation payante. Le moyen : un bouclage du réseau.

La Tunisie est de ce point de vue exemplaire : Tunishebdo se permet un ricanement discret en rendant compte du peu de succès qu'a eu l'initiative de la ristourne (décrite sur son site officiel : http://www.ristourne.ati.tn), offrant un financement pour encourager des sites personnels de création de contenu. On se demande pourquoi, en un an, deux demandes seulement ont été déposées, dont une seule acceptée... Les gens sont moins crédules qu'on ne l'imagine.

Dans ce climat, avec ces enjeux, nous ne pouvons espérer que chacun prenne sa place au lieu d'attendre qu'on lui en offre une, en renonçant au choix de sa liberté et de son expression.

Explosion de talent

angelica — 2005-07-13T14:37:59Z

voir aussi :

"Mon fils est un artiste, ce n'est pas un terroriste"*

Après que la répression aveugle de Ben Ali ait tenté de faire croire que des lycéens sont des dangereux terroristes voulant détruire le monde avec un tube de colle à capuchon noir, les condamnant à des peines très lourdes pour s'être trouvés sur son chemin, voici maintenant qu'on condamne une autre série de jeunes, sans aucun élément valable au dossier, sans aucune preuve, après leur avoir arraché des aveux sous la torture.

Parmi eux, Mohammed Lamine Hedhly, 25 ans, étudiant aux beaux-arts. Il a été condamné à 30 ans de prison en première instance, sans aucune preuve, aucun élément, sur la base d'aveux arrachés sous la torture.
Pourquoi ?

Il sortirait de prison à 55 ans.

La dictature tunisienne emprisonne ses jeunes, au hasard, les enterre dans ses prisons, les prive de la vie après avoir privé de futur toute une génération. Pourquoi ? dans quel but exact détruire la force et le futur de tout un peuple et du pays en entier ?

Après le terroriste au tube de colle, voici le terroriste au pinceau. C'est ridicule.

Mohammed Lamine Hedhly est un artiste, comme le dit sa mère : et talentueux, vraiment talentueux. Ses quelques oeuvres que nous avons reproduites ici parlent de son talent certain, et aussi de qui il est, des pensées, des émotions qui l'habitent. De la tendresse, un sens de l'observation précis et profond, la volonté déterminée de chercher, entre des lignes, entre des plans, entre les choses et à l'intérieur de tout, la réalité, le sens du pourquoi le monde est, au lieu d'être différent, ou de ne pas être.

Un portrait de femme, intelligent, une vraie construction de lumière, structurée en suivant un réseau de sens que Mohammed Lamine découvre, dévoile, montre la tentative de découvrir, derrière un regard baissé, derrière un sourire qui s'oublie, la grâce d'une mèche de cheveux, de l'arrondi d'une joue et de la ligne du cou, les pensées et la nature humaine individuelle. L'intensité de ce visage a réussi à fixer les émotions de son modèle à ce moment précis, arrêté en plein souffle, et vivant à jamais.

Une scène d'ensemble, avec cette même gestion du temps arrêté en un instant très court, comme ceux qui se fixent parfois dans nos souvenirs quand ils sont intenses, se construit entièrement et exclusivement de la lumière, dosée et hiérarchisée avec maîtrise, en la décomposant en tons et couleurs pour construire des formes, mais surtout tout un espace de vie, dense, où l'air même porte une histoire, un sens, et donne corps aux liens invisibles qui se tissent entre les choses.

Une composition infigurée transpose comme on le ferait dans un modèle théorique de la réalité les rapports de forme, de lumière, qui tissent ce qui fait que les choses sont, concrètement. Cherchez bien, en laissant le regard survoler cette peinture, vos pensées vagues iront vers tout ce que vous connaissez de votre expérience, et dont parle cette composition. C'est là, Mohammed Lamine supprime juste le bruit provoqué par le fait de reconnaître un sujet, et va droit au fondamental.

Enfin une sculpture, dont malheureusement l'image parle peu. On y perçoit un volume construit avec la maîtrise d'autres moyens que ceux de la lumière, avec les mêmes accords subtils, le même soin précis du détail pour servir l'ensemble.

Quatre oeuvres, intelligentes, fines, sensibles, produites par un jeune homme qui visiblement s'intéresse à la vie, la cherche, l'étudie, l'aime au plus profond de lui. Et on veut nous faire croire que ce même homme a pensé tuer ??? mais quelle absurdité !

Et quelle bêtise : car Mohammed Lamine Hedhly est un très bon artiste, un homme qu'il aurait fallu pousser à se développer encore, qui aurait pu être destiné à une carrière importante, portant le nom de la Tunisie haut, dans le monde de la culture. Une promesse que Mohammed Lamine Hedhly faisait à son pays, en exploitant son talent, en apprenant encore, toujours à tenter de comprendre et cerner le monde, et que le régime de Ben Ali a écrasé sous son pied, méprisant de toute vie, de tout talent, de toute énergie, de toute volonté de dynamique, de construction, de vitalité.

Voilà la politique culturelle de Ben Ali, bien visible aux yeux de qui veut voir, que les articles complaisants et ronflants de La Presse ou de Réalités n'arrivent plus à cacher.

Tunisiens, ne pensez même plus s'il vous plaît : il risque de vous en coûter trente ans de prison.