Tunisie Réveille Toi !

De la culpabilité d'un peuple par les techniciens de la politique

Armayas16 — 2004-02-11T23:42:19Z

Une fois de plus, nous n'aurons de cesse de dénoncer l'autre prison, celle qui enferme tous les tunisiens sans qu'ils ne voient le moindre uniforme de policier pointer à l'horizon.

Cette semaine, la plume acerbe d'un des rédacteurs de Réveil Tunisien tentera de s'ingénier à dépecer quelques termes, expressions, idées en vogue véhiculées par nos polticiens et reprises par notre peuple.

Elles constituent la structure de cette "autre prison", ce sont ses barreaux, ses chaînes, ses gardiens, ses plantations d'orties qui se ramifient vers la prison bien réelle et palpable qui enserre entre ses griffes des milliers d'êtres humains pour délit d'opinion, délit de pensée, délit de liberté,... le délit de leur propre nature. Presque commis à l'insu d'eux mêmes.

Pour une fois, je ne mettrais pas d'un côté les politiciens officiels, frappés du sceau hallal et ceux de l'opposition, du domaine du haram. Car presque tous participent à leur façon à nous enfermer dans des schémas de pensée délibérement castratifs.

La technique est éprouvée. Aristote nous enseignait que l'esprit du technicien déforme l'intention de l'esprit pur en l'enfermant dans des principes rigides et donc facilement contournables. Ce qui permet aussi accessoirement de sauver les apparences et de se donner celle de la vertu. En clair, si toutes nos valeurs ne nous ont pas protégées de la tyrannie, c'est qu'elles n'étaient qu'une ligne Maginot... juste bonne a être contournée.

Par opposition à notre supposée incurie, combien de fois nous sommes nous vus "remettre en place" par les hérauts de la responsabilité citoyenne ? C'est que pour nombre de penseurs autopromus au sommet des myriades tunisiennes, le recyclage des idées véhiculées par les milieux les plus autoritaires de notre intelligentsia, est de bon ton. Combien de fois pourrons nous lire des textes de entendre des mots d'opposants qui nous traitent en mineurs ? Exactement comme des rcdistes ! A ce qu'il paraît, si nous en sommes là, ce serait uniquement de notre faute car par un quelconque atavisme du sort, nous n'aurions que ce que nous méritons.

J'ai participé à cette responsabilisation mais dans des limites que j'ai toujours eu à l'esprit et que je vais maintenant énoncer plus clairement. Notre culpabilité n'est qu'apparente et elle n'est pas un fait délibéré. Certes, rejeter sur un acteur extérieur la source de notre cataclysme est une erreur de jugement, une volonté de fuite qui finirai par nous être vraiment fatale si elle devenait un reflexe. Mais, ce stade dépassé, aucun de nous n'est particulièrement coupable de la situation dans laquelle se trouve notre pays. Ni d'ailleurs nos ancêtres qui donnèrent en leur temps ce qu'ils pouvaient offrir.

Notre responsabilité dans le fléau de la tyrannie tiendrait donc à notre peu d'empressement à secouer ce joug qui nous presse. Chaque zeste manqué engendre des conséquences qui sont perçues comme une punition juste. Une sorte de condamnation divine similaire à ce que l'on prophétise aux homosexuels à propos du SIDA.

Certes, certains parmi vous qui me lisez doivent le penser. Pourtant, ce type de raisonnement ne tient pas. Le SIDA frappant plus d'hétérosexuels et le malheur fondant invariablement sur les "gentils" que les "méchants".

Ce discours nous vient du tréfond des âges, il n'a pas été inventé par de trop célèbres oulémas véreux, et il préexistait même au judaïsme. C'est en réalité un procédé de domination qui instille au sein des peuples le poison de leur prétendue incompétence, de leur prétendue indignité du statut d'êtres humains, de leur mérite de subir la punition d'un tyran ou d'un dieu. Par la culpabilité, on voudrait nous voir renoncer à nos arguments en vue d'un monde meilleur et abandonner ce "fardeau" à d'autres, trop heureux de le récupérer pour leur profit.

Il s'agît de nous faire baisser la tête, rougir de honte, nous renier nous mêmes pour épouser des causes que des hommes fiers et libres rejetteraient sans cérémonie.

Ce fût ainsi que le christianisme domina l'Occident avant que ce dernier ne se rebelle, et c'est ainsi que notre sorte de clergé à nous nous domine là ou il le peut encore, et c'est ainsi que là ou ils ont récupéré la manne, des tyrans continuent de nous asservir en tuant notre foi en nous mêmes.

Certains opposants se croient bien inspirés de reprendre à leur compte cet art subversif, pensant nous éveiller à notre propre déchéance, ils ne font que nous injecter des piqures de rappel... c'en est même parfois à douter leur sincérité.

Car, pour clore ce point du texte, observez donc comment réagît le commun des mortels face à ce genre d'incriminations. Il se couche face à tous les discours paternalistes, et pourtant ces thuriféraires ne sont jamais mieux placés qu'eux pour parler ainsi. Méfions nous des discours empreints d'une moralité ostentatoire. Chaque tunisien à ses raisons de ne pas se mouiller trop explicitement, c'est une stratégie de survie, la meilleure car le jour ou suffisamment de nos compatriotes seront prêts à l'action, alors nous serons là pour gonfler les rangs et atteindre la taille critique nécessaire pour renverser ce régime à un moindre prix. N'allons donc pas à l'abattoir, trop peu nombreux nous échouerions et cela repousserait d'autant plus notre heure en permettant à un régime encore fort de nous éliminer un par un, annulant notre véritable force : le nombre !

Enfin, il me semble encore bon de rappeler à quel point les discours propageant le défaitisme et le mépris de soi et de ses concitoyens ressemblent à de la haute trahison. Tuer en nous notre moral et notre confiance en nous mêmes, notre amour propre, c'est nous enlever l'envie d'être libres, puisque nous ne le mériterions pas ! Nous traiter en mineurs, c'est nous acculer à subir leçon sur leçon, des leçons dont seuls les donneurs connaissent les conséquences. Lesquelles leur sont profitables à eux !

Notre peuple, bientôt, dira non. L'aventure commencera par ce "NON". Et le véritable réveil, ce sera pour nous de retrouver notre confiance et notre dignité, pour accomplir notre révolution sur nous mêmes, celle qui nous autorisera nous aussi à penser, à élaborer et à ne pas laisser à d'autres le soin de dire la messe. Chaque tunisienne, chaque tunisien est capable de gérer sa vie, de participer à la guidée de la nation en vertu d'un bon sens qui est la chose la mieux partagée de tous. Mais en l'absence de prise de conscience, en vertu de la haute teneur en "moraline" des discours tenus au sein du public, ce bon sens n'apparaît pas encore comme une évidence. Osez seulement tenir en suspicion tous les discours qui recueillent l'assentiment du grand nombre, et vous verrez par vous mêmes quels mensonges ils entretiennent.

Osez seulement !

Vous vous trompez !

Armayas16 — 2004-02-04T21:21:59Z

Vous vous trompez.

De combat, de projet, de valeurs. On se trompe sur tout ça. Nombreux nous sommes à nous préoccuper de problèmes qui n'ont rien à voir avec notre sort. A l'image de cette presse en Tunisie qui a les poings liés lorsqu'ils s'agît de parler de l'intérieur mais libres quant à ce qui se passe dans le monde.

Tout se passe comme s'il pouvait exister une véritable séparation de la Tunisie du dedans et du monde du dehors. Bien sûr, c'est la dictature qui voudrait ça, elle qui veut paraître démocrate sans l'être cherche sa légitimité face à l'étranger, où la Tunisie prend toujours le camp des démocraties. Cet étranger est pour elle corvéable à merci afin que vos flèches soient décochées dans la mauvaise direction.

Au chapitre des diversions et des contre-vérités, il en est quelques unes tout à fait saillantes aujourd'hui. En passant par l'éternel islam et en finissant par l'autocritique pourtant nécessaire à notre émancipation.

Aperçu du tableau croisé de notre captivité intellectuelle.

Un point facile, évident, par où commencer, non pas l'islam, mais son image, sa perception, ce qu'en font les hommes.

Observons l'espèce « d'islamic revival » qui a cours chez nous et en Europe. Il ne s'agit jamais d'un islam maghrébin, tunisien, algérien, marocain, etc., mais d'un islam importé du Moyen-Orient. Précisément, beaucoup pensent que le problème ce sont les traditions pré-islamiques qui ont survécu en se faisant passer pour l'islam.

Mais ce discours est faux. Car, nos ancêtres, qui étaient bien plus traditionnalistes, étaient-ils de moins « pieuses » personnes ? L'Islam interdit-il toute originalité culturelle, toute personnalité propre au croyant, toute essence nationale à un peuple ? J'en doute fortement. Nombre de ces traditions sont jetées en patûre au profit d'une nouvelle promotion, celle d'un islam né dans la guerre, un islam belliqueux, purgé de ces usages et coûtumes, et pour cela, en niant la personnalité des peuples, est radicalement totalitaire. C'est l'exact contraire de la tolérance que nous démasquons-là ! C'est le vrai mensonge au sujet de l'islam. C'est notre acculturation véritable.

Un islam wahhabite, salafiste, « réformé par pire que les conservateurs » (vous savez, ces réformateurs autoproclamés qui ne font que changer l'apparence du discours rétrograde des serial-fatwa-makers).

Le foulard, le tchador, le rideau de fer au féminin n'ont pas grand chose à voir avec ce que les femmes mettaient il y a un siècle en Tunisie. Ni d'ailleurs la mentalité, qui instaure un autre cordon sanitaire entre Soi et son instinct de vie, son instinct de liberté, d'élévation de la conscience, la soif de connaître.

Mais aussi un rideau de fer entre nous et l'étranger !
Un rideau de fer entre le mari et sa femme, la soeur et le frère, l'ami et l'amie ? Non l'ami n'a plus droit aux amies sans se rendre coupable d'un crime.

En fait, pour les croyants, un rideau de fer entre tout ce que Dieu a uni. C'est leur perversité sans borne à ces islamistes. Un véritable coup d'Etat contre la religion et contre les fidèles. Ils ne sont pas mieux qu'un Sharon ou un Saddam ! Même pire, ils valent un Hitler ou un Staline... ils n'ont simplement pas - encore - les mêmes moyens.

Nous sommes en voie de colonisation culturelle et non pas par l'Occident, contrairement à tout ce que tant de candides perroquets proclament à « cor » et à cri.

Je parle de ces trompettes de mort qui sifflent leur rengaine macabre dès qu'un des notres sort la tête du caniveau pour voir enfin à quel point l'être arabo-musulman est manipulé par ses propres « frères ».

L'Occident avec tous ses défauts à une qualité qui le rachète, au moins, au sens de la philosophie a défaut de la morale. Ses idéaux sont universels à tel point qu'ils ont du succès sur la planète entière (on ne peut pas en dire autant de notre « islam », et quel islam !!! Une potée dont Allah en personne ne voudrait même pas).

Ces idéaux sont universels car nés de peuples qui l'espace d'une seconde rejetèrent les frontières entre duchés, fiefs, royaumes pour imaginer ce que tous les êtres humains avaient de commun. Pour imaginer une solution pour nous tous, qui sommes, même de différentes cultures ou religions, tous semblables.

La démocratie appartient à l'humanité... elle a un lieu de naissance particulier, comme toute chose, comme l'islam, mais c'est tout.

Car tant pis s'ils ne s'appelaient pas Noureddine ou Ahmed, ces géniaux penseurs ! On n'a pas le droit d'en vouloir aux valeurs qu'ils enfantèrent sous prétexte que ce furent des John et des Jean-Jacques qui les premiers les énoncèrent.

Les valeurs qu'ils ont portées au monde son adaptables partout. De la Corée du Sud au Sénégal. Des pays moins arrogants que les notres sont démocratiques. Ce n'est pas peu dire !

Notre arrogance, qui en parle ? On ne considère que l'arrogance des puissants. A tort ! Qu'on nous explique alors ce que veut dire ce sentiment que chacun devrait éprouver d'être fier de ses origines ? Bien sûr, je n'entend pas remettre la fierté à la poubelle mais lorsque celle-ci est exagérée, amplifiée au point ou on ne veut même plus reconnaître nos erreurs, elle est décidément mal placée. Nous nous trompons de fierté. Celle qui est censée nous animer est illégitime.

Car la valeur cardinale de tout homme libre est l'autocritique. La remise en cause n'est pas un tabou en démocratie, qu'elle soit française ou taïwanaise. Bien pire, sans elle, jamais les tyrans ne tombent. Les tyrans visibles ou ceux trônant à l'ombre de nos neurones. L'ériger en principe sacro-saint, c'est en faire une arme de destruction massive des chaînes en tous genre, du métal à ces fameux neurones.

Et vous ne vous en apercevez pas encore assez ! Mais si vous avez aujourd'hui la capacité de vous opposer aux politiques que vous considérez injustes, même et surtout lorsqu'elles émanent de l'Occident (je pense à Bush par ex.), c'est avec les outils intellectuels qui sont nés la bas. Ayons le bon sens de dépasser l'apparence pour clamer que ce ne fût jamais qu'oeuvres d'êtres humains, comme nous, comme nos Averroës, nos Avicenne. Des êtres humains non forcément des occidentaux. Accepter l'universalisme, c'est accepter par ce retour aux sources fondamentales de notre nature de fraterniser avec ceux qu'on nous aura décrits comme des infidèles ou des agents de l'étranger, pour leurs contemporains, et pour le plus grand tort qui nous ait jamais été infligé.

Alors, oui, nous avons aujourd'hui cette vraie chance de prendre notre droit, c'est-à-dire les valeurs de la démocratie, de la liberté, des Droits de l'Homme, de l'égalité des sexes, de la laïcité, du progrès scientifique, etc. De les adapter à notre contexte mais sans les dénaturer. Et tant pis pour les ressemblances... vous savez, la théocratie islamique et les dictatures arabes qui dénoncent l'importation d'idéaux venus de l'étranger ne font pas mieux. La théocratie existait déjà chez les juifs dans l'Israël antique et chez les chrétiens avant l'avénement de l'islam. La dictature arabe est la copie conforme de la dictature ou qu'elle se soit trouvée ou se trouve encore dans le monde. Décidément, au jeu des faux semblants, nous sommes passé maîtres.

Revenons à nos moutons (au fait, Aîdkom mabrouk).
Faisons comme d'autres, jadis, qui prirent quelques uns des progrès enregistrés dans l'Empire Arabe pour s'en servir à leur profit ! Etaient-ils des homelettes pour refuser de servir leur bonheur avec du matériel intellectuel importé ? Cessons d'être « cons » à notre tour pour enfin saisir notre chance ! C'est un juste retour sur investissement. Le monde des idées est tel que le royaume des cieux, sans frontières temporelles ni spatiales, c'est véritablement là que toutes les limites sont levées, là ou l'homme est nu face à son semblable, là ou il réalisera son rêve de liberté, d'égalité et de justice.

Alors, oui, vous vous trompez « mesdames, mesdemoiselles, messieurs ». La colonisation des esprits ce n'est pas Mc Do... d'ailleurs tout le monde connaît tellement bien le procédé que ça ne peut pas marcher. Non, ils s'appellent Oulémas, « savants » religieux, musulmans modernes (marier la femme avec les fouets aérodynamiques de notre temps, échanger le sabre pour la kalachenikov, le chameau pour le tank, etc. !), et j'en passe. Et nous sommes poignardés dans le dos et à notre insu en plus ! Qui donc en ressent la douleur ? Notre prédateur nous endort avant de nous piquer.

Alors avant de devenir des schtroumpfs noirs, essayons au moins de dénoncer les Amr Khaled qui nous endorment et les Ben Laden qui nous piquent. Et pas seulement eux, bien d'autres qui nous apportent un soi disant message religieux d'Orient, d'autres un message d'auto idôlatrie et d'autres un le complexe du peuple assiégé. Cessons d'en faire l'apologie, cessons d'être des moutons qui se cherchent une bergerie. Ou tout du moins essayons d'en trouver une convenable.

D'ailleurs, leur philosophie est en tous points comparable à celle des chrétiens fondamentalistes qui soutiennent Bush. Un peu de jugeote et vous les reconnaîtrez aisément. Nos ennemis ne sont pas des Etats. Les ennemis sont les criminels qui se sont emparés du pouvoir en plusieurs endroits dans le monde, s'entraînant vers la déchéance à la suite du monde arabe colonisé par ses frères, pionnier en la matière.

Cette nouvelle vague est la troisième. La première, les dictatures séculières pan-arabes de la décolonisation, la seconde, les dictatures séculières post-coloniales, l'ère du recul de l'éducation, de l'augmentation de la répression, d'un renouvellement douteux des élites, la fin idéologique des premiers. La troisième, à venir, les populistes islamistes, nos Pat Robertson [1] à nous.

La troisième ne doit pas passer ou nous en prendrons encore pour 30 ans.

[1] Télé évangéliste américain qui manie l'art de la rhétorique, cherche à séduire pour entrainer à sa suite pour dispenser non pas un enseignement religieux ou une base morale, mais aussi politique, sociale et culturelle. L'équivalent islamique le plus proche est Amr Khaled. Méfiez vous des éleveurs !

2004 année électorale

Armayas16 — 2004-01-21T22:27:50Z

Propagez le message !

Suis-je devenu fou ? Pensez-vous !

Que nenni ! Je vous encourage tous à voter, allez prendre vos cartes électorales ou alors si comme moi vous l'avez depuis loooooooongtemps sans l'avoir utilisée - ou utilisée, après tout ça ne change rien - utilisez-la cette fois-ci.

Ce rendez-vous avec notre destin manifeste est important. Il nous permettra de décider si on veut Ben Ali ou … de Ben Ali. Propagez le message !

Alors bousculez-vous au portillon, profitez du transport gratuit qu'ils offrent parfois, videz leurs caisses en leur faisant consommer de l'essence, du papier, de l'encre, de la salive… bref, allez-y en masse et dans la joie et la bonne humeur.

Vous devez voter Ben Ali. C'est nécessaire pour la démocratie en Tunisie, pour faire avancer nos droits élémentaires, pour obtenir plus de justice en Tunisie et pour ne pas mettre notre développement économique en danger à cause de la corruption qui sévit sous le règne de Ben Ali. Seul Ben Ali peut nous sauver de Ben Ali.

Et voici comment. Vos bulletins seront d'une couleur donnée, qu'importe, ou mieux encore, il seront blancs avec un nom écrit en noir dedans. اa ne change rien à rien.

Les règles élémentaires du vote conduisent à invalider les bulletins sur lesquels on a écrit quelque chose ou qu'on a déchirés. Bref, vandalisez vos bulletins, écrivez dessus quelque chose ou déchirez les si vous ne pouvez pas faire autrement. اa en fera des bulletins nuls, impossibles à compter.

Bien sûr ils tenteront de cacher la réalité mais la rumeur se propagera. Et ça nous redonnera de l'espoir tout en les faisant paniquer. Toujours la même stratégie, diviser les rcdistes pour mieux les soumettre !

Bref, avec le bouche à bouche, on devrait être assez nombreux à faire le coup. Vous avez toute l'année pour passer le message.

Voici quelques exemples en images :


Vote bleu: exemple 1


Vote jaune: exemple 2


Vote rouge: exemple 3


Vote vert: exemple 4


Vote violet: exemple 5


Vote noir: exemple 6

Votez bien, votez mal !
Votez Ben Ali pour la démocratie !
Le geste citoyen élémentaire, c'est de s'encourager les uns et les autres à voter Ben Ali !

Ca doit péter !

Armayas16 — 2004-01-21T22:27:14Z

C'est en lisant l'article de Hasni que cette phrase m'est venue a l'esprit. Une phrase ? parles-tu ! Dira n'importe lequel de nos portes-étendard de l'opposition.

Hasni le disait si bien, il manque un capitaine, un projet d'avenir, il manque un plan !

Antékrista l'évoquait fort justement, une opposition divisée mis à part un « quarteron chevronné ». Une opposition qui discute, elle ne dialogue pas encore. Ils ont déclaré un truc à Aix-en-Provence, j'ai survolé la chose. Et bien qu'il y aît eu des points positifs, ce n'était finalement qu'ombre et poussière.

Alors ou qu'elle est l'opposition ? On a bien Radhia Nasraoui, Sihem Bensedrine, Zouhair Yahyaoui, et d'autres de leur trempe dont je ne vais pas citer le nom parce que j'ai les idées ailleurs. Mais eux, aussi admirables qu'ils aient été, ils ne nous sauveront pas avec leur bravoure.

D'après le texte de Hasni, donc "aucune association ne veut traiter avec [n]ous". Nous non plus a-t-il répondu. Qu'est-ce qui gêne ? Voyez donc ces nigauds clamer au haut et fort qu'ils disent la vérité sur le régime de Ben Ali et qui ne tolèrent pas qu'on dise la vraie vérité sur le cloaque qu'ils partagent avec le squatteur de Carthage !

En réalité, on ne changera pas la Tunisie avec des phrases à la naphtaline, avec des congrès en chambre, ou à travers l' hypocrisie bien comprise des uns envers les autres. Vous n'êtes que des monnayeurs d'influence pas des distributeurs d'upper cuts. Des usuriers pas des producteurs !

Aucune vision, aucun plan ne serait ce que pour semer la zizanie au sein du régime, même pas une base minimale pour commencer.

Je me souviens qu'il y avait un débat, il y a quelques années, pour savoir si on devait boycotter les produits tunisiens et faire encore plus la contre pub du régime ; et vous avez renoncé parce que ça aurait nuit à l'économie nationale. Quand on n'a pas le courage de faire mal, on ne peut que se congratuler de son immobilisme.

Certains opposants se servent de forums pour s'exprimer. Or, tout ce qui paraît est un ramassis de jugements moraux.

D'autres se font spécialistes des batailles verbales de sumos. Il s'agît toujours de tenter de détruire la réputation d'autrui.

Mais qu'est-ce que ce capharnaüm ? En fait, très peu méritent le statut d'êtres humains.

Ce qu'il nous faut c'est gagner la guerre et l'après guerre.
Gagner la guerre c'est éliminer Ben Ali et son régime, gagner l'après-guerre c'est nous assurer que nous avons gagné la guerre de telle manière que nous aurons la démocratie pour de bon.

Pour faire la guerre il faut supprimer la part d'humanité qu'on perçoit chez son ennemi. Et c'est, justement, moralement, tout à fait justifié. Je vous réfère pour cela à un édito que j'ai précédemment rédigé « Vitrifons les 7 fois ! ».

Pour ce faire, oui, il faut boycotter les produits tunisiens issus des conglomérats du régime, et oui il faut dénoncer ce régime à plein pots et multiplier les actions coup de poing envers les offices de tourisme, les ambassades et les consulats. Devant les journaux qui ecrivent un article injuste à propos de la situation des libertés en Tunisie, devant les parlementaires qui disent des anneries, en Europe, aux ة-U, au Canada, en Asie, en Afrique, partout ou nous le pouvons. Il faut ruiner la réputation de ce régime et comme il est un corps greffé à la Tunisie, on ne l'extraiera pas sans douleur.

S'il doit y avoir des dommages sur la société tunisienne, et bien soit, nous devons assumer. Il vaut mieux plus de chômage que de risquer trop d'années supplémentaires de tortures, de viols, d'emprisonnements arbitraires. La morale qui a condamné de prendre le risque de faire du mal à l'économie tunisiene, vous le voyez, était pernicieuse.

On peut se permettre de perdre des millions de dinars, et d'avoir plus de chômeurs. On doit le souhaiter même et prier le bon Dieu pour ça. Si vous nuisez à l'économie tunisienne vous toucherez au but inévitablement les deniers des « 40 voleurs ». Le commerce de l'honnête tunisien ne les intéresse pas parce que nous avons la chance que la majorité de nos travailleurs soient dans des structures relativement petites qui dépendent d'un marché local quasi incompressible, c'est-à-dire beaucoup moins touché par une crise que les grands groupes (sauf les secteurs tels que le tourisme, bien entendu !).

Et prenez garde à ne pas servir la propagande du régime sur le progrès économique en vous privant de ces moyens de lutte !

Et les Droits de l'Homme avant tout ! N'écoutons plus les pourvoyeurs de morale. Tout ce qu'ils disent est destiné à nous tromper, à nous maintenir dans l'état d'ignorance de nos moyens. Nous sommes tous autant de batons de dynamique posés les uns sur les autres, faisons en exploser un et tous les autres s'enflammeront à leur tour.

En augmentant le chômage, et surtout en réduisant les profits de la bande au pouvoir, nous éliminerons ce ciment qui a jusqu'à maintenant uni des composantes, des personnes qui sont irrémédiablement destinées à entrer en concurrence. Ce que nous devons faire c'est favoriser l'émergence des conditions propices à la concurrence entre les séïdes du régime d'une part, et entre eux et le peuple tunisien.

Il n'y a pas d'erreur à vouloir une Tunisie qui, temporairement, s'enrichit moins vite. Sur 5% de croissance, de combien les Tunisiens profitent réellement ? 2% ? Je suis même généreux. Il faut aux grandes fortunes de grands chiffres pour prospérer. Pour obtenir ces grands chiffres, il faut s'éloigner progressivement de l'économie de base pour entrer dans un domaine beaucoup plus volatil. Si la croissance tunisienne se réduit de 2% pour tomber à trois, ce ne sont pas les 2% de l'économie de base qui profite réellement aux tunisiens qui aura perdu le plus, ce seront ces 3% dont « les 7 familles » tirent leurs gros sous. Ce fameux secteur volatile, par trop dépendant de la conjoncture, donc de votre bienveillance mal adressée.

D'ailleurs, ils ne pourront pas vraiment faire payer le peuple tunisien. En période de vaches maîgres, les consciences sont en ébulition. Mais ils seront poussés par leur dynamique propre, leur appétit, à voler plus de commerces par intimidation, à prendre plus de terres aux paysans. Ils seront poussés à dépasser un point critique au-delà duquel la docilité du peuple tunisien ne sera plus garantie. Certains s'apercevront que l'appétit de leurs congénères les mène droit au mur, et il y aura des dissensions de plus en plus importantes au sein même du régime. La fracture entre les Tunisiens et le régime sera courronée par un bras de fer entre rcdistes libéraux et rcdistes radicaux. Nous aurons créé les conditions propices à un renversement des radicaux par les libéraux.

L'après guerre consistera alors à intervenir immédiatement pour limiter le pouvoir des rcdistes libéraux. Qu'importe leur nom ou leur origine politique, ils seront dans une phase où leur assise sera trop fragile pour qu'ils refusent la démocratie. Le travail de l'opposition c'est de se préparer pour ce moment critique, qui ne se présentera qu'une fois.

Ceci est un scénario possible et souhaitable. Nous pouvons être sûrs de son efficacité. C'est l'expérience et la théorie des révolutions qui sont réconciliées dans cette perspective. L'expérience de l'effondrement de bien des dictatures, bien plus solides et plus puissantes que celle du 7 novembre. Pensez donc à l'URSS et à la RDA.

Faîtes le plein d'adrénaline, et battez ce régime jusqu'à la mort. Et même lorsqu'il sera à terre, prenez garde à le laisser se relever. Faites périr l'esprit autoritaire plutôt que de lui laisser une nouvelle chance.

Y a-t-il un problème avec l'islam ?

Armayas16 — 2004-01-14T21:48:16Z

Cela fait un certain temps que je pense à jeter dans un article une proposition de bases pour une discussion entre musulmans et laïques, musulmans et athées, musulmans et non musulmans, et peut-être, musulmans et musulmans.

Dans cet article, je range mes convictions au placard et une partie des valeurs qui y sont attachées. Vous ne saurez pas et vous ne devez pas savoir si je suis croyant ou non, musulman ou juif, déicide ou agnostique. Car moi aussi, je dois oublier cela pour le temps de l'inspiration.

Mes lectures, mes dialogues, i.e. mes questionnements m'ont amené à étudier en profondeur le problème de l'islam dans le monde contemporain.

Les débats au vitriol, les lectures décapantes et la sensibilité des autres ainsi que la mienne m'ont amené à me prononcer en faveur d'une désacralisation du débat. La crispation nait du fait que croyant en une vérité révélée ou croyant en l'exact contraire, les protagonistes de ce genre de débat ne s'extirpent pas de leurs préjugés personnels.

J'ai surfé sur les forums anti islam comme pro islam, et même franchement fanatiques, des deux bords. J'ai lu bien des auteurs, De Mohammed Abdou à Talbi, mais aussi du Ramadhan et du Qardawi… pour ainsi dire, j'ai aussi lu des textes de ceux qu'on appelle musulmans intégristes.

Par la désacralisation du débat, j'entends que les différentes parties doivent accepter que l'interaction des idées contraires est nécessaire et qu'il y a un préalable indispensable à cela : faire passer le temps du dialogue ses convictions les plus sacrées dans le domaine du profane, i.e accepter l'incroyance de l'autre (dans les deux sens), accepter ses possibles reproches et reconnaître que ses propres reproches sont aussi, du coup, du domaine du profane.

Ainsi, les croyants devraient accepter un certain nombre de préalables.

Se convaincre de la bonne foi de son interlocteur non croyant. Ses questionnements, ses doutes, et même ses récriminations peuvent être honnêtes et légitimes. Elles sont bien souvent justifiées.
Accepter que du non croyant qui s'adresse à nous, on a accepté le débat. C'est-à-dire une remise en cause des valeurs et croyances qui nous sont les plus chères.
S'extirper du carcan religieux, j'entends par là (et positivement) de s'éloigner pendant le temps de la conversation de ce qu'on considère « comme des vérités évidentes que tout le monde devrait reconnaître ». Ce postulat fait beaucoup de mal au dialogue car de là vient toute l'incompréhension et votre incapacité propre à vous identifier à un interlocuteur qui soit votre égal dans le raisonnement.

J'entends que les non croyants acceptent que :
Les musulmans à qui ils s'adressent ont aussi accepté le débat. Et qu'en échange de leur abandon de leurs préjugés, de leurs présupposés, de leur reconnaissance que leur perception de la vérité n'est pas transposable à tous, on cesse de présupposer que les croyants sont des personnes faibles recherchant une réponse confortable à leurs angoisses.
Accepter qu'un musulman remette en cause la rationalité de laquelle on se réclame. Elle ne peut, en effet, ne pas être forcément absolue ou parfaite.
Reconnaître au musulman une capacité similaire à la critique et plutôt que de le rebiffer avec des attaques le plus souvent gratuites bien que pas forcément injustifiées (dans le cadre d'un échange d'idées pas d'une descente !). Lui reconnaître une capacité à se remettre en cause et valoriser cette remise en cause même si elle ne l'amène pas à abandonner ses idées.

J'ai remarqué que bien souvent, lorsque le dialogue était assagît, hors de la passion des uns et des autres, les points de convergeance commençaient à apparaître. Il existe bien souvent, en réalité, assez peu de divergeances entre musulmans et juifs ou chrétiens. Eh bien, vous vous en apercevrez, même entre musulmans et athées, musulmans et anti islams. En réalité, les réelles divergeances naissent des crispations autour de la sacralité de certains thèmes tels que l'unicité divine ou les règles alimentaires. Ces thèmes ne sont pas des sujets de débat constructif. Il est inutile de questionner un musulman sur son refus de boire de l'alcool. On peut penser qu'il a tort mais on a pas vraiment le droit de le regarder comme si c'était un idiot. Et vice versa pour le musulman qui exprime un dégoût ostentatoire du non musulman qui mange une tranche de jambon. Ce n'est pas sale, c'est juste interdit à ceux qui sont musulmans et juifs. C'est de l'humilité. Ne haïssez pas votre prochain pour ces détails.

Le dialogue doit forcément porter sur notre espace commun, la société. ہ chacun d'énoncer sa vision de la société qu'il veut avec l'intention de faire quelques concessions, car devant Dieu ou l'humanité, la bonne entente des hommes vaut bien quelques sacrifices. Le Coran approuve ce genre d'attitude comme la conscience personnelle des non musulmans. Nous devons comprendre que la Tunisie ne sera plus jamais à 99% musulmane et que le changement d'ère aussi bien que la modification des rapports religieux/non religieux nous impose pour vivre dans la paix civile de redéfinir l'impact de la religion sur les institutions et la vie quotidienne de chaque tunisien. C'est ce déplacement du centre de gravité religieux sous lequel glisse, en réalité, le plateau social que nous devons débattre. Il n'y a aucune obligation pour un tunisien qui n'a pas la foi de conserver les apparences du musulman. Nous gagnerons tous à accepter que celui qui est différent le soit au grand jour, lui-même, avec ses authentiques revendications et la légitimité de ses perceptions personnelles.

Faisons fi du débat sur l'existence de Dieu ou non. Ou cela nous mènera-til ? Nulle part ! اa nous divise inutilement. C'est du ressort d'une conviction plus que profonde, et une conviction qu'il vaut mieux avoir de soi-même. Mais parlons de la laïcité. En quoi elle est utile à tous ? Comment la faire afin que tous en tirent profit ? Quelles lois pour les musulmans et les non musulmans ? Quelles valeurs communes partager pour construire ensemble la république ? Nous devons avoir un minimum d'accords pour vivre ensemble. Il nous faut trouver ce fond commun. Il devra être inscrit dans la constitution, et inspirer nos lois. Ce dialogue n'a jamais eu lieu en Tunisie, ni ailleurs dans le monde arabe. Il est temps d'y parvenir !

Ben Ali ne restera pas là éternellement. Un jour, la démocratie pointera son nez et si nous voulons la réussir, engageons ce débat maintenant.

Inversion des valeurs

Armayas16 — 2004-01-07T19:40:07Z

C'est après cette macabre carte de vœux de la part de la rédac' de réveil qu'il me faut livrer un texte. Que dis-je ! Je veux livrer ce texte. Cessons de devoir, veuillons !

Cette année 2004 sera comme toutes les autres, il y aura du Changement ... La seule différence, c'est que nous sommes certains que le « hasard » nous en a attribué un d'office. Une éléction.

Une de plus, qui est jouée d'avance. Une parodie, avec force effets sociaux. Un must ! Tunisiennes, Tunisiens, réjouissez-vous de ce que pour la plupart, vous n'aurez pas besoin d'exprimer votre intention de vote pour avoir effectivement voté. La tyrannocratie c'est aussi cela, le repos de l'esprit. On pense pour nous ! Et tant pis pour nos convictions alors ?

Nos convictions ? « Nos valeurs » !

Conjuguons donc « nos valeurs » : nous avons des valeurs et ils sont des voleurs.

Notre désir de liberté est constamment mis au placard, c'est au contraire une éthique de la paranoïa et de l'auto soumission qui triomphe. Sommes nous réellement maîtres de nos idées ?

Pourquoi les idées dans cet article ? Parce qu'elles sont à la base de l'activité humaine, n'en déplaise !

Nous avons adopté des gestes, des principes, une éthique qui nous nuisent.

Est-ce donc que nos valeurs ne sont pas les notres ? Viennent elles d'ailleurs ? Certainement, elles viennent de ceux qui dans le passé ont pensé notre présent. Et l'on pourrait remontrer plusieurs siècles en arrière en compilant tous les penseurs, inspirés ou non, dont la semance pèse aujourd'hui comme un fardeau. Ils ne sont pas difficiles à démasquer, ils sont ceux qui sont les plus appréciés. Par ignorance, nous les appelons des savants, des philosophes, de grands rois… des prophètes !

Ce sont ceux qui sont les seuls capables de faire « consensus ». Car au royaume des idées, les élues universelles sont trop souvent celles qui n'ont pas de griffes. La liberté étant entièrement léthale, il a fallu la dégriffer. Afin que chacun puisse s'en offrir un « soupçon ».

De ces principes qui nous emprisonnent, un aperçu nous en éclairera. L'atavisme grégaire qui frappe les Tunisiens se transmet encore aujourd'hui de génération en génération. De la crainte instinctive vis-à-vis de tout ce qui représente le pouvoir, dans sa prétention à défendre l'ordre, nous distinguons clairement sur quel chaos il repose. Nous sommes devenus des êtres craintifs, le muscle l'emporte sur l'idée parce qu'il a le pouvoir d'en éteindre le porteur.

Ben Hur disait à un navigateur phénicien qu'un esclave n'avait qu'une vie de peine à perdre, sous-entendu rien du tout. Pour beaucoup encore, l'idée d'émancipation reste une utopie à l'image de ce qu'en disaient les tragiques grecs : il faut être chanceux pour être bon.

L'inversion des valeurs, c'est le retour aux sources. Non pas celles d'une époque idéalisée et mimée jusque dans les moindres détails. Mais bien un retour à notre instinct. Celui-ci n'hurle-t-il pas à la mort lorsque nous nous compromettons avec celui qui en réalité nous opprime ?

Passivité qui dit oui, collaboration active, c'est l'étincelle de vie que nous étouffons en nous.

Cette flamme que nous éteignons à chaque fois qu'elle s'allume de peur de nous faire repérer au milieu des tènèbres.

La nouvelle année, c'est celle des résolutions. Des bonnes résultions. J'arrête de fumer, j'arrête de tricher à la belote, je visiterai mes parents plus souvent… et pourtant je ne tiendrais rien de mes promesses.

Et si nous ne les tenons pas c'est parce qu'elles ne sont pas Les bonnes. Incapables d'êtres soutenues par notre instinct, à lutter contre nous-mêmes, lorsque nulle contrainte ne nous y tiens, nous trahissons nos bonnes résolutions. Incapables de tenir contre nous-mêmes plus d'un front, nous ne respecterons finalement que notre servitude.

Les prophètes des temps modernes le disent, l'ennemi est extérieur. Et il l'aurait toujours été puisque lorsqu'on nous le désigne, c'est en réalité de celui de sa majesté dont on parle.

Cessons d'écouter les hérauts de nos fossoyeurs. Nous savons qui ils servent. A quoi bon en retenir le discours si ce n'est pour approfondir notre compréhension du mal qui nous assaille ?

Je mettrais ici une mention spéciale vis-à-vis de cette maxime qui voudrait que nous ayons à subir mille ans d'oppression plutôt qu'un jour d'anarchie. L'histoire nous prouve que des millénaires de servage causent plus dégâts au genre humain que le sang qui coule des veines des révolutionnaires.

Cet adage est de la même trempe que la perception du navigateur phénicien. La vie, même dans la condition de bête. Un autre proverbe. L'essentiel c'est d'être en bonne santé.

Eh bien ça se discute ! Car être en bonne santé n'est pas suffisant pour vivre.

Mais en bonne santé, oui et par calcul. Parce que de notre santé nous ne devrions pas souhaiter vivre pour la vie biologique mais pour promouvoir nos sains désirs de révolte, de renversement, d'inversion des choses.

Les valeurs dont je parle, c'est la dakhilia qui s'est nichée dans notre conscience pour nous séparer de notre essence. Aucun être humain ne rendrait sa liberté sans combat. Comme même la fragile antilope se débat face à ceux qui lui lancent un filet.

Ce site exprime bien ce cri étouffé en chacun de nous. Cédons à cet instinct, celui de la liberté, ôtons lui les barrières, ne nous laissons plus embrigader par le discours de ceux qui relativisent nos douleurs. On nous vole notre liberté de pensée, et ce sont les valeurs dégénérées qui sous le masque de la vertu nous mènent pieds et poings liés aux sabots des bourreaux.

Notre nature ne se négocie pas, c'est la seule saine tyrannie qui existe en ce monde. Aujourd'hui, ma bonne résolution sera de poursuivre à outrance ma, notre, guerre d'indépendance. Et je sais que je la tiendrais car ce n'est pas la pensée qui s'exrprime, c'est l'instinct. C'est ce avec quoi je suis venu au monde avant d'avoir un dieu, une langue et une culture, bref, c'est l'homme au-delà de l'identité. C'est ce qu'aucun au monde ne peut influencer, ce que rien ne peut emprisonner, l'être sauvage, rendu à lui-même.

Et c'est ce que tous nous ressentons. Sans mots, sans expériences, sans théories.

N'écoutons plus, ressentons !!!

Bonne année à tous.

Vitrifions-les 7 fois !

Armayas16 — 2003-11-26T20:25:11Z

Vitrifions les 7 fois !

Vous le savez depuis longtemps, en Tunisie les murs sont vivants, ils ont des oreilles et forniquent avec les flics du régime. Ce n'est donc pas un hasard si l'immobilier connaît le boum qu'on sait. D'ailleurs, en Tunisie, pays des miracles, même votre main et votre bouche pourraient vous trahir. Vous devez les museler, les menotter parce que ce régime à le pouvoir, aussi, de faire parler l'ADN. Ce n'est pas une mauvaise blague, c'est une peur ancrée en nous depuis des siècles. Ne dit on pas dans le Coran que le jour du Jugement Dernier, Allah fera témoigner contre nous tous nos organes ?

Mais à vrai dire qu'avons-nous à nous reprocher ? Dans le fond, nous le savons, rien du tout. Nous avons le droit de désirer plus de liberté, moins de corruption et surtout, que les crimes quotidiens perpétrés par le régime cessent. Mais qu'avons-nous donc à nous reprocher ? Notre passivité, notre refus de toute confrontation, notre refus même d'engager une résistance qui ne serait que passive, qui aurait le mérite de nous permettre de protéger notre famille sans vendre notre âme au diable.

Souvenez-vous, ou prenez connaissance, ouailles tunisiennes, que, en ce moment même ou je tape ce texte, en ce moment même ou vous le lisez, et au moment même ou d'autres le liront, quelqu'un, et même plusieurs, quelque part en Tunisie, et même en plein d'endroits, crient, hurlent de douleur, hurlent à la vue des blessures déchirant leurs corps, hurlent à l'idée que leurs tortionnaires pourraient s'en prendre à leurs enfants, à leurs femmes, à leurs maris, à leurs parents, à leur famille, et finalement, gémissent, car les voilà eux-mêmes réduits à couiner comme des bêtes, parce que le système tortionnaire vient de leur voler leur humanité. Désormais, rien ne sera plus comme avant, la vie sera une mort lente, l'énergie vitale s'est déchargée d'un coup, elle a fait pshiiit.

Carnot Lazare avait dit : « ةlever à la dignité d'hommes tous les individus de l'espèce humaine ». Cet homme était comme vous et moi, il avait vécu sous la royauté de Louis XVI et ensuite sous le régime de Terreur organisé par Robespierre, bref, Ben Ali succédant à Bourguiba. Il avait compris que tous les humains n'étaient pas des hommes tant que les despotes s'y opposeraient.

Pour nous, il n'a fallu que l'exemple, l'exhibition des corps déchiquetés et des séquelles de torture de nos compatriotes résistants pour nous faire renoncer à nos sens. Nous sommes devenus aveugles, muets, sourds, nous avons pensé maintes et maintes fois que Batam et Carrefour nous feraient oublier notre détresse. Nous avons souvent aussi ressenti cette étrange sensation de libération lorsque nous quittions la Tunisie pour un pays démocratique. Et cette étrange sensation d'emprisonnement à notre retour, lorsque nous défilions dans les couloirs de l'aéroport sous les regards des flics et de la douane, qui tout de suite commencent à nous fouiller, d'abord par un contrôle d'identité, puis par celui de nos bagages. ہ partir de ce moment là, vous savez bien que vos sourires adressés à vos proches, que vous êtes pourtant heureux de retrouver, ont quelque chose de forcé.

Il s'agît en effet de faire comme-ci, afin de ne pas éveiller les soupçons, et d'ailleurs lorsque vous croisez un flic, c'est à peine si, sur ses mains et son uniforme, vous ne devinez pas quelques tâches de sang, de ci, de là. J'ai souvent pensé que pour nous faire réagir en masse et d'un coup, il faudrait nous faire visionner les vidéos de la torture perpétrée sous les ordres du régime… imaginez vous au festival de Carthage, l'amphithéâtre, plein à craquer, l'assistance regarde, les yeux écarquillés, sans voix, le cœur meurtri, le corps tremblant, vous ressentez en vous cette profonde douleur, cette vie déchirée comme celle de cette étudiante, jeune, comme la moitié d'entre nous. Elle avait manifesté sur le campus. Elle a été violée, déchirée de l'intérieur par des êtres gluants, sales, puants, sans âme, ces êtres mêmes qui posent leurs mains en ce moment même sur d'autres tunisiens capturés. Ces êtres sont là pour une seule tâche, tuer en vous cette chose qui vous élève encore, à bout de bras, à la dignité d'hommes. ہ travers la peur généralisée, la paranoïa, ou la chape de plomb dont parle Ben Brick, ce poids que vous ressentez en ce moment même dans votre cœur, qui s'alourdit au fur et à mesure que vous y pensez, ce poids là est fait pour vous lester, afin que jamais vous ne puissiez émerger un jour du marécage dans lequel ils vous ont jetés.

Leur peur à eux c'est de vous voir relever la tête, car si, ne serait-ce que 10% des tunisiens se mettaient à réclamer le départ des cannibales, ils auraient perdu la partie pour toujours. Notre rôle c'est de pousser jusqu'à atteindre le seuil critique, ce seuil ou notre masse aura suffisamment de force pour se lever en dépit de son lestage, cette certaine masse que nous attendons augmente de jour en jour. NE croyez pas que le régime l'emporte au bras de fer ! Non, il perd ! Au contraire, regardez autour de vous, l'homme de la rue s'éveille, il hait les bourreaux, il les a reconnus, il ne rêve, comme moi, comme vous, que de les jeter à bas. De leur rendre violence pour violence, dans un décompte sans fin, dans une allégresse vengeresse insatiable.

Car, c'est bien vrai, pour chaque goutte de sang, nous rendrons une sentence, pour chaque sentence, ce seront autant de points de liberté que nous mettrons à notre actif. Vous le savez, toutes les révolutions furent un succès dès lors que le peuple les voulait, dès lors qu'il est descendu en grand nombre dans les rues et a occupé les institutions de l'Etat, dès lors qu'il décidait que le pouvoir devait enfin lui revenir, rien n'a jamais arrêté un peuple ivre de justice et de liberté.

Vous qui lisez cet éditorial, ce n'est pas le premier que vous lisez, vous êtes probablement des habitués de réveiltunisien, vous avez peut-être connu Tunezine, Takriz, Suxydelik et les autres sites de l'opposition. Mais vous avez probablement manqué de voir à jamais comment on coule dans la lave de notre colère un régime qui a pris en otage la conscience nationale, le peuple dans son essence, un régime qui a violé nos femmes et nos filles, qui à massacré nos maris et nos enfants. Que les foudres qui jaillissent de votre cœur reçoivent enfin pour seule instruction que de se rassembler aux autres, que de s'accumuler à la masse déjà innombrable de celles qui de la main et des paroles de chaque tunisien conscient, infligent balafre après balafre au régime actuel. Prenez conscience avant tout que son pouvoir n'est pas absolu, qu'un texte passé à vos amis sous le manteau, qu'une discrète conversation en tête à tête, que des gestes d'incivilité envers le régime, qu'une démission des activités qu'il voudrait nous voir entreprendre, qu'un désintérêt envers les marchandises qu'il voudrait nous vendre, que tous ces actes de résistance passive sont en réalité autant de coups au but qui feront craquer les rangs les plus resserrés autour du général usurpateur. Plus votre sourde colère grondera, plus vous opérerez discrètement et de la manière la plus passive qui soit, plus vous engagerez à l'encontre du régime une guerre qu'il n'a pas les moyens de combattre. L'objectif n'est pas de le renverser par un coup au but, ce n'est pas de manifester de sitôt alors que nous savons qu'ils ont encore assez de pouvoir pour nous briser, ce n'est pas de remettre notre sort entre les mains d'un quelconque leader d'opposition en exil, c'est de lui mener une guérilla citoyenne, que notre patriotisme alimente enfin toutes ces possibilités que nous n'avons jamais exploitées. Boycottez les élections, afin que les maires sentent le vent tourner, boycottez le RCD ou ne renouvelez pas votre adhésion afin que la direction du parti sente le vent tourner, boycottez le service militaire, afin que l'armée sente le vent tourner, boycottez tous les commerces qui appartiennent à la ZABA nostra afin que les plus proches de Ben Ali sentent le vent tourner, semez les germes de la sédition au sein de leurs rangs, à travers tous ces petits actes qui ne seront jamais punissables. Car on ne vous reprochera jamais de ne rien faire.

Et ceux qui servent le régime à contre cœur, mettez y du zèle. Là ou il fait un faux pas dans son entreprise de racket, si vous êtes impliqués à cause de ses directives, encouragez le à aller de l'avant, car chaque abus de trop fera autant de monde gagné à la cause des libertés en Tunisie. Conseillez le de la pire manière qui soit, n'ayez qu'un seul but, faire douter ses autres serviteurs en rendant sa politique inefficace. Et si, vous vous en sentez le courage, et si vous sentez que le moment est venu, sortez du placard, écrivez à la manière d'un Mokhtar Yahyaoui, canonisez votre cause aux yeux du peuple, car vous nous aurez rapproché l'heure de la délivrance d'autant de temps.

Il est dans votre intérêt d'agir ainsi car la Tunisie post Ben Ali ne se fera pas sans cadres compétents, elle ne se fera pas sans vous bien qu'ils voudraient probablement vous le faire croire, jetez un coup d'œil à l'histoire, en Europe de l'Est, dans l'ère post-Soviétique, ce sont bien les cadres communistes qui se sont recyclés pour faire avancer leur pays dans la démocratie. Il faudra vous aussi vous recycler et votre seule possibilité de servir encore la Tunisie, sera d'avoir maintenant pris la décision de railler son action de l'intérieur. Distancez vous de ceux qui ont du sang sur les mains, la culpabilité doit les ronger, ils douteront, ils paniqueront, ils commettront erreur après erreur, et chaque cas similaire à ce que je viens de décrire en engendrera d'autres. En clair, il nous faut rendre au régime le cercle vicieux qu'il a exporté au sein du peuple. Nous libérer enfin des superstitions, non pas de notre culture, rien à voir, mais, comme je l'ai évoqué au début de cet éditorial, cette peur injustifiée que nous avons à l'égard des séides du régime.

En fait, malgré tous ses moyens, le système répressif n'est pas capable de surveiller tous vos gestes et mouvements. Il n'en a pas les moyens - et ne les aura jamais. Une large partie de notre inhibition provient d'une peur injustifiée envers les soi disant capacités de contrôle absolu dont est supposé faire preuve la machine totalitaire. Ce n'est pas simplement que seules nos pensées leur échappent, en fait, le régime a été conduit à sophistiquer son appareil d'espionnage ce qui le rend vulnérable à la base, là ou le bouche à oreille est maître, là ou les relations sont sûres, là ou l'amitié existe, là ou les liens familiaux sont forts, là ou le papier circule sous le manteau, là ou, chez vous, vous conversez, n'en croyez rien, les murs n'ont pas des oreilles et la Tunisie n'emploie pas 5 millions de flics. Le pouvoir totalitaire c'est aussi un bluff permanent, il est grand temps de nous sortir de notre torpeur dans ce qu'elle a de totalement infondé. Communiquez vous les uns les autres les noms de ceux qui fréquentent les flics ou les cercles du RCD ou la mairie, méfiez vous des ambitieux sans morale, appliquez simplement ce que vos parents vous ont appris, et participons tous à notre rythme à propager l'information vraie, c'est-à-dire à réveiller la colère du peuple envers ceux qui lui pillent jusqu'à son sang… encore un peu et la Tunisie se réveillera, encore un peu, et nous verrons, si une fois de plus, nous serons parmi les premiers des arabes à libérer la femme … non pas seulement la femme, mais le pays tout entier.