Les articles publiés réflètent exclusivement les opinions des auteurs
Plan du site nous contacter joindre votre espace privé inscription

Information libre
Willis Fromtunis
Cliquez sur l'image pour accéder à l'article associé
Les images du Réveil
Cliquez sur l'image pour accéder à l'article associé

Derniers messages des forums


Une action en hommage à Zouhair Yahyaoui
18 juillet 2014, par jectk79

Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.


Pourquoi aller tracer partout pour faire établir des évaluations de d’assurances familiales alors qu’existent des portails tels que Sherpa-mutuelle.fr proposant de rapprocher les propositions avec un comparateur mutuelle sophistiqué en restant votre demeure ? site => mutuelle obligatoire


Abderrazek Bourguiba condamné à 25 mois de prison
15 novembre 2011, par Bourguiba

je vous remercie
bourguiba abderrazak



Quelques points marquant contre l’environnement en Tunisie
6 novembre 2011, par xZNRpEkXvbSPvAf

I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.



Et puis y a eu la Révolution :)
1er novembre 2011, par liliopatra

On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...



Va chialer ailleurs ( reponse)
30 octobre 2011, par Maud

ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée



> Une pétition de 86 prisonniers tunisiens
30 octobre 2011, par Moussa

the death of an African giant

Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?

Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre



Liberté pour le Docteur Sadok Chourou
29 octobre 2011, par Dr. Jamel Tazarki

J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne



DECES D’OMAR CHLENDI
28 octobre 2011, par bourguiba

Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .

je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.

soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui



Projet libéral pour une nouvelle monarchie démocratique et laïque en Tunisie
22 octobre 2011, par Victor Escroignard

La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).



> Lotfi Hamdi, une Barbouze qui se voit ministrable
4 octobre 2011, par Anti Lotfi Hamdi

Bonjour Mesdames, Messieurs,

Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.

Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).

Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes

Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.

Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.

Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.

Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles

Vive la Tunisie sans hypocrites



Blog dédié à la défense du prisonnier politique Abderrahmane TLILI
4 octobre 2011, par bechim

bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie



> Tunisie, l’agression abjecte sur Samia Abbou par les voyous de Ben Ali
26 septembre 2011, par Liliopatra

Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.

Merci...

Lilia Weslaty



> Les procès de l’ignorance et les progrés de l’Homme
24 septembre 2011, par a posteriori, l’auteur Nino Mucci

Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)



que dieu te glorifie.
23 août 2011, par adyl

j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui



Les derniers articles de la rubrique Politique

20 janvier 2011

Passeports pour les militants et rassemblement à Paris
par Rédaction de reveiltunisien.org
Le Collectif de Solidarité avec les Luttes des (...)

17 janvier 2011

Tunisie : manifestations pour exiger la dissolution du parti de Ben Ali (Romandie.com)
par Rédaction de reveiltunisien.org
Source TUNIS - Des manifestants ont exigé (...)

17 janvier 2011

Interview : Ghannouchi déclare avoir Parlé à Ben ali (toutdjerba.com)
par Rédaction de reveiltunisien.org
Dans une interview à France 24, Ghannouchi (...)

17 janvier 2011

Marzouki candidat à la présidentielle (Europe1)
par Rédaction de reveiltunisien.org
Tunisie : Marzouki candidat à la présidentielle (...)

17 janvier 2011

Lettre ouverte à la ministre des affaires étrangères - Parti Pirate Tunisien
par Rédaction de reveiltunisien.org
Madame la Ministre des affaires étrangères et (...)

14 janvier 2011

Ben Ali : dégage !
par Rédaction de reveiltunisien.org
Après le discours lénifiant de Ben Ali du 13 (...)

13 janvier 2011

# Discours intégral du président Zine El Abidine Ben Ali du jeudi 13 janvier 2011
par angelica
Le Président Zine El Abidine Ben Ali s’est (...)

10 septembre 2009

Pour que raison l’emporte ! par Dr Mustapha Benjaâfar
par Rédaction de reveiltunisien.org
Source Tunisnews La campagne officielle pour (...)

14 juillet 2007

Flash Infos
par Rédaction de reveiltunisien.org
Association Internationale de Soutien aux (...)

4 juillet 2007

Tunisie : les avocats élisent un opposant à la tête de
par Rédaction de reveiltunisien.org
AFP, lundi 2 juillet 2007 TUNIS - L’avocat (...)

partager:
Agora > Politique
LE MULTIPARTISME D’ةTAT EN TUNISIE : LA DةBآCLE. (Première partie)
par Mohammed Ali Ben Mehdi
11 décembre 2002
Première partie — (Deuxième partie)
==

LE MULTIPARTISME D'ÉTAT
EN TUNISIE : LA DÉBÂCLE.

Par Mohammed Ali Ben Mehdi
(source "Horizons Maghrébins" n° 46/2002)

C'est après la Grande guerre que l'on observe en Tunisie des partis politiques éclorent et dont plusieurs sont issus d'une matrice commune : le Parti Tunisien créé en 1919. Ce parti, issu du mouvement associatif « Jeunes Tunisiens », s'est caractérisé essentiellement, dès sa création par son aspect de parti d'élites. Or, ce qui a été à l'origine de son apparition, c'est principalement, sinon uniquement, la lutte contre l'occupant français pour l'amélioration du statut des Tunisiens ([1]). Cet objectif ne semblait pas pouvoir être atteint avec un tel parti. C'est un parti à même de mobiliser une grande masse de Tunisiens qu'il fallait. Cette nécessité d'ordre stratégique pousse bientôt les leaders du parti en question à opter pour la création d'un mouvement de masse qui regroupe en son sein tous les nationalistes tunisiens. Aussi, voit-on, dès le mois de mars 1919, émerger le Parti Libéral Constitutionnaliste Tunisien ( Parti Destourien ) sous la direction de Abdellaziz Thaalbi.

Le nouveau parti fut constitutionnaliste, car dans ses statuts apparaît sa revendication essentielle : la promulgation d'une Constitution destinée à garantir les droits fondamentaux des Tunisiens ([2]). Cette revendication va être à l'origine de plusieurs scissions au sein du parti. Ces scissions accouchent de trois nouvelles formations.

- Vers la fin de l'année 1921 apparaît le Parti Réformiste de Mohamed Naamane et Hassen Guellati. Les fondateurs du nouveau parti estimaient que les revendications du Destour étaient trop radicales pour être réalistes. C'est pourquoi, ils ont créé ce mouvement aux revendications plus tempérées.

- Toujours pour les mêmes motifs, la deuxième scission aboutit à la création d'un parti, cette fois-ci franchement loyaliste vis-à-vis de la France. Il s'agit du Parti Destourien indépendant, fondé en 1922 par Farhat Ben Ayed, Chedli Mourali et Taïeb Ben Aïssa.

- Enfin, la dernière scission fut la conséquence des dissensions portant sur les méthodes d'action du Parti Destourien. Ces dissensions au sein du P. D avaient provoqué une division entre les anciens, « archéo », de la commission exécutive du parti - tenants d'une politique prudente pour éviter la répression, notamment à l'issue de la promulgation des « décrets super-scélérats » ([3]) - et les nouveaux, « néos », du Bureau politique, tel Habib Bourguiba, tenants d'une action plus radicale malgré les risques encourus. Ces dissensions mènent au divorce entre les deux tendances lors du congrès extraordinaire de Ksar-Hellal, le 2 mars 1934. De ce divorce émerge le Néo-Destour (futur Parti Socialiste Destourien ).

Enfin, trois années après l'apparition du PSD, on voit le Parti Communiste Tunisien venir rallonger la liste des partis autochtones ( 1937 ).

Avant même l'indépendance, le Parti Réformiste disparaît, tout comme le Parti Destourien indépendant dont l'influence au sein du mouvement national fut quasi inexistante. Quant au Parti Destourien, ayant perdu son pari stratégique dans sa lutte pour l'indépendance, il disparaît, également, dès 1960. Enfin, s'agissant du Parti Néo-destourien, principal acteur de la dernière lutte ayant entraîné l'indépendance, il accède au pouvoir dès l'autonomie interne.

Au Maghreb, l'apparition des partis politiques durant l'époque coloniale avait obéit à une logique particulière. Nous sommes en présence de partis politiques d'un genre très particulier, au point que le vocable « parti politique » qualifiant les divers mouvements décrits paraît presque inadéquat. Car il s'agit là plutôt d'associations politiques composées de nationalistes qui n'avaient d'autre choix que la lutte sous cette forme partisane afin de renégocier le statut de leurs territoires. Tous ses mouvements traduisaient par conséquent l'expression organisée de la lutte pour l'indépendance dans le cadre d'un ordre politique colonial ouvertement contesté. Ces mêmes mouvements visaient, non pas la conquête du pouvoir mais la reconquête territoriale de leurs patries. Il s'agissait là d'un mode d'action qui cherchait, grâce aux moyens politiques disponibles, à transformer l'ordre politique fondamental en se le réappropriant et non à y collaborer, si ce n'est en vue de cet objectif. Ainsi, l'idée-force de ces « partis » était le nationalisme libérateur dénué de tout autre contenu. À partir des années 1940 et plus particulièrement des années cinquante, il n'y avait d'autre leitmotiv que l'indépendance. Point de programmes si ce n'est tout ce qui pouvait rassembler même par la force. En Tunisie, écrit l'universitaire tunisien Moustapha Kraiem, « les partis destouriens n'hésitèrent point à user de la violence pour supprimer, par tous les moyens, les concurrents et les rivaux éventuels. À ce sujet, nous avons l'impression, avec l'écoulement du temps, d'assister à une véritable escalade de la violence pour traduire dans la réalité la volonté hégémonique des partis nationalistes » ([4]).

Avant même l'indépendance, il est symptomatique de constater que le renforcement des partis politiques qui exerceront un rôle majeur à l'issue de celle-ci, s'est accompagné d'une lutte sans merci à l'égard des partis rivaux. Le départ du colon, tout en engendrant la fin de la fonction libératrice des partis maghrébins, va s'accompagner de l'amplification de cette lutte. Et à peine la souveraineté retrouvée, on assiste à un processus systématique de démantèlement du multipartisme ; se soldant, au Maroc, par une stratégie de marginalisation des partis politiques par le trône chérifien, par l'accaparement du pouvoir en Algérie au profit de l'armée et du F. L. N et par un monopole quasi total du P. S. D puis du R. C. D en Tunisie.

À l'indépendance, la Constitution tunisienne, contrairement à la Constitution chérifienne, n'a pas expressément mentionné le multipartisme, ni, comme la Constitution algérienne, institué un parti unique. Cependant, elle a implicitement prévu le pluripartisme par des dispositions libérales garantissant les libertés publiques indispensables à son exercice, tel l'article 8 qui dispose que « les libertés d'opinion, d'expression, de presse, de publication, de réunion et d'association sont garanties et exercées dans les conditions définies par la loi ».

Or, malgré cela, et en contradiction avec l'esprit et la lettre de la loi fondamentale tunisienne, le pouvoir bourguibien supprimera le multipartisme de 1963 à 1981 ( I ). Puis, à partir de l'année 1981, il procédera à un pseudo rétablissement ( II ) ; lequel ne sera pas, dans les faits, foncièrement différent du « renouveau démocratique » de « l'ère nouvelle » de l'actuel président Ben Ali ( III ).

I. - 1963-1981, le démantèlement du multipartisme

À l'issue de l'indépendance, la volonté affichée des dirigeants tunisiens dissimulait une future suppression du multipartisme ([5]). Quelques semaines après ladite indépendance ( 20 mars 1956 ), Habib Bourguiba, fidèle à son discours de l'époque coloniale, rappelait à ce sujet : « nous acceptons volontiers l'opposition et nous reconnaissons ses droits, car elle est une condition essentielle de la liberté et de la démocratie »([6]). Et, quelques années plus tard, il confirmait : « Il n'y a dans ce pays ni régime policier, ni contrainte, ni répression. Pas plus qu'il n'y a de tentative d'endormir l'opinion ou de conditionnement des esprits. Une opposition existe aux deux extrêmes avec le Parti Communiste d'une part, le vieux Destour de l'autre » ([7]).

Nous avons déjà signalé plus haut, qu'avant même l'indépendance, le Parti Réformiste disparaîtra, tout comme le Parti Destourien indépendant dont l'influence au sein du mouvement national sera quasi inexistante. S'agissant du Parti Destourien, il survivra, tant bien que mal, jusqu'au début des années 1960. En somme, en face du Parti Néo-destourien, c'est le Parti Communiste tunisien qui, par sa présence, résistera le plus aux prétentions monopolistiques du parti de H. Bourguiba. Mais cette résistance s'achève le 8 janvier 1963 date à laquelle est suspendu le PCT sur la base de la loi du 7 novembre 1959 relative aux associations ([8]).

Cette loi, élaborée sous une forme décrétale, sera promulguée, comme l'a démontré Daly Jazi, dans des conditions troublantes. Rappelons qu'avant l'indépendance, les associations, y compris les associations à caractère politique étaient régies par le décret beylical du 15 août 1936, lequel était assez libéral dans l'ensemble, puisqu'il permettait aux associations de se constituer sans autorisation préalable ([9]). À l'issue de l'autonomie interne (3 juin 1955), et pendant la période transitoire précédant la promulgation d'une Constitution, le pouvoir exécutif était habilité à légiférer par voie décrétale. Cette prérogative inhérente à l'organisation provisoire des pouvoirs publics prenait fin le 8 novembre 1959, jour de l'élection du président de la République et de la première Assemblée nationale ([10]).

Or, pour permettre la soustraction de certaines lois - et notamment de celle sur les associations - à la procédure législative, le calendrier de la présidence de la République semble s'être bloqué pour de longues semaines encore sur la date du 7 novembre 1959. En effet, et bien que la loi relative aux associations sera - plus que vraisemblablement - élaborée au mois de décembre 1959 et promulguée par le journal officiel du 22 du même mois, le nouveau président de la République écartera tout débat parlementaire à son propos en l'antidatant au 7 novembre 1959 ([11]). Et l'on comprend mieux les mobiles de cette manœuvre lorsqu'on constate que cette loi, outre son opposition flagrante à la Constitution, marque un net recul par rapport au décret beylical du 15 août 1936 ; puisque, désormais, selon son article quatre, toute « […] association ne peut légalement exister qu'après visa de ses statuts par le Secrétaire d'État à l'intérieur. Le silence de l'administration pendant quatre mois équivaut au refus du visa ». Par ailleurs, le même article précise que « le secrétaire d'État à l'intérieur dispose d'un pouvoir discrétionnaire pour accorder ou refuser le visa ». De plus, le même secrétaire d'État peut en vertu de l'article 25 de la nouvelle loi dissoudre par arrêté « toute association dont les buts réels, l'activité ou les agissements se seraient révélés contraires à l'ordre public et aux bonnes mœurs […] ». Au demeurant, c'est sur la base de cet article que, le 6 janvier 1963, le P. C. T. sera, par décision administrative, interdit. Cette décision sera confirmée par une décision judiciaire le 23 janvier de la même année ([12]).

Après la suspension du Parti Communiste, le parti Néo-destourien ( devenant le Parti Socialiste Destourien ( P. S. D ) ) sera, durant les 19 années à venir le seul acteur légal sur la scène politique tunisienne. Il ne tolérera plus la moindre concurrence d'autorité. Même les autorités traditionnelles, les « Cheikhs » ( chefs locaux traditionnels ), ne pouvant être éliminées, seront, faute de mieux, intégrées à l'appareil du parti unique ([13]). Ainsi, quelques années seulement suffiront au pouvoir Néo-destourien pour asseoir un monopole total sur la vie politique tunisienne. Même la puissante centrale syndicale, l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens ( U. G. T. T. ), qui tentera, pour un temps, de tenir tête au pouvoir, sera, à l'issue de la grave crise syndicale de 1978 - débouchant sur plus d'une centaine de morts - récupérée par le parti unique pour devenir une de ses organisations satellites ([14]).

Ce monopole, quoi qu'il en soit, n'empêchera pas l'apparition de nouveaux figurants incarnés par divers mouvements d'opposition clandestins, tels :

- Le Mouvement de l'Unité Populaire ( I ) ( M. U. P. I )

- Le Mouvement de l'Unité Populaire ( II ) ( M. U. P. II )

- Le Mouvement de la Tendance Islamique ( M.T.I )

- Le Mouvement des Démocrates Socialistes ( M. D. S )

- Le Rassemblement nationaliste arabe de Tunisie ( R.N.A.T )

La pression exercée par tous ces mouvements, conjuguée, tant il est vrai, à l'arrivée au pouvoir du premier ministre M. Mzali, aboutira à un semblant d'ouverture. Une ouverture qui n'en demeure pas moins le produit d'un acte autoritariste du pouvoir.

II. - 1981, le rétablissement «  autoritariste » du multipartisme

Dès son arrivée au pouvoir, le premier ministre Mohammed Mzali avait manifesté une certaine prédisposition en faveur du retour au pluralisme politique. Cette prédisposition du chef du gouvernement a été confirmée par un discours de Bourguiba lors du congrès extraordinaire du P. S. D le 10 avril 1981 ([15]).

Ce jour-là, le président de la République a affirmé dans son discours qu'il ne s'opposait pas à la coexistence de plusieurs partis au sein de la Chambre des députés. Pour concrétiser cette affirmation, une loi constitutionnelle fut promulguée le 9 septembre 1981, ayant pour objet l'organisation d'élections législatives anticipées. Un décret a complété cette loi fixant la date des élections au 1er novembre 1981.

A. - Les législatives anticipées de novembre 1981 : la comédie

À peine le premier ministre confirma-t-il les intentions du pouvoir relatives à une ouverture probable du régime, que de nouvelles formations de l'opposition clandestine s'empressèrent de déposer leurs demandes tendant à obtenir le visa légal. Elles sont allées ainsi grossir le rang des partis en quête de reconnaissance depuis des années déjà, tel le M. D. S. ([16]), ou en quête de la levée d'une suspension tel le P. C. T.  Vers la fin du premier semestre 1981, au moins six dossiers de demande de visa s'empilaient sur le bureau du ministre de l'intérieur ; soit la demande :

- du Mouvement des Démocrates Socialistes ( M. D. S ) : adressée le 13 juin 1978 ;

- du Parti de l'Unité Populaire (I)( P. U. P ( I ) ) : adressée le 21 janvier 1981 ;

- du Rassemblement National arabe Indépendant ( R. N. A. I ) : adressée en février 1981 ;

- du Mouvement de la tendance Islamique ( M. T. I ) : adressée le 31 mai 1981 ;

- du Parti de l'Unité Populaire (II)( P. U. P( II ) )  : adresséele 4 juin 1981.

- du P. C. T ( frappé de suspension ) et qui demandait la levée de la sanction qu'il subissait depuis de nombreuses années.

De tous ces mouvements, seul le P. C. T, après 19 ans de suspension, retrouve une existence légale et, ce, à l'issue de la « grâce » accordée par le président de la République le 18 juillet 1981.

Pour les autres formations, et bien que n'étant pas reconnues, elles pourront quand même participer à ces élections sous leurs propres listes. Et c'est à la suite du scrutin qu'elles pourraient obtenir leur visa légal ; à la condition cependant de recueillir, pour chacune d'entre elles, au moins 5 % des suffrages exprimés.

On imagine la suite.

Dès le départ deux formations ( M.T.I, P.U.P ( I)) ont boudé ces élections, les « considérant comme un faux semblant de démocratisation » ([17]). Quant aux autres, elles acceptèrent de jouer le jeu, en comptant sur le modeste espoir que le scénario qui allait se dérouler ne fût pas aussi désastreux qu'elles ne le craignaient.

Peine perdue, car outre les graves irrégularités de la campagne électorale, le jour du scrutin fut l'objet d'une série de faits désolants. L'opposition a reproché au « […] pouvoir [d'avoir] ni plus ni moins violé la loi électorale et la loi tout court » ([18]). C'est d'ailleurs pourquoi, elles ont décidé, alors que les opérations électorales étaient encore en cours, de se retirer « laissant au gouvernement toute la responsabilité du scrutin ». Et en réponse aux déclarations et à l'attitude de l'opposition, le ministre de l'intérieur Driss Guiga avait déclaré que : « depuis le début de la campagne électorale, l'opposition semblait chercher une mauvaise querelle. L'abandon du terrain [ par celle-ci ] ressemble fort à une manœuvre visant à mettre sur le compte de prétendues irrégularités le peu de voix qu'elle craignait obtenir » ([19]).

Par un retournement heureux -et non moins ironique- de l'Histoire, on apprendra plus tard que ce ministre de l'intérieur qui parle de manœuvres de l'opposition et de « prétendues irrégularités » avait, d'ores et déjà, reçu l'ordre de commettre des actes qui relèvent, le moins que l'on puisse dire, de l'organisation d'une farce électorale. Dans son pamphlet Lettre ouverte à Habib Bourguiba ([20]), le premier ministre de l'époque révèle la nature des ordres intimés à Driss Guiga. « Le ministre de l'intérieur, Driss Guiga, - écrit Mohamed Mzali - était venu la veille du scrutin [du 1er novembre 1981] me rendre visite[…]. Il feignit, devant moi, d'être désolé de ne pouvoir, comme je le lui avais demandé, respecter la légalité scrupuleuse du scrutin, même s'il devait résulter un succès des opposants qui remporteraient les suffrages nécessaires. Il m'a affirmé que le président l'avait convoqué - ce jour samedi - en compagnie de l'ancien Gouverneur de Tunis, Mhaddheb Rouissi, et lui avait ordonné « d'organiser » la victoire totale de toutes les listes du P. S. D et de donner des instructions dans ce sens aux gouverneurs ».

« Quand j'arrivais le lendemain à Tunis - poursuit le premier ministre disgracié - je fus mis devant le fait accompli. J'appris que le matin même entre 5 heures et 6 heures, un " commando " composé notamment de Messieurs Guiga, Rouissi... s'était rendu au siège du gouvernorat de Tunis et y avait trafiqué les résultats, accordant arbitrairement à la liste M. D. S, conduite par M. Mestiri 1700 voix! » ([21]).

À l'issue de ces manœuvres on imagine l'éloquence des résultats.

- Front National ( P. S. D, U. G. T. T )...................... 94,60 %

- M. D. S ................................................................... 03,28 %

- M. U. P.................................................................... 00,81 %

- P. C. T...................................................................... 00,35 %

Soit, au total, pour l'opposition 5,22 % ([22]).

Aucune formation de l'opposition n'ayant obtenu à elle seule plus de 5 % des voix ne sera, par conséquent, reconnue. En fin de compte, le Secrétaire général du P. C. T et celui du M. D. S qualifièrent ces élections d' « énorme farce qui a provoqué colère, indignation, et frustration » ([23]).

Aussi, constate-t-on que si le régime de Bourguiba a bien voulu consentir à une élection qui verrait la participation des opposants, ce n'était pas pour encourager un processus démocratique, mais simplement pour exclure de la scène politique les formations d'opposition non reconnues. L'écart des opposants a eu lieu à l'aide d'une fraude scandaleuse des résultats qui avaient accordé en toute impunité moins de 5 % des voix à chacune des formations. Ce seuil n'ayant pas été atteint elles ne pouvaient donc se voir reconnaître in jure. Ainsi, le pouvoir présente son refus de légaliser les mouvements d'opposition, non comme une décision arbitraire, mais comme un choix de tout un peuple uni derrière H. Bourguiba et le P. S. D à 94,60 % !

L'absurdité de ces résultats n'a fait qu'aggraver les tensions. Et deux années plus tard, pour remédier un tant soit peu à l'aggravation rapide du climat social, le gouvernement Mzali a dû légaliser le M. D. S et le P. U. P ( II ). Cette légalisation, intervenue le 19 novembre 1983, ne sera en fait qu'une opération assez limitée dans le temps… destinée à calmer les tensions présentes. Car elle n'aura pas pour conséquences les effets escomptés sur le plan politique. Et les futures élections législatives du 2 novembre 1986 seront encore plus désolantes que celles de 1981.

B. -  Les législatives de 1986 : la tragédie

Ayant désormais une existence légale, le P. C. T, le M. D. S et le M. U. P, vont devoir de plein droit participer à ces élections. Or, et malgré cela, le pouvoir ne désempare pas. Il jouit de tous les moyens, même illégaux, pour faire capoter une fois de plus le scrutin.

Pour le M. D. S, une belle occasion allait se présenter à H. Bourguiba pour écarter ce parti de la course aux élections. Le 16 avril 1986, Ahmed Mestiri, leader du M. D. S, avait pris, avec d'autres leaders de l'opposition, la direction d'une manifestation, dans les rues de Tunis, contre le bombardement de Tripoli et de Benghazi par l'aviation américaine. Une pareille manifestation de la part des Tunisiens semblait aller de soi. Car, abstraction faite de la politique extérieure du Colonel Kaddafi, cette manifestation relevait d'une obligation morale de soutien au peuple libyen face au bombardement américain qui a fait de nombreuses victimes ([24]). D'autant plus que le souvenir du bombardement israélien d'octobre 1985 sur le sol tunisien était encore vivace dans la mémoire des Tunisiens.

Mais, pour le président Bourguiba, c'était là une belle opportunité qui venait de se présenter pour éliminer A. Mestiri des élections législatives. Aussi, il ordonna à son ministre de la justice - rapporte M. Mzali - de « profiter de cette bévue » ( qu'était cette manifestation ) pour condamner A. Mestiri à une peine le privant de ses droits civiques. Et le 14 juin 1986, le secrétaire général du M. D. S fut condamné, en appel, à quatre mois de prison ferme. Le M. D. S solidaire de son chef, décida alors de boycotter le scrutin ([25]).

Le M. D. S éliminé de la course aux législatives, restait encore à se prémunir des autres opposants. Pour aboutir à cette fin, « dès le départ, tout le processus électoral fut faussé : arrestations de militants opposants, impossibilité de disposer des salles de réunion, et d'énormes tracasseries des autorités régionales. Selon le P. C. T les autorités auraient attendu la dernière minute pour recevoir les candidatures de l'opposition, afin de remettre en question certaines d'entre elles qui ne pouvaient plus être remplacées dans les délais impartis » ([26]). Tous ces facteurs ont fait que la totalité des formations de l'opposition ont, chacune à son tour, quitté la compétition électorale. La dernière à le faire fut le M. U. P qui a déclaré « refuser de cautionner une opération devenue purement formelle et se retire dans le souci de sauvegarder la crédibilité de l'acte électoral » ([27]).

Dans ces conditions, il ne resta plus au P. S. D que de remporter la totalité des sièges, face à une quinzaine d'indépendants. Pour certains journalistes, déjà que le scrutin de 1981 fût scandaleusement fraudé, il apparaîtra pourtant, par rapport au scrutin de 1986, comme étant « […] paradoxalement l'âge d'or de la démocratie tunisienne » ([28]). C'est dire combien les élections de 1986 étaient à des lieux d'une authentique volonté de transformer le mode d'exercice du pouvoir.

Cependant, et en dépit des échecs des élections de 1981 et de 1986, le régime tunisien venait d'entamer dès 1981, un tournant capital. À long terme, et au-delà des résultats négatifs des élections de novembre 1981, cette consultation fut un événement politique de grande envergure. Un processus, qui sera certainement long mais néanmoins irréversible, venait de s'enclencher. Depuis l'indépendance, c'était la première fois, qu'acculé, le régime faisait une aussi importante concession : le principe de la participation des opposants aux élections législatives.

Sur un plan purement politique, les chiffres officiels de ces élections furent d'un intérêt négligeable par rapport à la nouvelle dynamique qui venait de voir le jour. Ayant perdu une grande part de sa crédibilité, la déclaration du régime relative aux traditionnelles 100 % des voix qu'il prétendait frôler importe peu ; puisque tous les intéressés, y compris le pouvoir lui-même, apprenaient que ce scrutin mettait désormais un terme officiel à la légitimité des prétentions monopolistiques du P. S. D. Désormais, la clandestinité change de camp. Ce ne seront plus les partis de l'opposition qui œuvreront dans la clandestinité, mais c'est le régime qui, pour les empêcher de s'exprimer, de se développer et de prendre une place de plus en plus conséquente dans la vie politique, usera de tous les moyens clandestins pour demeurer, malgré le droit, un pouvoir hermétiquement clôt à la logique multipartisane.

De plus, tout au long de la campagne électorale, ces élections ont contribué à mettre en évidence le sentiment général du « ras-le-bol » de l'opinion publique vis-à-vis du mode d'exercice du pouvoir jusqu'à lors en vigueur. Si tout au long des années qui suivirent l'indépendance, le gouvernement a pu bénéficier des talents d'un orateur hors pair - Bourguiba - et de la crédulité de l'opinion publique pour faire admettre ses méthodes d'action, la fin des années soixante-dix mettait un terme à cet état de fait. Le discours n'était plus convaincant. De l'auditeur passif que fût le peuple, il est devenu le destinataire éclairé des propos du pouvoir. Les arguments ne passaient plus, la grogne s'amplifiait, la légitimité du pouvoir était mise à mal, l'opposition gagnait du terrain et le pouvoir se trouvait de plus en plus affaibli politiquement.

Les élections de novembre 1981 et le refus de l'ouverture marquent ainsi l'amorce de la transformation du régime bourguibien. Dorénavant, ce dernier ne se maintiendra plus, tel quel, que par la force et l'intimidation croissante. La popularité du régime, dont il a puisé sa force et sa remarquable stabilité par rapport au pays en voie de développement, avait entamé sa transformation en vestige du passé ([29]). Également, à partir de 1981, ce tournant du régime tunisien, le rapprochera du mode d'exercice du pouvoir au Maroc. Si au Maroc, depuis l'indépendance, la répression politique fut l'une des caractéristiques du pouvoir hassanien, en Tunisie, bien que cet aspect n'était pas absent, il était - sur la foi des rapports des organisations internationales des droits de l'Homme- sans rapport avec ce qui existait au seindu royaume chérifien. Cette différences'expliquenotamment, parlebesoinqu'avaitéprouvédèsledépart le régime marocain de neutraliser, par la répression et l'intimidation, les moyens juridiques et institutionnels dont disposait l'opposition marocaine pour, sinon menacer l'ordre monarchique, contrarier, tout au moins, la volonté hégémonique du roi. Or, en Tunisie, le tournant de 1981, réhabilitant in jure le multipartisme, a octroyé de nouvelles ressources politiques à l'opposition pouvant mettre à mal, comme au Maroc, les gouvernants. Dès lors, et sans pour autant que cela puisse paraître paradoxal, la libéralisation institutionnelle du régime s'accompagne du développement des moyens clandestins et violents neutralisant cette libéralisation. D'autant plus, et en dehors du cercle restreint de l'élite, la répression politique n'est pas perçue comme une pratique insoutenable du régime. En effet, et bien que réprouvée ou, au meilleur des cas, perçue sous son aspect choquant, la répression ne suscite pas l'indignation générale mais la résignation par la crainte.

L'escalade, depuis 1981, de la violence institutionnelle en Tunisie est nettement perceptible ne serait-ce qu'au regard de la manière avec laquelle le pouvoir gère les élections de 1981, puis celles de 1986. Si en 1981 on s'est contenté des tracasseries administratives et des fraudes électorales, en 1986 il sera, on l'a vu, question de violences physiques et de condamnations pénales. Avec l'ère Ben Ali, fondamentalisme religieux aidant, la violence n'en sera qu'accentuée.

Cliquez ici pour la suite de l’article, deuxième partie ...




Répondre à cet article