Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.
je vous remercie
bourguiba abderrazak
I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.
On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.
Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...
ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée
the death of an African giant
Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?
Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre
J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne
Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .
je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.
soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui
La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).
Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.
Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).
Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes
Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.
Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.
Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.
Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles
Vive la Tunisie sans hypocrites
bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie
Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.
Merci...
Lilia Weslaty
Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)
j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui
Vous trouverez ci-joint le rapport d’observation judicaire de Maitre Houcine Bardi relatif au procès des animateurs et des syndicalistes du mouvement social du basin minier Rédeyef-Gafsa (Tunisie) dont le procès en appel se tient le 3 février 2009.
PROCبS DU 11 DةCEMBRE 2008 DEVANT LE TRIBUNAL PةNAL DE GAFSA
RAPPORT D’OBSERVATIONS JUDICIAIRES
Maître Houcine BARDI
Docteur en Droit / Avocat au Barreau de Paris
1) MANDAT
Mandaté par le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), et la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR), deux associations de droit français, j’ai pu assister, en qualité d’observateur judiciaire, au procès des « 38 » accusés dans la principale[1] affaire judiciaire du bassin minier de Gafsa.
2) LE CONTEXTE
Suite à l’annonce des résultats du concours de recrutement de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, dans le Sud-ouest tunisien, les habitants du bassin minier (Redayef, Metlaoui, Oumlarès, M’dhilla…) se sont révoltés, le 5 janvier 2008, contre ce qu’ils ont pu considérer comme une fraude, un manque de transparence et un favoritisme (au profit des nantis), tant les résultats dudit concours étaient négatifs et décevants pour la plupart des familles pauvres de la région.
La CPG (société publique appartenant à l’ةtat tunisien) est, en effet, le principal employeur de la ville de Gafsa. Les postes d’emploi y sont attribués selon des quotas, dont certains revenaient aux familles des victimes de l’extraction minière, d’autres au syndicat des mineurs, etc.
Des grèves de la faim, des sit-in, des marches et des manifestations pacifiques ont été organisées par les habitants de Gafsa durant plusieurs mois pour exiger, des autorités, des postes d’emploi, notamment pour les plus démunis.
Face à cette montée du mouvement de protestation sociale dans la région, les autorités ont dépêché un nombre considérable des forces de l’ordre, qui ont été rapidement renforcés par une présence massive de l’armée. Les habitants du Bassin minier parleront d’un « état de siège » …
L’installation dans la durée du Mouvement de protestation a donné naissance à une coordination locale, supervisée essentiellement par des syndicalistes de la ville de Redayef, dénommée « Mouvement de protestation sociale de Redayef ».
Une Délégation chargée de négocier avec les autorités locales en a été issue. Elle était composée de MM. Adnane HAJI (délégué syndical), Béchir ABIDI (délégué syndical), Ali R’HILI (Secrétaire Général de l’Union syndicale locale), Mohamed KHLAYFI (Ancien député et délégué syndical), et M. Ali BOUIHI.
Cette délégation a participé à au moins trois réunions officielles avec les autorités locales : le 02/05/08 (à la Mairie de Redeyef), le 20/05/08 (au siège de l’inspection du travail de Redeyef) et le 26/05/08. Ont pris part à ces réunions, outre les représentants de la commission de négociation, le Gouverneur de la ville de Redeyef, le Maire de ladite ville, des dirigeants de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, et des inspecteurs du travail.
Avec l’extension du mouvement de protestation à l’ensemble de la région du bassin minier de Gafsa, une coordination nationale dénommée « Comité national de soutien aux habitants du bassin minier », a également vu le jour. De même qu’un « Comité de soutien aux habitants du Bassin minier de Gafsa » a été créé à Paris, et un mouvement de solidarité similaire a vu le jour à Nantes où réside un nombre relativement important de tunisiens originaires de la Ville de Gafsa.
Les associations civiles tunisiennes, telles que la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH), le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), le Comité pour les Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) ainsi que pratiquement toutes les sections locales et régionales (concernées) de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), tout autant que les partis d’opposition tels que le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), le Parti Démocratique Progressiste (PDP) et le Parti ATTAJDID (pour ne citer que les partis légaux), ont clairement exprimé leur soutien à ce mouvement pacifique de protestation sociale…
Les négociations engagées tant avec les autorités locales qu’avec les ministres envoyés sur place par le Gouvernement ont toutes échoué. Il semblerait, en effet, que les propositions d’embauche faites par les autorités, étaient très en deçà des aspirations de la population. Il convient de rappeler à ce sujet que le taux de chômage dans la région de Gafsa dépasse le double de la moyenne nationale (estimée à plus de 14%)
Le mouvement de protestation s’est donc poursuivi, entrainant dans son sillage un grand nombre d’arrestations (notamment parmi les leaders) et de condamnations (judiciaires).
Le procès organisé le 11/12/08, devant le tribunal pénal de Gafsa (siégeant en matière de crimes) intervient suite à plusieurs autres procès ayant abouti à la condamnation (à de plus ou moins lourdes peines) de la plupart des accusés (les cas de relaxe ont été rares…)
L’importance du présent procès découle à la fois du grand nombre d’accusés : 38, dont 2 considérés « en état de fuite »[2], et de la qualité de ceux qui en font l’objet : « chefs d’une entente (criminelle) », selon l’accusation ; « leaders du mouvement de protestation pacifique de Gafsa » dûment mandatés par les habitants dans le cadre des négociations avec les autorités locales, selon la défense…
3) QUELQUES OBSERVATIONS PRELIMINAIRES EN MARGE DU PROCبS
Je voudrais tout d’abord relater quelques faits qu’il m’a été donné de constater en dehors du palais de justice de Gafsa, et qui, tout en étant mineurs, ne sont nullement anodins.
Sur la route qui nous conduisait vers Gafsa, nous avons été (trois jeunes avocats du Barreau de Tunis, et moi-même) contrôlés à trois reprises. A chaque fois il s’agissait de « barrages sélectifs » de la gendarmerie appuyée par des policiers en civil, qui semblaient bien connaître mes compagnons, puisqu’ils les appelaient de leurs noms… et s’enquerraient (surtout) de la présence, dans la voiture, de « l’incognito » que j’étais !
Le premier contrôle s’est déroulé de manière presque « cordiale », avec un air plutôt amusé de la part de mes compagnons, qui ont adressé quelques blagues cyniques à l’endroit des agents…
Les deux suivants ont failli dégénérer, puisque les « contrôleurs » voulaient carrément immobiliser le véhicule… ce qui a obligé mes co-voituriers à dénoncer (par téléphone) auprès de M. le Bâtonnier ESSID, cette « atteinte caractérisée au droit à la liberté de circulation »…
C’est lors d’un contrôle similaire, en date du 04/12/08, que la délégation de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates a été « refoulée ».
Au bout de 10 à 15 minutes d’attente, « l’ordre » a été donné pour nous laisser repartir.
Arrivés à proximité du Palais de Justice de Gafsa, vers 08H30 du matin, j’ai été impressionné par la présence, le moins que l’on puisse dire, massive des policiers (toutes brigades confondues…).
Un barrage a été dressé à l’entrée du parking du Palais. Des policiers nous en ont interdit l’accès. C’était sans compter avec l’obstination de mes compagnons : « C’est le parking réservé aux auxiliaires de justice, dont nous faisons partie, et vous n’avez nullement le droit de nous en interdire l’accès » ont rétorqué à l’unisson mes trois confrères.
Quelques minutes de « négociation » avec, entre autres, des policiers en civils, ont été « nécessaires » pour lever le barrage, et nous permettre « exceptionnellement » de stationner le véhicule dans l’emplacement qui lui était destiné…
Avant d’atteindre la porte du Palais, une femme (la quarantaine, face blême…) s’est précipitée vers nous (j’ai compris par la suite qu’il s’agissait de l’épouse de M. Fahem BOUKADDOUS, le journaliste de « Al Hiwar Attounsi », accusé en état de fuite, parmi « les 38 ») et a prié mes accompagnateurs de la faire rentrer avec eux au Palais… car l’accès lui a été refusé, par les très nombreux policiers qui gardaient l’entrée du Tribunal.
Nouvelle « palabre » —quelque peu virulente en raison des propos véhéments tenus par un policier en civil répondant au nom de YOUSSEF— entre le petit groupe d’avocats (qui a improvisé un « cordon » afin de protéger la malheureuse… qui s’était, semble-t-il, fait agresser lors de l’audience du 04/12/08 devant la même juridiction) et non moins d’une dizaine de policiers en civils et en tenues. Un appel téléphonique —de l’un d’entre eux— à un « haut responsable » a eu pour résultat d’autoriser la concernée à entrer au Palais…
4) LE PROCES
A) La liste des accusés
Sur les soixante personnes (tous des hommes[3] du gouvernorat de Redeyef) poursuivies initialement par le ministère public, une vingtaine ont pu bénéficier d’un non-lieu, au cours de leur audition par le juge d’instruction…
NOM ET PRENOM DATE DE NAISSANCE ET PROFESSION
1) Adnane HAJI
25/10/1958 / Instituteur
2) Adel JAYAR
22/01/1969 / Professeur de l’enseignement secondaire
3) Bechir ABIDI
21/01/1954 / Instituteur
4) Tarak HLAYMI
16/11/1965 / Instituteur
5) Tayeb Ben OTHMANE
06/10/1970 / Instituteur
6) Hassane Ben abdallah
10/08/1975 / Travailleur journalier
7) Maher Fajraoui
11/08/1976 / Ouvrier-boulanger
8) Ali JDIDI
02/11/1972 / Travailleur journalier
9) Haroun Hlaymi
06/07/1981 / Etudiant
10) Mdhaffar ABIDI
11/05/1985 / Elève
11) Ghanem CHRAYTI
22/04/1983/ Travailleur journalier
12) Abid KHLAYFI
02/07/1973 / secrétaire de gestion à l’ISSPT de Gafsa
13) Rachid ABDAOUI
14) Ridha AMAYDI
03/01/1966 / Instituteur
15) Abdessalam HELALI
07/01/1960 / Instituteur
15) Hafnaoui BEN OTHMANE
06/10/1970 / Instituteur
16) Sami AMAYDI
13/11/1978 / Travailleur journalier
17) Fayçal BEN AMOR
13/06/1978 / Travailleur journalier
18) Ridha AZEDDINI
25/03/1974 Travailleur dans les chantiers de l’environnement
19) Mahmoud RADDADI
05/10/1968 / Travailleur journalier
20) Boubakar BEN BOUBAKAR
12/09/1972/ Travailleur journalier
21) Hafnaoui BEN OTHMANE
29/10/1973 / Travailleur journalier
22) Hédi BOUSLAHI
17/07/1973/ Travailleur journalier
23) Thameur MAGHZAOUI
20/12/1977/ Travailleur journalier
24) Issam FAJRAOUI
27/03/1981/ Travailleur journalier
25) Mouadh AHMADI
09/02/1974/ Travailleur journalier
26) Abdallah FAJRAOUI
11/12/1978 / Travailleur journalier
27) Mohamed BALDI
01/04/1983/ Mécanicien
28) Makram MAJDI
20/10/1982/ Travailleur journalier
29) Othmane BEN OTHMANE
19/06/1983 / Travailleur journalier
30) Mahmoud HLALI
07/01/1960 / Instituteur
31) Mohsen AMAYDI
23/01/1978 / Etudiant
32) Radouane BOUZAYENE
30/04/1974/ Travailleur journalier
33) Habib KEDIRI (TABBABI)
11/8/1974 / Travailleur journalier
34) Ismaïl JOUHRI
26/09/1977 / Mécanicien
35) Lazhar BEN ABDELMALAK
02/01/1959 / Instituteur
36) Boujemaa CHRAYTI
22/04/1983 / Travailleur journalier
37) Fahem BOUKADDOUS
09/10/1970 / Journaliste
38) Mohieddine CHERBIB
30/08/1952 / Immigré en France
B) Les chefs d’accusation
Pour les accusés de (1) à (36), il a été retenu les accusations suivantes :
« Appartenance à une bande ; participation à une entente en vue de préparer et commettre une agression contre les biens et les personnes ; participation à une rébellion provoquée par plus de dix personnes avec usage d’armes et durant laquelle il y a eu agression d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ; entrave à la circulation dans les voies publiques ; participation à une rébellion provoquée par des discours prononcés dans des lieux et réunions publics, par des affiches, des communiqués et imprimés ; dégradation, sciemment, de bien d’autrui ; fabrication et détention d’outils et d’instruments incendiaires sans autorisation ; jets de corps solides contre les biens d’autrui ; provocation de bruit et de tapages dans un lieu public ; distribution, vente et exposition de publications destinées à la diffusion en vue de troubler l’ordre public ; collecte de dons sans autorisation ; mise à disposition de locaux et assistance financière aux membres d’une association de malfaiteurs. Faits réprimés par les articles : 32-131-132-133-119-118-121-121 ter-304-320-316 du Code Pénal et les décrets du 21 décembre 1944, du 18 juin 1894 et celui du 02 avril 1953… »
Pour les accusés Fahem BOUKADDOUS (37) et Mohieddine CHERBIB (38) :
« Adhésion à une bande ; participation à une entente visant à préparer et à commettre des agressions contre des personnes et des biens ; distribution, vente, exposition et détention, dans l’intention de les diffuser, de documents susceptibles de troubler l’ordre public dans un but propagandiste »
Les avocats de la défense résumeront, communément, toute cette série impressionnante d’accusations sous l’appellation : « AFFAIRE DE L’ENTENTE ».
Il s’agit bien évidemment de crimes extrêmement graves faisant encourir à ceux qui en sont accusés jusqu’à 10 ans d’emprisonnement (article 119 du CPT), « sans préjudice des peines édictées (…) contre l’auteur des coups et blessures… ». C’est l’application des peines prévues pour ce dernier délit, qui ajoutera des mois supplémentaires aux années d’emprisonnement prononcées à l’encontre de certains accusés…
C) Le déroulement de l’audience
Peu de temps avant l’ouverture de l’audience, M. le Bâtonnier Béchir ESSID a convoqué ses Confrères dans la bibliothèque de l’Ordre des avocats, pour débattre de la stratégie de défense à adopter.
La question à laquelle il fallait répondre pourrait être résumée ainsi : doit-on réitéré les demandes relatives aux exceptions de nullité et aux compléments d’enquête et d’information (lesquelles doivent être, il va sans dire, soulevées in limine litis, avant tout débat au fond) ; et dans le cas où lesdites exceptions sont écartées (d’une manière ou d’une autre) par le tribunal, qu’est-ce qu’il conviendrait de faire ? Défendre l’affaire au fond, ou se retirer en signe de protestation contre le non-respect des droits de la défense ?
Plusieurs avocats ont pris la parole. Les avis étaient divergents. Il m’a tout de même semblé qu’une majorité relative (parmi les présents) penchait plutôt vers l’engagement de la défense au fond, dans le cas où le tribunal « ignorerait » ce que les avocats tunisiens appellent « les demandes préliminaires ».
Toujours est-il que les avocats n’ont pas eu suffisamment de temps pour arrêter définitivement et formellement leur « stratégie ». Quelqu’un est venu nous annoncer que l’on a fait venir les accusés. L’indécision des avocats de la défense ne sera pas sans conséquences dans le déroulement des débats, notamment avec le Président, tout autant que dans l’issue expéditive du procès…
Le dispositif policier qui était déjà impressionnant (dans l’enceinte même du palais) au début de la réunion des avocats, est devenu (à l’issue de cette même réunion) incommensurable et surdimensionné, notamment dans la salle d’audience (de taille moyenne) occupée, pour moitié au moins, par des policiers qui en uniformes qui en civils…
Les avocats de la défense étaient également très nombreux. Il y avait, outre M. le Bâtonnier ESSID, son prédécesseur le Bâtonnier Abdessattar BEN MOUSSA, Me Ahmed Néjib CHEBBI (Président du PDP, et candidat dissident à l’élection présidentielle de 2009), Me Mokhtar TRIFI (Président de la LTDH), ainsi que son fils le jeune avocat Bassam TRIFI, Me Radhia NASRAOUI (Présidente de l’ALTT), Me Ayachi HAMMAMI, Me Saïda GARRACHE, Me Chokri BELAدD, Me Abdennaceur LAOUINI, Me Karim…, Me Ali KALTHOUM, Me Zouhayr YAHYAOUI, Me Ridha RADDADI, Me Faouzi BEN M’RAD, Me CHAMAKHI, Me BEN THABET, Me ALIMI, Me HENCHIRI, Me FAJRAOUI, Me EL MEDDEB, Me THLIJANI, Me BEN BOUBAKEUR, Me TEBBASSI, Me Salem S’HIMI, Me SGHAIER, Me MLAOUAH, Me ABIDI, Me TARCHEK, Me BEN HAMMOUDA, Me HAMDI, Me ISSAOUI, Me HAMDI, Me BOUSLAH, Me JARBAOUI, Me AMARA, Me ZAROUANI, Me TROUDI, Me BEN YOUSSEF, Me KEDDIS, Me ZENDAH, Me RABHI, Me MANNAد, Me KAROUI, Me S’OUDI, Me KHERAYFI, Me MECHICHI, Me CHARNI, Me KRICHI, Me MOUMNI, Me TOUKABRI, Me BUSLAH… [4] Outre les avocats constitués et qui n’ont pu assister à l’audience du 11/12/08, tels que Me J’MOUR, Me ABBOU, Me KOUSRI, etc. En tout, pas moins de 124 avocats de toute la Tunisie, tous constitués bénévolement pour défendre les 38 accusés.
L’ensemble de la société civile et politique tunisienne (indépendante) était présente : la LTDH , AI-Tunisie, le CNLT, l’ATFD, l’UGTT), sans compter les associations dont les membres ont été « refoulés » telle que « LIBERTة ET EQUITة » ; les partis politiques (ATTAJDID, PDP, FDTL PCOT, PTPD, PSG)
Parmi les observateurs internationaux j’ai remarqué la présence d’un représentant de la Commission européenne ; un représentant du syndicat FSU (France) ; la chargée des affaires politiques de l’ambassade américaine (Mme Tina D. SAHA), ainsi que mon Confrère Antoine AUSSEDA (mandaté par la FIDH, le REMDH et l’Ordre des Avocats de Paris)
Après les formules usuelles d’ouverture d’audience, Le Président GARGOURI (à la tête d’une formation collégiale de cinq juges) a donné la parole aux avocats de la défense.
Cinq avocats se sont succédés à la barre : Le Bâtonnier (en exercice) Me Béchir ESSID, Me Radhia NASRAOUI, Me Chokri BELAدD, le Bâtonnier Abdessattar BEN MOUSSA et Me Ali KALTHOUM.
Les trois principales plaidoiries (Me BEN MOUSSA, Me KALTHOUM et Me BELAدD, qui nous ont remis leurs écritures) ont soulevé, in limine litis, les principales irrégularités suivantes :
1) SUR LA NON PRةSENTATION DES SCELLةS ET AUTRES PIبCES ہ CONVICTION
L’accusation de « constitution d’une entente criminelle » a été fondée sur la saisie d’un certain nombre d’armes (et d’armes par destination), ainsi que des disques compacts, des banderoles (portant les inscriptions suivantes : « droit au travail pour le fils de l’ouvrier et du déshérité » ; « donnez-nous du travail, sinon ne réprimandez pas les chômeurs s’ils la déclenchent » ; « du travail non des promesses creuse » ; « pas de dignité sans emploi stable » ; « oui pour l’emploi stable qui sauvegarde la dignité, oui pour notre part de la richesse nationale, oui pour les vrais projets de développement dans la région »), un téléphone portable, une caméra, des communiqués et des tracts...
Aucune de ces preuves n’a été présentée à la défense. Ce qui constitue une atteinte on ne peut plus grave au principe du contradictoire (et à l’égalité des armes), à la publicité des débats, et plus généralement aux droits de la défense.
2) SUR L’IMPORTANCE DES PROCبS-VERBAUX CONSTATANT LES RENCONTRES OFFICIELLES ENTRE LES MEMBRES DE « L’ENTENTE » ET LES AUTORITةS LOCALES
Plusieurs réunions officielles ont eu lieu entre, d’une part, « le comité de négociations » composée de Messieurs : Adnane HAJI (délégué syndical) ; Béchir ABIDI (délégué syndical) ; Ali R’HILI (Secrétaire Général de l’Union syndicale locale) ; Mohamed KHLAYFI (Ancien député et délégué syndical) ; M. Ali BOUIHI ; et les autorités locales représentées notamment par M. le gouverneur de la ville de Redeyef, le maire, ainsi que cinq dirigeants de la compagnie des phosphates de Gafsa et quatre inspecteurs du travail de la ville de Metlaoui.
La défense accorde une importance capitale à ces procès-verbaux, dans la mesure où ils apportent la preuve de l’inexistence de « l’entente » alléguée par l’accusation.
Dans leurs écritures, les avocats disent avoir remis au tribunal des copies des procès-verbaux dont s’agit.
3) SUR LE DROIT D’ENTENDRE ET D’INTERROGER LES TةMOINS
Les avocats de la défense soutiennent qu’il ne leur a pas été donné d’interroger les témoins à charge ; qu’il n’a pas été fait droit à leur demande d’entendre les témoins à décharge (le précédent gouverneur de Redeyef, le maire de la ville, les inspecteurs du travail, les dirigeants de la société des phosphates de Gafsa, ainsi qu’un certain Omar TAKROUNI, haut officier dans l’armée nationale, ainsi que le ministre de la santé publique qui a un long entretien avec l’accusé Adnan HAJI) ; qu’en outre aucune confrontation n’a été organisée (comme l’exige l’article 65 du code de procédure pénale) entre leurs clients et les témoins à charge.
4) SUR LES DEMANDES D’EXPERTISES MةDICALES
Les avocats soutiennent que la plupart de leurs clients ont été victimes de torture et ont subi des traitements inhumains et dégradants tout au long de leur détention et notamment lors de la phase d’enquête ; qu’ils ont systématiquement fait état de cette atteinte gravissime à l’intégrité physique des « accusés » en particulier devant le juge d’instruction qui en a constaté la véracité. Ils présentent un tableau des principaux cas de torture allégués et constatés (dont on a pu vérifier la transcription dans l’ordonnance de clôture de l’instruction)
Date du PV Nom de l’accusé Type de torture Emplacement des traces Observations du juge d’instruction Requête de la défense
— -
21/06/08
Mouadh Ahmadi
physique
Griffures au dos et sur le côté gauche
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Issam FAJRAOUI
physique
Blessures au menton
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Adesselem HLALI
physique
Blessures au menton
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Ridha AZZEDDINE
physique
Fessier, bras gauche
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Ali JDIDI
physique
Les dents, bras gauche
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Thameur MAGHZAOUI
physique
pieds
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/06/08
Adnane MAHGZAOUI
Menaces
Torture sexuelle
poignets
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
23/06/08
Med Ben Salah BEDOUI
physique
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
23/06/08
Adnane HAJI
physique
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
26/06/08
Farid HANDIRI
physique A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
08/07/08
Béchir ABIDI
Menace de sodomie
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
10/07/08
Taïeb BEN OTHMANE
physique
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
21/07/08
Kamel KALBOUSSI
Ouverture béante au pied droit, blessures au pied et avant bras gauches, ecchymoses…
A constaté les traces
Demande d’examen médical
— -
D’autres griefs ont été soulevés par les avocats de la défense (notamment dans la plaidoirie exhaustive —et non interrompue par le Président— du Bâtonnier BEN MOUSSA) telle que l’incohérence flagrante d’un certain nombre de procès verbaux qui taisent les mentions obligatoires devant y figurer (conformément aux dispositions de l’article 13 bis du CPP tunisien)[5] ; ou la maltraitance et le défaut de soins de M. Béchir ABIDI qui, selon la défense, a perdu plus de 30 kg durant son arrestation et y a contracté une anémie et une bronchite aigüe[6]
Malgré la gravité extrême des griefs soulevés par les avocats de la défense, tous militant de manière on ne peut plus évidente en faveur de l’annulation des procédures pour torture, non respect des formalités substantielles, non respect du principe (d’ordre public) du contradictoire, de la publicité des débats (et de l’égalité des armes), tout autant que des droits élémentaires de la défense… le Président GARGOURI a décidé de procéder immédiatement à l’interrogatoire des accusés !
Maître Ali KALTHOUM (du Barreau de Gafsa, et un des principaux avocats de la défense) a engagé un débat pointilleux, avec le président, sur le sens exact des dispositions de l’article 143 du CPP (tunisien) qui, selon lui, n’autorise l’interrogatoire des présumés coupables, qu’après la satisfaction des dispositions (du même article) relatives à la présentation des scellés, de la confrontation, etc.
Prenant acte de l’obstination du Président à vouloir passer directement à l’interrogatoire, arguant de ce que leur audition permettra d’apporter des réponses aux interrogations « légitimes » des avocats, la défense a intimé aux accusés de « refuser de répondre »…
Le Président a alors ordonné à ce qu’il soit consigné dans le procès verbal d’audience le refus des présumés coupables de se prêter à l’interrogatoire du Tribunal, et a suspendu l’audience « pour délibération »
Cette décision subite, qui a pratiquement mis un terme de manière totalement inattendue au procès, a surpris tout le monde. Toute l’assistance est restée figée… jusqu’à ce que les « accusés », se dressant sur leur banc, n’entonnent à l’unisson l’hymne national, vite repris par tous les présents, à l’exception des forces de l’ordre…
On entendait des « youyous » dans les bancs du public, situés derrière celui réservé aux avocats… les accusés ont également eu le temps de scander quelques mots d’ordre propres au Mouvement du Bassin Minier… avant de se faire évacuer manu militari par les forces de l’ordre, sous les sifflets et le hués du public…
Il était à peu près 11H30, lorsque le Président avait suspendu l’audience pour « délibérer ». La reprise de l’audience n’a eu lieu que vers 23H00 !
A partir de 22H00 l’on a remarqué un remous chez les policiers. C’était le signal de la reprise imminente de l’audience. Personne n’était encore tout à fait certain que le tribunal (non présent au complet, puisque 2 des 5 juges ne seront pas présents…) allait s’apprêter à prononcer le jugement.
Un dispositif des plus impressionnants s’est petit à petit mis en place dans la salle d’audience. Des va-et-vient, des chuchotements, des appels téléphoniques, des placements, des déplacements… bref une fourmilière d’agents de toutes sortes qui ont pris littéralement possession de tout le palais et notamment de la salle d’audience : un corridor de policiers allant de la porte d’entrée des prévenus, jusqu’au banc des accusés ; derrière lequel une rangée d’au moins une vingtaine de policiers (séparant les avocats de leurs clients) ; derrière les avocats une rangée de policiers en civils séparant les avocats des familles ; tournant le dos au tribunal (face à la salle) une autre rangée de policiers ; un grand nombre de policiers (dont les hauts gradés…) bloquaient la deuxième entrée droite de la salle ; sur l’avant de l’aile gauche de la salle d’audience quelques vingt policiers…
Les avocats étaient abasourdis et indignés (ils m’ont affirmé que même lors du procès du « groupe de Soliman » il n’avait pas vu « cette mascarade qui dit long sur l’état de la justice tunisienne ») ! Les observateurs internationaux étaient choqués ! Les familles apeurées …
Lorsque le Tribunal incomplet (3/5 juges présents, sans compter l’absence du ministère public…) est entré en salle pour annoncer la réouverture de l’audience, un jeune avocat du Barreau de Tunis (AL) qui n’a pu contenir sa colère et son indignation au vu d’un pareil « spectacle affligeant », a crié à vive voix : « C’est cela votre justice ? C’est cela votre procès équitable ? Est-ce ainsi que vous respectez l’Etat de droit et l’indépendance de la justice ? Mais c’est une caserne et non plus un tribunal … vous devez avoir honte… voyez gens de Redeyef la justice qu’on réserve à vos enfants… »
C’était « suffisant » pour que le président GARGOURI lève l’audience. Il n’y a donc pas eu lecture du jugement. Le président de la section de l’ordre des avocats de Gafsa a dû aller en chercher une copie manuscrite auprès du greffe pénal.
Rendez-vous a été donné aux avocats et aux membres des familles, dans la bibliothèque de l’Ordre pour lecture du jugement, dont voici le tableau récapitulatif :
NOM ET PRENOM CONDAMNATION
1) Adnane HAJI 2) Adel JAYAR 3) Bechir ABIDI 4) Tarak HLAYMI
10 ans
5) Tayeb Ben OTHMANE 6) Hassine Ben abdallah 7) Maher Fajraoui
8) Fahem BOUKADDOUS
9) Haroun Hlaymi 10) Mdhaffar ABIDI 11) Ghanem CHRAYTI 12) Abid KHLAYFI 13) Rachid ABDAOUI 14) Ridha AMAYDI
6 ans
15) Abdessalam HELALI
15) Fayçal DHAOUADI
16) Sami AMAYDI 17) Fayçal BEN AMOR
18) Ridha AZEDDINI 19) Mahmoud RADDADI 20) Boubakar BEN BOUBAKAR
4 ans
21) Hafnaoui BEN OTHMANE 22) Hédi BOUSLAHI
1 an
23) Thamer MAGHZAOUI 24) Issam FAJRAOUI
25) Mouadh AHMADI 26) Abdallah FAJRAOUI 27) Mohamed BALDI 28) Makram MAJDI
2 ans avec sursis
29) Othmane BEN OTHMANE 30) Mahmoud HLALI 31) Mohsen AMAYDI 32) Radouane BOUZAYENE 33) Habib KEDIRI 34) Ismaïl JOUHRI 35) Lazhar BEN ABDELMALAK
Relaxe
36) Boujemaa CHRAYTI 37) Ali JDIDI 38) Mohieddine CHERBIB
2 ans
CONCLUSIONS FINALES DU RAPPORT
Avant de donner la parole au Président de la Section de l’Ordre des avocats de Gafsa pour faire la lecture du jugement, le Bâtonnier de l’Ordre National des Avocats de Tunisie, Me Béchir ESSID, a dit « Ce qui s’est passé aujourd’hui ne mérite même pas le terme procès, tant les irrégularités et illégalités sont évidentes, et le non respect des droits de la défense est flagrant… »
L’audience du 11/12/08, devant le tribunal pénal de Gafsa (statuant en matière criminelle, puisque l’équivalent de la Cour d’assises n’existe pas dans l’ordre judiciaire tunisien) à laquelle j’ai pu assister, m’a permis de constater :
1) Le non respect du principe de la présomption d’innocence
2) Le rejet tacite des nombreuses exceptions de nullité soulevées par la défense avant tout débat au fond
3) L’absence de la moindre prise en compte, par le tribunal, des allégations on ne peut plus graves de torture (de traitements inhumains et dégradants et de défaut de soins) étayées —pour certains— par les constations du juge d’instruction… et la « fin de non recevoir, implicite » des demandes d’expertises médicales
4) Le refus de présentation des scellés
5) Le refus de convoquer les témoins (notamment à décharge)
6) Le refus d’organiser les confrontations avec les témoins à charge
7) Le refus de diligenter des enquêtes et informations supplémentaires
Toutes ces observations et constations me conduisent à affirmer que le procès auquel j’ai assisté, le 11/12/08 à Gafsa, est un des procès les plus inéquitables auxquels il m’a été donné d’assister. Le principe du contradictoire a, en effet, été totalement ignoré, l’égalité des armes et la publicité des débats ont été systématiquement bafouées, les droits de la défense (et implicitement ceux des accusés) ont été piétinés, depuis l’enquête préliminaire, jusqu’à l’autorité de jugement, en passant par celle de l’instruction.
S’il est un « procès » qui ne saurait avoir pour « mérite » que celui d’être donné en contre-exemple de ce qu’est un procès équitable, c’est bien le « procès des 38 » qui s’est tenu devant le tribunal pénal de Gafsa le 11/12/08 !
[1] Compte tenu tout d’abord de l’importance du nombre des accusés et de leurs qualités (« chefs d’une entente »)
[2] Le cas de M. Mohieddine CHERBIB (Président de la FTCR) est singulier, dans la mesure où l’intéressé a fait l’objet de « poursuites » alors qu’il réside à des milliers de kilomètres de Gafsa ; il n’a jamais fait l’objet de convocation régulière ni de la part des autorités d’enquête, ne de celles de l’instruction, ni par le Tribunal. Voir à ce propos l’argumentaire juridique détaillé réalisé par le CRLDHT « Observations sur l’Ordonnance de clôture de l’instruction dans l’affaire des 38 de Gafsa : le cas de Mohieddine CHERBIB) »
[3] La seule femme qui a été condamnée (à 4 mois d’emprisonnement) suite aux évènements de Gafsa, est Mme Zakia DHIFAOUI (qui a déclaré avoir été victime de torture et de harcèlement sexuel lors de sa détention), membre du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (parti légal, dont le secrétaire général, le Dr Mustapha BEN JAAFAR , s’est récemment déclaré candidat aux prochaines élections présidentielles de 2009)
[4] Cette liste n’est pas exhaustive. Je m’excuse par avance auprès des avocats que je n’ai pas cités.
[5] Cas de l’accusé Mansour SOUILMI, dont il est tout d’abord indiqué (dans le PV consigné dans le dossier) qu’il a été placé en garde à vue le 12 août 2008, alors que dans un autre PV il est signalé comme étant « recherché »… ; de même il n’est pas indiqué dans le PV de placement en garde à vue de M. Abid KHLAYFI (daté du 29/07/08) ni la date ni l’heure de la fin de la GAV…
[6] Nous avons appris ultérieurement que l’état de santé du concerné s’est gravement détérioré après le procès, et qu’il a été transféré au CHU de l’Ariana dans la banlieue de Tunis, où il a été maintenue menotté à son lit d’hôpital…
C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire - FR-75011 PARIS - Tel/Fax : +33.(0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org