Mon amie ne sait pas rediger un com sur un article. Du coup il voulais souligner par ce commentaire qu’il est ravi du contenu de ce blog internet.
je vous remercie
bourguiba abderrazak
I like to party, not look articles up online. You made it hpaepn.
On est mardi 1er novembre 2011, déjà neuf mois que ben ali s’est enfui et il est caché, comme un rat, en Arabie Saudite. Son collègue Gaddafi a été tué.
Après la lecture de cette lettre, tout cela parait être comme un cauchemar pour celles et ceux qui ne l’ont pas vécu personnellement. Cependant, le mal a sévi longtemps, beaucoup trop longtemps en Tunisie. Il est temps que ça change.
Tout un système policier qui s’effondre, la justice vient de renaître, certes encore fragile mais sera équitable insh’Allah.
Oui il a un fils qui est mon meilleur ami et croyez moi, même si son père et loin de lui sa ne fait pas de lui un mauvais père il s’occupe très bien de lui et Selim va le voir de temps en temps. Je suis au cœur de cette affaire et je peux donc savoir les ressentis de chacun...
ةcoutez quand on ne connait pas la personne on ne juge pas ! Je connais personnellement Monsieur Tebourski et je sais que c’est un homme bon, et je pense que si il a demander a rester en France c’est surtout pour son Fils !
Ne le jugez pas car vous ne le connaissez pas comme je le connais ! Je suis la meilleure amie de son fils Selim. Je sais qu’Adel est un homme bon alors arrêtez tous vos blabla et essayer donc de comprendre le fond de la chose. Merci et bonne soirée
the death of an African giant
Par : Y. Mérabet
En outre, contrairement à ce que pensent aujourd’hui de nombreux libyens, la chute de Kadhafi profite à tout le monde sauf à eux. Car, dans une Afrique où les pays de la zone subsaharienne riche en ressources minérales tournaient complètement le dos à la France pour aller vers la Chine, il fallait bien que monsieur Sarkozy trouve un autre terrain fertile pour son pays. La France n’arrive plus à vendre ses produits manufacturés ou de décrocher un marché en Afrique, elle risque de devenir un PSD C’est pour cela que l’on a vu une France prête à tout pour renverser ou assassiner Kadhafi ; surtout quand l’on sait que la Libye est l’une des premières réserves en Hydrocarbures d’Afrique et de Sebha est la capitale mondiale du trafic Franco-libyen de concentré d’uranium Nigérien. Egalement, l’on sait que jusqu’ici, les populations libyennes n’avaient rien à envier aux Français, ils vivaient richement mieux sans se suer. Puisque Kadhafi faisait tout son possible pour les mettre à l’abri du besoin. Il est donc temps pour les libyens de choisir pleinement futur partenaire occidental. Car si en cinquante ans de coopération la France n’a pu rien apporter à l’Afrique subsaharienne. Vat-elle apporter maintenant aux libyens un bonheur supérieur à celui que leur donnait leur Guide. Rien à offrir à ces ignorants de libyens, sauf des repas communs dans les poubelles de la ville Paris, en France c’est déjà la famine ? Lui, qui durant plusieurs décennies était l’un des faiseurs d’hommes les plus efficaces sur le continent Africain. De son existence, Kadhafi était le leader le plus généreux d’Afrique. Pas un seul pays africain ne peut nier aujourd’hui n’avoir jamais gouté un seul pétro –Dinar du guide Libyen. Aveuglement, et motivé par son projet des Etats-Unis d’Afrique, Kadhafi de son existence a partagé l’argent du pétrole libyen avec de nombreux pays africains, qu’ils soient Francophones, Anglophones ou Lusophones. Au sein même de l’union Africaine, le roi des rois d’Afrique s’était presque érigé en un bailleur de fond très généreux. Jusqu’à l’heure actuelle, il existe sur le continent de nombreux présidents qui ont été portés au pouvoir par Kadhafi. Mais, curieusement, même pas un seul de ces élèves de Kadhafi n’a jusqu’ici eu le courage de lui rendre le moindre hommage.Au lendemain du vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, certains pays membres de l’union africaine sous l’impulsion de Jacob Zuma ont tenté d’apporter un léger soutien au guide libyen. Un soutien qui finalement s’est éteint totalement sans que l’on ne sache pourquoi. Même l’union africaine qui au départ conditionnait avec amertume la prise du pouvoir libyen par un groupe de terroristes et la reconnaissance du CNT libyen constitués de traitres, s’est finalement rétracté de façon inexplicable. Et curieusement, jusqu’aujourd’hui, aucun gouvernement consensuel n’a été formé en Libye. Depuis l’annonce de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, cette union africaine dont Mouammar Kadhafi était pourtant l’un des principaux défenseurs et ayant assuré le dernier mandat, n’a encore délivré aucun message officiel de condoléance à ses proches ou de regret. Egalement, même ceux qui hier tentaient de le soutenir n’ont pas eu le moindre courage de lever leur petit doigt pour rendre hommage à leur mentor. Jusqu’à l’heure actuel, seul l’ancien archevêque sud-africain et prix Nobel de paix Desmond TUTU a regretté cet acte ignoble. Même le président Abdoulaye Wade que l’on sait pourtant proche des révoltés libyens n’a pas encore salué la mort de l’homme qu’il souhaitait tant. Le lendemain de sa mort, un vendredi pas un musulman n’a prié pour lui ?.. A ce jour, sur le continent Africain, seul l’homme de la rue et les medias ont le courage de parler de cette assassina crapuleux du guide libyen. Mais, cette attitude des dirigeants africains ne surprend personne, dans la mesure où l’on sait que chaque président a peur de se faire remarquer par un Nicolas Sarkozy qui est capable de tout si la tête d’un président africain ou d’un arabe l’énerve.
Conclusion La Libye et l’Afrique toute entière viennent de tourner une page d’or avec la perte de Mouammar .
Traitre et maudit que je sois, si j’étais un libyen ?
Journaliste indépendant (Algérian Society for International Relations)
119, Rue Didouche Mourad
Alger centre
J’ai écrit un livre qui mérite d’être lu :
TOUT EST POSSIBLE - L’AVENIR DE LA TUNISIE
Vous pouvez télécharger le livre sur mon site Internet :
http://www.go4tunisia.de
Dr. Jamel Tazarki
Allemagne
Ma mére Térésa oui notre mére je suis abderrazak bourguiba le frére de mon meilleur ami Farouk .
vous peut etre me connait mais je pense pas que nous avont eu l’occasion de vous voir .
je suis désolé pour ce qui a passé pour mon frére Farouk .
Omar etait un homme exeptionnel un vrai homme j’ai passé avec lui 6 mois dans le prison nous étions plus que deux fréres.
soyez fiére de Farouk
et que la paradi soit pour lui
La Monarchie Constitutionnelle est l’avenir est la garantie des droits et libertés pour la Tunisie, la Libye et toute l’Afrique du Nord. Le Roi est l’âme du peuple, Il est porteur du sentiment d’unité nationale et du patrimoine historique du peuple. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE EST LE PLUS SUR MOYEN POUR EVITER QU’UN PRESIDENT FINISSE UN JOUR EN DICTATEUR (voyez le cas du roi d’Espagne, sauveur des libertés après le Franquisme).
Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je souhaite attirer votre attention sur le faite que ce Barbouze comme vous le dites, a retourné sa veste à l’instant où il s’est assuré du départ définitif du ZABA plus exactement le 18 Janvier 2011.
Mais encore ce dernier qui détient pas un seul titre comme auprès du RCD mais aussi faison parti de plusieurs association et surout la chambre Franco-Tunisienne de marseille ou il a volé récemment le portfolio pour se faire une nouvelle peau et une nouvelle virginité auprès de la Tunisie, avec un pseudo symposium tenue au pôle technologique sis à la Gazelle (Ariana).
Rappel du passé : Khaled Néji représentant de l’office de l’huile près du consulat générale de Tunisie à Marseille a été victime de sa (Stoufida).
Monsieur Kahled Néji a été limogé de son poste, radié de ses fonctions, décédés suite à une attaque cardiaque après avoir visité les prisons Tunisiennes
Je souhaite que cette personne n’intervienne plus sur le sol Tunisien afin de crée des réseaux encore pire qu’avant et revenir au pouvoir par la fenêtre.
Aidez moi à dire la vérité sur ce malheureux de la Sbikha (kairouan) qui fout la honte à son peuple.
Ce Virus, qui trompe sa femme sans scrupule ni honte. A trahit ce que nos ancêtres ont essayé de bâtir, bravour, fraternité dévouement, sincérité.
Il est et il sera toujours à l’antipode des Tunisiens , lèches botes et au plurielles
Vive la Tunisie sans hypocrites
bonjour je suis tres heureuse que mr tlili soit libere mais je n arrive pas avoir de nouvelles precises je tiens a dire que c est un MONSIEUR exceptionnel et qu il ne merite vraiment pas ce qu il a endure j aimerai pouvoir lui exprimer tte ma sympathie
Voilà quatre ans se sont écoulés et votre combat a porté ses fruits. J’aurais pas osé signer ces quelques mots par mon nom réel si vous n’avez pas milité pour ’ma’ liberté. Reconnaissante et le mot ne peut résumer ce que je ressens et tout le respect que je vous porte.
Merci...
Lilia Weslaty
Les petits cons s’amusent à faire leurs graffitis imbéciles même sur les statues couvertes de prestige et d’histoire de Carthage ; on en a maintenant fini avec Ben Ali, avec la censure et l’étouffement des idées et de coeur opéré par son régime. Mais on en finira jamais avec l’idiotie des fondamentalistes islamiques qui promenent leurs femmes en burka, parce que c’est la seule façon par laquelle savent voir une femme : comme une bête dangeureuse. On en finira pas facilement, terrible dictature, avec ceux qui demandent maintenant de couper les mains, les jambes et les bras, suivant l’obsolète loi coranique, sans se faire aucun souci de l’Homme. Jésus, le Christ en est le plus grand champion, le Rédempteur de l’humanité, Lui qui a porté la Croix pour nous TOUS ; quant à la mafia et à al-Capone, nous les plaçerons comme un héritage historique de cet islam que tant s’acharnent à défendre par l’ignorance (mafia vient de l’arabe dialectal anciene "mafiah", c’est-à-dire "protection", la mafia est nait et c’est culturellement radiquée dans une ancienne terre d’islam, la Sicile)
j’ai aimé ce que vous pensé . suis de ton coté. tu me trouvera a l’appui
TABLE DES MATIERES
1. Rapport sur les conditions des migrants en transit en Libye page. 3
2. Les témoins page 11
3. Les voyages dans le désert page 11
4. Les abus sur les routes page 13
5. Les abus des passeurs page 14
6. Les homicides commis par la police dans les commissariats page 15
7. Les reconduites collectives en mer page 15
8. Les violences contre les femmes page 17
9. Les abus et les violences dans les centres de rétention pour les migrants
page 18 Centre de Binghazi
page 18 Centre de Juwazat
page 18 Centre de Sirt
page 18 Centre de Misratah
page 18 Centre de Zawiyah
page 19 Centre de Khums
page 19 Centre de Mars
page 20 Centre de Sabratah
page 20 Centre de Tripoli Al -Fellah
page 20 Centre de Sabha
page 21 Centre de Ghat
page 22 Centre de Qatrun
page 22 La pratique du travail forcé
page 22 Les déportations à Kufrah
page 23 Centre de Kufrah
page 24 10. Les déportations dans le désert page 26
11. Plan des centres de rétention an Libye page 28
ROME - Durant les neuf premiers mois de 2007, 12.753 migrants sont arrivés en Sicile à bord de moyens de fortune, 20% en moins par rapport au neuf premiers mois de 2006. Durant la même période, 1.396 migrants ont débarqué en Sardaigne en provenance d’Algérie et un millier en Calabre en provenance de Turquie et Egypte. A Malte, entre janvier et septembre 2007, 1.552 personnes sont arrivés, avec une forte augmentation par rapport aux 1.024 arrivés sur l’île en 2006. Or la plupart des migrants qui a débarqué à Malte et en Sicile arrivait des côtes occidentales de la Libye, entre Zuwarah et Misratah, hormis les débarquements en Calabre et Sardaigne. Pourtant parmi les 21.400 qui ont débarqué en Sicile courrant 2006, les Libyens ne sont que 50. La Libye ne représente qu’un territoire de passage. Les premières nationalités sont le Maroc (8.146), l’Egypte (4.200), l’Erytré (2.859) et la Tunisie (2.288). Les réfugiés arrivent avec des migrants de nature économique. Un peu près 60% des 10.438 demandeurs d’asile en Italie est arrivé par la mer. Le canal de Sicile représente un passage dangereux, dans lequel, selon la revue de presse international dirigée par Fortress Europe, depuis 1988 on compte au moins 2.432 victimes, dont 1.503 sont dispersés sur les fonds de la mer. Le nombre de victimes augmente malgré la diminution des débarquements : déjà 502 morts durant les neuf premiers mois de 2007 contre les 302 durant l’année 2006. Les voyages se font sur des embarcations de plus en plus petites (41 personnes à bord en moyenne, contre les 101 de 2005), confiées directement à la direction des passagers qui souvent n’ont pas d’expérience. Les cas d’omission de secours de la part de bateaux pêcheurs sont devenus de plus en plus fréquents, selon les témoignages des naufragés. Mais la vraie raison de cette augmentation est le changement des routes : de plus en plus longues et de plus en plus au large et donc de plus en plus dangereuses, pour éviter les patrouilles et les reconduites au large.
L’Italie, avec l’Ue, est en train d’intensifier ses relations avec la Libye afin de bloquer le phénomène de l’immigration par la mer qui, en Italie représente, selon le Ministère de l’Intérieur, 8% de l’immigration irrégulière. Le projet, déjà annoncé par le Commissaire européen de la Justice, la liberté et la sécurité, Franco Frattini, consiste à déplacer les patrouilles aéronavales dans les mers de la Libye, sous l’égide de l’agence européenne pour le contrôle des frontières extérieures, Frontex, à partir de 2008. L’objectif déclaré est la réadmission en Libye de tous les migrants qui seront interceptés en mer. La Libye semble être d’accord. Déjà le 25 mai 2007, le directeur adjoint de Frontex, Gil Arias, a adressé une lettre officielle à Rammadan Ahmed Barq, directeur du Département libyen chargé des affaires avec l’Europe, en invitant la Libye à coopérer avec les patrouilles européennes. Dans le canal de Sicile, Frontex a déjà mis en place deux missions. Nautilus I (Du 5 au 15 octobre 2006 avec la participation de l’Italie, Malte, France, Grèce et Allemagne) et Nautilus II (du 25 juin au 27 juillet 2007 et encore du 1à septembre au 14 octobre 2007, avec la participation de l’Italie, France,Grèce, Allemagne, Portugal et Espagne). Le vice-président de la Commission européenne, Franco Frattini, a promis que le service de patrouilles conjoint reprendra en 2008 de façon permanente et avec la participation de la Libye. En attendant, le financement de Frontex pour 2008 a été redoublé : de 34 millions en 2007 à 70 millions d’euros. Et l’Union européenne a offert à la Libye l’installation d’un système de surveillance électronique le long de sa frontière méridionale. Les autorités libyennes ont déjà donné à Frontex, en mai 2007, une liste détaillée des moyens nécessaires qu’ils demandent : 12 avions de recognition, 14 hélicoptères, 240 4x4, 86 camions, 80 pick-up, 70 autobus, 28 ambulances, 12 systèmes radar, 10 bateaux, 28 moto vedettes, 100 bateaux gonflables, 400 viseurs nocturnes, 14 systèmes pour scanner les empreintes digitales, puis stations radios et système de navigation satellitaire.
Tous les ans des milliers de migrants et de réfugiés sans papiers passent la frontière méridionale de la Libye, beaucoup d’entre eux le font pour continuer leur voyage en Italie. Les témoignages ici rapportés dénoncent de graves crimes commis autant par les passeurs (les personnes qui organisent les voyages et qui font “passer” la frontière) que par les forces de l’ordre libyennes. Abus, maltraitements, arrestations arbitraires, détention sans procès et dans des conditions dégradantes, tortures, violences physiques et sexuelles, rapatriements de réfugiés et déportations en plein désert. Crimes que l’Union européenne fait semblant de ne pas voir en autorisant la reconduite des migrants en Libye au moyen des patrouilles Frontex, alors qu’en mai 2005 la Court européenne des droits de l’homme avait interdit les reconduites collectives à partir de Lampedusa vers Tripoli et alors que, sur la base de l’article quatre du IV protocole de la Convention européenne des droits de l’homme, “les expulsions collectives d’étrangers sont interdites”.
La première dénonciation officielle sur la condition des migrants en Libye remonte à décembre 2004, lors de la publication du rapport de la Mission tecnique en Libye de l’Union européenne. On y parle d’arrestations arbitraires d’étrangers, d’abus, de déportations collectives et du non respect du droit d’hébergement. L’Italie et l’Union européenne cherchent à Tripoli un allié pour leur propre guerre contre l’immigration clandestine. Il s’agit d’une partie qui se joue sur le même terrain de la réhabilitation internationale de la Libye et de l’exportation d’hydrocarbures. Pour le vérifier il suffit de relire les agences de presse des jours en question.
Le 8 octobre 2004 Tripoli déclare avoir déporté dans le désert du Niger, seulement pour le mois de septembre, un peu près 5.000 immigrés. Le même jour a lieu l’inauguration du méthanoduc entre Mellitah et Gela, en Sicile. Le Premier ministre de l’époque, Silvio Berlusconi, déclare : « Mu‘ammar Qaddafi est un grand ami pour moi et pour l’Italie, c’est un leader de la liberté. Je suis fier du fait que l’Italie soit le premier pays importateur et exportateur de la Libye ». Trois jours après, le 11 octobre 2004, l’Union européenne retire l’embargo à Tripoli, comme il était prévu depuis longtemps. Les dénonciations du rapport arrivent deux mois plus tard, mais tomberont vite dans les oubliettes, submergées par les tons de la diplomatie. En attendant, les violences continuent et même s’empirent en même temps qu’augmente la répression. Au mois de septembre et novembre 2006, deux études indépendantes conduites par Afvic et Human Rights Watch confirment la gravité de la situation des migrants en Libye : rafles, arrestations arbitraires, tortures, déportations de masse continuent.
Pendant toute la période des années ’90, le colonel Mu‘ammar Qaddafi avait ouvert les portes de Jamahiriya en priorité aux citoyens du monde arabe puis à toute l’Afrique au nom de la solidarité africaine. Une décennie plus tard, 2 millions d’étrangers avaient rejoint les 5,5 millions de libyens, les deux tiers sans permis de séjour. En même temps les tensions sociales et la micro criminalité augmentaient. Le mécontentement des Libyens se déchaînait contre les immigrés africains, soutenu par la rhétorique du racisme. En septembre 2000, à Zawiyah, trois jours de guérilla raciste provoquaient au mois 560 étrangers morts assassinés. Le 24 septembre, une cinquantaine de jeunes hommes libyens attaquaient un campement de travailleurs soudanais et tchadiens au cri de “dehors les noirs” et tuaient une cinquantaine de personnes. Le jour suivant un millier de personnes donnait feu au campement de la communauté ghanéenne aux portes de la ville. Une dizaine de ghanéens mourait carbonisés. Mais ce furent les Nigériens à payer le prix le plus élevé de ce racisme croissant. Le 6 octobre, on pouvait conter au moins 500 victimes parmi la communauté anglophone. Le tout dans l’indifférence de la police, dont la seule réponse fut le début des déportations de masse. Des milliers de personnes chargés sur les camions militaires et laissés le long des 4.400 kilomètres de frontière désertique avec Tunisie, Algérie, Niger, Tchad, Egypte et Soudan. Au moins 14 mille entre 1998 et 2003. Hommes, femmes et enfants. Détenus sans procès, au pain et à l’eau pendant des mois, sans aucune distinction entre travailleurs et réfugiés politiques. Les déportations ont coûté la vie à des centaines de personnes envoyées mourir en plein milieu du désert. Le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unis est resté sans agir. Et, au même moment, l’Italie préparait les bases pour ses accords secrets.
En 2003 le gouvernement Berlusconi, en anticipant la révocation des sanctions internationales contre la Libye, a signé un accord secret avec Qaddafi pour la lutte contre l’immigration clandestine. Il s’agit d’un accord qui met fin à l’embargo sur les équipements militaires pour la lutte contre l’immigration, au lendemain de l’engagement de Tripoli à verser des indemnisations aux familles des 440 victimes des attentats sur les vols de la PanAm 103 et Uta 722 de 1988 et 1989. Rome envoie à la Libye 100 bateaux gonflables, 6 4x4, 3 cars, 40 viseurs nocturnes, 50 appareils photos étanches, 150 jumelles, 12.000 couverture en laine, 6.000 matelas et coussins, 50 navigateurs satellitaires, 1.000 tentes et 500 gilets de sauvetages. Mais aussi 1.000 sacs pour les cadavres.
Couvertures et matelas sont utilisés dans les centres de rétention pour migrants qui commencent à apparaître dans tous le Pays. Selon les témoignages recueillis par ce rapport, il en existerait au moins 20 : à Ajdabiya, Binghazi, Ghat, Gharyan, Ghudamis, aj-Jmayl, Juwazat, Khums, Kufrah, Marj, Misratah, Qatrun, Sabratah, Sabha, Sirt, Surman, Tripoli, (au moins deux centres : Janzur et Fellah), Zawiyah, Zuwarah (voir le plan ci-joint). Il ne s’agit pas toujours de vraies prisons. Souvent il s’agit de vieux entrepôts qui sont utilisés comme lieux de détention et qui sont surveillés par la police. Les témoignages recueillis parlent d’arrestations en mer, sur la route qui mène à la Sicile, mais aussi de rafles de la police dans les camps et dans les squats habités par les migrants, plus que dans les endroits le long de la côte où les passeurs cachent les migrants la veille du départ. Les témoignages parlent de rétention de la durée de mois et dans certains cas d’années, sans aucun procès, dans des conditions insupportables avec jusqu’à 60 ou 70 personnes dans des cellules de six mètres sur huit, avec une seule toilette. Les femmes sont systématiquement victimes de violences sexuelles de la part de la police, comme témoigne un chapitre du rapport consacré à la violence de genre. Et les hommes sont souvent victimes de maltraitements soit au moment de l’arrestation que durant la détention, pour les raisons les plus aléatoires. Les témoignages parlent aussi de trois révoltes de migrants détenus qui auraient eu lieu à Tripoli, Kufrah et Khums. La première se serait terminée avec l’assassinat de deux nigériens tués par les balles tirés par la police dans les cellules. La deuxième avec 70 détenus torturés et un garçon poignardé par un agent, et la troisième avec l’utilisation de l’électrochoc. Il s’agit d’un type de matraque capable de donner des décharges électriques dont se sert la police libyenne, du moins à Khums et à Misratah. Les effets de ces coups durent des jours entiers avec la perte momentanée de la vue et le gonflement du visage.
Selon le rapport de la Mission européenne en Libye (2004), trois de ces centres auraient été financés par l’Italie. Un en 2003, dans le nord du Pays. Les deux autres en 2004 et 2005. L’article premier, paragraphe 544 de la réforme sur le financement italien de 2005 consacre 23 millions en 2005 et 20 en 2006 pour fournir « assistance financière et tecnique en ce qui concerne les flux de migrants et de demandeurs d’asile, mais aussi pour mener à terme la construction des structures appropriées dans les pays de provenance de l’immigration clandestine ». Cet argent se trouve aujourd’hui à Sabha et à Kufrah. Selon ce qu’a déclaré le ministre adjoint au ministère de l’intérieur, Marcella Lucidi, cet argent aurait servi à construire un centre de formation pour la police à Sabha et un centre de santé à Kufrah.
Une fois arrêté, le clandestin a quatre options. Pour ceux qui ont de l’argent, on corrompt la police et on se fait libéré. Souvent c’est la police même qui les met en contact avec des passeurs qui les reconduisent à Tripoli. Ceux qui n’ont pas d’argent sont reconduits par avion dans leur propre Pays d’origine, ou chargés sur des camions militaires, pressés à 70-80 personnes et transportés vers la frontière méridionale : à Kufrah, dans le sud-est, ou à Qatrun, au sud-ouest. A partir de là, après un certain nombre de mois de détention, les camions avec les migrants partent vers la frontière, en plein désert. Ceux qui n’ont pas d’argent sont abandonnés au milieu du sable, ceux qui peuvent payer 100 ou 200 dollars sont ramenés, clandestinement, à la police. La quatrième option est la séquestration, pratiquée surtout à Kufrah. Des citoyens libyens du lieu achètent la liberté de certains migrants détenus, payant la police, puis les gardent en otage dans leurs propres habitations jusqu’à ce qu’ils payent une rançon de leurs propres poches ou par paiement Western Union effectué par des membres de la famille depuis l’étranger.
Selon des informations officielles, entre 1998 et 2003, plus de 14.500 personnes ont été abandonnées au milieu du désert à la frontière de la Libye avec le Niger, TChad, Soudan et Egypte. Plusieurs d’entre eux une fois abandonnés dans le désert sont décédés. Le Parlement européen, qui le 14 avril 2005 avait approuvé une résolution qui demandait à l’Italie de bloquer les expulsions collectives des migrants en Libye, informait - en citant des sources libyques - de la mort de 106 migrants abandonnés par la Libye à sa frontière méridionale désertique. Seulement dans la région de Ghat, le long de la frontière avec l’Algérie, les arrestations en 2006 ont été 4.275 et dans les cinq premiers mois de 2007 déjà 2.450, selon un rapport Frontex.
Mais aujourd’hui la plupart des expulsions de la Libye se fait par avion et pour cela les chiffres des reconduites se sont multipliés par dix. 198.000 étrangers expulsés entre 2003 et 2006. Les chiffres sont officiels. 53.842 expulsions en 2006, 47.991 en 2005, 54.000 en 2004 et 43.000 en 2003. Et les dernières informations disponibles, dans un rapport que Frontex a fourni à la Commission européenne, parlent de 60.000 migrants détenus en Libye en mai 2007. Autant que la population carcérale italienne, trois fois plus que les 22.000 migrants détenus dans les centres de rétention italiens en 2006. En 2003, 38% des expulsions concernaient les ةgyptiens, 15% les Nigériens, 12% les Soudanais, 11% les Ghanéens et 10% les Nigérians, suivis par les Marocains, les Maliens, les Erythréens, les Somaliens, les Bangalais et les Pakistanais. En 2003, plusieurs reconduites ont eu lieu par voie aérienne, vols cargos, inclus. En 2005, la Libye a dépensé 2.935.000 dollars pour les rapatriements. Actuellement nous ne savons pas si l’Italie a participé à cette dépense et en quelle mesure. Mais il est certain que le gouvernement italien a payé 47 vols Air Libye Tibesti et Buraq Air, entre le 16 août 2003 et décembre 2004, qui ont servi à rapatrier 5.524 migrants reconduits pour les quatre cinquième en Egypte, Ghana et Nigeria, et pour le reste au Mali, Pakistan, Niger, Bangladesh et Syrie. Mais aussi 55 au Soudan et 109 en Erytré, c’est-à-dire 164 réfugiés politiques potentiels déportés dans des pays de guerre contre toute convention international sur le droit d’asile et avec le consentement de Unhcr. Les 109 érythréens rapatriés le 21 juillet 2004 sur un vol Air Libye Tibesti seraient toujours détenus en Erytré. Tandis qu’un autre vol, parti, celui-ci, quelque semaine après, le 27 août 2004, fut dérouté au Soudan avec 75 passagers érythréens, parmi lesquels 6 enfants. Une soixantaine d’entre eux furent ensuite reconnues réfugié politique par Unhcr à Khartoum, la capitale soudanaise.
Mais la vie des migrants en Libye est à risque bien avant d’éventuelles expulsions. Déjà durant le voyage à travers le désert pour rentrer dans le Pays et atteindre la Méditerranée. Les pistes transsahariennes sont parsemées de squelettes de clandestins. Le Sahara est un passage obligé. Et bien plus dangereux que la mer. Le grand désert sépare l’Afrique occidentale et le Corne d’Afrique de la Méditerranée. On le traverse sur des camions et sur des 4x4 au départ du Soudan, du Tchad et du Niger. Selon la revue de presse internationale dirigée par Fortress Europe, à partir de 1996 au moins 1.579 personnes auraient perdu la vie durant la traversé. Mais le chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. Selon les témoignages des survivants, à chaque voyage il y a des victimes. Le 19 juin 2003 l’ambassadeur du Ghana à Tripoli, George Kumi, a parlé de 200 compatriotes retrouvés morts à la frontière avec le Niger seulement durant le premier semestre 2006.
Au Niger, le goudron termine à Agadez et reprends après 1.100 kilomètres de piste, via Dirkou, aux portes de l’oasis de Qatrun, en Libye. De là Tripoli est encore à une journée de route. Les voitures pour la traversée du Sahara partent d’Agadez et de Dirkou. Camions Mercedes 6x6 ou 4x4 Toyota. Les autorités sont bien informées et la police nigérienne passe son temps à demander de l’argent à chaque clandestin de passage. Ici un salaire mensuel moyen touche les 50 euros, mais le marché de l’immigration clandestine dans le Sahara vaut jusqu’à 20 millions d’euros par an. Il s’agit d’argent qui finit dans les poches des passeurs et des militaires. Le clandestin qui n’a pas d’argent est un homme mort. Des centaines de clandestins, ou plutôt des milliers, vivent bloqués depuis des années dans les oasis de Dirkou et Madama. Ce sont les nouveaux esclaves des touaregs. Jeunes femmes et jeunes hommes travaillent nuits et jours pour une poignée de riz et quelques centimes.
La vie dans le désert est accrochée au destin. Si le moteur tombe en panne, la voiture reste bloquée dans le sable ou si le chauffeur décide d’abandonner ses passagers et de rentrer tout seul chez lui, c’est la mort. Tout autour, rien de plus que du sable. Ils meurent comme des mouches, mais les informations circulent difficilement. 29 mai 2005 : 11 morts de soif après une panne moteur à 600 kilomètres d’ Agadez. 8 octobre 2004 : 12 morts et 50 blessés dans l’accident d’un camion militaire libyen en route vers le Niger et chargé de déportés. 2 juin 2002 : 45 morts de soif dans le désert du Soudan. 18 septembre 2001 : 52 morts sur les pistes en direction de Tamanrasset. 18 mai 2001 : 140 morts dans le désert libyen au sud de Murzuq. La liste continue jusqu’à atteindre les 1.069 victimes. En 2005 l’association “Sudanese Popular Congress” indiquait que 486 soudanais étaient morts dans le désert et avaient été enterrés à Kufrah.
Les violences contre les clandestins commencent au milieu des dunes et continuent jusqu’à Tripoli, dans un climat d’impunité totale. Les migrants subissent les pires arnaques de la part des chauffeurs auxquels ils payent le voyage jusqu’à Tripoli. Une fois qu’ils sont payés en avance les chauffeurs laissent les clandestins à mi-chemin. Une fois arrivés à Tripoli ils sont agressés dans la rue par les enfants et les adolescents qui leur demandent de l’argent. On laisse tranquille celui qui paye mais celui qui refuse est attaqué par des bandes armées et, dans certains cas, il est tué. D’autres subissent le même sort, dans des circonstances inconnues durant la période de rétention au commissariat, selon certains témoignages.
Les harragas (ceux qui brûlent la frontière) égyptiens et maroquins subissent le même sort. Un maroquin est frappé, torturé, brûlé et jeté à la mer par ses propres passeurs la nuit de son départ, dans un climat d’impunité et de complicité entre la mafia des passeurs et les autorités libyennes. Une connivence confirmée par le fait qu’aucun des clandestins arrêtés n’a jamais été interrogé pour arrêtés les noms des organisateurs de son voyage. Les maroquins représentent la première nationalité en 2006 parmi les migrants débarqués en Sicile : 8.146 sur 21.400. En 2005 ils étaient seulement 3.624, précédés par les 10.201 égyptiens. En 2005 près de 2.500 maroquins furent arrêtés en Libye et expulsés à Casablanca. Et en décembre 2006, des sources du gouvernement à Rabat parlaient de 763 détenus à Tripoli prêts pour être rapatriés. Arrêtés aux frontières, dans les aéroports ou durant des rafles à Tripoli et à Zuwarah, une liste de détenus est envoyée par les autorités de police au consulat maroquin qui en informe les familles. Une chaîne de communication apparemment simple mais qui peut en effet demander des mois avant que l’on sache, à la maison, qu’un enfant a disparu après le dernier coup de fil qui en annonçait le départ. Ceux qui arrivent à garder un peu d’argent sur eux avant l’arrestation arrivent à appeler les familles. Les autres restent complètement isolés. Une fois contactée la famille, c’est elle qui se charge d’acheter le billet de retour, de le faxer au consulat pour demander la libération du fils, du frère ou du mari. Mais ça ne marche pas toujours.
اa c’est la Libye qui arrête, torture et déporte des milliers de jeunes harragas, et protège les mafias des passeurs, avec leur 100 millions de gain par an. Ce n’est plus un secret. Les premières dénonciations du rapport de la Mission tecnique en Libye de l’Union européenne sont arrivées en décembre 2004. L’Italie était donc au courant de ce qu’elle était en train de financer à Kufrah et à Sabha en 2004 et en 2005. L’Italie était au courant que parmi les 166 passagers expulsés de la Libye sur les vols charters payés par Rome vers le Soudan et l’Erytré il y avait des demandeurs d’asile politique. L’Italie était au courant de ce qui attendait les 1.876 jeunes égyptiens débarqués à Lampedusa et reconduits en avion à Tripoli en octobre 2004 et mars 2005, avant que la Court européenne des droits de l’homme déclare illégales les déportations collectives vers la Libye en mai 2005.
Mais la fin justifie les moyens et on ne peut apparemment faire à moins de la Libye dans la guerre contre l’immigration clandestine. Dans le contage des débarquements, les arrêts et les expulsion sont un objectif à atteindre, un bon résultat de la coopération entre la police libyenne et le ministère de l’Intérieur italien de Giuliano Amato.
Depuis février 2007, la Libye a établi un régime de visa d’entrée (n’en ont pas besoin les égyptiens et les tunisiens) et a instauré auprès du Ministère de l’Intérieur une “Agence pour la sécurité des frontières”, une “Garde des côtes” - avec seulement 12 bateaux gonflables et 12 moto vedettes pour 2.000 km de côtes - et le “Département contre l’immigration illégale”. En 2006, 357 passeurs ont été arrêtés dont 284 libyens. Selon le rapport de la deuxième mission tecnique en Libye de l’Ue, mené par Frontex entre le 28 mai et le cinq juin 2007, en 2006 les autorités libiennes ont séquestré 51 voitures, 17 bateaux et 36 teléphones satéllitaires. A la même époque on a aussi récupéré 360 cadavres de migrants. Le document ne spécifie pas s’ils sont morts en mer ou dans le désert. Mais ce n’est pas le seul détail oublié par l’agence. Frontex ne dit rien sur les moyens des arrêts, sur leur validation, sur la durée de la détention, sur la nationalité des rapatriés et sur les conditions carcérals.
Au mois de février 2007, la Libye à lancé un ultimatum aux harragas : qu’ils quittent le Pays en un mois. Pour pouvoir atterrir à Tripoli, depuis le premier mars, un visa d’entrée est nécessaire aussi pour tous les citoyens arabes et africains. Le 2007 s’annonce pour la Libye comme l’année de la chasse à l’homme. Entre le 1er janvier et le 17 février, 3.747 étrangers ont été arrêtés. A partir de septembre 2006 et jusqu’à février, les déportations ont été 8.336. Au mois de mai 2007, 2.137 migrants irréguliers ont été arrêtés et encore 1.500 au mois de juin. En mai 2007, selon le rapport Frontex, les migrants détenus en Libye étaient au moins 60.000. Signe que la conférence euro-africaine sur l’imigration qui a eu lieu à Tripoli au mois de novembre 2006 est en train de donner ses bons résultats. Mais aussi ses effets collatéraux : comme les 600 demandeurs d’asile érythréens et les détenus de Misratah depuis un an et demi qui risque d’être rapatriés. Ils ont été arrêtés sur la route par la Sicile par la garde côtière libyenne ou sur la route durant les rafles de la police. Parmi eux on conte une centaine de femmes et une cinquantaine d’enfants. Plusieures femmes ont été violé par la police durant les premières semaines de détention. Deux femmes enceintes ont accouché dans la prison. Cinq autres vont bientôt y accoucher. Le centre est surchargé, aucune assistance médicale n’est prévue pour les prisonniers, malgré les nombreux cas de gale, de dérmatites et de dépréssions nerveuses. Parmi les détenus, il y a aussi 114 réfugiés reconnus par le Unhcr et Etyopie et au Soudan. A 49 femmes le Unhcr de Tripoli qui les a interrogé a reconnu le stqtut de réfugié et est actuellement en train de chercher des pays disponibles pour leur resettlement. اa pourrait être le cas de l’Italie qui a donné sa disponibilité a en recevoir 36. Les autres seront probablement rapatriés. Presque tous sont des déserteurs des force militaires érythréennes en guerre contre l’Etyopie. Dans ce cas ils riquent d’être tués commes les 161 déserteurs éritréens fusillés en juins 2005 et dénncés par Amnesty International.
Le gouvernement érythrée est accusé par Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters sans Frontières, Nations Unis et Union Européenne de graves violations des droits de l’homme. Malgré le pacte de non-belligérance signé en 2000 à Alger par l’Erytré et l’Etyopie, l’état de guerre continue depuis 1998. Les jeunes majeurs, hommes et femmes, sont obligés à rejoindre les rangs des milices de l’Etat à temps indetérminé et les déserteurs sont punis avec la prison. Dans les dernier mois, la police érythrée a même procédé à l’emprisonnement des familles des déserteurs à Asmara. Ces familles doivent payer d’importantes sommes d’argent pour éviter l’emprisonnement. Les journalistes, les objecteurs de conscience, les hommes politiques et les leaders réligieux sont poursuivi par la justice. Le même sort auquel ont échappé les 2.589 érythréens qui ont débarqué le long des côtes siciliennes en 2006. 12% des 22.016 citoyens étrangers qui ont débarqué en Italie l’an dernier, 20,8% des 10.438 demandeurs d’asile de la même période. La Libye a déjà déporté des érythréens en 2006 et encore avant en 2004, à plusieurs reprises et même sur un vol payé par l’Italie. En 2002 Malte a rapatrié 223 éritréens. Aujourd’hui ils sont encore détenus dans la prison de Dahlak Kebir, et plusieurs d’entre eux ont été tués.
Si le plan du Commissaire de l’Ue, Franco Frattini, entrait en viguer en 2008, avec la participation de la Libye aux patroillements européens de Frontex dans le Canal de Sicile et la reconduite en Libye de tous les migrants interceptés, des histoires comme celles-ci seraient à l’ordre du jour. Enfait, les reconduites en mer, bien qu’elles soient interdites par le droit international, sont déjà pratiqués. Les témoignages parlent de bien 6 expulsions, entre 2005 et 2006, pour un total d’au moins 600 personnes renvoyées en Libye. Il s’agit de bateaux arrêtés par les autorités italiennes, maltaises, tunisiennes ou libyennes et accompagnés jusqu’aux côtes libyennes où elles sont prises en consigne par les autorités Libyennes. Le 13 octobre 2007, un bateau pêcheur espagnol, le “Corisco” a rammené à Tripoli 50 migrants sauvés dans les eaux internationales, 80 milles au nord de la côte Libyennes. Quatre mois auparavant, le 13 juin, un autre bateau pêcheur espagnol, le “Santa Maria de Loreto” avait fait la même chose avec 51 naufragés en haute mer. Et le 18 juillet 2007, un bateau pêcheur tunisien avait été dérouté par des migrants qu’il avait secouru et qui voulaient fuir la motovedette tunisienne qui s’approchait et qui les aurait rammenés en Tunisie pour ensuite les expulser en Libye. C’est ce qu’il s’est passé sans que l’Unhcr de Tunis ait été autorisé à examiner les cas des 22 expulsés somaliens, soudanais, érythréens et étyopiens, parmi lesquels 11 femmes et deux enfants de six mois et cinq ans. Aujourd’hui on ne connaît même pas le nom de la prison Libyenne où ils seraient.
Les expulsions ont lieu aussi sous le masque des secours en mer. Le comandant du bateau “Vega”, Francesco Saladino, de la Marine Militaire italienne, l’a lui-même reconnue durant le procés d’Agrigento qui examinait le cas des sept pêcheurs tunisiens jugés pour aide à l’immigration cladestine après avoir débarqué à Lampedusa 44 naufragés secourus au large de l’île. Selon la déposition de Saladino, le 8 aout dernier, une corvette militaire tunisienne de type Combattante a secouru à 34 milles au sud de Lampedusa, une barque de migrants qui étaient en difficulté et les a accompagnés sur les côtes tunisiennes. Des cas comme celui-ci sont fréquents et sont coordonnés par “Maritime search and Rescue Coordination Center” (Mrcc, Centres de coordination du secoirs en mer) de Tunis, Rome, La Valletta et Tripoli, qui se partagent les interventions selon la localisation des bateaux et la disponibilité des moyens de secours. Ces interventions dites de sauvetage, sont en effet contraires aux conventions internationales sur les droits de l’homme. Même la Convention Sar sur le sauvetage indique que les naufragés doivent être reconduits dans le port le plus sûr et non pas le plus prés et que dans le cas de citoyens de pays tiers, cela ne peux pas être en aucun cas un port en Tunisie ni en Libye, où la pratique de la détention arbitraire dans des conditions dégradantes des rapatriés est attesté. Même la Convention des Nations Unis contre la torture e de la Charte européenne des droits de l’homme interdit l’expulsion en pays tiers où la personne risque des traitements inhumains ou dégrandants. D’autre part, la Convention de Genève et celle de pays de l’Union africaine sur les réfugiés interdisent l’expulsion des réfugiés en pays tiers considérés non sécurisés. La Tunisie et la Libye ne sont pas aujourd’hui en état de garantir la protection des réfugiés. Les témoignages contenus dans ce rapport démontrent l’incapacité de Unhcr d’assurer le droit d’asile dans ces pays, bien que le Haut Commisariat ait des sièges à Tunis et à Tripoli.
Une autre question du rapport concerne l’omission de secours et la criminalisation du sauvetage en mer. Les informations fournies par la Garde côtière italienne sont claires : 44% des 560 interventions pour le secours en mer effectué par la Garde côtière durant les six premiers mois de 2007 a été fait dans les eaux sar (search and rescue), territoire sous la compétence de Malte, “plusieurs desquels nés en zone lybienne”, on lit dans une note envoyée au Ministère des Affaires étrangère par la Garde côtière en octobre 2007. Dans les eaux sar libyennes ont eu lieu trois secours entre juin et septembre, encore trois dans les eaux sar tunisiennes et deux dans les eaux sar algériennes. La garde côtière italienne se plaint du manque de moyens et du manque de collaboration entre les autorités libyennes et maltaises. Malte possède une zone côtière grande comme celle de la Grande-Bretagne, trop vaste pour être patrouillée avec ses propres moyens. Malgrè ces conditions, Malte ne veut pas céder un seul centimètre de ses eaux sar parce qu’à chaque zone sar correspond un espace fir (flight information service) qui donne à ce petite état les droits de passage pour le survol de cette zone, droit auquel La Valletta ne veut pas renoncer. Sur la latitance de la Libye, il suffirait alors de se souvenir de la triste disparution d’au moins trois bateaux et des 107 passagers à bord de l’été dernier. Ils furent interceptés après la première demande d’aide et jamais plus retrouvés au moment de l’arrivée tardive des secours. Le 28 juillet 2007 on perdait les traces d’un bateau avec 25 passegers à bord, fort probablement abîmé dans la mer en tempête entre la Libye et Malte, après avoir en vain lancé l’alerte. Le 11 juin 2007, on perdait les traces d’un bateau avec 25 passagers à bord, bloqué dans la tempête à 45 miles de la côte libyenne. Il avait lancé l’alerte qualque jour avant. Un cargo qui se trouvait à 20 miles n’avait pas voulu les secourir craignant qu’il fussent armés. Malte avait demandé à la Libye d’intervenir, mais quand Tripoli avait envoyé un avion de recongnition, deux jours après, c’était trop tard. Le cargo avait disparu. La même chose se produît avec les 57 passagers fotografiés le 22 mai 2007 depuis un avion malté, 88 miles au sud de Malte. Naufragé durant l’inutile attente de secours. A ce manque d’assistance s’ajoute aussi l’indifférence des pêcheurs. Les témoins la dénoncent depuis des années. Devant les bateaux s’abîmant en mer, les bateaux des pêcheurs continuent tout droit. Cela à cause du fait que le secours, un devoir selon les conventions sur le droit maritime international, est passible de poursuite pour crime en faveur de l’immigration clandestine. C’est le cas des sept pêcheurs tunisiens au procès d’Agrigento, arrêtés en flagrant délit le 8 aout dernier après avoir débarqué à Lampedusa les 44 naufragés qu’ils avaient secourus à une trentaine de milles de l’île. Remis en liberté après un mois de prison, ils risquent entre les quatre et les quinze ans de prison.
Tout est là : les rafles en Libye, les arrestations arbitraires, les tortures et les déportations aident à se perdre dans la Méditérannée, au prix de la vie, et même au risque de voyager pendant des années avec des nouveaux-nés. “On rentre pas chez soi quand on arrive en Libye - raconte Abraham, éritréen - La vie à Tripoli est un enfer, mais après avoir vu le désert et après avoir été à Kufrah, il ne reste plus qu’à continuer. L’Europe est désormais à quelque kilomètre et la vie n’a plus de valeur”.
Avec ce rapport, Fortress Europe demande à l’Union européenne de suspendre toute forme de coopération avec la Libye pour sa politique en matière de lutte contre l’immigration clandestine conduite dans la violation des droits de l’homme lors des arrestations des immigrés qui sont torturés et expulsés de la Libye. Encore, Fortress Europe demande d’intervenir en faveur de la libération des milliers de migrants et de réfugiés politiques détenus dans les prisons libyennes en tant que candidats à l’émigration clandestine. Fortress Europe apprécie les trois enquetes parlementaires écrites présentés au mois d’octobre au Conseil et à la Commission européenne, au Ministère de l’Intérieur et au Ministère des Affaires Etrangères italiens. Les réponses à ces questions n’arriveront pas avant la fin de l’année. En attendant, le 16 octobre 2007, la Libye a été élue membre du Conseil de sécurité de l’Onu pour la période 2008. Le même jour l’Eni et la societé pétrolière d’Etat libyenne “National Oil Company” ont signé un accord stratégique qui relance les anciens privilèges, la reprise des activités exploratives et le développement de la production de gas en Libye jusqu’à 2047 avec des investissements de 28 miliards de dollards en 10 ans. “L’entante établie -l’Eni écrit- rafforce les excellentes relations entre les deux Pays de la Méditérranée”. L’Eni, nous le rappellons, est controlé par l’Etat italien qui en détient 38% des actions. Cela semble difficile que l’Italie accepte de mettre en cause les liens privilégiés avec Tripoli pour la simple affaire Misratah, d’autant plus que cela représente la possibilité de doubler l’importation de gas qui arrive à Gela de Mellitah, de 8 à 16 miliards de mètres cubes par an.
Rome, le 25 octobre 2007, Gabriele Del Grande (Traduit par Veronic Algeri)
LES TEMOINS
LES VOYAGES DANS LE DESERT
Charles, Ghana “J’ai traversé le Sahara du Niger en juin 2007. Pas loin du poste de frontière de Toumou. J’ai vu avec mes yeux les corps mummifiés de 34 personnes. De la voiture, aucune trace.”
Yakob, Ethyopie “Le problème est au Soudan. Tu paye 300 dollars et on te dit qu’on te porte en Libye. Mais les chauffeurs soudanais te laissent à la frontière. De là tu continues sur les 4X4 des Libyens. Et les libyens te demandent encore de l’argent. Tu n’a pas de choix parce que les kilomètres de désert sont trop. Celui qui paye continue et celui qui a un peu d’argent paye pour aider les autres. Mais si tu n’as pas d’argent ils partent sans toi. Tu vaux moins qu’une marchandise”
Daniel, Erytrée “On était partie à 32 de Khartoum, mais on est arrivé à 20 à Kufrah. Le premier jour, huit d’entre nous sont morts en accident, écrasés par le poids de l’auto. On a eu une discussion avec les chauffeurs soudanais. Ils voulaint prendre les bagues en or des deux femmes tuées. On a protesté, on ne voulait pas qu’ils touchent les cadavres. Mais il n’y a eu rien à faire. Ils étaient armés et ils connaissaient la route. On les a recouverte avec un voile de sable et on est reparti. Le jour suivant, les chauffeurs nous ont demandé de l’argent. On avait déjà payé 300 dollars chacun à Bahri. Mais les chauffeurs aussi voulaient leur gain. Ils ont demandé 150 dollars chacun. Quatre d’entre nous n’avaient plus rien dans les poches. Et les autres n’avaient pas assez d’argent. On les a alors laissé au milieu du désert et on est partis. Après une semaine de voyage on nous a dit qu’on était arrivait en Libye. Ils nous ont dit qu’un bus serait arrivé d’ici peu, de ne pas nous inquièter, et ils sont partis. Les libyens sont arrivés après trois jours. Trois jours avec 50 degrès, sans eau et sans couvertures pour la nuit. Un jour de plus et on serait tous morts de soif”.
Zerit, Erytrée “Je suis arrivé en Libye le premier novembre 2002. On était sur deux 4X4, une cinquantaine de personnes. Le chauffeur soudanais nous a abondonné dans une oasis loin de Kufrah, en plein désert, en nous disant que son cousin serait arrivé pour continuer le voyage. Le soir venu, un homme armé est arrivé. Ils voulait être payé pour séjourner dans son territoire. Puis il voulait prendre une femme de notre groupe. Une très belle femme qui voyageait avec son mari. Après des négociations il a accepté de laisser la femme et s’est contenté de 200 dollars chacun. Il nous a dit qu’il nous aurait emmené à Tripoli. Mais il nous a abondonné dans une vielle maison, en dehors de la ville, où peu après est arrivé la police en tirant en l’air et nous arrêant tous.”
Goitom, Erytrée “On est reparti de Kufrah vers Tripoli. Mais c’est difficile. Parce qu’à chaque fois on te dit qu’on t’emmène à Tripoli, puis quelques heures après on te laisse au milieu de rien du tout en te disant que quelqu’un viendra te chercher. Sinon on te demande de payer encore plus pour continuer le voyage. Tu n’y peux rien, parce qu’on paye avant de partir et après tu ne peux pas les dénoncer. Finalement avant d’arriver tu dois payer trois ou quatre fois.”
Beyené, Erytrée “J’ai traversé le Sahara en 2004. On était une trentaine sur un pick-up. Le long de la route on a trouvé une voiture abondonnée, vide. Puis pas très loin il y avait les schelettes de 32 personnes, à moitié recouverts de sable. Mon cousin aussi est mort durant la traversé. Il souffrait de diabète, il était médecin, mais le voyage avait duré plus que prévu et il avait terminé son insuline. Ils ont dû l’abandonner à mi-chemin.”
Abdu, Somalie “Ils étaient 60, sur les côtés de la piste, pas loin de la frontière. 60 tombes. Ils étaient morts durant le voyage et peut-être que la voiture passée peu après les avait ensévelis.
Saba, Erytrée “J’ai vu mourir avec mes yeux 44 des 50 compagnons de voyage avec lesquels nous étions partis. On a passé deux semaines au milieu du désert, rien à boire et rien à manger. Les deux chauffeurs soudanais nous avaient abandonné dans le désert. Il nous on dit d’attendre, que quelqu’un serait arrivé nous chercher. Quelqu’un est effectivement arrivé mais deux semaines après.”
Sennai, Erytrée “J’avais seulement 17 ans à l’époque. J’étais parti d’Erythré en 2004, avec un cher ami, Mussie. On était sur deux 4X4 différentes. Mussie voyageait avec sa sœur de 20 ans. Le chauffeur l’avait tout de suite remarquée. La première nuit il a commencé à l’embêter, puis a essayé de la violer. Elle a crié. Mussie s’en est aperçu et est venu la secourir. Le chauffeur était armé et l’a tué à coup de couteau puis a repris la jeune femme. On aurait dû le défendre, mais on était au milieu du désert, et sans le chauffeur on aurait jamais retrouvé la route.”
Menghistu, Ethiopie Premier voyage “On a voyagé dans le désert pendant cinq ou six jours jusqu’à Kufrah. L’eau était dans les bidons et les libyens en distribuaient une fois par jour. On nous faisait déscendre des voitures et nous méttait en queue pour nous donner un verre chacun. Une fois par jour. Quand on est arrivé à Kufrah, les libyens ont commencé à nous crier contre et à nous prendre à coup de bâtons. Quand on faisait la queue, si quelqu’un la bloquait ou sortait des rangs, il était battu. Nous, on n’avait même pas la force de protester. En Libye le pouvoir est à eux. Ceux d’entre nous parlants arabe etait les plus battus. A Kufrah on a changé de voiture. On nous a mis sur un vieux pick-up avec une remorque fermé. On y tenait à 18, avec les jambes serrées entre les bras, on ne pouvait pas bouger. On en pleurait et on se plaignait, on n’attendait qu’une chose : qu’un pneu se bloque dans le sable et que, pour devoir le libérer, on puisse déscendre et respirer un peu. On a tout de suite compris les mots ‘monte ’ et ‘déscends’ pour ne pas être battu quand tu ne les comprend pas. Ils disaient : ‘bêtes, descendez ! bêtes montez !’.”
Deuxième voyage, après l’arrestation à Kufrah “On est parti un après-midi. Durant le voyage, on a changé quatre fois de voiture. On s’est arrêté à Ajdabiya, parce qu’une voiture avait des problèmes. Ils nous ont partagé dans d’autres voitures où on devait tenir debout. Durant une pause, j’ai tenté de me cacher et de changer de voiture avec un peu moins de monde. Un Libyen m’a vu. J’ai commencé à courir, puis il m’a ratrapé et m’a frappé avec un bâton. Les libyens n’on pas seulement des bâtons avec eux mais aussi des poignards. Après Ajdabiya, dans la dernière partie du voyage, on a été transféré dans un camion couvert d’ une toile. On y était à 60. Ils ont mis les femmes devant une ouverture et nous ont fait rentrer debout. Puis en nous disant ‘gams !’, ils nous ont ordonné de nous asseoir. Je suis resté sans place. Ils ont commencé a frapper sur la tête ceux qui ne voulaient pas s’asseoir. Après avoir reçu des coups une première fois, je me suis remis debout en pensant que je n’étais pas vu, mais on m’a vu et on m’a à nouveau frappé.
On était tous très énervés, on n’arrivait pas à respirer. Alors j’ai pris un stylo et j’ai fait un trou dans la toile pour faire rentrer un peu d’air. A la fin du voyage la toile était pleine de trous. On s’approchait au trou un par un. On prennait de l’air et on laissait la place à un autre. L’un de nous allait avoir un malaise, il déchirait la toile, il voulait sortir. Alors on lui a fait un trou un peu plus grand et on l’a placé juste en face.
Tout le monde poussait pour se faire un peu de place. Moi j’ai fait tout le voyage plié en deux avec la toile qui pesait sur mon dos. La tension était très forte. Quand le camion passait sur des trous on se bousculait et on tombait l’un sur l’autre. Je me suis faché avec un homme qui s’énervait à chaque fois que je le touchais. On s’est pris à coup de poings, mais, à la fin du voyage, on s’est demandé pardon.
Durand le voyage on buvait de l’eau chaude et de l’essence. Lors d’une pause, les libyens se sont aperçus que la toile était toute trouée et ils nous ont frappé. Avec nous, sur le camion, il y avait un vieil homme éthiopien qui s’appelait Mandela qui a été arrêté à Tripoli, deux jours après notre arrivée, pour la troisième fois et a été renvoyé à Kufrah. Quand je l’ai rencontré des mois plus tard à Tripoli, il m’a dit : “Tu sais, ce dernier voyage je l’ai fait comme toi : plié en deux avec la toile appuyé sur le dos”. Mandela est mort durant le voyage en mer. Il est mort quand j’étais déjà arrivé à Trapani”.
LES ABUS SUBIS EN ROUTE
Abraham, Erytrée “Je suis parti de Tripoli en juillet 2007. C’est une ville très violente. A chaque coin de rue tu tombe sur quelqu’un qui te demande de l’argent. Ils savent que tu es là pour partir en Italie et ils croient que tu es plein d’argent. Si tu ne paye pas ils t’agressent. Même les enfants te demandent de l’argent. Et si tu ne paye pas tu te retrouve avec le groupe des copains plus agés et tu risque d’être frappé ou pire d’être dénoncé à la police”
Daniel, Erytrée “S’ils t’agressent et tu appelles la police, c’est toi qu’ils vont arrêter. Contre nous ils sont deux fois racistes. On est noir et on est chrétiens. J’étais en train de marcher avec un ami, Goitom, à Tripoli, quand un groupe de jeunes libyens nous à arrrêté. Ils voulaient savoir nos prénoms. Alors on s’est présenté avec des prénoms musulmans. Muhammad, moi et Mustafa, Goitom. Ils nous ont demandé si on était musulmans. On a dit oui. Heureusement on parlait bien l’arabe. Ils avaient des doutes, alors il nous ont demandé de réciter la soura Fatiha du Coran. Moi je la connaissais, mais Goitom est resté en silence. Ils m’ont laissé partir et je suis allé me cacher derrière un mure. J’ai entendu urler, ils étaient en train de le frapper, ils voulaient de l’argent. Goitom avait 900 dollars dans ses poches, qui étaient pour le voyage. Il a tenté de se défendre mais les autres ont sorti un couteau et l’ont tué puis lui ont tout pris”.
Abdu, Somalie “A Tripoli, si tu rencontre un libyens sur ton trottoir il va te crier de marcher sur le trottoir opposé. Ils ne respectent pas les femmes d’autres nationalités. Ils ne respectent que les femmes enceintes. Je connais un couple. La police est rentrée chez eux durant la nuit. Elle a été violée devant son mari, obligé à la regarder. Et puis il y a un autre problème, la santé. Un étranger sans documents en Libye, même si sur le point de mourir ne trouverait jamais le courage de se présenter à l’hôpital”.
Menghistu, Ethyopie “A Tripoli tu est tousjours sur le qui vive. Tu ne pense à rien d’autre qu’au risque d’être attrapé et renvoyé à Kufrah. Avec le temps cela devient une vraie obsession. Tous les jours, le vraie problème était de rentrer à la maison en taxi parce que presque tous les chauffeurs de taxi sont des policiers. Ils te disent qu’ils t’emmenent à la maison puis ils appellent un ami en service qui arrive et te pique tout ton argent. Heureusement ça ne m’est jamais arrivé. Avant de monter sur un taxi, je perdais toujours une dizaine de minutes pour vérifier si la personne ressemblait à un policier. Si on me demandait d’où je venais, je répondais que j’arrivais de Somalie parce que les somaliens sont musulmans comme eux et parce qu’ils savent que les éthiopiens et les érythréens sont là pour partir en Italie et sont plein d’argent. Tout doucement j’ai appris quelque mot d’arabe pour faire un peu de conversation. Je racontais quelques histoires dont j’étais au courant sur la Somalie puis j’insultais les Etats-unis. Alors le chauffeur me faisait confiance et je pouvais être tranquille qu’il ne m’aurait pas dénoncé à la police. Si tu veux survivre en Libye, il faut tout anticiper, tu ne peux jamais te détendre. Avant de sortir de chez toi tu dois faire attention si quelqu’un ne t’attend pas sur le trottoir. Quand on rentre à la maison on ne le fait pas tous ensemble mais un par un en parlant doucement et en évitant le regard des autres. Les enfants qui te voyent te urlent contre : « police, police » puis « gib ruba », qui est un ordre et veut dire : « viens ici et donne moi ton argent’, et si tu ne leur en donne pas, ils te lancent des pierres”.
Anonyme 1, Erytrée “Les libyens t’agressent dans la rue, te menacent et ils appelent la police pour te faire arrêter. J’ai encore la cicatrice d’un coup de couteau qu’un jeune libyen m’a infligé dans la rue pour me donner de l’argent.”
Wares, Erytrée “La population lybienne est profondement raciste. Ils nous appellent ‘haywan’, qui veut dire ‘animal’, ils nous menacent dans la rue, ils nous frappent, personne ne nous protège”.
LES ABUS DES PASSEURS
Mohammad, Maroc Mohammad montre deux photos de son fils, Imad, 28 ans. Dans l’une il est souriant avec deux amis bras dessu bras dessous, sur une plage de Casablanca. Dans l’autre c’est un cadavre nu, violet, avec une blessure d’arme à feux sur la poitrine, les marques d’une corde sérrée autour de son torce, une jambe brulée et le visage souffrant. “Mon fils a été attaché, torturé, brulé vivant et geté en mer. Son passeur l’a tué, Mohammad, beau-frère de sa sœur Imad, résidant en Italie. La dernière fois que j’ai parlé avec lui au téléphone c’était le 22 mars 2004. Deux jours après, la nuit du 24, 57 personnes ont été obligé à s’embarquer malgré la tempête. Imad s’est refusé. Il ne voulait pas mourir de cette façon. Il l’ont torturé puis l’ont tué. Le corps a été récupéré en mer. J’ai pu le voir à l’hôpital de Misratah, en Libye. J’ai montré cette photo au Consul puis à l’Ambassadeur du Maroc à Tripoli pour demander l’arrestation de ce criminel. Mais la seule chose que j’ai obtenue a été la disparition de la seule preuve du crime : le corps torturé de mon fils. Deux mois plus tard quand ma femme a voulu le voir, le cadavre n’était plus là et depuis nous en avont plus de nouvelles.”
Tareke, Erytreé “Nous étions 264. On nous a pris en photo et demandé nos noms. Mais aucun d’entre nous ne fut interrogé. Ni au moment de l’arrêt, ni durant les mois suivants d’emprisonnement, personne ne nous a jamais demandé les noms des organisateurs du voyage.”
Anna, Erytrée “Tout était près pour le départ, c’était au mois de mai 2006. On nous avait caché dans une baraque abandonnée le long de la côte. On avait déjà payé le voyage, on attendait seulement qu’on vienne nous chercher. Tandis qu’arriva la police. Elle nous frappa. On s’enfuit. Je fus capable de grimper sur un arbre, avec mon bébé de six mois dans les bras. Personne ne me trouva. J’attendis jusqu’au landemain matin”.
Menghistu, Ethyopie “Dans le désert, à la frontière, les chauffeurs soudanais nous ont confié aux libyens. On leur a donné 300 dollars pour être emmenés jusqu’à Binghazi. Après une demi-heure de voyage, on s’est arrêté dans un endroit où il y avait des baraques. Ils se sont arrêtés dans une baraque un peu plus loin. Le deuxième jour, les libyens nous on dit de les rejoindre au puit pour chercher de l’eau. Presque tous les hommes y sont allés alors que les trois femmes sont restés avec un homme qui était le fillancé de l’une et un autre qui était le frère de l’autre. Les libyens leur ont demandé d’aller chercher du bois. Ils ont refusé. Ils avaient compris que les libyens voulaient abusér des femmes. Ils se sont disputés et quand on est rentrés, on a fait une petite réunion en décidant d’aller voir les libyens. On y est tous allés, on leur a dit fermement qu’ils ne devaient plus s’approcher aux filles. On les a entourés. Puis le copain d’une des femmes à laquelle un libyen s’était approché a pris un batôn en feu pour le geter contre ce libyen. Il a sorti un révolver. Tout le monde criait. Puis le chef des libyens a appellé l’un d’entre nous et ils se sont mis d’accord et la situation s’est calmé. Le landemain on n’avait plus de cigarettes et l’homme du révolver fumait une Marlboro. Quand l’un des nôtres est allé lui demander une cigarette il lui a répondu : “si tu m’ammène la jeune femme je te donne une Marlboro”.
LES HOMICIDES COMMIS PAR LA POLICE LORS DES ARRESTATIONS OU DANS LES COMMISSARIATS
Tajo, Nigéria “Je connais directement au moins deux personnes qui ont été tués par la police à Tripoli. Le premier est un nigérien, il s’appelle Idewin. Il a été arrêté à Tripoli lors d’une rafle et il est mort quelques jours après à cause d’une mauvaise blessure provoquée par un coup de matraque. L’autre est un ghanéen. Ils l’avaient emmené au commissariat, je ne sais pas pourquoi. Je sais seulement qu’il est mort après un coup qui a été fatal en février 2007 lors d’un tabassage”
LES EXPULSIONS COLLECTIVES EN MER
Tareke, Erytrée “On s’est embarqué de Zuwarah en juillet 2005. On était 264 sur un vieu bateau, la nuit. Après dix heures de navigation, le moteur s’est cassé. On a passé cinq jours en pleine mer en avarie. Puis un bateau militaire aux alentours de 17 heures nous a secouru. Il y avait des femmes et des enfants. Après quelques heures un bateau italien est arrivé. Il a pris quelques photos puis il est parti. Les maltés nous ont accrochés et ont inversé la route, en direction sud. Puis s’est un bateau libyen qui s’est approché et qui nous a trainé jusqu’au port le plus prêt où on est arrivé le landeman. Pendant que l’on déscendait dans le port, les agents se moquaient de nous : ‘Alors, tu voulais aller en Italie, eh ?’. Puis ils nous poussaient en nous donnant des gifles et des coups”.
Hurui, Erytrée “C’était en juillet 2005. On était parti, ma femme, mon fils de trois mois et moi de Zuwarah. A bord nous étions 64. Mais après quelques heures seulement on était déjà en train de naufrager parce que l’eau rentrait des trous. Le moteur tomba en panne. Le matin les secours étaient là. Il s’agissait des ouvriers italiens d’une plateforme petrolière. Ils prîrent les femmes et les enfants seulement. Après deux jours à la dérive, un elycoptère italien nous intercepta et nous secouru. Mais dans le centre de premier accueil de Lampedusa il n’y avait pas de trace de ma femme ni de mon enfant. Cinq mois plus tard j’ai rencontré à Milan une des femmes qui avait été secouru avec ma femme. Elle m’a dit qu’elles avaient été secourues par la Garde côtière libyenne, qu’elles avaient été emmené à Zuwarah puis arrêté. Elle avait réussi à sortir en payant un agent. Alors que ma femme avait été déporté à Kufrah avec les autres femmes et avec mon bébé”.
Ayman, Tunisie “On était plus que 200. On était parti le 26 juin 2006 de Farwah, une petite île sur la côte Bu Kammash, à mi-chemin entre Rass Jdayr et Zuwarah. Après 20 heures de navigation, le bateau- qui s’appellait Tulaitila - fut intercepté par un bateau militaire italien. Ils nous ont secouru jusqu’à la côte où on a débarqué à 8 heures du matin le 28 juin 2006. Durant le débarquement, une quarantaine de personnes, y compris les passeurs, se sont jetés en mer. Le même jour, vers 21h, ils nous ont fait remonter sur le Tulaitila et ils nous ont escorté jusqu’au matin, puis ils nous ont confié à la garde côtière libyenne. On naviguait vers Smêmeud, ils nous ramenaient à Zuwarah. Sur le bateau, à un moment donné, une rixe explosa entre les marocains et les tunisiens. Ils se renvoyaient la faute pour la faillite de la traversé. Les agents libyens se mîrent à nous tirer dessus. Six personnes furent tuées sur le coup. Je connaissais l’un d’eux, Hasan Yusef, marocain. On dû les geter à l’eau. Le 30 juin le Tulaitila arriva enfin à Zuwarah. Après une nuit au commissariat on nous emmena à Aj-Jmayl. On nous interrogeait par groupes de cinq, on nous demandait comment on avait pû rentrer en Libye et ce que nous allions faire en Italie. Je suis rentré avec les trois derniers dans une pièce où il y avait 9 policiers. On nous frappa et on m’emmena à l’hôpital avec un autre. J’avais trois côtes de cassées et une blessure interne qui m’obligea à une intervention chirurgicale une fois rentré en Tunisie, à l’hôpital de Sousse, un mois plus tard”.
Ibrahim, Erytrée “Durant ma première tentative de voyage on est reste bloqué dans les eaux tunissiennes par la police qui nous a pris puis laissé pendant 20 jours dans une prison, puis abandonné près de la frontière libyenne vers Zuwarah. J’ai ensuite été transporté dans 4 prisons différentes (Naser, Fellah, Seraj, Juwazat) à chaque fois que la prison se remplissait”.
Fatawhit, Erytrée “Nous avions déjà quitté les côtes lybiennes depuis trois jours quand on est arrivé à la hauteur de la plateforme pétrolière. Tout d’un coup, en plein milieu de l’eau tu vois d’immenses plateformes d’où s’échappent des langues de feu. C’est de là qu’est sorti un bateau qui nous a approché. Un bateux je pense avec un équipage à moitié libyen et à moitié italien. Ce bateau nous a escorté jusqu’aux côtes libyennes et nous a consigné à la police. On a passé deux mois à la prison de Juwazat, un mois à Misratah et huit à Kufrah”.
Sium, Erytrée “Nous étions parti de la Lybie, après trois jours nous avons perdu la route et épuisé l’essence. On a été intercepté par un bateau militaire libyen qui nous a rammené sur la côte. J’ai passé quattre mois dans cinq prisons différentes : Fellah, Ajdabiya ; Marj, Binghazi, Kufrah”
LES VIOLENCES CONTRE LES FEMMES
Fatawhit, Erytrée “Au centre de rétention de Kufrah, j’ai vu plusieures femmes se faire violer. La police rentrait dans leur pièce et les violait en groupe devant tout le monde. Aucune distinction entre femmes mariées et femmes seuls. Plusieurs d’entre elles sont restées enceintes et ont dû subir une interruption de grossesse dans la clandestinité dans des conditions à risque. J’ai vu plusieures femmes pleurer parce que leurs maris étaient frappés mais cela ne servait pas à arrêter les coups de matraque”.
Selam, Ethyopie “A Kufrah on dormait dans des pièce à 50/60, femmes et hommes, sur le sol. Ils nous donnaient de l’eau et du pain. J’ai vu une femme se faire violer. Souvent ils sont à quatre ou cinq policiers sur une seule femme. Plusieures restent enceintes et sont obligées à avorter dans la clandestinité. Quelquefois elles utilisent la tecnique de l’aiguille en payant 200-300 dollars. Beaucoup sont mortes après un avortement”.
Araya, Ethyopie “J’ai été arrêtée trois fois en Libye. Dans une prison près de Tripoli, j’ai été violée par un groupe de policiers comme presque toutes les femmes détenues dans les prisons libyennes. Les seules a y échapper sont les femmes qui ont des enfants très jeunes”.
Wendummo, Erytrée “En trois ans en Lybie j’ai été arrêtée cinq fois : une fois durant le voyage dans le désert, deux quand j’étais à la maison, une fois quand j’attendais le bateau sur la côte et une autre fois durant dix heures de voyage en mer on a été interceptés et rammené sur la côte. A chaque fois je restait un ou deux mois en prison. Dans la prison de Misratah on était 80 femmes et 60 hommes dans la même pièce. J’ai vu plusieures fois mon mari se faire frapper sans rien pouvoir faire. Dans le voyage vers Lampedusa j’était seul avec ma fille pendant 19 jours. Mon mari est resté en Libye”.
Hewat, Ethyopie “Nous étions dans une maison en attendant d’être embarqué. La police libyenne est arrivé et a commencé à nous frapper. Mon mari d’abord puis moi. J’étais enceinte et j’ai perdu mon bébé à cause de ces coups” .
Matiwos, Erytrée “On m’a arrêtée durant une rafle en ville et je suis resté pendant deux mois dans la prison de Marj où j’ai vu des femmes se faire violer”.
Wares, Erytrée “Une femme détenue avec qui j’étais dans la prison de Fellah, à Tripoli, m’a raconté avoir été violée par la police”.
LES ABUS ET LES VIOLENCES DANS LES CENTRES DE RةTENTION POUR MIGRANTS
BINGHAZI Solomon, Ethyopie “En Libye j’ai passé cinq jours dans une prison près de Binghazi. On était très nombreux dans une même pièce. Puis dehors, sous le soleil sans eau pour se laver. J’ai eu une dermatite qui encore me tourmente en Italie”.
JUWAZAT Hewat, Ethyopie “Après dix heures de voyage notre bateau est tombé en panne, la police libyenne nous a rejoint et emmené dans la prison de Juwazat”.
Saberen, Erytrée “Une heure après avoir quitté les côtes on est tombé en panne. La police nous a emmené sur la côte et frappé. Les violences ont continué dans la prison de Juwazat. J’y suis restée pendant un mois et demi. Une fois j’ai tenté de défendre mon frère des coups de matraque puis j’ai été frappée aussi sur le visage. Ils ont l’habitude de frapper sur la plante des pieds. Pour sortir j’ai dû payer 500 dollars, et avant de partir on m’a tout volé”.
SIRT Abraham, Erytrée “On m’arrête à Binghazi. On devait aller à Tripoli, en voiture. A un poste de bloque la police nous arrête, nous demande nos papiers et nous conduit au centre de rétention de Sirt. On me retient pendant deux semaines. On me donne à manger du pain et du riz. Avec les 400 dollars que j’avais sur moi j’ai corrompu un agent qui m’a fait sortir”.
MISRATAH Tareke, Erytrée “On nous fait déscendre à Misratah. Dans le couloir d’entrée du centre, la police fait un jeu : ‘le chemin des cangourous’. Deux rangs d’agents qui avec un tube noir en plastique nous frappent pour nous faire filer dans nos chambres.”
Anonimo 3, Erytrée “A Misratah on est 600 détenus, tous erythréens. Une centaine de femmes et une cinquantaine d’enfants. Le premier groupe de 450 personnes y est depuis un an et demi, les autres depuis quatre mois. Certains ont été arrêté durant la navigation vers l’Italie d’autres avant le départ dans les cachettes prévues par les passeurs. D’autres encore on été arrêté pour un contrôle de papiers et d’autres encore durant des rafles nocturnes. Un monsieur a été emmené au commissariat en pyjama. On a laissé toutes nos affaires à la maison. Avant de nous emmener au centre on nous a tout enlevé. Certains avaient des papiers de réfugiés que la police leur a déchiré. Des femmes ont été violé par les agents. Au moins sept personnes ont été hospitalisé pour une dépréssion nerveuse. Il y en a qui ont attrappé la gale, une dermatite, des maladies pulmonaires, des gastrites. Deux femmes ont accouché en prison. Nous n’avons aucune assistance sanitaire. On dort par terre à 60. La journée la chaleur est insupportable et fait remonter les odeurs des toilettes. On nous donne trois barils d’eau à boire pour 600 personnes. La nuit il fait froid et nous n’avons pas de couvertures”
Yohannes, Erytrée “On nous a arrêté pendant l’attente pour aller en Italie. On a passé trois mois en Libye, à la prison de Misratah, avec 400 personnes. Les violences étaient à l’ordre du jour, sans raison. La nourriture n’était pas suffisante. J’ai pu sortir en payant la police libyenne”.
Tekle, Erytrée “Durant ma détention j’ai souvent été frappé à coup de matraque sur le dos”.
ZAWIYAH Anonyme 4, Erytrée “On est 500 immigrés détenus dont 103 érythréens, trois mineurs. On est souvent maltraités par la police. Le premier septembre 2007 ils nous ont fait désabiller, ils nous ont frappé sans raison. Plusieurs sur les parties génitales. Tout ça sans raison devant nos femmes. Le 22 octobre 2007 trois érythréens ont été frappé sur la plante des pieds et ne pouvaient plus tenir debout. On n’a toujours les mêmes vêtements depuis 4 mois et ici il n’y a pas de savon. L’odeur est insupportable. On tombe malade à cause de cette saleté. Nous n’avons jamais été vu par un médecin et nous n’avons jamais vu la lumière du soleil. Nous n’avons pas de chaussures ni de couvertures pour la nuit qui est froide. L’autre jour pendant qu’on priait la police est arrivé et nous a insulté”
KHUMS Daniel, Erytrée “J’ai été arrêté pendant que j’attendais le bateau pour aller à Lampedusa. Nous avions déjà payé le passage. La police nous a emmené à Khums. Nous étions dans 50 petites cellules et on dormait par terre”.
Anonimo 2, Erytrée “Nous étions prêts pour le départ. Tous était déjà payé. Plusieurs ont été arrêté et emmené à Khums. Après deux mois dans des conditions inhumaines on a commencé une grève de la faim. Après trois jours ils ont commencé à nous frapper avec des matraques qui donnent l’électroshoc. On tombait par terre et on n’arrivait pas à ouvrir les yeux. L’effet de l’électroshoc dure pendant deux semaines et tu n’a pas le droit d’être vu par un médecin. C’est un moyen utilisé en cas de rébellion ou si une femme s’oppose à la violence d’un policier”.
Sereke, Erytrée “j’ai été arrêté sue la plage durant l’embarquement et emmené à Khums. Ils nous frappaient sur le dos, sans raison mais j’ai réuçi à m’échapper ”.
Zekarias, Erytrée “Nous étions partis depuis une heure. Les autorités libyennes nous ont arrêté et emmené à la prison de Khums. J’y suis resté un mois. On nous donnait à manger que du pain et de l’eau sale. Tous les jours on nous frappait pendant une ou deux heures. Les femmes et les enfants subissaient les mêmes violences”.
MARJ Fissahe, Erytrée “J’ai été arrêté à la frontière entre Soudan et Libye et emmené à la prison de al Marj. On était 67 érythréens dont six femmes. Souvent ils nous faisaient sortir dans la cour pour nous frapper. J’ai vu des femmes se faire violer par la police. On nous donnait à manger une fois par jour. Après deux mois j’ai payé 300 dollars pour sortir et 250 pour aller jusqu’à Tripoli. J’ai attendu deux mois pour un autre passage. Après un heure de navigation le bateau s’est renversé et on est rentré sur la côte. La police nous a arrêté mais j’ai réussi à m’echapper”.
Fidane, Erytrée “J’ai été détenu pendant deux mois à Marj. On dormait sur le sol dans des chambres de 40 personnes. Durant une tentative de fuite ils nous ont repris et torturé pendant trois jours pour montrer l’exemple aux autres qui voulaient s’enfuir.”
SABRATAH Hamdi, Tunisie “On était dix, on a trouvé un bateau et on est parti de Qasr Ahmed, à Sabratah, la nuit, l’été 2005. Le moteur tomba en panne peu après. Le lendemain matin la garde côtière nous intercepta et nous emmena à Sabratah, dans une prison qui s’appelle Dafnie. Ils nous ont renfermé dans des chambres de six mètres sur huit. Dans ma chambre on était 45. 300 en tout. Un jour un de mes copains soudanais a essayé de s’enfuir. Pour l’arrêter ils lui ont tiré dessus et l’ont ramené avec une blessure sur la jambe sans l’emmener à l’hôpital. La jambe est allée en gangrène et il a dû la faire amputer. Je suis resté en prison pendant 11 mois. Quinze jours après l’arrêt ils m’ont emmené devant le tribunal. J’ai tenté la fuite mais les agents m’ont ratrapé et m’ont puni avec un mois d’isolement dans une cellule d’un mètre carré sans lumière. Ils ouvraient de temps en temps seulement pour me donner à manger. Je ne savais plus si c’était le jour ou la nuit, je tombais malade. Jamais j’ai pû sortir prendre un peu d’air”.
TRIPOLI - FELLAH Ayman, Tunisia “Quand j’ai été renfermé au Fellah de Tripoli, Il y avaient 1.600 détenus, neuf sur dix migrants et 260 femmes. J’y suis resté 25 jours. Le Fellah est au centre de Tripoli. Il y a une cour centrale et sur les côtés des costructions sur deux étages. A chaque étage il y a six locaux divisés en six ou huit cellules. Dans chaque cellule il y a toilette et eau courante et 10 détenus. Le réveil était à 5 heures du matin. A huit heures le petit déjeuner. Thè chaud et une baguette pour trois personnes. A midi le déjeuner. Une assiette de riz et une baguette pour trois, sans couverts. Pareil le soir. La journé on restait sous le soleil dans la cour. Tandis que le soir après 9 heures on nous renfermait dans les cellules. Les femmes dans une pièce à part. Une fois j’entendis une femme crier : elle a accouché en prison.”
Elvis, Cameroun “J’ai été détenu pendant six mois à Fellah à Tripoli, avant d’être déporté. J’ai vu deux personnes se faire tuer. En juin 2006. Les nigériens étaient les plus nombreux. Ils ne supportaient plus la prison. Ils y étaient depuis 9 mois. Un matin ils refusèrent le petit déjeuner. La révolte contre les agents nous avait tous pris. Ils criaient, ils cassaient les murs. Les agents getèrent des gas lacrimogènes puis commencèrent à tirer sur les détenus. Deux nigériens sont morts. Les autres après avoir été emmenés à l’hôpital pour des bléssures aux jambes et aux bras sont rentrès à la prison 4 jours après”.
Ibrahim, Erytrée “Il y avait des érythréens, des égyptiens, des marocains et des soudanais. J’avais attrapé la gale mais ne pouvais pas aller à l’hôpital. Il y avait des femmes qui subissaient de fréquentes violences. Pour calmer les révoltes, les agents menaçaient de mort les détenus. Les policiers t’arrêtent chez toi en utilisant une matraque qui provoque des décharges électriques qui paralisent tout le corps. J’ai vu l’utiliser en prison aussi quand tu te plaint des conditions de détention contre les femmes et contre les hommes. Si la décharge est forte, elle peut atteindre le système nerveux. Mais les agents normalement utilisent surtout la matraque et les coups de pieds. Si tu ne veux pas être renvoyé dans ton pays tu doit payer 500 dollars à la police”.
Hadish, Erytré “J’ai vécu deux ans en Libye. Un mois dans la prison de Fellah. 250 personnes dans une pièce avec une seule toilette. Un repas par jour : pain et eau.”
Wares, Erytré “Si une personne s’échappe, ils font sortir tout le monde dans la cour pour subir un intérrogatoire sur le fugitif. Celui qui ne répond pas ou qui dit ne rien savoir est frappé à coup de matraque parfois électrique”.
Anonyme 1, Erytrée “Si tu tente de t’échapper ils te ratrappent et te frappent. Ils te laissent ensuite pendant 24h sous le soleil sans eau. Ils te retirent les chaussures et te frappent sur la plante des pieds”
SABHA Saleo, Tchad “J’ai été arrêté durant une rafle par la police libyenne et détenu dans une prison près de Sabha. On dormait par terre, on nous donnait à manger une fois par jour. Nous étions 107 ghanéens, 100 nigériens, 4 sénégalais, 6 burkinabées et 22 maliens. Il y avait aussi des femmes surtout du Ghana et du Nigéria. J’ai été frappé plusieures fois sans aucune raison”
Elvis, Camerun “Actuellement là-bas il y a des frères qui souffrent. Il y en a qui sont devenus foux. Quand j’étais à Sabha, par exemple, j’ai vu des soudanais qui avaient perdu la tête”
GHAT Kone, Côte d’Ivoire “Le passage du Niger à l’Algerie a été particulièrement difficile. On a traversé le désert sur des petits camions à 30 et peu après le départ l’eau était terminée. On a passé 11 jours dans le désert, puis à 80 Km de la frontière algérienne ils nous ont fait déscendre des camions et marcher à pieds parce que les trafficants ne voulaient pas passer par la Libye. On a marché de Djanet, en Algérie, pendant 4 jours traversant le désert. Une fois arrivé en Libye je me suis arrêté travailler à Ghat pour récupérer de l’argent pour pouvoir continuer le voyage. Mais là ils m’ont arrêté et mis en prison pas loin de Ghat. Pour sortir j’ai dû payer 300 dinards libyens. J’ai été souvent frappé sans aucune raison”.
QATRUN Fabrice, Togo “Ils m’ont arrêté à Tripoli et m’ont emmené à Fellah. Après trois mois ils m’ont déplacé à Qatrun. Heureusement j’avais réussi à garder 50 dollars avec quoi j’ai payé un agent pour me faire libérer. On est sorti ensemble, puis quand je lui ai donné l’argent il m’a rammené à l’intérieur. Les conditions à Qatrun sont affreuses. Une fois ils ont pris des hommes, ils les ont ammené dans la cour, les ont fait déshabiller et les ont frappé”.
Aliu , Côte d’Ivoire “J’ai été arrêté par la police libyenne à la frontière avec le Niger et détenu pendant trois mois à Qatrun. On nous donnait à manger que du pain”.
LA PRATIQUE DES TRAVAUX FORCES Kamal, Maroc “On est allé en avarie devant les côtes libyques. Ils nous ont secouru et mis en prison à Fellah, à Tripoli. Tous les jours on nous emmenait faire des travaux forcés. Si tu refusait on te frappait. Ils nous donnait à manger que du riz et de la baguette.”
Ayman, Tunisie “Tous les jours, de Fellah, une équipe d’une vingtaine de personnes partait travailler dans les montagnes ou dans les champs.”
LES TRANSFERT DES DEPORTES A KUFRAH
Tareke, Erytrée “Les camion arrivaient à Zuwarah. Nous étions 264, ils nous séparaient en 2 groupes pour nous faire rentrer dans deux camions, sérrés comme des sardines. On était enfermés dans des container en fer, dans l’obscurité. On ne pouvait pas bouger. Après deux jours de voyage sans arrêt les chauffeurs ouvrîrent les portes des camions dans le centre de Kufrah. A bord il y avait des femmes, une enceinte et des enfants. Ils nous avaient laissé deux barils d’eau et rien à manger.
Anna, Erytré “Un camion s’était arrêté devant le commissariat de Zuwarah. On était une dizaine de femmes avec des enfants. On nous a chargé avec une soixantaine de personnes dans un camion pour nous emmener à Kufrah, à la frontière avec le Sudan. Le container s’est vite transformé en un four, sous le soleil de juillet. L’air était étouffante, dans l’obscurité, les enfants pleuraient. Deux jours de voyage sans boire ni manger. Il y en a qui buvait ses propres urines”.
Menghistu, Ethyopie “Après dix jours enfermés dans la maison des passeurs à Binghazi, la police nous a tous arrêté. Juste après avoir donné aux intermédiaires les codes pour acceder à l’argent envoyé d’Addis Abeba par Western Union. Ils nous ont fait monter sur un petit camion. On était 14 personnes. Ils nous ont fait déscendre dans une prison où ils ont pris nos empreintes digitales. Je ne comprenais pas l’arabe et tant mieux, car la police t’insulte pour te provoquer et te frapper à la moindre réaction. Avec nous il y avait un enfant de 4 ans avec sa mère. Durant tout le voyage je me suis demandé : comment peut-on sousmettre une femme et son enfants à ces conditions pendant 21 heures de voyage, avec les gens qui urinenent devant tous les autres parce que ils n’ont pas d’autres possibilités ? Nous avons voyagé de 16h à 13 h du lendemain. Quand le chauffeur s’arrêtait pour manger, on ne nous faisait pas sortir. On se faisait courage en regardant cet enfant qu’ on déplaçait devant un trou d’aération, à chaque fois que le camion s’arrêtait. Il s’appelait Adam. Vers 13h on est arrivé à Kufrah. Le camion n’a pas bougé pendant une bonne demi-heure juste pour nous faire souffrir encore plus. On demandait de déscendre en arabe et au nom d’Allah. Quand je suis déscendu j’ai réussi à piquer le beurre et le pain du chauffeur attachés à l’extérieur du camion. Je n’avais rien mangé. On était 110 personnes”.
Fatawhit, Erytrée “Le transfert d’une prison à l’autre se faisait avec un camion contenant 90 personnes pendant trois jours et trois nuits de voyage. J’ai vu des femmes boire l’urine de leurs propres maris pour ne pas mourir de soif”.
Ibrahim, Erytrée “Le transfert se faisait par des camions-containers de 6 mètres sur 2 sans fenêtres avec jusqu’à 150 personnes pour un voyage d’environ 10 heures sans aucun arrêt.”
KUFRAH Tareke, Erytrée “A Kufrah on dormait dans des cellules de six mètres sur 8. Dans la mienne on y était à 78 personnes. Les cellules étaient fermés 24 heures sur 24 et durant la journée se tranformaient en des fours. La nuit on dormait coincés par terre, la tête à côté des pieds du voisin. On ne nous donnait pas à manger : une assiette de riz à partager à six ou a sept. Il y avait beaucoup de malades surtout de dermatites et tuberculoses. De temps en temps ils en prennaient un, ils l’emmenaient dans la cour, lui faisaient faire des pompes, puis, quand il n’en pouvait plus, ils le prenaient à coup de pieds. Je suis sorti après un mois en disant que j’étais soudanais et musulman. Les policiers vendaient les détenus a des hommes du coin qui les enfermaient chez eux et demandaient une rançon pour leur liberation. Les femmes qui n’avaient pas d’argent devaient payer leur liberté en nature. Durant le voyage de l’aller, on attendait de repartir vers Igdabiya. On était dans une maison à Kufrah. Une femme n’avait plus d’argent. On avait proposé au passeur de payer pour elle, mais il ne nous écouta pas et l’emmena au lit”.
Zerit, Erytrée “Nous étions une centaine, deux cellules pour les hommes et une pour les femmes. On était renfermés toute la journé. Chaque cellule avait sa toilette misérable. L’hiver il fait froid. On avait une couverture pour cinq. Après trois mois nous avons entamé une grève de la faim dans l’indifférence de la police. Alors avec un autre on a fait semblant d’avoir un malaise, pensant qu’ils nous auraient ammené à l’hôpital et on aurait pû nous échapper. Mais la police nous frappa. On adopta une autre stratégie : dès que la police nous ouvra pour nous donner à manger on s’echappa dans la cour. On voulait parler avec le responsable du centre. Il se présenta mais pour nous ordonner de rentrer dans les cellules. Devant notre refus la police nous frappa encore. Un jeune homme fut poignardé par un agent”.
Daniel, Erytrée “A Kufrah, quand tu entends la clef dans la serrure de la porte, tu dois te tourner vers le mur. Si te les regarde dans les yeux ils te frappent sans raison”.
Beyené, Erytrée “On était au moins 700. 100 éthiopiens, 200 érithréens et 400 soudanais. On dormait par terre, l’un sur l’autre pour le manque de place. On mangeait une fois par jour : 20 grammes de riz et de la baguette mais payante. Toutes les nuits ils m’emmenaient dans la cour pour faire des pompes. Quand je n’en pouvait plus ils me frappaient et maudissaient ma religion chrétienne. Toutes les nuits”.
Yakob, Ethyopie “Quand j’ai vu Kufrah je voulais me pendre. On m’avait pris mon portable et on m’avait renfermé dans une cellule avec 20 personnes. Il y avait aussi des cellules pour les femmes et les enfants. Ils les violaient devant les maris, les frères, ils utilisaient des bâtons, ils nous traitaient comme des bêtes sans aucun procés. Ils m’ont arrêté à Tripoli, le jour de mon arrivée. Une semaine auparavant j’avais perdu dans le désert l’ami avec qui j’étais parti d’Addis Abeba, en Ethyopie. A Kufrah j’y suis resté pendant trois mois, puis j’ai payé et je suis sorti. Mais il y a des gens qui y sont depuis un an . Tous les mois les camions arrivent et y déchargent d’autres personnes”.
Fatawhit, Erytrée “A Kufrah les conditions de vie étaient très durs avec 250 personnes, 60 par pièce. On dormait par terre, on avait une seule toilette par pièce avec une odeur épouvantable. Il était presque impossible de se laver. C’est pourquoi beaucoup de personnes tombaient malades. On mangeait une seule fois par jour. Il y avait 15 policiers qui souvent nous piquaient notre argent.”
Menghistu, Ethyopie “Les policiers ne savent pas conter. Ils te mettent en file et dès que tu bouge ils recomencent à conter. Ils t’insultent et n’en finissent jamais de conter. Ils sont à 4 puis arrive le chef. Il demande combien on est et ils reccomencent à conter. Les libyens ne savent pas conter. Ils nous traitent comme des animaux. Ils nous ont enfin séparé, mis près des toilettes avec cette odeur insupportable et ont choisi deux des nôtres pour cuisiner. Ils servaient du riz avec rien d’autre que du sel et quelquepart des morceaux de tomate. Ils aportaient le riz dans une casserole et te disaient de t’asseoir par rangs de six. Si tu ne le faisait pas ils ne te servaient pas à manger. Les premiers jours on ne comprenait pas ce qu’ils voulaient. On se mettait à table et on attendais de manger tout de suite parce qu’on était affamés. Quand tu as faim tu prends le riz brulant avec les mains. Tu as honte de ce que tu fais. C’est une humiliation. Puis cette odeur qui viens des toilettes... Puis à Kufrah il y a une maladie qui s’appelle asasia, c’est une maladie de la peu qui te fait gratter jusqu’au sang. Il y a des puces partout, dans les matelas, dans tes vêtements, dans tes cheveux. Il vaut mieux dormir par terre. On est resté en prison jusqu’à ce que les soudanais sont venus pour nous racheter pour 20 dinards. Eux au moins savent conter. C’est le même prix que Judas a payé pour vendre le Christe. Les soudanais nous ont vendu à un libyen qui à pris ceux dont les familles pouvait payer une rançon. Il nous a emmené dans le désert où il y avaient des arbres, de l’eau, des cabannes et deux femmes éthiopiennes prisonnières que les libyens ne libéraient pas pour les garder commes des prostitués. Deux sœurs dont l’ainée tentait de protéger la plus jeunes en se prostituant. Puis on est reparti vers Ajdabiya”.
LES DEPORTATIONS DANS LE DESERT
Fabrice, Togo “A Qatrun ils nous ont chargés sur un camion puis ils nous ont abandonnés à la frontière avec le Niger, à hauteur de Toumou. On a dû marcher à pieds pendant 3 jours sous le soleil pour atteindre Madama, au Niger”.
Zerit, Erytrée “Ils nous chargent sur des camions et on part vers la forntière. Une fois à la frontière le chauffeurs fait tamponner des papeirs puis peu après il s’arrête et nous demande 200 dollars chacun pour faire demi-tour. On a négocié pour 100 dollars. On était 100. Avec ses 10.000 dollars dans les poches il nous remmène à Kufrah, et nous abandonne à une trentaine de km de la ville, seuls, sans nous rendre les 8.000 dollars qu’il nous avait pris lors de notre arrestation, trois mois auparavant. Cette nuit-là pendant qu’on tente de rejoindre la périférie de Kufrah à pieds, on est attaqués par une bande de bandits armés qui nous fait déshabiller et nous prend tout”.
Elvis, Cameroun “On nous a tous déporté, de Qatrun à Toumou, à la frontière avec le Niger. Toumou est une oasis où habitent les soldats libyens de la frontière. Ils nous ont laissé sous le soleil à deux jours de marche de Qatrun, et autant de Madama, au delà de la frontière, au Niger. Pour nous orienter on utilisait les lumières de l’oasis de la nuit. En septembre 2007, à Tumou il y avait 150 migrants, complétement bloqués, sans argent pour continuer le voyage. Certains perdaient la tête. On nous avait pris pour nous accompagner à Dirkou mais on nous avait abandonne à deux jours de marche de Dirkou. Une fois arrivé à Dirkou, la police nigérine a refusé de nous accueillir. Ils ont juste récupéré les corps des deux cadavres de nos compagnons morts sous le soleil puis ils nous ont chargé sur un 4X4 pour nous remmener à Toumou. La police libyenne nous a rammené à Qatrun. Deux semaines plus tard un amis nigérien que j’avais rencontré en prison a payé un agent et ils nous ont remis en liberté.”
Yakob, Ethyopie “Ils partent dans le désert puis à mi-chemin ils te demandent de l’argent pour faire demi-tour. J’ai rencontré un jeune homme à Zuwarah qui avait passé six mois à Kufrah et qui avait été finalement déporté. Ils étaient une cinquantaine sur le camion. A mi-chemin le chauffeurs demanda 300 dollars chacun. Seulement une trentaine avait l’argent. Ils ont fait demi-tour avec ceux-là, les autres ils les ont abandonné dans le désert. Ils ont dû mourir sous le soleil. Si tu n’as pas d’argent sur toi mais tu as de la famille qui peut payer, avant de t’abandonner, ils te prêtent leur téléphone satellitaire pour appeler et demander un Western Union.”
Anna, Erytrée “Après trois mois d’emprisonnement à Kufrah, à l’aube, sans aucun préavis, ils ont chargé une soixantaine de personnes sur un camion. Le chauffeur, à un moment donné, nous a tous fait déscendre en plein désert : avec 200 dollars chacun il nous raménerait en ville. Ceux qui avaient de l’argent ont payé pour les plus pauvres comme moi. On a rejoint la banlieue de Kufrah, et les policiers mêmes nous ont mis en contact avec des passeurs, leurs copains”
Menghistu, Ethyopie “A Bengasi, on était à 4 : deux jeunes de Kircos (in quartier d’ Addis Abeba), un autre qui avait tenté le voyage l’année précédente mais avait été bloqué par la police puis incarcéré et déporté dans le désert et abandonné à la frontière avec le Soudan, Daniel et moi. Les deux de Kircos avaient été retrouvé en plein désert par des voitures de passage et ils avaient été rammenés à Kufra”
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